Mise à jour du 22/08/2024
Uzès
Uzès domine la vallée de l’Eure, vous ne pouvez pas la rater : sa silhouette est reconnaissable au premier coup d’œil, avec son architecture médiévale parfaitement préservée…
Ce titre de « Ville d’art et d’histoire », elle l’a bien mérité.
Partons ensemble à la découverte de cette ville emblématique de la Destination Pays d’Uzès Pont du Gard, comparée plus d’une fois à une véritable « cité Toscane ».
Promenez-vous dans ses ruelles médiévales et admirez l’architecture de ses monuments. Vous êtes ici dans une ville chargée d’histoire !
Quant à l’emblème de la ville, il s’agit de son Duché ! Uzès est d’ailleurs connue pour avoir été 1er Duché de France en 1632 et est aujourd’hui encore le plus ancien duché français subsistant.
Fontaine d'Eure : La Fontaine d'Eure (Fontes Urae) est un groupe d'une dizaine de sources pérennes, situées à quelques kilomètres au nord-est d'Uzès, sur la rive gauche de l'Alzon. Ce sont des exsurgences qui servent d'exutoire à une nappe aquifère contenue dans le massif calcaire voisin. Elles ont aujourd'hui un débit moyen de 380 litres par seconde qui est toutefois très irrégulier (de 150 à 1 300 litres par seconde).
La Fontaine d'Eure sert à présent à l'adduction en eau potable de la ville d'Uzès grâce à deux forages pratiqués en 1990 et 1992, prélevant un débit d'environ 3 900 m3 par jour (environ 45 litres par seconde).
Au Ier siècle, les Romains captèrent les eaux de la Fontaine d'Eure pour approvisionner Nîmes : elles y étaient conduites par un aqueduc d'une cinquantaine de kilomètres qui traversait le Gardon sur le pont du Gard. L'ouvrage cessa de fonctionner définitivement au VI° siècle.
Découvert en 1991 par une équipe d’archéologues amateurs, le bassin de régulation est une vanne maçonnée. Il réglait le débit de l’eau dans l’aqueduc. Cet ouvrage est vulnérable. Il est recommandé de ne pas pénétrer dans la conduite ni de monter sur les murs. Pour bien apprécier l’ouvrage, il suffit de monter sur la terrasse d’observation et de se tenir au-delà de la barrière. Ce bassin n’a jamais été restauré. Son état de conservation est surprenant. Selon les archéologues, la partie centrale du bassin était surmontée d’un chemin périphérique qui permettait au gardien de le contourner facilement. Un toit protégeait l’ensemble.
l'aqueduc est parfois détruit ou comblé ayant servi de bief pour de nombreux moulins. L’un d'eux possède les souvenirs des fortes crues historiques de l'Alzon en 1789, 1634 et plus près de nous, 2002.
Sur les parois de l'aqueduc, il est intéressant de voir l'enduit rouge encore présent. Son utilité n'était pas seulement de rendre étanche la construction, mais aussi de servir de repère. L'eau provenant de massifs calcaires, le dépôt de calcite était rapide et important au risque d'obstruer le canal. Il fallait piqueter les concrétions jusqu'au badigeon de pigment rouge.
Uzès est classée ville d'art et d'histoire. Son centre est particulièrement bien conservé, offrant aux visiteurs de superbes façades des XVI° et XVIII° siècles et de nombreux hôtels particuliers (pour une cité aussi modeste, près de 40 bâtiments sont inscrits ou classés au titre des Monuments historiques !). Les rues piétonnes étroites et pavées ramènent à l'époque médiévale, Renaissance et jusqu'au XVIII° siècle.
Sa place aux Herbes, ombragée de platanes, entourée de maisons à arcades, et au milieu de laquelle trône une grande fontaine en fonte ouvragée du milieu du XIX° siècle, est le lieu d'un marché hebdomadaire du samedi très apprécié, où se mêlent les parfums des herbes aromatiques de Provence et du Languedoc.
Sur la place Albert-Ier, ancienne place du marché au Blé au centre de laquelle se dresse une gracieuse fontaine figurant une monumentale femme à l'antique en fonte de fer, se situe la chapelle des Capucins construite en 1635 sur l'emplacement d'un temple romain dédié à Auguste. Cette chapelle accueillit les sépultures des ducs d'Uzès jusqu'en 1789 et est actuellement le siège de l'office de tourisme.
Cathédrale Saint-Théodorit : Construite à partir de 1090, elle était le siège de l'ancien diocèse d'Uzès jusqu'à la Révolution.
La cathédrale Saint-Théodorit est construite à partir de 1090 sur l'emplacement d'un temple romain, un premier édifice de style roman portait l'empreinte de l'influence de l'ordre de Cluny.
Démolie partiellement pendant la croisade des Albigeois (1177), reconstruite, puis le 13 mai 1563 (en même temps que le palais épiscopal), au début des guerres de religion, la cathédrale du Moyen Âge subit une destruction totale en 1621. Seul le campanile, la tour Fenestrelle, resta debout, mais amputé de deux étages.
Reconstruite de 1642 à 1663, elle a été transformée intérieurement (réduction du chœur) au lendemain du concordat de 1801, lorsque, l'évêché d'Uzès étant supprimé, il fallut adapter le lieu à sa nouvelle fonction d'église paroissiale. La façade de style néo-roman fut plaquée en 1873 sur l'ancien édifice. L'intérieur, voûté d'ogives, était vraisemblablement plus riche qu'il n'apparaît aujourd'hui. Dans les chapelles entourant le chœur subsistent quelques belles traces de peinture aux plafonds et sur les murs. Une grande partie du mobilier a disparu lors de la Révolution, sauf l'orgue, parmi les plus beaux de la région, encadré de volets peints en gris et or du XVII° siècle (1685).
La façade actuelle plaquée sur l'ancienne façade du XVII° siècle en 1873. L'utilisation d'une pierre différente ainsi que les éléments de sculpture et modénature assez plats dénaturent quelque peu ce bel édifice ... Statues de saint Pierre à gauche tenant les clés et saint Paul à droite. Sur le tympan : une Vierge à l'Enfant entourée des saints Firmin et Ferréol, évêques d'Uzès au VI° siècle.
La tour Fenestrelle : Le monument le plus symbolique de la ville, après le Duché et le château des ducs d'Uzès, est la tour Fenestrelle, haute de 42 mètres et qui date en partie du XII° siècle. C'est le clocher de la cathédrale Saint-Théodorit d'Uzès. De style roman, bien restaurée dans son style originel au XVII° siècle à la suite des guerres de religion. Assimilable aux campaniles italiens de style lombards, ce vestige de l'ancienne cathédrale est l'unique exemple en France de clocher rond. Elle doit tout simplement son nom aux nombreuses baies géminées qui rythment ses étages. Cette tour évoque quelque peu la tour de Pise. Sa toiture est réalisée en tuiles vernissées jaunes et vertes.
L'ancien évêché : En sortant de la cathédrale, prenez à droite et longez le mur que vous voyez sur 30 mètres environ jusqu’à une grille d’entrée, qui sera celle de l’ancien évêché. Passez la grille et vous découvrez l’ensemble monumental qui donnait sur la cour d’honneur : à gauche, vous voyez les anciennes écuries qui servent aujourd’hui de salle polyvalente. Comme vous le devinez, le palais épiscopal avait, lui aussi, dût être reconstruit après que l’ancien, qui datait du Moyen Âge, ait été démoli lors des guerres de Religion. C’est l’évêque Mgr de Grignan qui lança les travaux de ce bel édifice. Il y a juste ces deux atlantes qui portent le balcon au dessus de la porte d’entrée du bâtiment principal. La construction dura une dizaine d’années, de 1663 à 1673. On voit que le premier étage est l’étage noble, les fenêtres y sont plus grandes et sont surmontées de frontons qui alternent des formes triangulaires ou arrondies. C’est donc là que se trouvaient les appartements de l’évêque et les pièces d’apparat. Ce bâtiment reste cependant le seul témoin de la puissance des évêques d’Uzès. Après la Révolution, les bâtiments subirent d’importantes dégradations au cours de leurs utilisations successives. D’abord transformé en maison d’arrêt puis en caserne de gendarmerie, l’édifice servit ensuite de sous-préfecture jusqu'à la suppression du service en 1926. Propriété communale, il abrite encore les locaux du tribunal d’instance, les archives municipales et, depuis 1978, le musée Georges Borias qui présente des collections basées sur l’archéologie locale, les arts et traditions populaires ainsi qu’une salle consacrée à Charles et André Gide.
Église Saint-Étienne : L'église de style baroque a été construite de 1764 à 1774 sous l'épiscopat de Monseigneur Bonaventure Baüyn, 63ème évêque d'Uzès. Elle est réalisée par l'architecte avignonnais, Pierre Bondon à l'emplacement d'une ancienne église détruite pendant les guerres de religion par les protestants qui l'avait transformée en magasin et en arsenal. Seul le clocher du XIII° siècle est conservé, il servait de tour de guet et de défense.
A la Révolution, les membres du district d'Uzès voulurent y établir leur tribunal révolutionnaire. Lorsque Napoléon la rendit au culte en 1812, elle fut d'abord une simple chapelle dépendant de l'ancienne cathédrale d'Uzès. Elle fut érigée en succursale en 1836.
Elle est construite en forme de croix dans le style néo-grec du XVIII° siècle, style dit Jésuite, avec des décorations d'ordre ionique. La façade curviligne est décorée de grands vases d'où jaillissent des flammes, et d'une fausse balustrade encastrée dans le mur. Elle est couverte de coupoles et de demi-coupoles. Des arcatures coupées par des rampes de fer forgé séparent la nef principale des nefs latérales, et des pilastres unis surmontés de chapiteaux à volutes, ornées de fleurons et de guirlandes. Le clocher est une tour rectangulaire, ouverte au rez-de-chaussée pour le passage des piétons. Les arcatures sont romanes, mais le profil des premier et second cordons se ressentent des influences gothiques.
Promenez-vous dans ses ruelles médiévales et admirez l’architecture de ses monuments. Vous êtes ici dans une ville chargée d’histoire !
Quant à l’emblème de la ville, il s’agit de son Duché ! Uzès est d’ailleurs connue pour avoir été 1er Duché de France en 1632 et est aujourd’hui encore le plus ancien duché français subsistant.
Fontaine d'Eure : La Fontaine d'Eure (Fontes Urae) est un groupe d'une dizaine de sources pérennes, situées à quelques kilomètres au nord-est d'Uzès, sur la rive gauche de l'Alzon. Ce sont des exsurgences qui servent d'exutoire à une nappe aquifère contenue dans le massif calcaire voisin. Elles ont aujourd'hui un débit moyen de 380 litres par seconde qui est toutefois très irrégulier (de 150 à 1 300 litres par seconde).
La Fontaine d'Eure sert à présent à l'adduction en eau potable de la ville d'Uzès grâce à deux forages pratiqués en 1990 et 1992, prélevant un débit d'environ 3 900 m3 par jour (environ 45 litres par seconde).
Au Ier siècle, les Romains captèrent les eaux de la Fontaine d'Eure pour approvisionner Nîmes : elles y étaient conduites par un aqueduc d'une cinquantaine de kilomètres qui traversait le Gardon sur le pont du Gard. L'ouvrage cessa de fonctionner définitivement au VI° siècle.
Découvert en 1991 par une équipe d’archéologues amateurs, le bassin de régulation est une vanne maçonnée. Il réglait le débit de l’eau dans l’aqueduc. Cet ouvrage est vulnérable. Il est recommandé de ne pas pénétrer dans la conduite ni de monter sur les murs. Pour bien apprécier l’ouvrage, il suffit de monter sur la terrasse d’observation et de se tenir au-delà de la barrière. Ce bassin n’a jamais été restauré. Son état de conservation est surprenant. Selon les archéologues, la partie centrale du bassin était surmontée d’un chemin périphérique qui permettait au gardien de le contourner facilement. Un toit protégeait l’ensemble.
l'aqueduc est parfois détruit ou comblé ayant servi de bief pour de nombreux moulins. L’un d'eux possède les souvenirs des fortes crues historiques de l'Alzon en 1789, 1634 et plus près de nous, 2002.
Sur les parois de l'aqueduc, il est intéressant de voir l'enduit rouge encore présent. Son utilité n'était pas seulement de rendre étanche la construction, mais aussi de servir de repère. L'eau provenant de massifs calcaires, le dépôt de calcite était rapide et important au risque d'obstruer le canal. Il fallait piqueter les concrétions jusqu'au badigeon de pigment rouge.
Uzès est classée ville d'art et d'histoire. Son centre est particulièrement bien conservé, offrant aux visiteurs de superbes façades des XVI° et XVIII° siècles et de nombreux hôtels particuliers (pour une cité aussi modeste, près de 40 bâtiments sont inscrits ou classés au titre des Monuments historiques !). Les rues piétonnes étroites et pavées ramènent à l'époque médiévale, Renaissance et jusqu'au XVIII° siècle.
Sa place aux Herbes, ombragée de platanes, entourée de maisons à arcades, et au milieu de laquelle trône une grande fontaine en fonte ouvragée du milieu du XIX° siècle, est le lieu d'un marché hebdomadaire du samedi très apprécié, où se mêlent les parfums des herbes aromatiques de Provence et du Languedoc.
Sur la place Albert-Ier, ancienne place du marché au Blé au centre de laquelle se dresse une gracieuse fontaine figurant une monumentale femme à l'antique en fonte de fer, se situe la chapelle des Capucins construite en 1635 sur l'emplacement d'un temple romain dédié à Auguste. Cette chapelle accueillit les sépultures des ducs d'Uzès jusqu'en 1789 et est actuellement le siège de l'office de tourisme.
Cathédrale Saint-Théodorit : Construite à partir de 1090, elle était le siège de l'ancien diocèse d'Uzès jusqu'à la Révolution.
La cathédrale Saint-Théodorit est construite à partir de 1090 sur l'emplacement d'un temple romain, un premier édifice de style roman portait l'empreinte de l'influence de l'ordre de Cluny.
Démolie partiellement pendant la croisade des Albigeois (1177), reconstruite, puis le 13 mai 1563 (en même temps que le palais épiscopal), au début des guerres de religion, la cathédrale du Moyen Âge subit une destruction totale en 1621. Seul le campanile, la tour Fenestrelle, resta debout, mais amputé de deux étages.
Reconstruite de 1642 à 1663, elle a été transformée intérieurement (réduction du chœur) au lendemain du concordat de 1801, lorsque, l'évêché d'Uzès étant supprimé, il fallut adapter le lieu à sa nouvelle fonction d'église paroissiale. La façade de style néo-roman fut plaquée en 1873 sur l'ancien édifice. L'intérieur, voûté d'ogives, était vraisemblablement plus riche qu'il n'apparaît aujourd'hui. Dans les chapelles entourant le chœur subsistent quelques belles traces de peinture aux plafonds et sur les murs. Une grande partie du mobilier a disparu lors de la Révolution, sauf l'orgue, parmi les plus beaux de la région, encadré de volets peints en gris et or du XVII° siècle (1685).
La façade actuelle plaquée sur l'ancienne façade du XVII° siècle en 1873. L'utilisation d'une pierre différente ainsi que les éléments de sculpture et modénature assez plats dénaturent quelque peu ce bel édifice ... Statues de saint Pierre à gauche tenant les clés et saint Paul à droite. Sur le tympan : une Vierge à l'Enfant entourée des saints Firmin et Ferréol, évêques d'Uzès au VI° siècle.
La tour Fenestrelle : Le monument le plus symbolique de la ville, après le Duché et le château des ducs d'Uzès, est la tour Fenestrelle, haute de 42 mètres et qui date en partie du XII° siècle. C'est le clocher de la cathédrale Saint-Théodorit d'Uzès. De style roman, bien restaurée dans son style originel au XVII° siècle à la suite des guerres de religion. Assimilable aux campaniles italiens de style lombards, ce vestige de l'ancienne cathédrale est l'unique exemple en France de clocher rond. Elle doit tout simplement son nom aux nombreuses baies géminées qui rythment ses étages. Cette tour évoque quelque peu la tour de Pise. Sa toiture est réalisée en tuiles vernissées jaunes et vertes.
L'ancien évêché : En sortant de la cathédrale, prenez à droite et longez le mur que vous voyez sur 30 mètres environ jusqu’à une grille d’entrée, qui sera celle de l’ancien évêché. Passez la grille et vous découvrez l’ensemble monumental qui donnait sur la cour d’honneur : à gauche, vous voyez les anciennes écuries qui servent aujourd’hui de salle polyvalente. Comme vous le devinez, le palais épiscopal avait, lui aussi, dût être reconstruit après que l’ancien, qui datait du Moyen Âge, ait été démoli lors des guerres de Religion. C’est l’évêque Mgr de Grignan qui lança les travaux de ce bel édifice. Il y a juste ces deux atlantes qui portent le balcon au dessus de la porte d’entrée du bâtiment principal. La construction dura une dizaine d’années, de 1663 à 1673. On voit que le premier étage est l’étage noble, les fenêtres y sont plus grandes et sont surmontées de frontons qui alternent des formes triangulaires ou arrondies. C’est donc là que se trouvaient les appartements de l’évêque et les pièces d’apparat. Ce bâtiment reste cependant le seul témoin de la puissance des évêques d’Uzès. Après la Révolution, les bâtiments subirent d’importantes dégradations au cours de leurs utilisations successives. D’abord transformé en maison d’arrêt puis en caserne de gendarmerie, l’édifice servit ensuite de sous-préfecture jusqu'à la suppression du service en 1926. Propriété communale, il abrite encore les locaux du tribunal d’instance, les archives municipales et, depuis 1978, le musée Georges Borias qui présente des collections basées sur l’archéologie locale, les arts et traditions populaires ainsi qu’une salle consacrée à Charles et André Gide.
Église Saint-Étienne : L'église de style baroque a été construite de 1764 à 1774 sous l'épiscopat de Monseigneur Bonaventure Baüyn, 63ème évêque d'Uzès. Elle est réalisée par l'architecte avignonnais, Pierre Bondon à l'emplacement d'une ancienne église détruite pendant les guerres de religion par les protestants qui l'avait transformée en magasin et en arsenal. Seul le clocher du XIII° siècle est conservé, il servait de tour de guet et de défense.
A la Révolution, les membres du district d'Uzès voulurent y établir leur tribunal révolutionnaire. Lorsque Napoléon la rendit au culte en 1812, elle fut d'abord une simple chapelle dépendant de l'ancienne cathédrale d'Uzès. Elle fut érigée en succursale en 1836.
Elle est construite en forme de croix dans le style néo-grec du XVIII° siècle, style dit Jésuite, avec des décorations d'ordre ionique. La façade curviligne est décorée de grands vases d'où jaillissent des flammes, et d'une fausse balustrade encastrée dans le mur. Elle est couverte de coupoles et de demi-coupoles. Des arcatures coupées par des rampes de fer forgé séparent la nef principale des nefs latérales, et des pilastres unis surmontés de chapiteaux à volutes, ornées de fleurons et de guirlandes. Le clocher est une tour rectangulaire, ouverte au rez-de-chaussée pour le passage des piétons. Les arcatures sont romanes, mais le profil des premier et second cordons se ressentent des influences gothiques.
Le Duché, il s'agit d'un ensemble architectural composite remarquable par la variété de ses styles et des époques de sa construction.
On pénètre dans la grande cour par un porche à fronton encadré de deux colonnes en granit.
Dans la ligne de mire, on aperçoit directement une grande porte d'époque Louis XIII, elle-même encadrée de colonnes en granit surmontées d'une balustrade.
L'ensemble des bâtiments est dominé, au sud, par une puissante tour médiévale du XI° siècle, ancien donjon, dite tour Bermonde, dont le couronnement a été refait au XIX° siècle (terrasse et échauguettes avaient été arasées à la Révolution). On accède à sa terrasse, qui culmine à environ 40 mètres, d'où l'on jouit d'un superbe panorama à 360° sur la cité, au moyen d'un escalier en colimaçon de 135 marches. Le contraste entre ce donjon massif et la façade principale est fort lorsque l'on pénètre dans la cour. Le décor de cette grande façade est d'un raffinement Renaissance extrême, avec superposition des trois ordres architecturaux que sont le dorique, l'ionique puis le corinthien, réalisée à la demande d'Antoine de Crussol. Des sculptures et trophées complètent le décor. Sans en être absolument certain, le nom de Philibert Delorme a souvent été associé à cette réalisation pouvant être située vers 1550 (dans la région, seule la façade du château Nogaret de Marssillargues dans l'Hérault peut accepter la comparaison). La chapelle gothique flamboyant du XV° siècle qui lui est accolée au nord fut restaurée au XIX° siècle. Sa haute toiture couverte de tuiles vernissées à la bourguignonne au milieu du XIX° siècle présente, côté nord, le motif du blason de la famille des Crussol. Le premier étage de cette chapelle, qui comporte trois niveaux, est un oratoire toujours consacré à la riche décoration néogothique en trompe-l'œil. Sa voûte, sur croisée d'ogives, possède liernes et tiercerons.
Le Duché est bâti sur un ancien ‘Castrum" ou camp romain. Ce lieu devint dans le premier millénaire la résidence du gouverneur. * Ces constructions en bois n'ont pas traversé le temps. Toutefois, Dhuoda, Duchesse de Septimanie y fut exilée au milieu du IX° siècle par son époux Bernard. Dhuoda fut la première femme à écrire un livre en occident. Ce livre, qui existe toujours, est un manuel d'éducation pour son fils.
C'est un château fort du XI° siècle, et par son architecture un résumé de l'histoire de France Le Moyen-Age, la Renaissance, le Siècle des Lumières et les Temps Modernes s'y retrouvent. Cette composition architecturale offre malgré cela une belle harmonie au regard.
La seigneurie d'Uzès est fondée au XI° siècle, au début de la féodalité, par Elzéart d'Uzès (1er seigneur d'Uzès). La ville fortifiée et son château fort sont alors érigés (puis remaniés avec le temps) sur l'emplacement du précédant castrum, avec ses remparts, ses tours d'angles, son donjon de 42 mètres (ou tour Bermonde), construite par Bermond Ier d'Uzès au XII° siècle, son logis seigneurial (avec façade Renaissance du XVI° siècle), ses caves millénaires, et sa chapelle castrale gothique flamboyante du XVI° siècle (avec toiture en tuile vernissée de Bourgogne aux armes du 1er duc d'Uzès Antoine de Crussol du XVI° siècle, de la Maison de Crussol).
Cette bâtisse connaît de moments difficiles à la Révolution, vendue comme bien national, elle est saccagée et elle est transformée en collège. Le Duc d'Uzès rachète le Duché en 1824 aux familles uzétiennes (dont celle de l'écrivain André Gide) qui en l'achetant l'ont protégées. Le Duc y fait d'importants travaux à partir de 1834, date de la fin de la construction d'un nouveau collège à Uzès et de son aménagement.
La première partie du XX° siècle est aussi une période noire pour le Duché, le Duc d'Uzès en difficulté vend son mobilier et il loue le Duché à l'Education Nationale qui y installe de nouveau un collège. Peu scrupuleux du monument, elle ne remplit pas ses obligations d'entretien et elle bétonne l'intérieur et l'extérieur.
A partir de 1951, la Marquise de Crussol récupère avec l'aide du Ministère des Beaux Arts le Duché et elle commence à le restaurer. Amie du Ministre de la Culture du Général de Gaulle, André Malraux, qu'elle avait connu dans son salon politique, elle obtient le secteur sauvegardé en 1964 qui va permettre à la Ville d'Uzès de renaître de deux siècles d'oubli.
Son petit fils et son épouse, le Duc et la Duchesse d'Uzès actuels, continuent les restaurations entamées par la Marquise de Crussol. Depuis, une grande partie du gros œuvre à été restaurée et régulièrement de nouvelles acquisitions de meubles et objets enrichissent les collections et la qualité de la visite. Le Duché est un des rares exemples de châteaux de famille faisant l'objet d'une restauration complète en ce début du XXI° siècle.
L'alignement des trois tours-donjons d'Uzès symbolisent les trois formes de pouvoirs royal, épiscopal, et ducal du Moyen Âge, avec :la tour du Roi (ou la tour des Prisons) et ses mâchicoulis symboles de la monarchie, et son jardin médiéval au pied de la tour.
la tour de l'Évêque (ou tour de l'Horloge) surmontée d'un campanile, des évêques d'Uzès (diocèse d'Uzès)
la tour du Duché : le donjon de 42 m du XII° siècle, du château fort d'Uzès
la tour Fenestrelle de 42 m (XII° siècle) de la cathédrale Saint-Théodorit d'Uzès (XVI° siècle) est la 4eme tours d'Uzès.
Partie subsistante des remparts : En 1174, l'existence des trois tours est attestée par le partage des biens de Bermond 1er d'Uzès qui cède une tour à chacun de ses trois fils. En 1242 et 1280, l'évêque d'Uzès achète l'une des trois tours. En 1274, la tour du Roi est vendue au baron de Montfaucon et sert de prison. L'une des salles ainsi que la tour de l'Évêque sont affectées à la juridiction de la temporalité épiscopale et sont transformées en prisons. La construction des tours du Roi et de l'Évêque remonte à la fin du XII° siècle. L'enceinte date du XIII° siècle et isolait entièrement cet ensemble du reste de la ville. Au XVII° siècle, une salle de la tour du Roi est transformée en chapelle et reçoit un décor de peintures en trompe-l'oeil. Au XIX°e siècle, construction des prisons aux environs de 1800. Celles-ci seront utilisées jusqu'en 1926 puis pendant la Seconde Guerre mondiale. À la même époque, construction de la maison du Greffe et de la tourelle de l'Horloge sur la tour de l'Évêque (1831).
Le jardin Médiéval : Le passage étroit par lequel on accède au jardin médiéval est de sinistre mémoire puisque, de la Renaissance jusqu'au XIX° siècle, il conduisait vers les prisons. On peut d'ailleurs voir à l'entrée du jardin une lourde porte fortifiée équipée d'une cavité destinée à la herse. Les murs d'enceinte sont ceux du château primitif. Installé entre les deux tours du Roi et de l'Évêque, le jardin médiéval est donc un espace clos et plein de charme, qui présente des plantations connues et utilisées depuis le Moyen Âge.
L'ensemble des bâtiments est dominé, au sud, par une puissante tour médiévale du XI° siècle, ancien donjon, dite tour Bermonde, dont le couronnement a été refait au XIX° siècle (terrasse et échauguettes avaient été arasées à la Révolution). On accède à sa terrasse, qui culmine à environ 40 mètres, d'où l'on jouit d'un superbe panorama à 360° sur la cité, au moyen d'un escalier en colimaçon de 135 marches. Le contraste entre ce donjon massif et la façade principale est fort lorsque l'on pénètre dans la cour. Le décor de cette grande façade est d'un raffinement Renaissance extrême, avec superposition des trois ordres architecturaux que sont le dorique, l'ionique puis le corinthien, réalisée à la demande d'Antoine de Crussol. Des sculptures et trophées complètent le décor. Sans en être absolument certain, le nom de Philibert Delorme a souvent été associé à cette réalisation pouvant être située vers 1550 (dans la région, seule la façade du château Nogaret de Marssillargues dans l'Hérault peut accepter la comparaison). La chapelle gothique flamboyant du XV° siècle qui lui est accolée au nord fut restaurée au XIX° siècle. Sa haute toiture couverte de tuiles vernissées à la bourguignonne au milieu du XIX° siècle présente, côté nord, le motif du blason de la famille des Crussol. Le premier étage de cette chapelle, qui comporte trois niveaux, est un oratoire toujours consacré à la riche décoration néogothique en trompe-l'œil. Sa voûte, sur croisée d'ogives, possède liernes et tiercerons.
Le Duché est bâti sur un ancien ‘Castrum" ou camp romain. Ce lieu devint dans le premier millénaire la résidence du gouverneur. * Ces constructions en bois n'ont pas traversé le temps. Toutefois, Dhuoda, Duchesse de Septimanie y fut exilée au milieu du IX° siècle par son époux Bernard. Dhuoda fut la première femme à écrire un livre en occident. Ce livre, qui existe toujours, est un manuel d'éducation pour son fils.
C'est un château fort du XI° siècle, et par son architecture un résumé de l'histoire de France Le Moyen-Age, la Renaissance, le Siècle des Lumières et les Temps Modernes s'y retrouvent. Cette composition architecturale offre malgré cela une belle harmonie au regard.
La seigneurie d'Uzès est fondée au XI° siècle, au début de la féodalité, par Elzéart d'Uzès (1er seigneur d'Uzès). La ville fortifiée et son château fort sont alors érigés (puis remaniés avec le temps) sur l'emplacement du précédant castrum, avec ses remparts, ses tours d'angles, son donjon de 42 mètres (ou tour Bermonde), construite par Bermond Ier d'Uzès au XII° siècle, son logis seigneurial (avec façade Renaissance du XVI° siècle), ses caves millénaires, et sa chapelle castrale gothique flamboyante du XVI° siècle (avec toiture en tuile vernissée de Bourgogne aux armes du 1er duc d'Uzès Antoine de Crussol du XVI° siècle, de la Maison de Crussol).
Cette bâtisse connaît de moments difficiles à la Révolution, vendue comme bien national, elle est saccagée et elle est transformée en collège. Le Duc d'Uzès rachète le Duché en 1824 aux familles uzétiennes (dont celle de l'écrivain André Gide) qui en l'achetant l'ont protégées. Le Duc y fait d'importants travaux à partir de 1834, date de la fin de la construction d'un nouveau collège à Uzès et de son aménagement.
La première partie du XX° siècle est aussi une période noire pour le Duché, le Duc d'Uzès en difficulté vend son mobilier et il loue le Duché à l'Education Nationale qui y installe de nouveau un collège. Peu scrupuleux du monument, elle ne remplit pas ses obligations d'entretien et elle bétonne l'intérieur et l'extérieur.
A partir de 1951, la Marquise de Crussol récupère avec l'aide du Ministère des Beaux Arts le Duché et elle commence à le restaurer. Amie du Ministre de la Culture du Général de Gaulle, André Malraux, qu'elle avait connu dans son salon politique, elle obtient le secteur sauvegardé en 1964 qui va permettre à la Ville d'Uzès de renaître de deux siècles d'oubli.
Son petit fils et son épouse, le Duc et la Duchesse d'Uzès actuels, continuent les restaurations entamées par la Marquise de Crussol. Depuis, une grande partie du gros œuvre à été restaurée et régulièrement de nouvelles acquisitions de meubles et objets enrichissent les collections et la qualité de la visite. Le Duché est un des rares exemples de châteaux de famille faisant l'objet d'une restauration complète en ce début du XXI° siècle.
L'alignement des trois tours-donjons d'Uzès symbolisent les trois formes de pouvoirs royal, épiscopal, et ducal du Moyen Âge, avec :
la tour Fenestrelle de 42 m (XII° siècle) de la cathédrale Saint-Théodorit d'Uzès (XVI° siècle) est la 4eme tours d'Uzès.
Partie subsistante des remparts : En 1174, l'existence des trois tours est attestée par le partage des biens de Bermond 1er d'Uzès qui cède une tour à chacun de ses trois fils. En 1242 et 1280, l'évêque d'Uzès achète l'une des trois tours. En 1274, la tour du Roi est vendue au baron de Montfaucon et sert de prison. L'une des salles ainsi que la tour de l'Évêque sont affectées à la juridiction de la temporalité épiscopale et sont transformées en prisons. La construction des tours du Roi et de l'Évêque remonte à la fin du XII° siècle. L'enceinte date du XIII° siècle et isolait entièrement cet ensemble du reste de la ville. Au XVII° siècle, une salle de la tour du Roi est transformée en chapelle et reçoit un décor de peintures en trompe-l'oeil. Au XIX°e siècle, construction des prisons aux environs de 1800. Celles-ci seront utilisées jusqu'en 1926 puis pendant la Seconde Guerre mondiale. À la même époque, construction de la maison du Greffe et de la tourelle de l'Horloge sur la tour de l'Évêque (1831).
Le jardin Médiéval : Le passage étroit par lequel on accède au jardin médiéval est de sinistre mémoire puisque, de la Renaissance jusqu'au XIX° siècle, il conduisait vers les prisons. On peut d'ailleurs voir à l'entrée du jardin une lourde porte fortifiée équipée d'une cavité destinée à la herse. Les murs d'enceinte sont ceux du château primitif. Installé entre les deux tours du Roi et de l'Évêque, le jardin médiéval est donc un espace clos et plein de charme, qui présente des plantations connues et utilisées depuis le Moyen Âge.
Hôtel de ville : L'hôtel de ville primitif, situé de l'autre côté de la ville, avait été détruit par une explosion de barils de poudre en 1763 déclenchée par la foudre. L'édifice actuel fut construit d'après les plans de l'architecte Boudon. Pour le construire, une partie des remparts fut abattue et sur leur base fut construite la façade nord du bâtiment. Commencé en 1767, le bâtiment fut achevé en 1773. La façade nord a été reprise en 1900 à partir du premier étage, et complètement transformée. La façade sud se compose d'une partie centrale et de deux ailes disposées en carré et encadrant une cour intérieure. Les fenêtres sont encadrées de pilastres ioniques qui soutiennent un entablement supportant lui-même un fronton triangulaire dont la base a la largeur des trois fenêtres constituant le motif central. Deux ailes complètent cette façade. Ces ailes limitent un perron de cinq marches. La cour intérieure est entourée d'une galerie semblable à un cloître. Trois arcades à agrafes à la clé de voûte, s'ouvrent dans le sens de la largeur et cinq dans le sens de la longueur. Au premier étage, une deuxième galerie faisait également le tour complet de la cour. Cette galerie est éclairée par des fenêtres qui surmontaient les arcades du rez-de-chaussée.
Place au Herbes : Au bout de la rue Saint-Étienne, on arrive sur la place aux Herbes, appelée au Moyen Âge place du Costel (pilori), où l'on exposait les auteurs de délits à la vindicte publique. Son nom actuel, donné dans les années 70, renoue avec sa vocation ancestrale de place du marché, aujourd'hui l'un des plus beaux de France tous les samedis matin. Cette grande place est le cœur de la cité, avec ses arcades médiévales à voir les nombreuses trappes qui donnent accès à un véritable réseau de souterrains utilisés jadis comme caves de stockage et ses maisons du XVII° et XVIII° siècles. La façade la plus ancienne (début XVI°) se trouve dans un angle au-dessus du restaurant Terroirs, avec sa tour d'escalier et son échauguette parfaitement conservées. La fontaine a été édifiée au XIX° à la place d'un petit îlot de maisons «parasites» qui tombaient en ruines. Depuis sa réhabilitation, cette superbe place a servi de décor à de nombreux films : Les amants de Venise et, surtout, Cyrano de Bergerac.
L'église Saint-Geniest : L’histoire de cette église remonte à l’époque romaine. Géniès, alors greffier au tribunal d’Arles, ne voulut pas participer aux procès qui condamnaient, injustement à ses yeux, les chrétiens. Il prit la fuite, mais fut retrouvé et arrêté au nord-est d’Uzès. Ramené à Arles, il fut condamné à mort et décapité vers l’an 303. C’est le premier martyr d’Arles.
Une église fut construite à l’endroit de son arrestation. Détruite par les Sarrasins vers 730, elle ne fut rebâtie qu’à la fin du XI° ou au XII° siècle. Les avis des historiens diffèrent.
La "villa Sancti Genesii" est mentionnée pour la première fois dans un acte de 1156, privilège du roi Louis en faveur de Raymond, évêque d'Uzès.
L’édifice était en forme de croix latine orientée est/ouest. La nef formée de trois ou cinq travées en berceau devait mesurer environ 22 m sur 8 m pour une hauteur de 12 m. Le transept long de 20 m et large de 18m devait être haut de 7,40 m. Ces dimensions données par M. Bègue, architecte d’Uzès, sont rapportées par l’abbé Pierre Béraud dans son Livre : Uzès, son Diocèse, son histoire. Mais de tout cela, les seuls vestiges visibles sont l’abside centrale de diamètre 4,60m, flanquée de deux absidioles en cul de four, au décor de type lombard. Dans le mur sud du chevet, on peut voir, gravée dans la pierre, l’inscription : VKL MABI OBIT BERTIL. Ce qui veut dire : 5 des calandres de mai est mort Bertil. Cette pierre est certainement une pierre de réemploi et l’inscription, une épitaphe de la période carolingienne. Ce qui est encore plus mystérieux, ce sont les lettres de l’alphabet que l’on peut voir, gravées dans des pierres disposées à hauteur d’homme et espacées régulièrement. On peut penser qu’avec toutes les lettres de l’alphabet, on faisait le tour de l’édifice. Les lettres M, N, O et P sont bien visibles sur le chevet. Les travaux récents pour stabiliser et sécuriser les vestiges n’ont pas dénaturé le lieu. Cette église, au milieu d’un espace herbeux planté de quelques pins, garde beaucoup de mystère, mais aussi beaucoup de charme. Pour profiter de ces ruines et de l’ombre des pins, il faut aller à l’intersection du chemin de Saint-Géniès et de la rue du Soleil-Levant à Uzès.
Ancien grand séminaire : Établissement construit en 1725 à l'emplacement du temple protestant démoli en 1702, à la suite de la révocation de l'Edit de Nantes. En 1789, vendu comme bien national, le séminaire passa entre les mains de divers propriétaires qui ne touchèrent pas à la partie sud ni à l'escalier, mais transformèrent les appartements et défigurèrent la façade nord.
Chapelle des Capucins : La chapelle fut construit à l’emplacement présumé d’un temple romain. Au début du XVII° siècle, la ville d'Uzès accorda aux Capucins son accord pour construire un couvent et une chapelle sur un terrain hors les remparts du nord, face à la porte de la Condamine et à la tour Banastière. Les ducs eurent leur sépulture dans le caveau de cette église jusqu'à la Révolution. Elle fut alors désaffectée. L’office de tourisme est installé dans cette ancienne chapelle.
La crypte : La crypte remonte sans doute aux premiers temps du christianisme. Il s'agit d'une excavation creusée dans le rocher, en partie couverte, en partie à ciel ouvert, retrouvée une première fois au XVII° siècle. Cette excavation aurait pu servir de sanctuaire aux Chrétiens pendant les périodes de persécution. L'une des parois présente des figures grossièrement sculptées, peut-être le Christ en croix ou un orant. La crypte renferme également une inscription "cato in uses fuit".
Le temple de l'Église réformée de l'Uzège : Pendant les guerres de Religion, le temple et dix églises furent détruits. Au XVI° siècle, Uzès était la 5e ville protestante du royaume. Au XVII° siècle, la cathédrale était relevée de ses ruines et accueillait de nouveaux convertis. Les réformés quant à eux, vivaient leur foi dans la clandestinité au risque d'être emprisonnés ou envoyés aux galères. En 1791, ils acquièrent l'ancien couvent des Cordeliers, dont Le temple est la seule partie encore existante du couvent.
Ces Franciscains, frères mineurs conventuels, étaient vêtus d'une robe de drap gris et d'une corde en guise de ceinture : ainsi s'explique le nom qui leur est donné en France, lorsqu'ils émigrent au XIII° siècle depuis l'Italie.
Au XVI° siècle, l'église et la chapelle Saint Antoine furent à nouveau démolies pour permettre l'édification des remparts et fortifications de la ville, après un épisode de vandalisme au XIV° siècle. Dans les années 1660, et pour la 3ᵉ fois, les Cordeliers reconstruisent leur couvent et leur église.
Le seul bâtiment qui subsiste aujourd'hui est vraisemblablement le réfectoire des moines, devenu aujourd'hui temple de l'Eglise réformée. La révolution de 1789 chassa les trois moines Cordeliers. Le bâtiment fut déclaré bien national et servit quelque temps d'arsenal. Le 18 juillet 1791, Théophile Guiraud s'en rendit adjudicataire. Le 29 septembre, la communauté protestante racheta le bâtiment afin qu'il servît de lieu de culte, par acte passé devant Maître Gide, l'arrière-grand-père de l'écrivain André Gide.
En 1989, devant l'ampleur des travaux nécessaires à leur sauvegarde, l'ensemble des bâtiments fut cédé pour un franc symbolique à la municipalité d'Uzès qui entreprit leur restauration (d'après l'historique "Couvent des Cordeliers puis Temple réformé" à l'entrée du site). Fin septembre 2012, lors de l'inauguration de la restauration de son orgue, le maire a promis que des travaux allaient concerner les extérieurs.
L'ancien hôtel du baron de Castille : Proche de la résidence épiscopale, cet îlot était autrefois occupé par l'hôtel des monnaies où les évêques battaient monnaie. De cet immeuble, il ne reste que quelques vestiges (moulurations et fenêtres des XV° et XVI° siècles). Il s'agit à l'origine d'une bâtisse du XIII° siècle, agrandie au XVII° pour compter 560 m2 (dont 180 de pièces de réception et sept chambres). Froment acquiert l'édifice en 1785, est arrêté pendant la Terreur révolutionnaire et retrouve ensuite le château pillé et la bibliothèque incendiée. Gabriel Joseph de Froment, baron de Castille, héritant de l'immeuble a transformé les autres parties de l'îlot en 1818 et y fait construire un hôtel. Le parc de deux hectares comprend un jardin à la française, une galerie, une pièce d'eau, une maison de gardien ainsi que des dépendances. Le baron meurt en 1824 et ses héritiers ne s'occupent plus du château, le parc étant même transformé en basse-cour.
La construction s'élève de deux étages sur rez-de-chaussée. Un corps central sans décrochement présente les mêmes niveaux d'étages, mais sa corniche est surélevée et surmontée d'un grand fronton triangulaire, timbré aux armes des Castille-Rohan. Trois rangées de balustres marquent les lignes horizontales de la composition. Le balcon du corps central est soutenu par quatre paires de colonnes jumelées s'élevant sur toute la hauteur des deux premiers étages. Une autre colonnade supporte le balcon du premier étage. La symétrie des péristyles est rendue grâce à un artifice rendu possible par l'existence, à l'entrée de la rue Raffin, du mur de clôture d'un grand jardin masquant la partie ouest du rez-de-chaussée. Pour se rendre dans ce jardin sans descendre dans la rue, un passage fut établi au-dessus de cette rue. Les percements des étages ont été prévus pour établir un rythme harmonisant la dissymétrie des ailes et la symétrie des colonnades.
En 1924, il est vendu et son nouvel acquéreur tente en vain de réhabiliter l'édifice qui tombe en ruines. En 1950, il est acheté par le critique et historien d'art britannique Douglas Cooper qui le rénove et y installe sa collection d'art contemporain. Plusieurs artistes y séjournent comme Georges Braque, Fernand Léger, Paul Klee ou encore Pablo Picasso, qui réalise au début des années 1960 et avec le sculpteur Carl Nesjar cinq fresques le long d'une colonnade, s'inspirant des Sabines de Jacques-Louis David et du Déjeuner sur l'herbe d'Édouard Manet. Douglas Cooper revend le château en 1977 à une famille d'industriels français, qui le met à son tour en vente en 2016.
Pavillon Racine : Le "pavillon Racine" situé sur la promenade des Marronniers près de la cathédrale Saint-Théodorit et surmonté d’un dôme, était autrefois une des tours de la ville. On dit que Racine aurait habité là en 1661-1662. C’est son oncle Antoine Sconin, vicaire général de l’évêché, qui a accueilli quelques mois le jeune homme de 22 ans, le temps de lui faire oublier la vie de bohème, mondaine et littéraire qu’il menait à Paris et d’essayer de lui donner le goût de la vie religieuse… sans grand succès.
En 1929 une plaque a été apposée sur la maison.
Ancien Hôtel des Monnaies : Juste à l’angle des rues du « Dr Blanchard » et « rue Rafin », ce beau bâtiment date du moyen âge. L'ancien Hôtel des Monnaies des Évêques d’Uzès, est l’immeuble qui abritait l’atelier monétaire entre la fin du VIII° siècle et le XIII° siècle. Ce privilège de battre monnaie en faveur des évêques d’Uzès, leur a permis de jouer un rôle d’importance dans l’économie de la Cité.
C'est Charlemagne en personne qui octroya aux Évêques de la cité le droit de battre monnaie en son nom. Droit qui leur fût confirmé par deux fois en 1156 et 1211. Mais les premières monnaies produites à Uzès sont en or et mérovingiennes et dates de la fin du VI° siècle, elles sont antérieures de presque deux siècles aux émissions des ecclésiastiques. Les plus anciennes sont des copies des monnaies romano-byzantines qui leur étaient contemporaines.
Le bâtiment possède plusieurs fenêtres à meneaux Renaissance.
Tourelle d'escalier : De la façade (XVI° siècle) ne subsistent que la tourelle d'escalier et les décorations contigües. La cour intérieure forme un trapèze dont les quatre faces sont à peu près semblables, percées de deux fenêtres aux deux étages sur rez-de-chaussée, le premier constituant l'étage noble. Il dut y avoir un rez-de-chaussée de même style dont il ne reste aujourd'hui que l'entablement corinthien. Au-dessus de la corniche et du soubassement qui contient les piédestaux des pilastres, se trouve un cordon mouluré sur lequel s'appuient les fenêtres en rectangle encadrées de pilastres soutenant un entablement. Au second étage se trouve de nouveau un soubassement avec les piédestaux des pilastres puis un cordon sur lequel s'appuient les mezzanines. Les pilastres qui encadrent les mezzanines sont des grotesques gainés en demi-bosse. Ils supportent une sorte d'entablement dorique qui supporte le toit. Le plafond de l'escalier est orné d'une peinture sans doute du XII° siècle, représentant les quatre points cardinaux. Le grand salon du rez-de-chaussée a conservé sa décoration de trumeaux, dessus de portes et cheminée, constituée par des trophées d'époque Louis XIII ou Louis XIV.
La Caisse d'Epargne : Les Caisses d'Epargne du Languedoc-Roussillon voient leur premier établissement de la région en 1828 à Nîmes, jusqu'à l'ouverture du dernier à Sommières en 1902 (28 au total sur la région). Elles avaient été créées à l'époque pour lutter contre la pauvreté et "moraliser" les classes populaires aux yeux des administrateurs. Abritées au départ dans les locaux des mairies, la croissance de leur personnel et de leur clientèle les amènera au début du XX° siècle à construire leurs propres hôtels aux frontons desquels les ornementations font l'apologie de l'épargne. La Caisse d'Epargne d'Uzès s'inscrit dans ce cadre et, sur le "périphérique" de la ville, offre un beau bâtiment avec fronton et décorations de coupes de fruits abondantes et de gerbes de blé, allégories aux bienfaits de l'épargne.
Hôpital général : Son histoire remonte au moyen-âge. Dès 1214, un terrain était affecté à la construction d’un « hôpital des pauvres ». Il ne vit qu’au rythme des dons et montrera sa grande insuffisance en 1720 lorsqu’il aura à faire face à une terrible épidémie de peste. Dès lors, la décision de le reconstruire était prise. Et il faudra attendre 1769 pour que ce nouvel hôpital soit ouvert.
Des grands travaux d’hygiène et de salubrité publique vont marquer le XVIII° siècle uzétien et dont l’hôpital fait partie. Alors les remparts sont démolis et on envisage de créer des promenades, et de planter des allées d’arbres. On rejette le cimetière hors des murs, on éloigne l’abattoir et on construit les casernes -aujourd’hui c’est le lycée des métiers d’art face à la Mairie. La mode du baroque est passée et les gens reviennent vers des lignes plus simples, plus droites. C’est le style classique.
Hôpital rebâti à neuf au milieu du XVIII° siècle par Guillaume Rollin pour les besoins de la cité épiscopale. Les agrandissements successifs du XIX° siècle ont alourdi les volumes, mais en imitant l'ordonnance architecturale de Rollin.
Les anciennes casernes : Aux XVI° et XVII° siècles, les maisons du Merle 11 rue Petite Bourgade, et Saint-Eloi, 26 rue Grande Bourgade, accueillaient les gens d’armes : milices communales, troupes protestantes, armée royale. La ville assumait les frais de séjour de cette troupe dont l’importance variait en fonction de l’actualité. Des foyers uzétiens étaient souvent mis à contribution. "En 1750, écrit Gustave Terraube dans son livre Uzès et son arrondissement paru en 1879, les maisons Le Merle et Saint Eloi étant reconnues trop petites pour loger les soldats, la construction de nos nouvelles casernes fut décidée". En 1903, Lionel d’Albiousse dans son livre sur Uzès, ne donne pas la même version : "Les casernes étaient autrefois à la Grande Bourgade dans une maison appelée Saint Eloi. En 1711, un mur s’écroula et tua un tambour. La ville fut obligée à payer 100F de dédommagement au capitaine. Au milieu du XVIII° siècle, on songea à créer de nouvelles casernes".
Un emplacement fut choisi : le cimetière de l’église Saint-Julien qui avait accueilli autrefois l’église Saint-Pierre et Saint-Paul dont les fouilles actuelles sur le terrain de l’ancienne gendarmerie peuvent révéler des vestiges. La municipalité confia les travaux à son maçon attitré qui se fâcha rapidement avec les élus en place. L’architecte Rollin prit le relais et dessina les plans des bâtiments répondant aux normes classiques. Les premiers fondements en pierres de la carrière de Saint Ferréol meilleures que celles de Saint-Firmin, apparurent rapidement. La construction fut terminée le 28 août 1786. Elle a coûté 100 000F à la ville qui en est propriétaire, mais l’Etat en avait la jouissance. Uzès est alors une ville prospère de garnison et accueille un régiment d’infanterie dont les soldats vêtus de blanc étaient surnommés ‘’les Poupious’’, en référence aux cris d'un petit oiseau.
La caserne Brueys n’accueille plus de militaires à compter de 1921. Elle accueille alors la conserverie moderne d’olives du Gard, dirigée par Henri Martel, dont le siège social, est à Marseille. En 1923, la société France Orient, installée à Marseille, y crée un atelier de fabrication de tapis noués à la main tenu par des Arméniens. Y sont installés 50 métiers et les logements des ouvrières et leur famille. Louis Pétavit y installe une robinetterie qui comporte une quarantaine de machines fixes: tours, fraiseuses, aleseuses... et qui emploie 80 personnes. Elle ferme ses portes en 1992 au départ à la retraite de Marcel Pétavit le fils du créateur. Elle compte également une fonderie dont le déplacement en 1950, route de la Gare, permet l'installation d'un collège technique, du lycée des métiers d'art Guynemer qui a fusionné avec le Lycée Charles Gide.
Mas de Mayac : Le Mas de Mayac est un ancien monastère. Constructions existantes du XV° siècle au XIX° siècle, il est donné à l'église au XIII° siècle, par le comte de Toulouse, et devient la propriété des chanoines de la cathédrale d'Uzès (usage de ferme et de résidence). Il est vendu comme bien national à la Révolution française.
Ce mas se compose de trois corps de bâtiment formant une cour, le quatrième côté étant fermé par un porche. Il conserve des éléments d'une construction datant de la fin du XV° siècle de grande qualité : corbeaux à triples ressauts des latrines situées côté ouest, les deux portes palières avec arcs en accolade de l'escalier en vis, aménagées au premier étage. L'édifice a, par ailleurs, été repris au milieu du XVII° siècle, puis au XVIII° siècle, pour l'intérieur et fut également très marqué par des travaux au XIX° siècle en magnanerie. Le bâtiment nord présente une galerie néo-gothique construite en briques et des escaliers en arc de cercle conduisant aux tours-pigeonniers.
Tour du moulin du Duc : Périodes de construction du XIII° - XIX° siècle. L'édifice est voisin d'un ancien moulin à eau, dit "moulin du Duc", et de la ferme adjacente. La tour est indépendante de ces constructions. Avec ses deux étages voûtés, elle présente l'aspect d'une grange fortifiée. Au rez-de-chaussée, la voûte est en berceau brisé. Le premier étage est voûté sur diagonaux qui se recoupent sur des clés en X ornées de petites rosaces. Les percements de cet étage ont été modifiés, mais conservent les vestiges d'une bretèche ou d'un petit encorbellement à usage d'évacuation. L'appareil des parements est travaillé de bossages dont quelques-uns, près d'un angle, sont sculptés. Les parements intérieurs des voûtes conservent une grande variété de marques de tâcherons.
La découverte en 2019 par l'Inrap d'un monument mégalithique circulaire (Cromlech) de dimension exceptionnelle indique une occupation importante remontant à la fin du néolithique/age du bronze qui n'a pas été localisée pour le moment.
La naissance d'Uzès précède d'un siècle la construction du pont du Gard qui amenait l'eau de la Fontaine d'Eure jusqu'à la ville de Nîmes.
Les origines celtes de l'agglomération
Les hommes ont habité très tôt le site d'Uzès. Selon l'archéologue Jean Charmasson, tout a commencé dans la vallée, à proximité des sources de l'Eure, en raison de l'importance vitale de l'eau, qui y était abondante. Les invasions celtiques du V° siècle avant J.-C. contraignent les Ligures autochtones à transporter leur habitat sur la hauteur qui offrait une excellente position défensive avec ses à-pics sur la vallée, et que l'on protège d'une muraille de pierres au nord et à l'ouest. À cette raison stratégique s'ajoute une situation privilégiée lors de la pénétration hellénique dans cette région : cet emplacement est le nœud d'un réseau commercial, un centre de transit. Les habitants ont dû tirer de larges bénéfices en imposant des droits de péage aux Grecs dont les caravanes allaient quérir en Cévennes des minerais nécessaires à leurs industries ; l'agriculture et l'élevage leur permettaient également de vendre quelques marchandises locales et les premiers produits de petites industries (poteries et tissage).
L'accalmie consécutive aux invasions, aux IV° siècle avant J.-C. et III° siècle avant J.-C., semble avoir permis de revenir au site de la vallée. À la population, se sont mêlés des éléments celtes de la peuplade des Volques Arécomiques (répandue dans le territoire de l'actuel département du Gard et dont Nîmes est la capitale). Porteurs d'une civilisation propre, ils s'ouvrent néanmoins très largement à l'influence des colons grecs dont ils adoptent ou adaptent l'art, la religion, l'écriture.
Les guerres ensanglantent les deux premiers siècles avant J.-C. Des sépultures attestent la résistance des Volques à l'effort des légions romaines du consul Cnaeus Domitius Ahenobarbus pour s'emparer des voies commerciales, mais aussi aux Cimbres et autres envahisseurs venus du Nord par la vallée du Rhône.
« Ucetia » gallo-romaine, ville résidentielle aristocratique sous Auguste
Les Romains après la conquête de la Narbonnaise dominent sur tout le Languedoc. La culture celto-grecque assimile progressivement l'influence de Rome. C'est l'heure de la civilisation gallo-romaine. Simple « castrum » ou camp retranché, la ville va accéder au statut de civitas. Par les progrès des relations avec les Grecs de Marseille, par la romanisation, cette période est celle d'une très grande prospérité qui se traduit concrètement dans l'urbanisme. La monnaie se substitue au troc. La vaisselle d'argile rouge et noire, dont des fragments ont été retrouvés, atteste des relations commerciales avec la Campanie. Après 49 avant J.-C. et la prise de Marseille par César, l'influence phocéenne sur la région décroît.
Uzès se rattache dès lors à la Nîmes augustéenne. Son développement en ville résidentielle pour une aristocratie romanisée est favorisé par la « Pax Romana ». Fonctionnaires ou notables nîmois, vétérans des légions trouvent ici un agréable séjour, comme l'atteste l'épigraphie (stèles des Caton, des Domitius Ahenobarbus, des Pompéius).
En 2017, des fouilles archéologiques mettent au jour, sur le site de l'ancienne gendarmerie, un quartier antique remontant au 1er siècle avant notre ère. Des mosaïques polychromes dans un excellent état de conservation appartenant probablement à une riche Domus, sont ornés d'animaux (un hibou, un canard, un aigle et un faon), de motifs géométriques et d'une inscription gallo-grecque.
L'aqueduc du pont du Gard
Les routes, comme à Rome, sont bordées à la sortie de la ville de riches nécropoles. Dans cette ère de prospérité et de confort, une réalisation universellement connue est liée au nom d'Uzès : le captage de l'Eure au pied de la ville et la construction de l'aqueduc de 50 km qui, par le pont du Gard, conduit l'eau potable jusqu'à Nîmes. On retrouve encore dans la vallée, sous les ronces ou à l'air libre, des vestiges du célèbre ouvrage. Et les eaux de l'Eure alimentent aujourd'hui directement la ville d'Uzès. La racine UR de Ura, l'Eure, signifie « l'eau ». La source a été d'abord divinité. À celle-ci se sont substituées les nymphes romaines, honorées par un collège de prêtres et auxquelles un certain Sextus Pompeius surnommé Pandus a élevé un monument pour avoir, de leurs eaux, fait « tant jeune que vieux, un salutaire usage ».
La christianisation
L'implantation du christianisme à Uzès est sans doute, d'après les historiens, moins précoce que ne l'a laissé croire la crypte du II° siècle qui avoisine le duché. C'est au IV° siècle, au cours de l'ère constantinienne, que s'est répandue ici la religion nouvelle. Les premiers diocèses calqués sur l'organisation impériale se sont progressivement substitués à elle : ils apparaissent comme un rempart opposé à la barbarie et aux troubles. C'est donc au IV° siècle qu'est fondé l'évêché d'Uzès.
Les premiers évêques, de riches notables, jouent un rôle considérable dans les domaines tant spirituel que temporel : ils ont pour tâche d'évangéliser, d'organiser les communautés, de les protéger des premières déviations (qui, en Languedoc, sont florissantes), de participer à des conciles, de construire ou reconstruire des églises. Ils doivent être, selon la formule de l'empereur Valentin, les « défenseurs de la Cité », les protecteurs de la population, des négociateurs politiques et artisans de paix. Ainsi se présentent à Uzès aux V° et VI° siècles les Constance, les Roricius d’Uzès.
Saint Firmin et son neveu saint Ferréol, tous deux évêques du VI° siècle, dont les reliques attirèrent à Uzès de pieux pèlerinages et, si l'on en croit la légende, furent l'occasion de nombreux miracles. Tous deux avaient été aussi des bâtisseurs. Le premier fit construire une grande basilique dédiée à saint Baudile, martyr nîmois, dans le faubourg qui prit le nom ensuite de Saint-Firmin. L'autre fonda une abbaye au roc Auriol, au sud de la ville, et fit édifier une église Saint-Pierre et Saint-Paul. À la fin du VI° siècle, on ne comptait pas moins de cinq églises à Uzès.
Le haut Moyen Âge
Pour la période alto-médiévale les documents ou vestiges de cette époque sont plus rares ; nombre de peuples se succèdent : Vandales, Wisigoths, Francs, Sarrasins. Durant cette période, Uzès fait alors partie de la Septimanie ; elle appartient d'abord aux Wisigoths puis aux Francs (en 532, Théodobert, petit fils de Clovis, entre dans Uzès après avoir battu les Wisigoths dans la plaine de Saint Eugène à Pont-des-Charrettes lors de la bataille dite des plaines de Saint Eugène), et sera rattachée enfin au Royaume de Provence.
Le Moyen Âge
Puis vint l'heure de la renaissance carolingienne. Et l'on peut dire que c'est de Charlemagne que date l'organisation seigneuriale de la cité. Un comes, que le mot comte traduit de façon ambiguë, est le représentant du pouvoir centralisé institué par l'empereur. Nous connaissons les noms des premiers seigneurs, qui ne deviennent les vassaux du comte de Toulouse qu'à partir du XI° siècle : Elzéart, Décan Ier, Bermond Ier. Celui-ci est célèbre parce qu'il fit élever en 1170 la grande tour carrée qui servait de donjon dans l'enceinte du château. D'où le nom encore utilisé de Tour Bermonde pour désigner la tour du Duché. C'est sous Charlemagne que les évêques sont habilités à battre monnaie. Ce privilège leur sera confirmé en 1156 puis en 1211. L'atelier de monnayage était sis en l'Hôtel de la Monnaie, dans la rue de ce nom, où une plaque de marbre commémore encore le fait.
Un autre nom brille d'un grand prestige dans le IX° siècle uzétien : celui de la princesse Dhuoda, épouse du duc de Septimanie, qui séjourna à Uzès sous la protection de l'évêque Eléphant et composa pour ses fils un remarquable traité d'éducation d'inspiration chrétienne : c'est le premier ouvrage écrit par une femme. Elle mourut en 843, après avoir composé sa propre épitaphe, dont le texte nous est connu. Sa sépulture pourrait bien être un jour découverte dans l'enceinte du château.
Avec le XI° siècle, s'ouvre, pour Uzès comme pour le Languedoc en général, une ère de prospérité et de grands changements. C'est alors que va se dessiner une physionomie de la ville qui variera peu jusqu'aux temps modernes.
L'essor économique et démographique entraîne richesse et constructions. Une classe aisée de bourgeois et de commerçants contribue au dynamisme de la cité. Les routes s'améliorent. Les premières fortifications de la ville sont construites en 1148 et ne cesseront d'être améliorées ou refaites. Si l'on a appelé le XII° siècle le « printemps européen », il est aussi, pourrait-on dire, le siècle du printemps uzétien.
C'est au début du XII° siècle que la seigneurie/viguerie est divisée entre un frère et une sœur, chacun développant son complexe castral. C'est sous l'épiscopat de leur frère, Raymond d'Uzès, que furent élevées l'enceinte et les portes de la ville, qui resteront sous la juridiction épiscopale ou communale, indépendamment des seigneurs. Au début du XIII° siècle, les droits que le comte de Toulouse pouvait avoir sur ses vassaux est transféré à l'évêque. Il devient alors pour quelque temps le seigneur supérieur d'Uzès, au-dessus des deux co-seigneurs. Peu après, l'évêque acquiert un quart de seigneurie, issu de l'indivision de la co-seigneurie entre les descendants de Béatrice d'Uzès. L'autre quart fut acquis par le roi en 1493. Cette triple division de l'autorité sur la ville, entre les vicomtes puis ducs (1/2) l'évêque (1/4) et le Roi (1/4) entraîna des conflits de juridiction qui durèrent jusqu'à la Révolution.
Le clergé et les évêques voient leurs revenus s'accroître. Une cathédrale est construite en 1090. Détruite, dit-on, par les albigeois en 1177, elle est relevée bientôt après, dans les dernières années de ce XII° siècle avec le magnifique campanile, ajouré de fenêtres, merveille de l'architecture romane, qu'on appelle la tour Fenestrelle. On construit alors d'autres églises : Saint-Géniès, dont les ruines sont encore visibles, Notre-Dame la Neuve, au sud de la cathédrale. Les tours imposantes qui symboliseront bientôt les trois pouvoirs (épiscopal, royal et ducal) sont édifiées du XI° au XIII° siècle. De plus, il suffit de pénétrer dans les maisons, de parcourir les rues ou les places pour retrouver des témoins de cet essor médiéval : rez-de-chaussée voûtés, moulures, sculptures, escaliers à vis, tourelles, etc.
En 1214, l'évêque Raymond IV reçoit d'un certain Pierre de Nozières le terrain sur lequel sera édifié un « hospital des pauvres du Roc Auriol ». Agrandi au XVIII° siècle, c'est aujourd'hui l'Hôpital général.
La naissance du consulat
Il faut évoquer ici une conquête capitale, dont la date précise est difficile à fixer : la création des Consuls avec l'assentiment du seigneur et de l'évêque. Elle reflète l'émancipation de la nouvelle bourgeoisie. Uzès est l'une des premières villes du Languedoc à être dotée d'un consulat qui administre la cité (jusqu'à la création des mairies par Louis XIV) en assurant l'ordre et la défense des citoyens. Bientôt, le pouvoir royal trouvera son compte dans cet instrument d'opposition aux seigneurs et de liquidation de la féodalité. Une charte de Philippe VI de Valois en 1346, rédigée en langue romane et conservée encore aujourd'hui dans le bureau du maire, définit les droits et privilèges des nouveaux magistrats. Les consuls sont d'abord au nombre de deux puis de quatre, nommés, puis élus et installés par l'évêque. Ils sont aidés par un corps d'officiers municipaux — clavaire, régent, greffier, crieur public, valet de ville, garde-terre, etc. Au début, ce ne sont que des notables, instruments dociles entre les mains des seigneurs. Peu à peu ils acquerront à la fois représentativité et autonomie, jusqu'à s'opposer parfois aux décisions et au pouvoir seigneuriaux, ce qui leur vaudra de Charles V le privilège de mettre en tête de leurs armoiries les armes de France.
Des hérésies au rattachement du Languedoc à la couronne
Il y a un éveil religieux aussi aux XI0 et XII° siècles. Mais il se traduit de manière contradictoire à la fois par un esprit de réforme aux effets positifs et par l'hérésie, dont l'un des visages est le catharisme, largement répandu à Uzès. La croisade des albigeois, encouragée par l'Église, attise la violence. À Uzès, les albigeois détruisent la Cathédrale en 1177 ainsi que les églises Saint Pierre et Saint Paul, Saint Jean et Saint Ferréol. Mais on sait qu'à la faveur de la répression conduite par Simon IV de Montfort et par Louis VIII, le Languedoc et, avec lui, le comté d'Uzès sont alors annexés par la royauté. La soumission de l'hérésie à Uzès par Simon IV de Montfort, l'entrée de Louis VIII dans la ville en 1226, marquent un tournant dans l'histoire locale ; et le traité de Paris en 1229 sanctionne le rattachement à la Couronne du Comté d'Uzès.
Désormais trois pouvoirs s'exercent sur la ville : à ceux du seigneur et de l'évêque (celui-ci atteint alors son apogée temporel) s'ajoute le pouvoir royal représenté par le sénéchal à Beaucaire et, sur place, par la viguerie royal. Leurs domaines s'enchevêtrent. Les querelles de suzeraineté entre les grands, les conflits de juridiction entre les diverses justices, remplissent pendant des siècles la chronique et profitent à la basoche (notaires, greffiers, officiers).
Peste, famine, guerre – L'union des maisons de Crussol et d'Uzès
En 1328, la seigneurie d'Uzès devient vicomté. Par là, le roi Philippe VI de Valois entend honorer Robert 1er en récompense de son aide vaillante avec une troupe d'Uzétiens sur le champ de bataille de Cassel. En 1346, le roi accorde à la ville une charte instituant l'élection des consuls.
Au XIV° siècle, Uzès bénéficie, pour son commerce, de la proximité de la papauté installée à Avignon. Mais c'est l'époque de la guerre de Cent Ans. L'essor du Moyen Âge est soudain rompu par de graves fléaux. En 1348, une terrible peste s'abat sur la ville et la décime par familles entières. La campagne se vide. D'autres épidémies assaillent encore le pays en 1361, 1378, 1450. La misère est renforcée par les pillages ou les ravages des compagnies de Routiers, mercenaires sans emploi qui parcourent le pays. Les consuls renforcent les fortifications et protègent ainsi les citoyens, mais les routiers viennent se battre aux portes de la ville et brûlent même l'église et le couvent des Cordeliers en 1362.
C'est le duc d'Anjou, frère de Charles V, chargé de la province du Languedoc (il réside quelques jours à Uzès) qui, par une forte rançon, met fin à ce fléau national en 1374.
Les levées nombreuses d'argent et d'hommes suscitent des révoltes de paysans. En 1380, les Tuchins brûlent et pillent les châteaux aux alentours de la ville. On voit même une partie du clergé à deux reprises, en 1314 et en 1470, se révolter collectivement contre l'évêque et refuser de payer des taxes jugées trop lourdes.
À côté de ces dures réalités, de la dévastation et de la misère continuelles, les évènements officiels même célèbres paraissent bien dérisoires : ainsi vers 1390, la prétention de l'évêque Martial d'ouvrir une porte dans les remparts pour se rendre de sa demeure à sa vigne. Dans le procès qui l'oppose aux consuls, ceux-ci, qui représentent la sécurité des citoyens, obtiennent aisément gain de cause auprès du sénéchal Enguerrand de Handru.
Les foires souvent liées aux pèlerinages continuent d'attirer foules et commerçants. Uzès est sur l'une des voies qui conduisent les pèlerins de l'Allemagne vers Saint-Jacques-de-Compostelle. La foire de la Saint-Firmin cependant est réduite de douze jours à trois jours par lettres patentes de 1358.
À la fin du XV° siècle, un mariage devait ouvrir à la maison d'Uzès une destinée brillante. Symone, dernière héritière de la vicomté, épouse Jacques Loys de Crussol, d'une noble famille du Vivarais. Ils unissent leurs domaines. Les Crussol d'Uzès s'illustreront désormais dans les hautes fonctions qui vont leur être confiées par la royauté.
Époque moderne
C'est ainsi que dès 1504 Jacques de Crussol d'Uzès est nommé par Louis XII sénéchal de Beaucaire. Il se distingue dans ses fonctions par une sage administration. Plus tard, il participe aux campagnes d'Italie. Il combat à Ravenne, est blessé mortellement à Fornoue.
Le XVI° siècle à Uzès a été marqué plus profondément par les effets de la Réforme que par ceux de la Renaissance. Très tôt les idées des réformateurs se sont répandues ici dans toutes les couches sociales, d'autant plus facilement que les notables les premiers donnent l'exemple et ne cachent pas leur sympathie pour la religion nouvelle. Ainsi Jeanne de Genouilhac, fille de Jacques Ricard de Genouillac, le grand maître de l'artillerie française sous François Ier, épouse de Charles de Crussol, et amie de Marguerite de Valois.
Les assemblées clandestines se multiplient aux abords de la ville, à Saint-Ferréol, à Servezannes, à Arpaillargues, ou dans les maisons des particuliers.
Des prédicants comme Guillaume Farel et Mauget les animent. La diffusion de la Réforme est rapide. Elle s'accomplit grâce à l'indulgence, parfois avec la complicité, des consuls.
En 1543 l'évêque, le duc et le viguier adhèrent secrètement à la Réforme, suivis bientôt par la bourgeoisie et le petit peuple. En 1546, Jean de Saint-Gelais se déclare ouvertement, entraînant dans l'apostasie une bonne partie du clergé et des fidèles avec la plus grande partie du chapitre. Il sera bientôt déposé par le pape. Crussol adopte une attitude plus ambiguë ou diplomatique qui lui permet de sauver des galères plus d'un sectaire.
Après la diffusion de la Réforme commencent les premières alarmes, quand la répression se fait sentir.
Les occupations d'églises, les marchandages, les meurtres, les expéditions punitives ou vengeresses marquent cette époque. Les catholiques sont mis en minorité. Les réformés démolissent la cathédrale en 1563, rasent le faubourg et l'église Saint-Firmin en 1578. On assiste à des volte-face inattendues où l'on voit bien que la conscience religieuse a moins de place dans les motivations que les ambitions politiques ou les intérêts personnels. Des situations paradoxales aussi : par exemple un Crussol, calviniste, marchant à la tête des catholiques contre Damville, un catholique qui commande l'armée huguenote ! Un demi-siècle de guérillas, de dénonciations, de pendaisons, de crimes, ne pouvait pas ne pas marquer profondément et pour de nombreuses années les mentalités.
Premier duché-pairie de France
C'est au cours de cette tragédie que Charles IX élève le comte Antoine de Crussol à la dignité de duc (1565) et peu après de pair de France (1572). Par là, le souverain veut honorer « l'ancienneté et la grandeur de la Maison de Crussol qui est l'une des meilleures de notre pays de Languedoc ». Mais il s'agit, dans une visée plus politique, de s'assurer le loyalisme de son « très cher et très aimé cousin ».
Avant Antoine de Crussol, Anne de Montmorency avait été fait duc en 1560. Celui-ci était donc chronologiquement comme en importance, le premier duc. Lorsque Henri II de Montmorency se révolta en 1632 contre Louis XIII, il fut décapité à Toulouse. Il mourait sans postérité. C'est ainsi que la famille de Crussol hérita du titre et des prérogatives de « premier duc et pair de France » qui lui donnaient à la Cour et dans le royaume une place enviée et lui valaient les charges les plus importantes.
L'expression de « premier duché de France », appliquée à Uzès, s'appuie historiquement sur cette promotion.
Au duc d'Uzès fut donnée aussitôt la sénéchaussée de Beaucaire et, peu après, Catherine de Médicis lui confia le commandement du Languedoc (1574) et la fonction de lieutenant-général.
Dès lors, par l'importance de leur position, par de fréquents retours dans leur fief, les Crussol d'Uzès se sont concilié dans la ville une grande popularité qui s'est manifestée dans tous les événements heureux ou malheureux de la famille ducale.
Le grand siècle : de l'opulence économique à l'intolérance religieuse
La paix du règne de Henri IV inaugure une reprise de l'activité économique et une remontée démographique. Uzès va connaître un dynamisme constant au cours du XVII° siècle jusque vers 1675. Il se traduit par le progrès du luxe, du confort.
La Contre-Réforme triomphe progressivement de la Réforme, mais ce n'est pas sans soubresauts ni violences. Le premier tiers du siècle est agité par le duel des grands chefs des deux partis opposés : Henri de Rohan, gendre de Sully, qui a été nommé à Uzès même généralissime des églises réformées de France en 1627, et le duc de Montmorency. Tous deux viennent tour à tour dans les murs de la ville. Escarmouches ou batailles sont continuelles.
Mais la détermination de Richelieu et les moyens qu’il déploie lui permettent de faire capituler La Rochelle et Privas. Rohan et les protestants, découragés et épuisés, doivent se soumettre.
C'est alors que Louis XIII, le 10 juillet 1629, fait son entrée dans Uzès par une brèche pratiquée dans le mur du Portalet. Date importante puisque, par la « grâce d'Alais » rédigée avec Richelieu à Uzès, s'achève l'unification du royaume. Le monarque qui avait été accueilli, selon ses propos, à Marseille comme un roi et à Aix-en-Provence comme un dieu, entrait à Uzès et dans son château en maître sévère, jaloux de son autorité et pour recevoir la soumission d'une cité rebelle. Aussi ordonne-t-il la démolition des remparts et des défenses extérieures de la ville.
La prospérité matérielle est propice à la reconstruction des édifices religieux par une église rajeunie, zélée et enrichie. Monseigneur Nicolas II de Grillet (choisi par Louis XIII lui-même, et qui devait prononcer l'oraison funèbre du roi) décide, dès son intronisation, de relever la Cathédrale et l'Évêché. Les travaux, commencés en 1644, sont terminés seulement par son successeur, Monseigneur Jacques II Adhémar de Monteil de Grignan, le 22 avril 1663 ; et celui-ci commence en 1671 la construction du Palais épiscopal.
L'industrie des serges, cadis, cordelats est alors fort active. Laveurs, pareurs, foulonniers, exercent leurs travaux aux bords de l'Alzon. Le « label » d'Uzès pour la serge est fort prisé, et jalousement préservé au point que des imitateurs déloyaux (à Tarascon) encourent une condamnation du Conseil d'État. C'est dans ce siècle également que naît l'industrie de la soie qui atteindra son apogée au XVIII° siècle.
On ne peut parler du XVII° siècle à Uzès, sans nommer l’un des plus grands poètes français : Jean Racine. Il fait ici un séjour de plusieurs mois à partir de novembre 1661 chez son oncle maternel, le chanoine Sconin, official de l'évêque, dans l’espérance d’un bénéfice ecclésiastique, à défaut duquel il s’initie à la vie méridionale, lit et annote Homère et les grands tragiques grecs, plus que saint Thomas et les Pères de l’église. La ville s’enorgueillit aujourd’hui, à juste titre, de cette illustre présence et revendique quelque mérite dans la germination de génie racinien en cet instant privilégie où s’éveillent l’intelligence et la sensibilité d’une riche nature. Mais il est aussi un témoin : ses Lettres d'Uzès contiennent une foule de détails précieux sur la vie uzétienne au grand siècle vus par un esprit curieux, enjoué, cultivé, qui nous rapporte les mœurs, les costumes et les coutumes, mais aussi les intrigues politiques et religieuses. Elles sont en outre un document sur la personnalité et le talent naissant du futur auteur d’Andromaque et de Phèdre. Rien ne permet cependant d'affirmer comme on l'a dit qu'il ait composé ici ses deux premières tragédies : La Thébaïde et Alexandre le Grand.
Révocation – Reconstruction – Révolution
Le XVII° siècle se termine à Uzès sur une note plus sombre. Louis XIV signe le 18 octobre 1685 la Révocation de l'Édit de Nantes. Depuis quelques années déjà une Église triomphaliste pratiquait une sorte de chantage à la conversion des adeptes de la « RPR » (religion prétendue réformée). L'intendant Basville terrorise le Languedoc. On se convertit alors massivement et les « N.C. » (nouveaux convertis) doivent obligatoirement assister aux offices.
On sait les effets désastreux de la Révocation. Les protestants réfractaires n'ont d'autre solution que de fuir à l'étranger. Leurs biens sont réunis au « domaine du roi ». On abat les temples protestants. Nous connaissons la soixantaine de noms des Uzétiens qui, au risque des galères, prennent le chemin de l'exil : ce sont des bourgeois, des artisans (fabricants de chapeaux, de serges, cardeurs, pareurs) ou des commerçants dont le départ appauvrit la ville.
Cependant, on assiste à quelques reconstructions dues à l'impulsion d'un évêque très actif, Michel Poncet de la Rivière, dont l'épiscopat est un des plus longs de l'histoire de la ville (1677-1728). Cultivé, libéral, bâtisseur, il relève églises et presbytères de son diocèse et fait construire un séminaire en 1715.
Les effets de la Révocation se font sentir pendant une cinquantaine d'années. Les consuls jettent en 1718 un cri d'alarme : « La ville déchoit, disent-ils, à un point des plus fâcheux de sorte qu'elle ne peut plus se soutenir s'il n'est pourvu au besoin de rétablir le commerce sans lequel elle ne saurait subsister : celui des serges ». La frénésie religieuse resurgit au début du XVIII° siècle avec la guerre des Camisards, qui s'accompagne de bien des révoltes contre la misère ou l'autoritarisme monarchique. C'est tout près d'Uzès que sont tués Abraham Mazel, prophète et chef camisard, et Pierre Coste, homme de lettres engagé dans la lutte.
Il faut arriver vers 1740 pour voir reprendre l'activité économique. Les cultures s'étendent (vigne et mûrier), le commerce reprend. La population s'accroît de nouveau. C'est la grande époque de l'industrie de la soie et de la fabrique du bas. La corporation des « débassaïres » est sans doute la plus importante de la ville et fait sa richesse. La paix et la prospérité revenues se traduisent dans des constructions ou des embellissements : les maisons sont aménagées ou agrandies ; en 1725, les Consuls font combler les anciens fossés de la ville, devenus peu salubres, pour faire une agréable promenade plantée d'ormeaux. Vers 1765, les six tours des remparts sont détruites, et l'on construit, sur les plans de l'architecte avignonnais Boudon, l'actuelle Mairie, près du duché et l'actuelle église Saint-Étienne. Les casernes sont transférées de la Bourgade à l'emplacement du LEP et de la robinetterie d'aujourd'hui. L'essor économique favorise les échanges culturels. La vie sociale se développe. Quelques-uns des hôtels du centre de la ville réunissent les beaux esprits. Uzès, comme Paris, a ses salons philosophiques. Sans doute y manque-t-il des Uzétiens célèbres comme Firmin Abauzit (devenu bibliothécaire de la ville de Genève), célèbre inspirateur et ami de Jean-Jacques Rousseau, ou Pierre Coste, traducteur de John Locke, que la Révocation a contraints de s'exiler.
Uzès n'a pas été un foyer révolutionnaire. Mais elle a été d'autant plus vite gagnée par la contagion de la violence qu'on en avait ici une longue pratique depuis le XVI° siècle. D'ailleurs, l'action révolutionnaire est fortement teintée de l'atmosphère des guerres religieuses dont elle semble parfois être un prolongement.
On pille alors les richesses de la cathédrale (au début du siècle, Mgr Michel Poncet de la Rivière disait qu'elle était la plus belle du midi de la France) : on brûle les archives, les titres de noblesse. On multiple les expéditions destructrices. Le baron de Castille voit sa maison dévastée, son domaine d'Argilliers envahi et pillé. Troubles, perquisitions, fuites, bagarres, actes de banditisme : c’est le pain quotidien. Bien des prêtres réfractaires sont emprisonnés. Des notables comme Goirand de la Baume, arrêtés, sont pendus à Nîmes. En 1790, l'évêché est supprimé par la Constitution et le sera canoniquement par le Concordat en 1801. Le dernier évêque, Mgr de Béthizy, poursuivi, s'exile en Angleterre. Et pendant la Terreur c'est à l'évêché que l'on emprisonne les suspects.
Les événements survenus à Uzès pendant la Révolution sont à l'origine de réactions un peu plus au nord, en Ardèche : les camps de Jalès.
D'autre part la Terreur blanche de 1815 a été particulièrement sévère dans la région.
Le XIX° siècle
La Révolution a été fatale aux deux pouvoirs dont les fastes et les querelles avaient rempli l'Ancien Régime : le Duché et l'évêché. Désormais, au XIX° siècle, l'histoire d'Uzès se démocratise, s'embourgeoise, se provincialise. La lutte pour la vie prend le pas sur les « événements ». Le siècle est fertile en alternances politiques : Uzès les accueille avec un mélange de passion et de docilité, ou d'opportunisme. Les antagonismes religieux du passé y sont relayés par les orageuses oppositions entre royalistes et républicains. Quelques fusillades ou bagarres, l'assassinat du vicomte de Dampmartin, maire de la ville, en 1852, ne sont ici que les échos affaiblis de l'histoire nationale.
Mais c'est la préoccupation économique qui tient une place prépondérante. La première moitié du siècle est prospère. Une population active bénéficie de l'extension progressive de la vigne en Uzège, de l'utilisation de nouvelles techniques agricoles, mais surtout d'une industrie spécifique : la fabrication de la soie qui occupe, vers 1830, près de deux mille personnes. Mais une économie qui se fonde sur une seule activité est fragile. On le voit bien lorsque surviennent, presque à la fois, la concurrence du coton, dans les années 1840, et les maladies du ver à soie. À partir des années 1850, les épidémies d'oïdium puis de phylloxera déclenchent le mouvement de l'exode rural et de la dépopulation. L'appauvrissement ne va pas cesser de s'accentuer jusqu'au milieu du siècle suivant. L'Uzège se survit en s'isolant, comme beaucoup de communes rurales dans le même temps, en une sorte de système autarcique.
De la phase prospère datent quelques embellissements apportés à la ville : en 1836, on a aménagé la Promenade des marronniers ; on construit la terrasse en 1854. Le maire de Robernier, sous la Restauration, rachète le Duché pour le restituer au duc revenu d'exil. Le Collège secondaire, fondé par trois notables de la ville après la Révolution, est logé dans les bâtiments de l'actuel lycée, construits en 1837. En 1853, on installe dans la ville les fontaines. Mais en 1866, les édiles refusent la subvention nécessaire pour construire une gare de chemin de fer prévue au lieu-dit « la Croix des Palmiers ».
L'isolement de la cité est désormais renforcé par son éloignement des grands axes routiers ou ferroviaires.
Le xxe siècle
Au début du XX° siècle, le déclin s'accentue. La ville sombre dans une sorte de léthargie. Il sera courant plus tard d'évoquer Uzès comme une sorte de Belle au bois dormant.
La chute de la population est symptomatique. On est passé de 10,000 habitants au XVIII° siècle à 3500. La pauvreté s'est accrue faute de solutions de rechange aux activités traditionnelles ou de capacités de reconversion. Du moins cette misère a-t-elle contribué à sauvegarder le patrimoine architectural en interdisant les destructions qu'aurait pu entraîner un urbanisme modernisateur, comme le cas s'en est présenté un peu partout. Mais les immeubles se délabrent, les toitures ne sont pas refaites, les infiltrations ruinent les demeures de la vieille ville dont certaines s'effondrent.
Qui a pu voir Uzès vers 1950, après les deux guerres mondiales, dans cet état d'abandon et de ruine et le voit aujourd'hui, peut mesurer l'immense chemin parcouru grâce à quelques paris décisifs de la ville pour enrayer le processus de dépérissement.
On pouvait se contenter de détruire les immeubles insalubres. Hardiment le choix des édiles s'est porté vers la restauration de la vieille ville, autorisée et facilitée par la publication de la loi de 1962, dite « loi Malraux », créant les secteurs sauvegardés. Il est vrai que la reprise de quelques activités économiques est accompagnée alors d'une légère augmentation de la population et de la création de quelques emplois. L'usine de réglisse Zan est célèbre en France : elle utilise aujourd'hui environ 350 employés. Il existait aussi une robinetterie, une fabrique de produits réfractaires, un atelier de confection de sous-vêtements rattaché à la maison Éminence. Tout cela justifiait la politique ambitieuse qui a été choisie.
Mais il suffit de traverser la Place aux Herbes et de parcourir les rues avoisinantes pour mesurer la portée de l'effort entrepris par les pouvoirs publics et par les propriétaires, subventionnés par l'État, ainsi que le goût qui a présidé aux réalisations.
Les effets de la restauration ne se sont pas fait attendre. Plus accueillante, la ville a attiré une nouvelle population ; a modifié et amélioré son standing économique, suscité l'expansion du commerce, du bâtiment, de l'artisanat et du tourisme, développé l'esprit d'initiative. Comme le Moyen Âge avait poussé des faubourgs à l'extérieur de ses remparts, la ville s'est étendue au Nord pour ne pas nuire à l'esthétique du centre. De plus la restauration fait « tache d'huile ». Les petits propriétaires remettent en état les vieilles maisons, ravalent les façades, respectent l'environnement. Uzès s'est vu attribuer dans le même temps un hôpital psychiatrique départemental qui occupe 500 employés et, plus récemment, les Haras nationaux, installés dans la plaine des Tailles. Cette relance s'accompagne d'un essor artistique et culturel qui est perçu comme une vocation de la ville historique : concerts d'orgue, « Nuits d'Uzès », semaine musicale, expositions de peinture ou d'artisanats, multiplication des associations de caractère culturel. Enfin, le rayonnement d'Uzès, son intérêt historique et architectural, ses manifestations diverses ont fait faire un bond considérable au tourisme.
En raison de l'effort accompli sur tous ces plans, la ville a obtenu en 1974 le « Prix National du développement harmonieux des petites villes ». Dans le même temps cependant, le lycée d'Uzès était menacé de suppression par une administration planificatrice. Cette mesure pouvait porter un grave coup à l'économie et aux familles d'Uzès et de l'Uzège. Pendant près de sept ans, dans une solidarité remarquable, la population et les élus locaux ont lutté contre cette fatalité et par des initiatives ingénieuses et originales qui ont donné à leur défense un retentissement national, ont obtenu le maintien de l'établissement du second cycle et même son développement, comme l'attestent les panneaux de victoire que l'on peut lire en ville. Ce qui était en jeu, c'était l'économie tout entière d'une petite région dont Uzès est comme la capitale, la possibilité de « vivre au pays », et une « qualité de vie » qui est ici une réalité bien plus qu'un programme.
La naissance d'Uzès précède d'un siècle la construction du pont du Gard qui amenait l'eau de la Fontaine d'Eure jusqu'à la ville de Nîmes.
Les origines celtes de l'agglomération
Les hommes ont habité très tôt le site d'Uzès. Selon l'archéologue Jean Charmasson, tout a commencé dans la vallée, à proximité des sources de l'Eure, en raison de l'importance vitale de l'eau, qui y était abondante. Les invasions celtiques du V° siècle avant J.-C. contraignent les Ligures autochtones à transporter leur habitat sur la hauteur qui offrait une excellente position défensive avec ses à-pics sur la vallée, et que l'on protège d'une muraille de pierres au nord et à l'ouest. À cette raison stratégique s'ajoute une situation privilégiée lors de la pénétration hellénique dans cette région : cet emplacement est le nœud d'un réseau commercial, un centre de transit. Les habitants ont dû tirer de larges bénéfices en imposant des droits de péage aux Grecs dont les caravanes allaient quérir en Cévennes des minerais nécessaires à leurs industries ; l'agriculture et l'élevage leur permettaient également de vendre quelques marchandises locales et les premiers produits de petites industries (poteries et tissage).
L'accalmie consécutive aux invasions, aux IV° siècle avant J.-C. et III° siècle avant J.-C., semble avoir permis de revenir au site de la vallée. À la population, se sont mêlés des éléments celtes de la peuplade des Volques Arécomiques (répandue dans le territoire de l'actuel département du Gard et dont Nîmes est la capitale). Porteurs d'une civilisation propre, ils s'ouvrent néanmoins très largement à l'influence des colons grecs dont ils adoptent ou adaptent l'art, la religion, l'écriture.
Les guerres ensanglantent les deux premiers siècles avant J.-C. Des sépultures attestent la résistance des Volques à l'effort des légions romaines du consul Cnaeus Domitius Ahenobarbus pour s'emparer des voies commerciales, mais aussi aux Cimbres et autres envahisseurs venus du Nord par la vallée du Rhône.
« Ucetia » gallo-romaine, ville résidentielle aristocratique sous Auguste
Les Romains après la conquête de la Narbonnaise dominent sur tout le Languedoc. La culture celto-grecque assimile progressivement l'influence de Rome. C'est l'heure de la civilisation gallo-romaine. Simple « castrum » ou camp retranché, la ville va accéder au statut de civitas. Par les progrès des relations avec les Grecs de Marseille, par la romanisation, cette période est celle d'une très grande prospérité qui se traduit concrètement dans l'urbanisme. La monnaie se substitue au troc. La vaisselle d'argile rouge et noire, dont des fragments ont été retrouvés, atteste des relations commerciales avec la Campanie. Après 49 avant J.-C. et la prise de Marseille par César, l'influence phocéenne sur la région décroît.
Uzès se rattache dès lors à la Nîmes augustéenne. Son développement en ville résidentielle pour une aristocratie romanisée est favorisé par la « Pax Romana ». Fonctionnaires ou notables nîmois, vétérans des légions trouvent ici un agréable séjour, comme l'atteste l'épigraphie (stèles des Caton, des Domitius Ahenobarbus, des Pompéius).
En 2017, des fouilles archéologiques mettent au jour, sur le site de l'ancienne gendarmerie, un quartier antique remontant au 1er siècle avant notre ère. Des mosaïques polychromes dans un excellent état de conservation appartenant probablement à une riche Domus, sont ornés d'animaux (un hibou, un canard, un aigle et un faon), de motifs géométriques et d'une inscription gallo-grecque.
L'aqueduc du pont du Gard
Les routes, comme à Rome, sont bordées à la sortie de la ville de riches nécropoles. Dans cette ère de prospérité et de confort, une réalisation universellement connue est liée au nom d'Uzès : le captage de l'Eure au pied de la ville et la construction de l'aqueduc de 50 km qui, par le pont du Gard, conduit l'eau potable jusqu'à Nîmes. On retrouve encore dans la vallée, sous les ronces ou à l'air libre, des vestiges du célèbre ouvrage. Et les eaux de l'Eure alimentent aujourd'hui directement la ville d'Uzès. La racine UR de Ura, l'Eure, signifie « l'eau ». La source a été d'abord divinité. À celle-ci se sont substituées les nymphes romaines, honorées par un collège de prêtres et auxquelles un certain Sextus Pompeius surnommé Pandus a élevé un monument pour avoir, de leurs eaux, fait « tant jeune que vieux, un salutaire usage ».
La christianisation
L'implantation du christianisme à Uzès est sans doute, d'après les historiens, moins précoce que ne l'a laissé croire la crypte du II° siècle qui avoisine le duché. C'est au IV° siècle, au cours de l'ère constantinienne, que s'est répandue ici la religion nouvelle. Les premiers diocèses calqués sur l'organisation impériale se sont progressivement substitués à elle : ils apparaissent comme un rempart opposé à la barbarie et aux troubles. C'est donc au IV° siècle qu'est fondé l'évêché d'Uzès.
Les premiers évêques, de riches notables, jouent un rôle considérable dans les domaines tant spirituel que temporel : ils ont pour tâche d'évangéliser, d'organiser les communautés, de les protéger des premières déviations (qui, en Languedoc, sont florissantes), de participer à des conciles, de construire ou reconstruire des églises. Ils doivent être, selon la formule de l'empereur Valentin, les « défenseurs de la Cité », les protecteurs de la population, des négociateurs politiques et artisans de paix. Ainsi se présentent à Uzès aux V° et VI° siècles les Constance, les Roricius d’Uzès.
Saint Firmin et son neveu saint Ferréol, tous deux évêques du VI° siècle, dont les reliques attirèrent à Uzès de pieux pèlerinages et, si l'on en croit la légende, furent l'occasion de nombreux miracles. Tous deux avaient été aussi des bâtisseurs. Le premier fit construire une grande basilique dédiée à saint Baudile, martyr nîmois, dans le faubourg qui prit le nom ensuite de Saint-Firmin. L'autre fonda une abbaye au roc Auriol, au sud de la ville, et fit édifier une église Saint-Pierre et Saint-Paul. À la fin du VI° siècle, on ne comptait pas moins de cinq églises à Uzès.
Le haut Moyen Âge
Pour la période alto-médiévale les documents ou vestiges de cette époque sont plus rares ; nombre de peuples se succèdent : Vandales, Wisigoths, Francs, Sarrasins. Durant cette période, Uzès fait alors partie de la Septimanie ; elle appartient d'abord aux Wisigoths puis aux Francs (en 532, Théodobert, petit fils de Clovis, entre dans Uzès après avoir battu les Wisigoths dans la plaine de Saint Eugène à Pont-des-Charrettes lors de la bataille dite des plaines de Saint Eugène), et sera rattachée enfin au Royaume de Provence.
Le Moyen Âge
Puis vint l'heure de la renaissance carolingienne. Et l'on peut dire que c'est de Charlemagne que date l'organisation seigneuriale de la cité. Un comes, que le mot comte traduit de façon ambiguë, est le représentant du pouvoir centralisé institué par l'empereur. Nous connaissons les noms des premiers seigneurs, qui ne deviennent les vassaux du comte de Toulouse qu'à partir du XI° siècle : Elzéart, Décan Ier, Bermond Ier. Celui-ci est célèbre parce qu'il fit élever en 1170 la grande tour carrée qui servait de donjon dans l'enceinte du château. D'où le nom encore utilisé de Tour Bermonde pour désigner la tour du Duché. C'est sous Charlemagne que les évêques sont habilités à battre monnaie. Ce privilège leur sera confirmé en 1156 puis en 1211. L'atelier de monnayage était sis en l'Hôtel de la Monnaie, dans la rue de ce nom, où une plaque de marbre commémore encore le fait.
Un autre nom brille d'un grand prestige dans le IX° siècle uzétien : celui de la princesse Dhuoda, épouse du duc de Septimanie, qui séjourna à Uzès sous la protection de l'évêque Eléphant et composa pour ses fils un remarquable traité d'éducation d'inspiration chrétienne : c'est le premier ouvrage écrit par une femme. Elle mourut en 843, après avoir composé sa propre épitaphe, dont le texte nous est connu. Sa sépulture pourrait bien être un jour découverte dans l'enceinte du château.
Avec le XI° siècle, s'ouvre, pour Uzès comme pour le Languedoc en général, une ère de prospérité et de grands changements. C'est alors que va se dessiner une physionomie de la ville qui variera peu jusqu'aux temps modernes.
L'essor économique et démographique entraîne richesse et constructions. Une classe aisée de bourgeois et de commerçants contribue au dynamisme de la cité. Les routes s'améliorent. Les premières fortifications de la ville sont construites en 1148 et ne cesseront d'être améliorées ou refaites. Si l'on a appelé le XII° siècle le « printemps européen », il est aussi, pourrait-on dire, le siècle du printemps uzétien.
C'est au début du XII° siècle que la seigneurie/viguerie est divisée entre un frère et une sœur, chacun développant son complexe castral. C'est sous l'épiscopat de leur frère, Raymond d'Uzès, que furent élevées l'enceinte et les portes de la ville, qui resteront sous la juridiction épiscopale ou communale, indépendamment des seigneurs. Au début du XIII° siècle, les droits que le comte de Toulouse pouvait avoir sur ses vassaux est transféré à l'évêque. Il devient alors pour quelque temps le seigneur supérieur d'Uzès, au-dessus des deux co-seigneurs. Peu après, l'évêque acquiert un quart de seigneurie, issu de l'indivision de la co-seigneurie entre les descendants de Béatrice d'Uzès. L'autre quart fut acquis par le roi en 1493. Cette triple division de l'autorité sur la ville, entre les vicomtes puis ducs (1/2) l'évêque (1/4) et le Roi (1/4) entraîna des conflits de juridiction qui durèrent jusqu'à la Révolution.
Le clergé et les évêques voient leurs revenus s'accroître. Une cathédrale est construite en 1090. Détruite, dit-on, par les albigeois en 1177, elle est relevée bientôt après, dans les dernières années de ce XII° siècle avec le magnifique campanile, ajouré de fenêtres, merveille de l'architecture romane, qu'on appelle la tour Fenestrelle. On construit alors d'autres églises : Saint-Géniès, dont les ruines sont encore visibles, Notre-Dame la Neuve, au sud de la cathédrale. Les tours imposantes qui symboliseront bientôt les trois pouvoirs (épiscopal, royal et ducal) sont édifiées du XI° au XIII° siècle. De plus, il suffit de pénétrer dans les maisons, de parcourir les rues ou les places pour retrouver des témoins de cet essor médiéval : rez-de-chaussée voûtés, moulures, sculptures, escaliers à vis, tourelles, etc.
En 1214, l'évêque Raymond IV reçoit d'un certain Pierre de Nozières le terrain sur lequel sera édifié un « hospital des pauvres du Roc Auriol ». Agrandi au XVIII° siècle, c'est aujourd'hui l'Hôpital général.
La naissance du consulat
Il faut évoquer ici une conquête capitale, dont la date précise est difficile à fixer : la création des Consuls avec l'assentiment du seigneur et de l'évêque. Elle reflète l'émancipation de la nouvelle bourgeoisie. Uzès est l'une des premières villes du Languedoc à être dotée d'un consulat qui administre la cité (jusqu'à la création des mairies par Louis XIV) en assurant l'ordre et la défense des citoyens. Bientôt, le pouvoir royal trouvera son compte dans cet instrument d'opposition aux seigneurs et de liquidation de la féodalité. Une charte de Philippe VI de Valois en 1346, rédigée en langue romane et conservée encore aujourd'hui dans le bureau du maire, définit les droits et privilèges des nouveaux magistrats. Les consuls sont d'abord au nombre de deux puis de quatre, nommés, puis élus et installés par l'évêque. Ils sont aidés par un corps d'officiers municipaux — clavaire, régent, greffier, crieur public, valet de ville, garde-terre, etc. Au début, ce ne sont que des notables, instruments dociles entre les mains des seigneurs. Peu à peu ils acquerront à la fois représentativité et autonomie, jusqu'à s'opposer parfois aux décisions et au pouvoir seigneuriaux, ce qui leur vaudra de Charles V le privilège de mettre en tête de leurs armoiries les armes de France.
Des hérésies au rattachement du Languedoc à la couronne
Il y a un éveil religieux aussi aux XI0 et XII° siècles. Mais il se traduit de manière contradictoire à la fois par un esprit de réforme aux effets positifs et par l'hérésie, dont l'un des visages est le catharisme, largement répandu à Uzès. La croisade des albigeois, encouragée par l'Église, attise la violence. À Uzès, les albigeois détruisent la Cathédrale en 1177 ainsi que les églises Saint Pierre et Saint Paul, Saint Jean et Saint Ferréol. Mais on sait qu'à la faveur de la répression conduite par Simon IV de Montfort et par Louis VIII, le Languedoc et, avec lui, le comté d'Uzès sont alors annexés par la royauté. La soumission de l'hérésie à Uzès par Simon IV de Montfort, l'entrée de Louis VIII dans la ville en 1226, marquent un tournant dans l'histoire locale ; et le traité de Paris en 1229 sanctionne le rattachement à la Couronne du Comté d'Uzès.
Désormais trois pouvoirs s'exercent sur la ville : à ceux du seigneur et de l'évêque (celui-ci atteint alors son apogée temporel) s'ajoute le pouvoir royal représenté par le sénéchal à Beaucaire et, sur place, par la viguerie royal. Leurs domaines s'enchevêtrent. Les querelles de suzeraineté entre les grands, les conflits de juridiction entre les diverses justices, remplissent pendant des siècles la chronique et profitent à la basoche (notaires, greffiers, officiers).
Peste, famine, guerre – L'union des maisons de Crussol et d'Uzès
En 1328, la seigneurie d'Uzès devient vicomté. Par là, le roi Philippe VI de Valois entend honorer Robert 1er en récompense de son aide vaillante avec une troupe d'Uzétiens sur le champ de bataille de Cassel. En 1346, le roi accorde à la ville une charte instituant l'élection des consuls.
Au XIV° siècle, Uzès bénéficie, pour son commerce, de la proximité de la papauté installée à Avignon. Mais c'est l'époque de la guerre de Cent Ans. L'essor du Moyen Âge est soudain rompu par de graves fléaux. En 1348, une terrible peste s'abat sur la ville et la décime par familles entières. La campagne se vide. D'autres épidémies assaillent encore le pays en 1361, 1378, 1450. La misère est renforcée par les pillages ou les ravages des compagnies de Routiers, mercenaires sans emploi qui parcourent le pays. Les consuls renforcent les fortifications et protègent ainsi les citoyens, mais les routiers viennent se battre aux portes de la ville et brûlent même l'église et le couvent des Cordeliers en 1362.
C'est le duc d'Anjou, frère de Charles V, chargé de la province du Languedoc (il réside quelques jours à Uzès) qui, par une forte rançon, met fin à ce fléau national en 1374.
Les levées nombreuses d'argent et d'hommes suscitent des révoltes de paysans. En 1380, les Tuchins brûlent et pillent les châteaux aux alentours de la ville. On voit même une partie du clergé à deux reprises, en 1314 et en 1470, se révolter collectivement contre l'évêque et refuser de payer des taxes jugées trop lourdes.
À côté de ces dures réalités, de la dévastation et de la misère continuelles, les évènements officiels même célèbres paraissent bien dérisoires : ainsi vers 1390, la prétention de l'évêque Martial d'ouvrir une porte dans les remparts pour se rendre de sa demeure à sa vigne. Dans le procès qui l'oppose aux consuls, ceux-ci, qui représentent la sécurité des citoyens, obtiennent aisément gain de cause auprès du sénéchal Enguerrand de Handru.
Les foires souvent liées aux pèlerinages continuent d'attirer foules et commerçants. Uzès est sur l'une des voies qui conduisent les pèlerins de l'Allemagne vers Saint-Jacques-de-Compostelle. La foire de la Saint-Firmin cependant est réduite de douze jours à trois jours par lettres patentes de 1358.
À la fin du XV° siècle, un mariage devait ouvrir à la maison d'Uzès une destinée brillante. Symone, dernière héritière de la vicomté, épouse Jacques Loys de Crussol, d'une noble famille du Vivarais. Ils unissent leurs domaines. Les Crussol d'Uzès s'illustreront désormais dans les hautes fonctions qui vont leur être confiées par la royauté.
Époque moderne
C'est ainsi que dès 1504 Jacques de Crussol d'Uzès est nommé par Louis XII sénéchal de Beaucaire. Il se distingue dans ses fonctions par une sage administration. Plus tard, il participe aux campagnes d'Italie. Il combat à Ravenne, est blessé mortellement à Fornoue.
Le XVI° siècle à Uzès a été marqué plus profondément par les effets de la Réforme que par ceux de la Renaissance. Très tôt les idées des réformateurs se sont répandues ici dans toutes les couches sociales, d'autant plus facilement que les notables les premiers donnent l'exemple et ne cachent pas leur sympathie pour la religion nouvelle. Ainsi Jeanne de Genouilhac, fille de Jacques Ricard de Genouillac, le grand maître de l'artillerie française sous François Ier, épouse de Charles de Crussol, et amie de Marguerite de Valois.
Les assemblées clandestines se multiplient aux abords de la ville, à Saint-Ferréol, à Servezannes, à Arpaillargues, ou dans les maisons des particuliers.
Des prédicants comme Guillaume Farel et Mauget les animent. La diffusion de la Réforme est rapide. Elle s'accomplit grâce à l'indulgence, parfois avec la complicité, des consuls.
En 1543 l'évêque, le duc et le viguier adhèrent secrètement à la Réforme, suivis bientôt par la bourgeoisie et le petit peuple. En 1546, Jean de Saint-Gelais se déclare ouvertement, entraînant dans l'apostasie une bonne partie du clergé et des fidèles avec la plus grande partie du chapitre. Il sera bientôt déposé par le pape. Crussol adopte une attitude plus ambiguë ou diplomatique qui lui permet de sauver des galères plus d'un sectaire.
Après la diffusion de la Réforme commencent les premières alarmes, quand la répression se fait sentir.
Les occupations d'églises, les marchandages, les meurtres, les expéditions punitives ou vengeresses marquent cette époque. Les catholiques sont mis en minorité. Les réformés démolissent la cathédrale en 1563, rasent le faubourg et l'église Saint-Firmin en 1578. On assiste à des volte-face inattendues où l'on voit bien que la conscience religieuse a moins de place dans les motivations que les ambitions politiques ou les intérêts personnels. Des situations paradoxales aussi : par exemple un Crussol, calviniste, marchant à la tête des catholiques contre Damville, un catholique qui commande l'armée huguenote ! Un demi-siècle de guérillas, de dénonciations, de pendaisons, de crimes, ne pouvait pas ne pas marquer profondément et pour de nombreuses années les mentalités.
Premier duché-pairie de France
C'est au cours de cette tragédie que Charles IX élève le comte Antoine de Crussol à la dignité de duc (1565) et peu après de pair de France (1572). Par là, le souverain veut honorer « l'ancienneté et la grandeur de la Maison de Crussol qui est l'une des meilleures de notre pays de Languedoc ». Mais il s'agit, dans une visée plus politique, de s'assurer le loyalisme de son « très cher et très aimé cousin ».
Avant Antoine de Crussol, Anne de Montmorency avait été fait duc en 1560. Celui-ci était donc chronologiquement comme en importance, le premier duc. Lorsque Henri II de Montmorency se révolta en 1632 contre Louis XIII, il fut décapité à Toulouse. Il mourait sans postérité. C'est ainsi que la famille de Crussol hérita du titre et des prérogatives de « premier duc et pair de France » qui lui donnaient à la Cour et dans le royaume une place enviée et lui valaient les charges les plus importantes.
L'expression de « premier duché de France », appliquée à Uzès, s'appuie historiquement sur cette promotion.
Au duc d'Uzès fut donnée aussitôt la sénéchaussée de Beaucaire et, peu après, Catherine de Médicis lui confia le commandement du Languedoc (1574) et la fonction de lieutenant-général.
Dès lors, par l'importance de leur position, par de fréquents retours dans leur fief, les Crussol d'Uzès se sont concilié dans la ville une grande popularité qui s'est manifestée dans tous les événements heureux ou malheureux de la famille ducale.
Le grand siècle : de l'opulence économique à l'intolérance religieuse
La paix du règne de Henri IV inaugure une reprise de l'activité économique et une remontée démographique. Uzès va connaître un dynamisme constant au cours du XVII° siècle jusque vers 1675. Il se traduit par le progrès du luxe, du confort.
La Contre-Réforme triomphe progressivement de la Réforme, mais ce n'est pas sans soubresauts ni violences. Le premier tiers du siècle est agité par le duel des grands chefs des deux partis opposés : Henri de Rohan, gendre de Sully, qui a été nommé à Uzès même généralissime des églises réformées de France en 1627, et le duc de Montmorency. Tous deux viennent tour à tour dans les murs de la ville. Escarmouches ou batailles sont continuelles.
Mais la détermination de Richelieu et les moyens qu’il déploie lui permettent de faire capituler La Rochelle et Privas. Rohan et les protestants, découragés et épuisés, doivent se soumettre.
C'est alors que Louis XIII, le 10 juillet 1629, fait son entrée dans Uzès par une brèche pratiquée dans le mur du Portalet. Date importante puisque, par la « grâce d'Alais » rédigée avec Richelieu à Uzès, s'achève l'unification du royaume. Le monarque qui avait été accueilli, selon ses propos, à Marseille comme un roi et à Aix-en-Provence comme un dieu, entrait à Uzès et dans son château en maître sévère, jaloux de son autorité et pour recevoir la soumission d'une cité rebelle. Aussi ordonne-t-il la démolition des remparts et des défenses extérieures de la ville.
La prospérité matérielle est propice à la reconstruction des édifices religieux par une église rajeunie, zélée et enrichie. Monseigneur Nicolas II de Grillet (choisi par Louis XIII lui-même, et qui devait prononcer l'oraison funèbre du roi) décide, dès son intronisation, de relever la Cathédrale et l'Évêché. Les travaux, commencés en 1644, sont terminés seulement par son successeur, Monseigneur Jacques II Adhémar de Monteil de Grignan, le 22 avril 1663 ; et celui-ci commence en 1671 la construction du Palais épiscopal.
L'industrie des serges, cadis, cordelats est alors fort active. Laveurs, pareurs, foulonniers, exercent leurs travaux aux bords de l'Alzon. Le « label » d'Uzès pour la serge est fort prisé, et jalousement préservé au point que des imitateurs déloyaux (à Tarascon) encourent une condamnation du Conseil d'État. C'est dans ce siècle également que naît l'industrie de la soie qui atteindra son apogée au XVIII° siècle.
On ne peut parler du XVII° siècle à Uzès, sans nommer l’un des plus grands poètes français : Jean Racine. Il fait ici un séjour de plusieurs mois à partir de novembre 1661 chez son oncle maternel, le chanoine Sconin, official de l'évêque, dans l’espérance d’un bénéfice ecclésiastique, à défaut duquel il s’initie à la vie méridionale, lit et annote Homère et les grands tragiques grecs, plus que saint Thomas et les Pères de l’église. La ville s’enorgueillit aujourd’hui, à juste titre, de cette illustre présence et revendique quelque mérite dans la germination de génie racinien en cet instant privilégie où s’éveillent l’intelligence et la sensibilité d’une riche nature. Mais il est aussi un témoin : ses Lettres d'Uzès contiennent une foule de détails précieux sur la vie uzétienne au grand siècle vus par un esprit curieux, enjoué, cultivé, qui nous rapporte les mœurs, les costumes et les coutumes, mais aussi les intrigues politiques et religieuses. Elles sont en outre un document sur la personnalité et le talent naissant du futur auteur d’Andromaque et de Phèdre. Rien ne permet cependant d'affirmer comme on l'a dit qu'il ait composé ici ses deux premières tragédies : La Thébaïde et Alexandre le Grand.
Révocation – Reconstruction – Révolution
Le XVII° siècle se termine à Uzès sur une note plus sombre. Louis XIV signe le 18 octobre 1685 la Révocation de l'Édit de Nantes. Depuis quelques années déjà une Église triomphaliste pratiquait une sorte de chantage à la conversion des adeptes de la « RPR » (religion prétendue réformée). L'intendant Basville terrorise le Languedoc. On se convertit alors massivement et les « N.C. » (nouveaux convertis) doivent obligatoirement assister aux offices.
On sait les effets désastreux de la Révocation. Les protestants réfractaires n'ont d'autre solution que de fuir à l'étranger. Leurs biens sont réunis au « domaine du roi ». On abat les temples protestants. Nous connaissons la soixantaine de noms des Uzétiens qui, au risque des galères, prennent le chemin de l'exil : ce sont des bourgeois, des artisans (fabricants de chapeaux, de serges, cardeurs, pareurs) ou des commerçants dont le départ appauvrit la ville.
Cependant, on assiste à quelques reconstructions dues à l'impulsion d'un évêque très actif, Michel Poncet de la Rivière, dont l'épiscopat est un des plus longs de l'histoire de la ville (1677-1728). Cultivé, libéral, bâtisseur, il relève églises et presbytères de son diocèse et fait construire un séminaire en 1715.
Les effets de la Révocation se font sentir pendant une cinquantaine d'années. Les consuls jettent en 1718 un cri d'alarme : « La ville déchoit, disent-ils, à un point des plus fâcheux de sorte qu'elle ne peut plus se soutenir s'il n'est pourvu au besoin de rétablir le commerce sans lequel elle ne saurait subsister : celui des serges ». La frénésie religieuse resurgit au début du XVIII° siècle avec la guerre des Camisards, qui s'accompagne de bien des révoltes contre la misère ou l'autoritarisme monarchique. C'est tout près d'Uzès que sont tués Abraham Mazel, prophète et chef camisard, et Pierre Coste, homme de lettres engagé dans la lutte.
Il faut arriver vers 1740 pour voir reprendre l'activité économique. Les cultures s'étendent (vigne et mûrier), le commerce reprend. La population s'accroît de nouveau. C'est la grande époque de l'industrie de la soie et de la fabrique du bas. La corporation des « débassaïres » est sans doute la plus importante de la ville et fait sa richesse. La paix et la prospérité revenues se traduisent dans des constructions ou des embellissements : les maisons sont aménagées ou agrandies ; en 1725, les Consuls font combler les anciens fossés de la ville, devenus peu salubres, pour faire une agréable promenade plantée d'ormeaux. Vers 1765, les six tours des remparts sont détruites, et l'on construit, sur les plans de l'architecte avignonnais Boudon, l'actuelle Mairie, près du duché et l'actuelle église Saint-Étienne. Les casernes sont transférées de la Bourgade à l'emplacement du LEP et de la robinetterie d'aujourd'hui. L'essor économique favorise les échanges culturels. La vie sociale se développe. Quelques-uns des hôtels du centre de la ville réunissent les beaux esprits. Uzès, comme Paris, a ses salons philosophiques. Sans doute y manque-t-il des Uzétiens célèbres comme Firmin Abauzit (devenu bibliothécaire de la ville de Genève), célèbre inspirateur et ami de Jean-Jacques Rousseau, ou Pierre Coste, traducteur de John Locke, que la Révocation a contraints de s'exiler.
Uzès n'a pas été un foyer révolutionnaire. Mais elle a été d'autant plus vite gagnée par la contagion de la violence qu'on en avait ici une longue pratique depuis le XVI° siècle. D'ailleurs, l'action révolutionnaire est fortement teintée de l'atmosphère des guerres religieuses dont elle semble parfois être un prolongement.
On pille alors les richesses de la cathédrale (au début du siècle, Mgr Michel Poncet de la Rivière disait qu'elle était la plus belle du midi de la France) : on brûle les archives, les titres de noblesse. On multiple les expéditions destructrices. Le baron de Castille voit sa maison dévastée, son domaine d'Argilliers envahi et pillé. Troubles, perquisitions, fuites, bagarres, actes de banditisme : c’est le pain quotidien. Bien des prêtres réfractaires sont emprisonnés. Des notables comme Goirand de la Baume, arrêtés, sont pendus à Nîmes. En 1790, l'évêché est supprimé par la Constitution et le sera canoniquement par le Concordat en 1801. Le dernier évêque, Mgr de Béthizy, poursuivi, s'exile en Angleterre. Et pendant la Terreur c'est à l'évêché que l'on emprisonne les suspects.
Les événements survenus à Uzès pendant la Révolution sont à l'origine de réactions un peu plus au nord, en Ardèche : les camps de Jalès.
D'autre part la Terreur blanche de 1815 a été particulièrement sévère dans la région.
Le XIX° siècle
La Révolution a été fatale aux deux pouvoirs dont les fastes et les querelles avaient rempli l'Ancien Régime : le Duché et l'évêché. Désormais, au XIX° siècle, l'histoire d'Uzès se démocratise, s'embourgeoise, se provincialise. La lutte pour la vie prend le pas sur les « événements ». Le siècle est fertile en alternances politiques : Uzès les accueille avec un mélange de passion et de docilité, ou d'opportunisme. Les antagonismes religieux du passé y sont relayés par les orageuses oppositions entre royalistes et républicains. Quelques fusillades ou bagarres, l'assassinat du vicomte de Dampmartin, maire de la ville, en 1852, ne sont ici que les échos affaiblis de l'histoire nationale.
Mais c'est la préoccupation économique qui tient une place prépondérante. La première moitié du siècle est prospère. Une population active bénéficie de l'extension progressive de la vigne en Uzège, de l'utilisation de nouvelles techniques agricoles, mais surtout d'une industrie spécifique : la fabrication de la soie qui occupe, vers 1830, près de deux mille personnes. Mais une économie qui se fonde sur une seule activité est fragile. On le voit bien lorsque surviennent, presque à la fois, la concurrence du coton, dans les années 1840, et les maladies du ver à soie. À partir des années 1850, les épidémies d'oïdium puis de phylloxera déclenchent le mouvement de l'exode rural et de la dépopulation. L'appauvrissement ne va pas cesser de s'accentuer jusqu'au milieu du siècle suivant. L'Uzège se survit en s'isolant, comme beaucoup de communes rurales dans le même temps, en une sorte de système autarcique.
De la phase prospère datent quelques embellissements apportés à la ville : en 1836, on a aménagé la Promenade des marronniers ; on construit la terrasse en 1854. Le maire de Robernier, sous la Restauration, rachète le Duché pour le restituer au duc revenu d'exil. Le Collège secondaire, fondé par trois notables de la ville après la Révolution, est logé dans les bâtiments de l'actuel lycée, construits en 1837. En 1853, on installe dans la ville les fontaines. Mais en 1866, les édiles refusent la subvention nécessaire pour construire une gare de chemin de fer prévue au lieu-dit « la Croix des Palmiers ».
L'isolement de la cité est désormais renforcé par son éloignement des grands axes routiers ou ferroviaires.
Le xxe siècle
Au début du XX° siècle, le déclin s'accentue. La ville sombre dans une sorte de léthargie. Il sera courant plus tard d'évoquer Uzès comme une sorte de Belle au bois dormant.
La chute de la population est symptomatique. On est passé de 10,000 habitants au XVIII° siècle à 3500. La pauvreté s'est accrue faute de solutions de rechange aux activités traditionnelles ou de capacités de reconversion. Du moins cette misère a-t-elle contribué à sauvegarder le patrimoine architectural en interdisant les destructions qu'aurait pu entraîner un urbanisme modernisateur, comme le cas s'en est présenté un peu partout. Mais les immeubles se délabrent, les toitures ne sont pas refaites, les infiltrations ruinent les demeures de la vieille ville dont certaines s'effondrent.
Qui a pu voir Uzès vers 1950, après les deux guerres mondiales, dans cet état d'abandon et de ruine et le voit aujourd'hui, peut mesurer l'immense chemin parcouru grâce à quelques paris décisifs de la ville pour enrayer le processus de dépérissement.
On pouvait se contenter de détruire les immeubles insalubres. Hardiment le choix des édiles s'est porté vers la restauration de la vieille ville, autorisée et facilitée par la publication de la loi de 1962, dite « loi Malraux », créant les secteurs sauvegardés. Il est vrai que la reprise de quelques activités économiques est accompagnée alors d'une légère augmentation de la population et de la création de quelques emplois. L'usine de réglisse Zan est célèbre en France : elle utilise aujourd'hui environ 350 employés. Il existait aussi une robinetterie, une fabrique de produits réfractaires, un atelier de confection de sous-vêtements rattaché à la maison Éminence. Tout cela justifiait la politique ambitieuse qui a été choisie.
Mais il suffit de traverser la Place aux Herbes et de parcourir les rues avoisinantes pour mesurer la portée de l'effort entrepris par les pouvoirs publics et par les propriétaires, subventionnés par l'État, ainsi que le goût qui a présidé aux réalisations.
Les effets de la restauration ne se sont pas fait attendre. Plus accueillante, la ville a attiré une nouvelle population ; a modifié et amélioré son standing économique, suscité l'expansion du commerce, du bâtiment, de l'artisanat et du tourisme, développé l'esprit d'initiative. Comme le Moyen Âge avait poussé des faubourgs à l'extérieur de ses remparts, la ville s'est étendue au Nord pour ne pas nuire à l'esthétique du centre. De plus la restauration fait « tache d'huile ». Les petits propriétaires remettent en état les vieilles maisons, ravalent les façades, respectent l'environnement. Uzès s'est vu attribuer dans le même temps un hôpital psychiatrique départemental qui occupe 500 employés et, plus récemment, les Haras nationaux, installés dans la plaine des Tailles. Cette relance s'accompagne d'un essor artistique et culturel qui est perçu comme une vocation de la ville historique : concerts d'orgue, « Nuits d'Uzès », semaine musicale, expositions de peinture ou d'artisanats, multiplication des associations de caractère culturel. Enfin, le rayonnement d'Uzès, son intérêt historique et architectural, ses manifestations diverses ont fait faire un bond considérable au tourisme.
En raison de l'effort accompli sur tous ces plans, la ville a obtenu en 1974 le « Prix National du développement harmonieux des petites villes ». Dans le même temps cependant, le lycée d'Uzès était menacé de suppression par une administration planificatrice. Cette mesure pouvait porter un grave coup à l'économie et aux familles d'Uzès et de l'Uzège. Pendant près de sept ans, dans une solidarité remarquable, la population et les élus locaux ont lutté contre cette fatalité et par des initiatives ingénieuses et originales qui ont donné à leur défense un retentissement national, ont obtenu le maintien de l'établissement du second cycle et même son développement, comme l'attestent les panneaux de victoire que l'on peut lire en ville. Ce qui était en jeu, c'était l'économie tout entière d'une petite région dont Uzès est comme la capitale, la possibilité de « vivre au pays », et une « qualité de vie » qui est ici une réalité bien plus qu'un programme.