Mise à jour du 22/08/2024
Arènes de Nîmes
Retour à Nîmes
Depuis des décennies, Nîmes rêvait d'un écrin de qualité pour son amphithéâtre romain, l'un des mieux conservés au monde. C'est chose faite. Samedi 3 février 2007 , le nouveau parvis est inauguré en grande pompe avec comme marraine une célébrité : la comédienne Bernadette Lafont. Ce nouvel espace est finalement proche de l'aménagement de la fin du XVIII° siècle et du début du XIX°. Époque à laquelle on dégage à la fois l'intérieur et l'extérieur des Arènes. il s'agit de rendre au monument romain son allure du passé et aussi de dégager un vaste espace d'où l'on puisse avoir une vue panoramique du monument. Ces travaux de dégagement et d'embellissements du XIX° siècle détruisent à tout jamais ce quartier de Nîmes, mal connu. Lors des précédents aménagements du parvis, les restes des remparts de la ville avait été dégagés et mis en valeur. Leur recouvrement en 2007 a été source de polémiques et nombreux etaient ceux qui voulez les garder visibles.
Seuls quelques écrits, des plans et des compoix (sortes de cadastres) de l'époque moderne, permettent de restituer la physionomie de l'époque. Pour l'imaginer, retour sur l'histoire des Arènes. Le village des Arènes.
Au V° siècle, l'empire romain s'effondre. La période est trouble. Des Arènes, les Nîmois de l'époque font un véritable château fort entouré d'un rempart construit à la hâte. Pendant des siècles, elles deviennent "le château des chevaliers des Arènes". Puis, au XIV° siècle, les chevaliers émigrent dans un nouveau château situé aux alentours de la porte Auguste. Les Arènes sont alors investies par des habitants civils qui les transforment en un véritable village qui accueillera jusqu'à deux mille habitants. "Ce village des Arènes déborde d'ailleurs de celles-ci, souligne Yves Manniez, archéologue à l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), qui a fouillé le pourtour du monument au cours de l'année 2006. Les arches sont bouchées pour servir d'habitations et des bâtiments sont construits dans les abords immédiats, quelquefois carrément collés aux Arènes. L'habitat est très compact dans et autour de l'amphithéâtre". Rempart du Moyen Âge.
La plupart de ces constructions se situent au sud, côté place des Arènes, dans un espace délimité par le rempart médiéval érigé à partir du XII° siècle. Contrairement au rempart romain, qui se trouve à huit mètres à peine des Arènes, le rempart médiéval forme une boucle plus large au sud, il passe sur le boulevard actuel devant le Cheval Blanc. À proximité des Arènes se trouve la porte Saint-Antoine, à l'entrée de l'actuelle rue Saint-Antoine. Une importante tour, dite tour Vinatière, car elle a été construite grâce à une taxe sur le vin, est implantée en face de l'actuelle rue Cité-Foule. Une autre porte, dite de Saint-Martin, se situait à peu près devant la Banque de France. L'Est du monument, côté palais de Justice, et le Nord, sont également occupés par des habitations. À l'Ouest, par contre, côté ancien Crédit Agricole, l'espace semble avoir été laissé vierge.
Ruelles étroites.
Albin Michel, dans "Les rues de Nîmes", publié en 1876, écrit: "Des maisons vinrent se grouper (autour des Arènes) et, à certains endroits, l'espace qui les séparaient du monument était tellement étroit que c'est à peine si un homme pouvait y passer". Yves Manniez explique qu'au Nord, "on a une impasse qui va de la rue de la Violette à la porte principale des Arènes, en face du Lisita, la porte qui est surmontée de deux avant-trains de taureaux. Cette ruelle est très étroite, à peine deux mètres cinquante". Au sud, ce n'est pas mieux, une ruelle, la rue de la Comédie, serpente entre le Cheval Blanc et les arènes. Elle est en partie couverte, et limitée à ses deux extrémités par un porche. Un amphithéâtre romain transformé en habitations, des petites ruelles, des maisons collées au monument: les abords des Arènes devaient être sombres et pas très engageants. À l'endroit où finit aujourd'hui la rue des Arènes, note Albin Michel, il y avait l'auberge de la Mule qui servait de corps de garde aux vélites - fantassins - pour surveiller la population interlope vivant dans ces mauvais quartiers.
Epidémie de peste.
Dans ou autour des Arènes, les maisons sont sales et humides. En 1649, c'est de là que part une terrible épidémie de peste. La situation sanitaire est catastrophique.
Prison et Justice.
Malgré, ou peut-être à cause de la mauvaise réputation du quartier, c'est là que va s'installer la première cour de justice de Nîmes et la prison qui lui est attenante. Au XII° siècle déjà, la justice se rend dans les Arènes. Puis, aux XIII° et XIV° siècles, les rois de France installent "la Maison du Roi", une modeste cour de justice, sur l'emplacement de l'actuel palais de Justice. Une prison, située dans une tour des remparts, est doublée d'un autre établissement situé rue de la Violette.
Le premier théâtre de Nîmes.
C'est au sud, sur l'actuelle place des Arènes que se dressait le premier théâtre de Nîmes de l'époque moderne. Il ouvre en 1739. Voici ce qu'en dit l'historien nîmois du XIX° siècle, Adolphe Pieyre : "Tout l'espace compris entre le mur (médiéval) et les Arènes était bâti et ce pâté de maisons était coupé à peu près par son milieu par une rue, "rue de la Comédie", qui courait parallèlement au rempart. Entre cette rue et le rempart était la salle de la Comédie édifiée par Lecomte du Fesq". Ce théâtre est loin de faire l'unanimité. Adolphe Pieyre parle des abords "étroits, dangereux et repoussants". La salle, elle-même est jugée "pas très sortable". Il faut dire qu'elle est mal éclairée et ne dispose pas de sièges pour les spectateurs. Elle semble aussi vaste que dangereuse.
Fabre d'Eglantine.
Un pamphlet des années 1770 la décrit ainsi: "le spectateur croit être dans des lieux souterrains où l'on enfermait les gladiateurs. Peut-on penser sans frémir que dans le cas d'un événement malheureux quatre mille deux cents personnes n'auraient qu'une issue pour éviter la mort ?". Ce théâtre restera pourtant le seul de Nîmes jusqu'à la construction d'une nouvelle salle, à côté de la porte Auguste, en 1789. Le théâtre de la Comédie, a cependant eu un directeur qui deviendra célèbre. Il s'agit de Fabre d'Eglantine, à qui l'on doit la célèbre chanson, "Il pleut, il pleut bergère" et le nom des mois du calendrier républicain.
Les jeux de paume.
Nîmes n'a pas échappé à l'engouement général pour le jeu de paume. L'ancêtre du tennis mais aussi du squash se pratiquait à Nîmes sur ce qui est aujourd'hui la place des Arènes. Deux salles y étaient aménagées tout à côté du théâtre de la Comédie. L'une était couverte. Le jeu de paume semble avoir de nombreux amateurs à Nîmes, puisque ces établissements sont exploités sans discontinuer, parfois par la même famille, de la fin du XV° siècle à la fin du XVIII° siècle. La mode semble passer vers les années 1780, quand sont détruites les salles qui les abritent. Sur la place des Arènes, une quinzaine d'autres bâtisses servent d'habitations. On y trouve également un moulin à huile assez vaste, non loin de l'entrée du toril. Occupés par les travaux de restauration des arènes, les historiens du XIX° siècle ne se sont guère préoccupés du quartier qui les entourait et qui était alors en train de disparaître. L'archéologie na pas non plus été d'un très grand secours : "La surface a été totalement arasée quand on a aménagé le pourtour des Arènes au XIX° siècle, il ne reste que quelques cuves de teinturiers et des puits", explique Yves Mariniez. De ce quartier oublié, seuls restent quelques plans et quelques textes... les fantômes de ses anciens habitants.
Depuis des décennies, Nîmes rêvait d'un écrin de qualité pour son amphithéâtre romain, l'un des mieux conservés au monde. C'est chose faite. Samedi 3 février 2007 , le nouveau parvis est inauguré en grande pompe avec comme marraine une célébrité : la comédienne Bernadette Lafont. Ce nouvel espace est finalement proche de l'aménagement de la fin du XVIII° siècle et du début du XIX°. Époque à laquelle on dégage à la fois l'intérieur et l'extérieur des Arènes. il s'agit de rendre au monument romain son allure du passé et aussi de dégager un vaste espace d'où l'on puisse avoir une vue panoramique du monument. Ces travaux de dégagement et d'embellissements du XIX° siècle détruisent à tout jamais ce quartier de Nîmes, mal connu. Lors des précédents aménagements du parvis, les restes des remparts de la ville avait été dégagés et mis en valeur. Leur recouvrement en 2007 a été source de polémiques et nombreux etaient ceux qui voulez les garder visibles.
Seuls quelques écrits, des plans et des compoix (sortes de cadastres) de l'époque moderne, permettent de restituer la physionomie de l'époque. Pour l'imaginer, retour sur l'histoire des Arènes. Le village des Arènes.
Au V° siècle, l'empire romain s'effondre. La période est trouble. Des Arènes, les Nîmois de l'époque font un véritable château fort entouré d'un rempart construit à la hâte. Pendant des siècles, elles deviennent "le château des chevaliers des Arènes". Puis, au XIV° siècle, les chevaliers émigrent dans un nouveau château situé aux alentours de la porte Auguste. Les Arènes sont alors investies par des habitants civils qui les transforment en un véritable village qui accueillera jusqu'à deux mille habitants. "Ce village des Arènes déborde d'ailleurs de celles-ci, souligne Yves Manniez, archéologue à l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), qui a fouillé le pourtour du monument au cours de l'année 2006. Les arches sont bouchées pour servir d'habitations et des bâtiments sont construits dans les abords immédiats, quelquefois carrément collés aux Arènes. L'habitat est très compact dans et autour de l'amphithéâtre". Rempart du Moyen Âge.
La plupart de ces constructions se situent au sud, côté place des Arènes, dans un espace délimité par le rempart médiéval érigé à partir du XII° siècle. Contrairement au rempart romain, qui se trouve à huit mètres à peine des Arènes, le rempart médiéval forme une boucle plus large au sud, il passe sur le boulevard actuel devant le Cheval Blanc. À proximité des Arènes se trouve la porte Saint-Antoine, à l'entrée de l'actuelle rue Saint-Antoine. Une importante tour, dite tour Vinatière, car elle a été construite grâce à une taxe sur le vin, est implantée en face de l'actuelle rue Cité-Foule. Une autre porte, dite de Saint-Martin, se situait à peu près devant la Banque de France. L'Est du monument, côté palais de Justice, et le Nord, sont également occupés par des habitations. À l'Ouest, par contre, côté ancien Crédit Agricole, l'espace semble avoir été laissé vierge.
Ruelles étroites.
Albin Michel, dans "Les rues de Nîmes", publié en 1876, écrit: "Des maisons vinrent se grouper (autour des Arènes) et, à certains endroits, l'espace qui les séparaient du monument était tellement étroit que c'est à peine si un homme pouvait y passer". Yves Manniez explique qu'au Nord, "on a une impasse qui va de la rue de la Violette à la porte principale des Arènes, en face du Lisita, la porte qui est surmontée de deux avant-trains de taureaux. Cette ruelle est très étroite, à peine deux mètres cinquante". Au sud, ce n'est pas mieux, une ruelle, la rue de la Comédie, serpente entre le Cheval Blanc et les arènes. Elle est en partie couverte, et limitée à ses deux extrémités par un porche. Un amphithéâtre romain transformé en habitations, des petites ruelles, des maisons collées au monument: les abords des Arènes devaient être sombres et pas très engageants. À l'endroit où finit aujourd'hui la rue des Arènes, note Albin Michel, il y avait l'auberge de la Mule qui servait de corps de garde aux vélites - fantassins - pour surveiller la population interlope vivant dans ces mauvais quartiers.
Epidémie de peste.
Dans ou autour des Arènes, les maisons sont sales et humides. En 1649, c'est de là que part une terrible épidémie de peste. La situation sanitaire est catastrophique.
Prison et Justice.
Malgré, ou peut-être à cause de la mauvaise réputation du quartier, c'est là que va s'installer la première cour de justice de Nîmes et la prison qui lui est attenante. Au XII° siècle déjà, la justice se rend dans les Arènes. Puis, aux XIII° et XIV° siècles, les rois de France installent "la Maison du Roi", une modeste cour de justice, sur l'emplacement de l'actuel palais de Justice. Une prison, située dans une tour des remparts, est doublée d'un autre établissement situé rue de la Violette.
Le premier théâtre de Nîmes.
C'est au sud, sur l'actuelle place des Arènes que se dressait le premier théâtre de Nîmes de l'époque moderne. Il ouvre en 1739. Voici ce qu'en dit l'historien nîmois du XIX° siècle, Adolphe Pieyre : "Tout l'espace compris entre le mur (médiéval) et les Arènes était bâti et ce pâté de maisons était coupé à peu près par son milieu par une rue, "rue de la Comédie", qui courait parallèlement au rempart. Entre cette rue et le rempart était la salle de la Comédie édifiée par Lecomte du Fesq". Ce théâtre est loin de faire l'unanimité. Adolphe Pieyre parle des abords "étroits, dangereux et repoussants". La salle, elle-même est jugée "pas très sortable". Il faut dire qu'elle est mal éclairée et ne dispose pas de sièges pour les spectateurs. Elle semble aussi vaste que dangereuse.
Fabre d'Eglantine.
Un pamphlet des années 1770 la décrit ainsi: "le spectateur croit être dans des lieux souterrains où l'on enfermait les gladiateurs. Peut-on penser sans frémir que dans le cas d'un événement malheureux quatre mille deux cents personnes n'auraient qu'une issue pour éviter la mort ?". Ce théâtre restera pourtant le seul de Nîmes jusqu'à la construction d'une nouvelle salle, à côté de la porte Auguste, en 1789. Le théâtre de la Comédie, a cependant eu un directeur qui deviendra célèbre. Il s'agit de Fabre d'Eglantine, à qui l'on doit la célèbre chanson, "Il pleut, il pleut bergère" et le nom des mois du calendrier républicain.
Les jeux de paume.
Nîmes n'a pas échappé à l'engouement général pour le jeu de paume. L'ancêtre du tennis mais aussi du squash se pratiquait à Nîmes sur ce qui est aujourd'hui la place des Arènes. Deux salles y étaient aménagées tout à côté du théâtre de la Comédie. L'une était couverte. Le jeu de paume semble avoir de nombreux amateurs à Nîmes, puisque ces établissements sont exploités sans discontinuer, parfois par la même famille, de la fin du XV° siècle à la fin du XVIII° siècle. La mode semble passer vers les années 1780, quand sont détruites les salles qui les abritent. Sur la place des Arènes, une quinzaine d'autres bâtisses servent d'habitations. On y trouve également un moulin à huile assez vaste, non loin de l'entrée du toril. Occupés par les travaux de restauration des arènes, les historiens du XIX° siècle ne se sont guère préoccupés du quartier qui les entourait et qui était alors en train de disparaître. L'archéologie na pas non plus été d'un très grand secours : "La surface a été totalement arasée quand on a aménagé le pourtour des Arènes au XIX° siècle, il ne reste que quelques cuves de teinturiers et des puits", explique Yves Mariniez. De ce quartier oublié, seuls restent quelques plans et quelques textes... les fantômes de ses anciens habitants.
Ce plan est l'un des rares documents qui nous permette d'imaginer le pourtour des Arènes jusqu'au début du XIX° siècle.
En rouge, les maisons détruites dès la fin du XVIII° En gris celles détruites à partir de 1809.
En rouge, les maisons détruites dès la fin du XVIII° En gris celles détruites à partir de 1809.