Mise à jour du 22/08/2024
Tarascon
Située en bordure du Rhône, entre Camargue et Lubéron, la commune de Tarascon est toujours associée aux contes et légendes ancestrales.
Alphonse Daudet, en écrivant "les aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon", vantard et intrépide chasseur, a rendu la cité célèbre. Aujourd'hui Taratarin reste l'incontournable figure de la cité provençale.
Le château du roi René : Le Château du Roy René, initialement bâti par Charles d’Anjou, comte de Provence et frère de Saint-Louis, entre le Rhône et l’ancienne île de Jarnègues, offre une architecture féodale, austère et altière.
À cet emplacement s'élevait un premier château, il a vraisemblablement été édifié par Roubaud II, marquis de Provence, entre 994 et 1010. Ce château, partiellement détruit puis reconstruit, fut occupé au milieu du XIII° siècle par Charles d’Anjou, comte de Provence et frère de Louis IX, roi de France. Ce château est restauré, en 1291, par son fils Charles II dit « le Boiteux ». En 1367, le duc Louis d'Anjou, gouverneur du Languedoc et frère du roi de France Charles V, veut profiter de l’éloignement du pape Urbain V qui s'était rendu à Rome et de l'absence de la reine Jeanne, comtesse de Provence, pour substituer son pouvoir à celui de la reine. Cette entreprise était une nouvelle manifestation de l'ambition française sur la Provence. Le duc d'Anjou trouve un capitaine en la personne de Bertrand Du Guesclin qui vient d'être libéré en décembre 1367 après sa capture à la bataille de Nájera. Du Guesclin se met en marche le 26 février 1368 avec 2 000 hommes et met le siège devant Tarascon le 4 mars 1368. La ville est bloquée de toute part. Les trébuchets font plusieurs victimes dont le clavaire de Tarascon, Martin Champsaur. La ville de Tarascon capitule le 20 ou 22 mars 1368, mais sera reprise en septembre 1370.
À son retour d'Italie, Louis II d'Anjou, comte de Provence, fait entreprendre le 27 novembre 1400 la reconstruction du château à l'emplacement qu'il occupait. Les travaux avancent rapidement, mais sont interrompus quelques années plus tard et sont repris de 1428 à 1435 par son fils Louis III d'Anjou.
L'architecte était Jean Robert auquel furent adjoints les sculpteurs Simon de Beaujeu et Jacques Morel. Les matériaux furent empruntés à des carrières de Beaucaire. Le roi René n'y apporta que de petites modifications de 1447 à 1449 sous la conduite de Jean de Serocourt et Regnault de Serocourt, capitaine et lieutenant de Tarascon, afin de le rendre plus habitable et fit placer son buste et celui de la reine Jeanne de Laval dans une niche de la cour d'honneur. En 1471, Tarascon est équipé de vingt bombardes et de trois autres pièces d'artillerie. Elles étaient probablement positionnées sur les terrasses qui couronnent le château. À la fin de son règne, le roi René fit entreprendre de 1476 à 1479 encore quelques travaux tels que le remplacement du pont-levis par un pont fixe.
Après 1481, le château ne sert qu'occasionnellement aux agents du roi. Du XVIII° siècle à 1926, le château sert de prison, notamment pour des marins ennemis. Les déprédations causées par cette utilisation sont réparées par les architectes Henri Antoine Révoil et Jean Camille Formigé. C'est au cours de ces restaurations que le crénelage est rétabli.
Le château est bâti sur un îlot rocheux en bordure du Rhône qui le longe d'un côté tandis qu'un fossé taillé dans le roc pouvant recevoir les eaux du Rhône le sépare de la ville. Il se compose de deux parties bien distinctes : au nord, la basse-cour, réservée aux communs et aux hommes d'armes, et au sud, le logis proprement dit. On pénètre dans le château par une porte ouverte entre la première tour carrée de la basse-cour et la tour ronde dite de l'Horloge. On accède ainsi à une cour fermée, située entre la basse-cour et le château seigneurial, ce qui constitue une véritable souricière en cas d'attaque.
La basse-cour est formée d'un massif polygonal irrégulier entièrement entouré d'une muraille moins haute que celle du château. Trois tours barlongues le flanquent vers la ville tandis qu'une tour plus petite est placée du côté du Rhône.
Les communs ont été aménagés pour abriter l'apothicairerie de l'hôpital Saint-Nicolas. Plus de deux cents pots en faïence de Saint-Jean-du-Désert et de Montpellier y sont exposés dans une boiserie du XVIII° siècle.
Le logis seigneurial est le château proprement dit, constitué d'une muraille de 3 à 4 m d’épaisseur et de 45 m de haut avec deux tours rondes (tour de l'Horloge et tour des Chapelles) à l'est et deux tours carrées à l'ouest côté Rhône. Les architectes avaient adopté, pour la façade la plus exposée, des tours rondes plus résistantes et faciles à défendre que les tours carrées. Cette survivance de l'emploi des tours carrées, à une époque où dans le reste de la France on y avait renoncé, marque un certain archaïsme. Une des caractéristiques de ce château est d'avoir des courtines de même hauteur que les tours qu'elles relient créant ainsi un niveau de défense et de circulation continu : c'était une tendance déjà ancienne qu'on trouve par exemple à la Bastille de Paris.
Au centre du château se trouve la cour d'honneur autour de laquelle s'élèvent les bâtiments d'habitation, qui comportent trois étages dont les deux premiers sont plafonnés à la française, le dernier étant voûté. Ils sont desservis par des escaliers à vis, dont le principal se trouve incorporé dans une tourelle en saillie bien visible sur la façade orientale de la cour intérieure. Cette dernière est relativement petite par rapport à la hauteur des bâtiments qui l'entourent. Sur le côté oriental de cette cour se trouve l'escalier polygonal, et sur la façade sud la niche abritant les bustes du roi René et de la reine. Ces bustes, mutilés à la Révolution, sont probablement l'œuvre de Francesco Laurana.
La tour des chapelles, semi-circulaire, de la première moitié du XV° siècle, doit son nom à deux chapelles superposées se trouvant l'une au rez-de-chaussée et destinée aux employés, l'autre au deuxième étage réservée au seigneur. La chapelle basse ou « chapelle des Chantres », de forme rectangulaire, se termine par une abside semi-circulaire logée dans la tour. Les deux travées ont des voûtes d’ogive. La voûte du chœur comporte huit branches qui rayonnent à partir d'une clef sculptée représentant le couronnement de la Vierge. La chapelle haute ou « grande chapelle » a les mêmes dimensions. Elle est cependant moins haute et son abside ne comporte que six branches d'ogives. Ces chapelles n'ouvrent vers l'extérieur que par des meurtrières afin de ne pas affaiblir la défense.
L'aile méridionale n'a pas de fenêtre côté sud, car elle est la plus exposée en cas d'attaque. Les seules fenêtres donnent sur la cour d’honneur. Elle est desservie par un escalier à vis situé dans la tour du Rhône (angle sud-ouest) qui présente un pan coupé. L'aile ouest en bordure du Rhône ne nécessitait pas les mêmes précautions pour la défense, d'où la présence de grandes fenêtres donnant sur le Rhône. Cette aile ne comprend à chaque étage qu'une seule grande salle destinée aux réceptions, cérémonies et banquets.
Comme dans toutes constructions à des fins militaires, la décoration est réduite à peu de choses. Cependant les voûtes d'ogives reposent sur des consoles sculptées : chimères, aigles, chauves-souris, etc.
Le château possède de nombreux décors peints de la première moitié du XV° siècle représentant soit des animaux classiques (ours, cerfs, éléphants), des animaux fantastiques (parfois sexués), des humains (musicien, noble dame, personnages paillards). On retrouve ses thématiques dans le décor sculpté (combattants, personnages grimaçants, etc.).
De nombreux graffitis sont présents dans l'ensemble des pièces du château, y compris dans les salles d’apparat et les communs puisque le château a été utilisé comme prison à partir du XVII° siècle. Le recensement des inscriptions a permis de dresser une typologie des prisonniers : nationalité des détenus, provenance ou jour de leur emprisonnement.
Une des chambres du château, utilisée comme cachot au XV° siècle, est remarquable du fait du nombre de graffitis de bateaux médiévaux et galères de combat, gravés par un ou des marins catalans, prisonniers du roi. La pièce possède aussi des graffitis à caractère religieux (Livre de Job) et profanes (jeu d'échecs).
Alphonse Daudet, en écrivant "les aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon", vantard et intrépide chasseur, a rendu la cité célèbre. Aujourd'hui Taratarin reste l'incontournable figure de la cité provençale.
Le château du roi René : Le Château du Roy René, initialement bâti par Charles d’Anjou, comte de Provence et frère de Saint-Louis, entre le Rhône et l’ancienne île de Jarnègues, offre une architecture féodale, austère et altière.
À cet emplacement s'élevait un premier château, il a vraisemblablement été édifié par Roubaud II, marquis de Provence, entre 994 et 1010. Ce château, partiellement détruit puis reconstruit, fut occupé au milieu du XIII° siècle par Charles d’Anjou, comte de Provence et frère de Louis IX, roi de France. Ce château est restauré, en 1291, par son fils Charles II dit « le Boiteux ». En 1367, le duc Louis d'Anjou, gouverneur du Languedoc et frère du roi de France Charles V, veut profiter de l’éloignement du pape Urbain V qui s'était rendu à Rome et de l'absence de la reine Jeanne, comtesse de Provence, pour substituer son pouvoir à celui de la reine. Cette entreprise était une nouvelle manifestation de l'ambition française sur la Provence. Le duc d'Anjou trouve un capitaine en la personne de Bertrand Du Guesclin qui vient d'être libéré en décembre 1367 après sa capture à la bataille de Nájera. Du Guesclin se met en marche le 26 février 1368 avec 2 000 hommes et met le siège devant Tarascon le 4 mars 1368. La ville est bloquée de toute part. Les trébuchets font plusieurs victimes dont le clavaire de Tarascon, Martin Champsaur. La ville de Tarascon capitule le 20 ou 22 mars 1368, mais sera reprise en septembre 1370.
À son retour d'Italie, Louis II d'Anjou, comte de Provence, fait entreprendre le 27 novembre 1400 la reconstruction du château à l'emplacement qu'il occupait. Les travaux avancent rapidement, mais sont interrompus quelques années plus tard et sont repris de 1428 à 1435 par son fils Louis III d'Anjou.
L'architecte était Jean Robert auquel furent adjoints les sculpteurs Simon de Beaujeu et Jacques Morel. Les matériaux furent empruntés à des carrières de Beaucaire. Le roi René n'y apporta que de petites modifications de 1447 à 1449 sous la conduite de Jean de Serocourt et Regnault de Serocourt, capitaine et lieutenant de Tarascon, afin de le rendre plus habitable et fit placer son buste et celui de la reine Jeanne de Laval dans une niche de la cour d'honneur. En 1471, Tarascon est équipé de vingt bombardes et de trois autres pièces d'artillerie. Elles étaient probablement positionnées sur les terrasses qui couronnent le château. À la fin de son règne, le roi René fit entreprendre de 1476 à 1479 encore quelques travaux tels que le remplacement du pont-levis par un pont fixe.
Après 1481, le château ne sert qu'occasionnellement aux agents du roi. Du XVIII° siècle à 1926, le château sert de prison, notamment pour des marins ennemis. Les déprédations causées par cette utilisation sont réparées par les architectes Henri Antoine Révoil et Jean Camille Formigé. C'est au cours de ces restaurations que le crénelage est rétabli.
Le château est bâti sur un îlot rocheux en bordure du Rhône qui le longe d'un côté tandis qu'un fossé taillé dans le roc pouvant recevoir les eaux du Rhône le sépare de la ville. Il se compose de deux parties bien distinctes : au nord, la basse-cour, réservée aux communs et aux hommes d'armes, et au sud, le logis proprement dit. On pénètre dans le château par une porte ouverte entre la première tour carrée de la basse-cour et la tour ronde dite de l'Horloge. On accède ainsi à une cour fermée, située entre la basse-cour et le château seigneurial, ce qui constitue une véritable souricière en cas d'attaque.
La basse-cour est formée d'un massif polygonal irrégulier entièrement entouré d'une muraille moins haute que celle du château. Trois tours barlongues le flanquent vers la ville tandis qu'une tour plus petite est placée du côté du Rhône.
Les communs ont été aménagés pour abriter l'apothicairerie de l'hôpital Saint-Nicolas. Plus de deux cents pots en faïence de Saint-Jean-du-Désert et de Montpellier y sont exposés dans une boiserie du XVIII° siècle.
Le logis seigneurial est le château proprement dit, constitué d'une muraille de 3 à 4 m d’épaisseur et de 45 m de haut avec deux tours rondes (tour de l'Horloge et tour des Chapelles) à l'est et deux tours carrées à l'ouest côté Rhône. Les architectes avaient adopté, pour la façade la plus exposée, des tours rondes plus résistantes et faciles à défendre que les tours carrées. Cette survivance de l'emploi des tours carrées, à une époque où dans le reste de la France on y avait renoncé, marque un certain archaïsme. Une des caractéristiques de ce château est d'avoir des courtines de même hauteur que les tours qu'elles relient créant ainsi un niveau de défense et de circulation continu : c'était une tendance déjà ancienne qu'on trouve par exemple à la Bastille de Paris.
Au centre du château se trouve la cour d'honneur autour de laquelle s'élèvent les bâtiments d'habitation, qui comportent trois étages dont les deux premiers sont plafonnés à la française, le dernier étant voûté. Ils sont desservis par des escaliers à vis, dont le principal se trouve incorporé dans une tourelle en saillie bien visible sur la façade orientale de la cour intérieure. Cette dernière est relativement petite par rapport à la hauteur des bâtiments qui l'entourent. Sur le côté oriental de cette cour se trouve l'escalier polygonal, et sur la façade sud la niche abritant les bustes du roi René et de la reine. Ces bustes, mutilés à la Révolution, sont probablement l'œuvre de Francesco Laurana.
La tour des chapelles, semi-circulaire, de la première moitié du XV° siècle, doit son nom à deux chapelles superposées se trouvant l'une au rez-de-chaussée et destinée aux employés, l'autre au deuxième étage réservée au seigneur. La chapelle basse ou « chapelle des Chantres », de forme rectangulaire, se termine par une abside semi-circulaire logée dans la tour. Les deux travées ont des voûtes d’ogive. La voûte du chœur comporte huit branches qui rayonnent à partir d'une clef sculptée représentant le couronnement de la Vierge. La chapelle haute ou « grande chapelle » a les mêmes dimensions. Elle est cependant moins haute et son abside ne comporte que six branches d'ogives. Ces chapelles n'ouvrent vers l'extérieur que par des meurtrières afin de ne pas affaiblir la défense.
L'aile méridionale n'a pas de fenêtre côté sud, car elle est la plus exposée en cas d'attaque. Les seules fenêtres donnent sur la cour d’honneur. Elle est desservie par un escalier à vis situé dans la tour du Rhône (angle sud-ouest) qui présente un pan coupé. L'aile ouest en bordure du Rhône ne nécessitait pas les mêmes précautions pour la défense, d'où la présence de grandes fenêtres donnant sur le Rhône. Cette aile ne comprend à chaque étage qu'une seule grande salle destinée aux réceptions, cérémonies et banquets.
Comme dans toutes constructions à des fins militaires, la décoration est réduite à peu de choses. Cependant les voûtes d'ogives reposent sur des consoles sculptées : chimères, aigles, chauves-souris, etc.
Le château possède de nombreux décors peints de la première moitié du XV° siècle représentant soit des animaux classiques (ours, cerfs, éléphants), des animaux fantastiques (parfois sexués), des humains (musicien, noble dame, personnages paillards). On retrouve ses thématiques dans le décor sculpté (combattants, personnages grimaçants, etc.).
De nombreux graffitis sont présents dans l'ensemble des pièces du château, y compris dans les salles d’apparat et les communs puisque le château a été utilisé comme prison à partir du XVII° siècle. Le recensement des inscriptions a permis de dresser une typologie des prisonniers : nationalité des détenus, provenance ou jour de leur emprisonnement.
Une des chambres du château, utilisée comme cachot au XV° siècle, est remarquable du fait du nombre de graffitis de bateaux médiévaux et galères de combat, gravés par un ou des marins catalans, prisonniers du roi. La pièce possède aussi des graffitis à caractère religieux (Livre de Job) et profanes (jeu d'échecs).
La légende raconte que Marthe venant de Palestine débarqua à Tarascon où sévissait alors La Tarasque, un terrible monstre amphibie. La Sainte dompta courageusement et miraculeusement le monstre. Depuis de nombreux pèlerins visitent la collégiale Sainte Marthe, construite en son honneur non loin du château du roi René.
Collégiale royale Sainte-Marthe : L'église Sainte-Marthe de style romane provençale fut érigée aux XI° et XII° siècles en l'honneur de Marthe de Béthanie, venue de Palestine avec les Trois Maries (ou Saintes Maries) et qui dompta la Tarasque, un monstre amphibien qui terrorisait la population de Tarascon. Elle fut consacrée le ler juin 1197, par Imbert d'Eyguières, archevêque d'Arles, assisté de Rostaing de Marguerite, évêque d'Avignon. L'église fut reconstruite au XIV° siècle, remaniée au XV° siècle et au XVII° siècle, endommagée en 1944 et restaurée.
La collégiale est composé de deux églises superposées, la crypte et l'église supérieure. De l'époque romane ne substistent en plus de la crypte, que quelques murs d'enceintes et le portail (dont les bas reliefs et les statues qui le décoraient ont été détruits en 1793 par les révolutionnaires).
La crypte, remaniée au XVII° siècle, abrite le sarcophage antique (III° siècle environ) qui contient les reliques de Sainte-Marthe. Le sanctuaire fut élevé au titre de collégiale royale par Louis XI en 1482. De nombreux fidèles sont venus prier nombreux tout au long des siècles sur l'emplacement du tombeau de Marthe :
L'église gothique est bâtie sur un plan à trois nefs, aux clefs de voûte, on reconnaitra Sainte-Marthe, Saint Michel, un Agnus Dei et un décor floral. Des chapelles latérales ont été construites entre les contreforts. Les chapelles Nord sont les plus anciennes et datent du XIV° et XV° siècles.
L'orgue Boisselin-Moitessier, admirable, a été entièrement restauré au XIX° et XX° siècles. Son buffet polychrome est l'un des plus beaux de Provence. Il est classé monument historique.
Vous pourrez admirer un retable du XV° siècle, des tableaux signés de Nicolas MIGNARD (1606-1668), Pierre PARROCEL (1670-1739) Joseph Marie VIEN (1716-1809) maître de David, Carle VAN LOO (1705-1765).
Abbaye Saint-Honorat : Situé en face du château vous pouvez admirer la facade de cette ancienne abbaye. Les périodes de construction vont du XIV° au XVII° siècle. Les éléments classés monuments historiques et protégés sont les restes du cloître, le portail sur la rue et la galerie reliant le portail au cloître
Chapelle Notre Dame de Bonaventure : En 1475, il est décidé de faire édifier une chapelle en avant de l'hôpital Saint Nicolas, près de la porte Saint Jean (anciennement porte de l'Oule). Le beau retable du beaucairois Léonard Vissert qui orne l'autel est installé en 1542. Elle devient au XVI° siècle le siège de la corporation des menuisiers et "fustiers" (charpentiers): en atteste la statue- décapitée- qui se trouve au dessus de la porte. Vendue en 1796 comme bien national, elle passe ensuite à l'abbé Julian, qui en fait don en 1828 à l'hôpital. Saint Nicolas est en effet à cette époque, transformé en hôpital mixte : on soigne dans la chapelle les patients souffrant de pathologies contagieuses. Il accueillera plus tard une maison de retraite aujourd'hui fermée.
La façade aujourd'hui visible depuis la rue présente un très beau portail condamné, de style gothique flamboyant, style peu commun en Provence. L'ogive de la baie est surmontée d'un gâble ouvragé et encadrée par deux pinacles.
L'église Saint-Jacques : L'édifice du XVIII° est situé sur l'emplacement d'une chapelle médiévale placée sous le même vocable. En 1740 on confia la construction d'une nouvelle église au maitre tarasconnais Antoine Damour, d'après des plans de l'architecte Jean-Baptiste Franque. La façade, de style classique, est réalisée en pierre de Beaucaire.
C'est le style baroque qui a été choisi pour l'ornementation de l'édifrice, avec un système de voussure. La façade à double volute latéraux s'inspire dans sa composition du baroque italien: elle mêle les éléments empruntés à l'architecture antique-deux pilastres à chapiteaux ioniques encadrent le portail principal que surmonte un fronton triangulaire-et les motifs de décors raffinés, finement travaillés - des guirlandes de végétaux rythment le haut de la façade et soulignent les courbes de l'imposant oculus percé au-dessus de la porte. La coupole qui coiffe la croisée du transept, de conception audacieuse, est un beau travail stéréotomique. Le baldaquin et les orgues XVIII° que renferme Saint-Jacques proviennent du couvent des ursulines.
Chapelle Saint-Gabriel : C' est une chapelle romane située le long de la route de Fontvieille, au sud-est de Tarascon, et à l'ouest de Saint-Étienne-du-Grès.
Cette chapelle du troisième quart du XII° siècle constitue un des plus beaux exemples d'art roman provençal inspiré de l'Antiquité. Ses constructeurs ont magistralement synthétisé dans cet harmonieux édifice l'art de leur temps, l'art roman, et l'art romain, encore si présent et si proche. « La chapelle est située à l'emplacement de l'important carrefour d'Ernaginum », où se croisaient dans l'Antiquité « la via Domitia, venant d'Italie par les Alpes et allant vers l'Espagne, la via Aurelia, arrivant d'Italie par la côte et la via Agrippa, qui remontait la vallée du Rhône ». Le lieu a été connu sous les vocables successifs de Bergine, Ernaginum puis Saint-Gabriel.
On peut s'étonner de l'implantation de cette église d'une grande qualité architecturale à l'écart de Tarascon sans qu'on puisse attacher au monument un pèlerinage quelconque pouvant le justifier. Une explication se trouve à l'intérieur de l'église, gravée sur un cippe funéraire de l'époque impériale. Julia Nice y fait une dédicace à la mémoire de son cher époux, Marcus Frontonius Euporus, qui avait occupé des fonctions de sévir augustal de la colonie Julia Augusta, et avait été naviculaire marin à Arles, curateur de la corporation et patron des nautes de la Durance et de la corporation des utriculaires d'Ernaginum qui assuraient le transport des marchandises sur des radeaux supportés par des outres gonflées.
De fait, le lieu a été à l'époque romaine au point de rencontre de deux branches importantes de la voie héracléenne. L'une de ces voies, la via Domitia, suivait la Durance qu'elle traversait à Cabellio (Cavaillon) par le Nord des Alpilles et passait par Glanum (actuel Saint-Rémy-de-Provence) puis Ernaginum. L'autre venait du littoral, passant par la plaine de la Crau, et constituait aussi la branche Nord de la via Aurelia venant d'Aix-en-Provence, aboutissait à Saint-Gabriel devant une zone marécageuse importante. Une troisième voie reliait Avignon à Arles. C'est le franchissement de cette voie marécageuse qui nécessitait l'intervention des utriculaires pour assurer le transbordement des personnes et des marchandises. Il y avait donc en ce lieu une communauté de nautes et d'utriculaires permettant le franchissement du marais et assurant la circulation des marchandises venant des Alpes sur la Durance et le Rhône.
Des recherches archéologiques autour de la chapelle ont mis au jour des fondations de maisons qui ont montré l'ampleur de l'agglomération antique. Elles ont permis de trouver un cimetière paléochrétien qui permet d'affirmer que ces activités n'ont pas disparu avec les Invasions.
Au VII° ou IX° siècle aurait été édifiée la chapelle Saint-Philippe, antérieure à la chapelle Saint-Gabriel et détruite par la route de Fontvieille. En 1030, Saint-Gabriel est mentionné dans une charte de l'abbaye Saint-Victor de Marseille. Le village était alors protégé par la haute tour qui se trouve au sommet de la pente.
Au XII° siècle le village était encore assez riche pour confier la construction d'une église à un maître d'œuvre de grande compétence. Le déclin de la communauté va se produire avec l'assèchement progressif du marais qui la rend inutile. La population déserte progressivement le village laissant une église au milieu des oliviers.
Aucun document ne permet de dater la construction de la chapelle Saint-Gabriel, mais les études architecturales ont souligné la parenté de l'architecture et la sculpture de la chapelle Saint-Gabriel avec la galerie nord du cloître de Saint-Trophime d'Arles et le portail occidental de la cathédrale Notre-Dame de Saint-Paul-Trois-Châteaux. Les études faites par M. Alain Borg suggèrent que le maître de Saint-Gabriel a d'abord travaillé à la primatiale de Saint-Trophime d'Arles avant de quitter la région des Alpilles pour aller sur le chantier du portail occidental de Saint-Paul-Trois-Châteaux. Sachant que l'aile nord du cloître de Saint-Trophime a été réalisée vers 1170 et le portail occidental de la cathédrale Notre-Dame de Saint-Paul-Trois-Châteaux vers 1180, la date probable de la chapelle Saint-Gabriel se situe autour de 1175. Cette période correspond à une recherche de classicisme par les architectes provençaux. Ils pouvaient encore admirer de nombreux vestiges de l'architecture romaine à Arles.
Chapelle Saint-Victor : Au Nord de Tarascon, en parcourant la route D35 qui se dirige droit vers Boulbon, on peut s'arrêter au lieu-dit du "Mas des Mourgues", devant la chapelle Saint-Victor. Sur ce site exista dans l'Antiquité une villa gallo-romaine.
La construction de la chapelle remonterait à la fin du XI° siècle, le plus ancien document qui en parle étant un acte de 1155 émanant du chapitre de Saint-Agricol d'Avignon. Une tradition rapporte que la mère de saint François d'Assise aurait été baptisée dans cette chapelle.
Ce bel édifice roman possède une porte condamnée surmontée d'un arc de décharge semi-circulaire. Un clocher à baie, un toit en lauzes de calcaire, une étroite fenêtre verticale, un bas-relief figurant un écu méconnaissable caractérisent ce sanctuaire. Une annexe lui est accolée. À l'intérieur, des restes de peintures sont encore visibles dans la nef.
Le saint Victor vénéré ici est probablement le même que celui de Marseille. Officier romain qui visitait des chrétiens en prison, Victor fut arrêté en 290 à Marseille, martyrisé puis décapité. Son corps jeté à la mer revint s'échouer sur le rivage. Les chrétiens l'enterrèrent, et l'on construisit une abbaye sur le lieu de sa tombe au IV° siècle.
Chapelle de Lansac : Chapelle romane initialement placée sous le vocable de Saint Pierre, elle passe au XII° siècle sous celui de Notre dame de l'Assomption, en même temps qu'elle est rattachée au châpitre d'Arles. Le site de Lansac, minuscule hameau au sud de Tarascon, est habité à partir de l'époque romaine, époque à laquelle les habitants fuient Ernaginum (aujourd'hui Saint Gabriel), lieu initial de leur installation, pillé par les Wisigoths.
Petit édifice en plan rectangulaire, voûté en berceau brisé et terminé par une abside en cul de four, épaulé par des contreforts latéraux. Un petit clocher-mur percé de deux baies en plein cintre prolonge en hauteur la façade.
L'Hôtel de Ville : C'est en 1644 que la décision de faire construire une nouvelle maison consulaire fut prise. Le 4 août de la même année furent achetés des immeubles situés sur la place du Marché afin d'y construire l'Hôtel de Ville. Le projet fut dessiné par le frère Darmin, religieux de la Trinité. Quatre ans plus tard, l'Hôtel de Ville de Tarascon vit le jour (style Louis XIII). S'inspirant des modèles arlésiens, la façade offre un balcon de pierre en encorbeillement et une niche abritant la statue de Sainte-Marthe avec la Tarasque. L'Hôtel de Ville de Tarascon est considéré comme un bâtiment à la mode en ce milieu du XVII° siècle. Les autres caractéristiques, lambrequins, sculptures végétalistes, bouquets d'acanthes en façade et autour des fenêtres, sont d'une grande sobriété. L'Hôtel de Ville a été l'objet de nombreuses restaurations par la suite, sa façade a été classée Monument Historique en 1976.
Théâtre municipal : Le Théâtre de Tarascon est l’un des plus remarquables théâtres à l’italienne de la région Provence Alpes Cote d’Azur.
C'est par une ordonnance royale du 10 août 1825 que Charles X approuve la décision du Conseil Municipal concernant l’acquisition d’un terrain et d’une église ayant appartenus aux Dominicains (XV° siècle) pour l’établissement d’une salle de spectacles. Tarascon (qui comptait 12 000 habitants et avait été sous-préfecture pendant quinze ans) porte son choix sur une église désaffectée située prés de la Porte Saint-Jean.
Façade Devenue bien nationale à l’époque révolutionnaire puis magasin à foin pour la République, d’importants travaux de remise en état furent entrepris dès 1826. Inauguré en 1828, le Théâtre municipal fut entièrement détruit par un violent incendie au cours de la nuit du 16 avril 1884. Le 31 décembre 1887, le Conseil Municipal autorisait Louis Chabanel, Maire de Tarascon, à traiter de gré à gré avec des entrepreneurs de Tarascon tels M. Tissier et la Maison Apy Portal qui fournirent trois devis s’élévant à la somme totale de 43 902 francs. Une grande scène fut dès lors aménagée. Au-dessus du rideau rouge, on inscrivit en latin la phrase bien connue de Virgile mit dans la bouche d’un berger « Deus nobis haec otia fecit » (en français, « Dieu a fait pour nous ces loisirs »). Cette salle parfaitement agencée et d’une excellente acoustique, rivalisa avec les grandes salles de la région. Le théâtre actuel est inauguré par une représentation du « Barbier de Séville » de Rossini en 1888. De nombreux spectacles, opéras comiques, tragédies, comédies et autres spectacles de music-hall se succédèrent et permirent ainsi de recevoir des noms étincelants tels que Joséphine Baker, Fernandel, Tino Rossi, Yves Montand ou encore Edith Piaf. Suite à ces travaux de restauration, la façade principale fut ornée d’un fronton représentant une lyre soutenue par deux anges, œuvre du sculpteur tarasconnais Jean-Barnabé Amy en 1895.
C'est en 1963, et après soixante-quatre ans d’existence, que l’état du bâtiment nécessitait d’urgentes et sérieuses réparations. La voûte de la Chapelle (qui menaçait de s’effondrer) risquait de provoquer un grave accident puis ce fut une pierre de cette voûte qui se détacha. Par mesure de sécurité, l’établissement fut fermé. Après avoir examiné les différents problèmes, un devis fut établi et s’élevait à 4 millions de francs. En dernier lieu, le Conseil Municipal jugea prudent de ne pas donner de suite favorable au projet de rénovation.
Thérèse Aillaud, Maire de Tarascon, entama dès 1985 d’importants travaux et effectua le sauvetage de ce lieu cher aux Tarasconnais. Le Théâtre rouvre alors ses portes le 7 janvier 1989 par une chinoiserie musicale en un acte, « Ba-Ta-Clan » d’Offenbach (mis en scène par Guy Coutance).
Casernes Kilmaine : La caserne kilmaine est le témoin du prestigieux passé militaire de la ville de Tarascon, et le grand manège de la caserne est un des trois monuments de ce type qui subsistent aujourd’hui en France (les deux autres étant à Saumur et Fontainebleau).
Au XVI° siècle, Tarascon est une ville étape. Les habitants sont assujettis au logement et à l'entretien des gens de guerre. En 1695, la ville reçoit l'autorisation de construire des casernes. La construction commence en 1718 sur les plans de Desfour. Les bâtiments, essentiellement composés d’un rez-de-chaussée et d’un étage, se regroupent autour de plusieurs cours. Le grand quartier autour d'une grande cour est réservé à la cavalerie. Le petit quartier est divisé en deux cours, l'une pour l'infanterie, l'autre pour les magasins de l'étape. Les bâtiments sont flanqués aux angles de pavillons. Le rez-de-chaussée est aménagé en pièces voûtées réservées aux écuries ; l'étage est fait de chambrées pour les soldats. L'administration occupe l'aile entre les deux quartiers. Au XVIII° siècle, ces bâtiments hébergent jusqu'à 1275 hommes et 500 chevaux.
L’ensemble est agrandi à partir de 1834 : les écuries sont mises aux normes vétérinaires, et de nouveaux bâtiments sont construits. Le manège, surmonté d’une charpente de bois arrondie, est édifié en 1846. Dans le dernier quart du XIX° siècle, des bâtiments pour le stockage du fourrage, des cuisines, cantines et une infirmerie s’ajoutent à l’ensemble. En 1911, un nouveau manège est construit sous charpente métallique. Au total, le quartier Kilmaine occupe une superficie qui s’étend sur 6 hectares.
Les casernes de Kilmaine sont occupées par l'armée jusqu'à l'an 2000 : de 1818 jusqu'au début du XX° siècle par les Dragons, puis par le 11eme régiment de Hussards jusqu'en 1914 et enfin, des années 1950 à 2000 par le Centre mobilisateur n°27 et le Centre de sélection n°9.
Le 30 juin 2006, le quartier ferme définitivement ses portes, mettant fin à l’histoire militaire de Tarascon. Le site est retourné dans le giron de la collectivité qui l'a aujourd'hui réhabilité et réaffecté à divers services. Les casernes d'hier appelées maintenant "quartier Kilmaine" abritent désormais la Cité du Cheval (école de formation aux métiers de l'art équestre), le Tribunal pour Enfants et la Maison des Associations, le Pôle Culturel de la Ville dont l'Ecore de Musique et la Cité Judiciaire.
Les vestiges des remparts sont un ensemble architectural très intéressant.
Porte Saint Jean : La Porte Saint-Jean date du XIV° siècle. En 1615 décision est prise par le conseil de Ville de la doter d'un pont-levis "vu les bruits de guerre". Elle fut reconstruite en 1758, en même temps que le portalet de Lubières. En 1820, lors de la démolition des remparts, la porte fut conservée et garda jusqu'à la fin du XIX° siècle ses grandes portes cloutées dont on voit encore aujourd'hui encore les arcs-boutants scellés dans la pierre. En 1866, la Municipalité y fit ériger une statue de la Vierge en fonte dorée, avec l’inscription : "Posuerunt me custodem", ce qui se traduit par "Ils (les tarasconnais) m’établirent leur gardienne".
Porte Condamine : Vestige des remparts ceinturant la ville au Moyen-Âge, la porte de la Condamine est sans doute la plus belle qui nous est donnée de voir. Construite en 1379 elle est composée de deux tours jadis crénelées. Elle vit passer François 1er le 3 février 1516 peu après la bataille de Marignane. Récemment restaurée, elle s'est vue dotée d'une magnifique porte en bois et d'un éclairage qui font ressortir la pureté de ses lignes.
Porte de Jarnègues : Seule porte secondaire qui soit parvenue jusqu'aux XXI° siècle, elle fut construite en 1646 par un certain Jacques Bonnet pour un montant de soixante-dix livres. A l'époque, elle était dotée d'un pont qui passait par-dessus les fossés. Au-dessus de la voussure se trouvent deux petites colonnes surmontées d'une voûte en berceau. Dans le cadre se trouvait un écusson aux armes du Roi René et une inscription rappelant le tournoi de 1449. Ce célèbre tournoi de chevalerie "Le Pas d'Armes de la Bergère", était organisé par le Roi René et fût donné dans l'île d eJarnègues. Durant des siècles, ce fut un quartier où s'étendaient les bras du Rhône. De là partaient les bateaux pour les transports de marchandises et d'hommes, ainsi que pour les échanges commerciaux. Sur l'autre face se trouve une sculpture. C'est la seule porte secondaire de la ville.
Préhistoire et Protohistoire
Des tessons du Bronze final ont été trouvés dans un abri au lieu-dit de la Lèque, attestant d'un peuplement des Alpilles dès la Préhistoire. Au premier âge du fer, si les habitats préhistoriques des Alpilles continuent d'être habités pour la plupart, de nouveaux sites en hauteur, mais aussi en piémont, voire en plaine commencent à être colonisés. À Tarascon, on s'installe en bordure du Rhône, près de l'église Sainte-Marthe.
Lors de la seconde partie du premier âge du fer (VII°–VI° siècles av. J.-C.), la population, jusqu'alors essentiellement nomade, se sédentarise et se met à construire en dur. Le castrum se structure à la manière d'un village avec ses rues et ses maisons adossées. Le processus d'installation permanente est à mettre en parallèle avec l'intensification des échanges économiques avec les commerçants méditerranéens. En échange de produits de luxe, les habitants des Alpilles produisent des céréales et passent d'un état d'autarcie à une véritable économie d'échange.
Nerluc et l'Époque Gallo-romaine
Avant la domination romaine, la tribu des Salyens peuplait les bois et les marécages qui s'étendaient sur toute la contrée. Tarascon fut appelée Nerluc par certains chroniqueurs (de " niger lucus " bois noir). Son véritable nom, Tarascon, est cité par les auteurs anciens : Strabon, Pline, Ptolémée. Strabon écrivait : " De Nîmes aux Eaux chaudes de Sextius (Aix) on compte 53 milles en passant par Ugernum (Beaucaire) et Tarusco ". D'après le même auteur (14 ans avant notre ère), " la route qui venait de Narbonne à Nîmes, et franchissait le Rhône entre Ugernum et Tarusco bifurquait ici. D'un côté, on atteignait l'Italie par Aquae Sextiae et Antipolis; de l'autre, par Cabellio (Cavaillon), la Durance et les Alpes ".
Tarascon paraît avoir été originairement un comptoir fondé par les Marseillais postérieurement au passage d'Annibal. Après la prise de l'antique cité phocéenne par Jules César, Tarascon fut comprise dans la nouvelle province romaine, étant à la fois une position stratégique et un entrepôt commercial pour la navigation sur le Rhône. La voie saunière longeait la chaîne des Alpines passant par Glanum (Saint-Rémy), Saint-Etienne-du-Grès, Saint-Gabriel (Ernaginum), et aboutissait à Arles. Le "chemin romain " existe encore à Saint-Etienne-du-Grès, passant au pied de la colline Notre-Dame du Château; parallèlement à ce chemin on voit encore de loin en loin des vestiges de l'ancien aqueduc qui conduisait l'eau depuis Romanil jusqu'à Arles, pour l'alimentation de cette cité et les jeux nautiques qui s'y déroulaient. De nombreux débris antiques plus ou moins importants y ont été retrouvés, de même qu'au quartier Saint-Victor (au Pas-de-Bouquet) et à Saint-Gabriel : mosaïques, poteries, statuettes, trémies, urnes, monnaies, etc...
Saint-Gabriel (Ernaginum) était une station romaine d'une assez grande importance, sur la grande voie aurélienne, entre Arles et Saint-Rémy; un cours d'eau, au pied d'Ernaginum était le confluent de deux bras de la Durance, l'un venant de Châteaurenard, Maillane et Laurade, l'autre venant d'Orgon et Saint-Rémy. De là, ce cours d'eau se dirigeait vers Arles, d'où les étangs Désuviates le faisaient communiquer avec le canal de Marius et la mer, près de Fos. Le passage de la Durance à Laurade et Saint-Gabriel figure sur des actes officiels (" Enquête sur les limites de Tarascon du côté de Montpahon " - Arch. de Tarascon).
Vers l'an 74 avant Jésus-Christ, Tarascon prit une certaine extension en tant que comptoir commercial sur le Rhône. Un temple et une citadelle y furent construits.
Ier siècle - Sainte-Marthe - Évangélisation de la Provence
C'est depuis l'année 48 de notre ère que la religion du Christ fut enseignée dans notre pays par Sainte-Marthe, hôtesse de Jésus à Béthanie, venue en Provence avec son frère Lazare, sa sœur Marie Madeleine et les autres saints de Provence. Saint Jean affirme qu'elle fut témoin de la résurrection de son frère. Bien qu'elle offrit l'hospitalité à Jésus, on lui reprocha d'avoir été trop préoccupée par l'aspect matériel de son service.
La tradition nous apprend son débarquement au village devenu Notre-Dame-de-la-Mer puis les Saintes-Maries-de-la-Mer. C'est à l'époque de ses prédications à Tarascon que remonte la tradition de la Tarasque, monstre qu'elle vainquit miraculeusement. Le peuple demanda à Marthe de le délivrer de la bête. La sainte aurait alors dompté miraculeusement le dragon par un simple signe de croix. Une autre version de la légende rapporte que c'est en l'aspergeant d'eau bénite qu'elle le maîtrisa. Mais on s'entend pour dire qu'après la sainte intervention, le monstre devint doux comme un agneau. Marthe l'attacha avec sa ceinture et, docile comme un chien en laisse, la Tarasque fut livrée au peuple qui la fit périr à coups de lames et de pierres.
La fondation de la première église chrétienne remonterait vers l'an 50, consacrée par les évêques Trophime d'Arles, Maximin d'Aix, et Eutrope d'Orange. Sainte-Marthe mourut à Tarascon vers l'an 68.
Depuis lors, de nombreux pèlerins visitent la collégiale Sainte- Marthe, érigée à sa mémoire près du château du roi René .
V° siècle - Les Grandes Invasions - Clovis
Au moment des grandes invasions, à la chute de l'empire romain, les Vandales, les Burgondes, les Wisigoths se disputent la Provence; en 480, ces derniers détruisent Ernaginum dont les habitants se replient à Lansac et Tarascon. En l'an 500, ayant poursuivi les Burgondes dans Avignon qu'il assiège, Clovis, malade, vient demander sa guérison au tombeau de Sainte-Marthe, vénéré dans la région. L'ayant obtenue, et en témoignage de sa reconnaissance, il fait don à l'église de Sainte-Marthe d'un espace de terre " d'environ trois milles autour de Tarascon, tant d'un côté que de l'autre du Rhône, et décide qu'à l'avenir l'église et la ville ne seront soumises à aucune puissance laïque ". Ce régime municipal se conserve longtemps, les Comtes de Provence n'exerceront jamais que la haute juridiction et Tarascon se gouvernera par ses propres lois et consuls, fixant elle-même ses impôts, le mode de les percevoir, les établissements à créer. Privilèges et d'autres encore qui seront confirmés par les Rois, notamment Louis XI et Louis XIII (Archives de Tarascon, livre Rouge), et lettres patentes de Louis XII du 5 juillet 1506 et celles de Henri II de novembre 1553.
XI° siècle
Au XI° siècle, Tarascon devient un centre de navigation sur le Rhône et un point important de passage du fleuve. Le 17 des Calendes d'octobre 1096 - Les Églises Sainte-Marthe : Le pape Urbain II donne à Avignon une bulle sur laquelle il ratifie l'union déjà faite par Arbert, évêque de cette ville, au chapitre de Notre-Dame des Doms, des églises Sainte-Marthe de Tarascon (il s'agit là de l'église souterraine et de l'église supérieure; d'où l'appellation " les églises Sainte-Marthe "). Ainsi dès avant 1096 Tarascon faisait partie du diocèse d'Avignon. Et c'est au clergé de cette dernière ville qu'est confié le service des églises Sainte-Marthe.
XII° siècle :
1146 - Comte de Provence : En 1146, le vieux comte de Barcelone, Raymond Béranger, prince d'Aragon, tient dans l'île de Jarnègues un plaid où les gentilshommes de la Provence, au nombre d'environ quatre-vingt prêtent serment de fidélité au jeune comte de Provence, Raymond Béranger II, alors âgé de sept ans, son neveu. En 1161, Gantelmi Raymond, de Tarascon, est donné pour conseiller à Raymond Béranger II.
1176 - Traité de Paix : Disputes sanglantes entre Raymond Béranger V, comte de Toulouse, et Alphonse 1er, comte de Barcelone, Roi d'Aragon. Dans une conférence tenue à Tarascon, dans l'île de Gernica, ils signent un traité de paix, aux termes duquel la Provence passe dans les mains des Comtes de Barcelone.
Invasions Mérovingiennes et Sarrasines : Sous les Mérovingiens, les Sarrazins, traversant l'Espagne, avaient plusieurs fois envahi la Provence, incendiant les églises après les avoir pillées, brûlant les objets du culte; égorgeant les personnes consacrées à Dieu, profanant et dispersant les reliques. A l'abbaye de Lérins, par exemple, ils avaient tout ravagé, excepté les reliques que le prieur du monastère avait cachées pour les soustraire à leur fureur. Les habitants de Tarascon firent de même pour conserver celles de Sainte-Marthe, auxquelles ils tenaient tant; ils les enfouirent dans l'église souterraine, avec une tablette de marbre portant l'inscription " BEATA MARTHA IACET HIC ".
XIII° siècle
1202 - Privilèges Anciens des Tarasconnais : Alphonse II, Comte de Provence, dans une assemblée publique tenue à Tarascon, confirme les privilèges de cette ville et déclare qu'ils étaient acquis aux habitants par une coutume ancienne, et non par une mesure récente.
1220 - Templiers, Trinitaires et Dominicains : Les religieux Trinitaires succèdent aux Templiers dont la maison se trouve dans la rue du Temple (actuellement rue du Prolétariat). A leur tour, en 1233, les Dominicains s'établissent dans l'île de Gernica (aujourd'hui quartier Jarnèques); leur communauté va ensuite, en 1245, s'installer dans leur monastère, près la porte Saint- Jean Baptiste hors d'atteinte des crues du Rhône.
1248 - Louis IX : Au début d'août 1248, Louis IX, Roi de France, vint en pèlerinage au tombeau de Sainte-Marthe, en provenance de Paris (12 juin), La Roche de Glun ( juillet) et Avignon; il traverse le Rhône à Tarascon d'où il se rend à Aigues-Mortes pour s'embarquer à destination de la Terre Sainte.
1250 - Cloîtres des Cordeliers : En 1250, les Pères Cordeliers fondent leur couvent près la porte Madame (actuellement place F. Mistral); leur premier établissement était en Jarnègues.
1251 - Charles ler d'Anjou : Charles ler d'Anjou, Comte de Provence, par son mariage, le 31 janvier 1216, avec Béatrix de Provence, quatrième fille de Raymond Béranger IV, de retour de la croisade, vient attaquer la ville d'Arles; il établit son quartier général à Tarascon. Le 29 avril 1251, le Conseil des 120 députe huit des principaux citoyens pour proposer la paix au Comte; Charles ler reçoit leur soumission dans le château de Tarascon.
1254 - Pèlerinage de Louis IX et de Son Frère : Le Roi Louis IX avait épousé Marguerite de Provence, fille de Raymond Bérenger IV; Albert de Tarascon avait, avec Romée de Villeneuve, négocié ce mariage avec la reine Blanche, mère de Saint-Louis et Charles d'Anjou. Au retour de la Croisade, les deux frères, l'un Roi de France, l'autre Roi de Sicile et Comte de Provence, viennent ensemble en pèlerinage au tombeau de Sainte-Marthe, remerciant cette sainte de sa protection.
1272 - Monnaie Frappée à Tarascon : Un acte de Charles d'Anjou permet de battre monnaie à Tarascon " sur le même pied qu'à Tours-en-Touraine ".
XIV° siècle
1322-1325 - Rostagnetus de Tharascone, chevalier, fut viguier de Nice, conseiller municipal de Tarascon (1322 ; 1325) et descendant des anciens coseigneurs de la ville au XII° siècle.
1352 - Abbaye de Religieuses: Jean Gantelmi seigneur de Châteaurenard et de Romanil était sénéchal de Provence sous la reine Jeanne 1ere. Il fonde à Tarascon en 1352 et bâtit en 1358, en face du château, une abbaye de religieuses sous le titre de Sainte-Marie et Saint- Honorat. Jean Gantelmi leur donne tout ce qu'il possède à Boulbon et Mézoargues, et spécialement le fief de Campredon; ces territoires ne sont alors qu'un vaste marécage; les religieuses les dessèchent et font creuser le fossé d'écoulement depuis Campredon-Vieux (Boulbon) et passant dans le territoire de Mézoargues; ce fossé appelé plus tard " la Brassière " assèche tous les marais de Mézoargues et de Boulbon, leur donnant leur fertilité.
1359 - Château de Lansac : une Ordonnance du Roi Louis Comte de Provence et de la reine Jeanne, à la réquisition des habitants de Tarascon, contenant des plaintes contre les " Hospitaliers " qui avaient fait bâtir un château à Lansac, ordonne à ses officiers d’informer et de faire démolir le dit château. Du 3 novembre 1359. (Livre rouge, Arch. de Tarascon AA 9 F° 222 V°).
1366-1367, Guillaume Roverie était châtelain de Tarascon. Il percevait un salaire annuel de 90 florins.
1367 - Du Guesclin : deux princes convoitent la possession de la Provence : Jean de Gaud, Duc de Lancastre, second fils du Roi d'Angleterre, et Louis, Duc d'Anjou, gouverneur du Languedoc, frère du Roi Charles V. Bertrand Du Guesclin commande l'armée de Louis, composée de Français, d'Espagnols et des hommes d'Armagnac. Il vient assiéger Tarascon le 4 mars 1368 et y pénètre grâce à la trahison de quelques habitants. Il en résulte un très vif combat au cours duquel Du Guesclin fait prisonniers Bernard d'Anduze et Fouques d'Agoût. Après dix neufs jours de siège infructueux les ennemis se retirent et repassent le Rhône, non sans perdre Tarascon reprise par les troupes de Provence. Les traîtres qui avaient livré la ville sont alors enfermé au château d'Orgon.
1377 - Rue des Juifs : La reine Jeanne 1ere, renouvelant d'anciennes ordonnances, assigne aux Juifs la rue de la Juiverie comme résidence obligatoire, avec défense d'en sortir sous peine d'une amende considérable; mesures prises en vue de la paix publique et pour empêcher des rixes qui n’auraient pas manqué de se produire.
1379 - La Condamine : Construction de la porte de la Condamine. Flanquée de deux tours rondes jadis crénelées, c'est l'une des trois portes principales de l'ancien "Castrum" (ville ceinturée de remparts au Moyen Age).
1380, Guillaume de Sault était viguier-capitaine-châtelain de Tarascon. Gardien de sa forteresse, il était payé 100 florins d'or par année. Le 15 novembre 1385, il reçut de Marie de Blois don de la pension annuelle, confisquée au rebelle Imbert de Alamanono, en échange d'une partie des 1 000 florins d'or que la cour lui devait pour ses gages et les gens d'armes qu'il utilisa pendant la guerre. La mort de la reine Jeanne Ire ouvre une crise de succession à la tête du comté de Provence, les villes de l’Union d'Aix (1382-1387) soutenant Charles de Duras contre Louis Ier d'Anjou. Tarascon hésite avant d’adhérer à l’Union d’Aix, la communauté se décidant en 1383, sans s’engager très fermement. Lorsque Louis Ier meurt, Tarascon est d’ailleurs une des premières villes à recevoir Jacques de Reillanne, ambassadeur de sa veuve Marie de Blois, régente de Louis II d'Anjou, à l’été 1385. Cependant, elle avait prêté hommage à Charles de Duras en avril représenté par Raymond Savini, ancien évêque d'Apt. Les Tarasconnais favorables à la dynastie angevine sont exilés en 1385 et 1386. Finalement, la ville promet de se rallier le 11 septembre 1387, avant de prêter hommage le 10 décembre. De son côté, le châtelain de Tarascon, Carle Albe, soutenait le parti angevin dès le printemps 1382, ce soutien étant conditionné à la participation du duc à l’expédition de secours à la reine.
13 mars 1390 - Privilèges Confirmés : Il est passé entre la reine Marie, tutrice de son fils Louis XI, et la ville de Tarascon, un compromis remarquables. Parmi les différentes clauses, nous relevons : les habitants de Tarascon, prévenus de quelque délit, ne peuvent être jugés hors de cette ville, détenus dans des prisons hors de Tarascon, et même peuvent rester libre sous caution. Aucun habitant ne peut exercer la charge de viguier, juge, clavaire, secrétaire de justice ou du Comte. Par contre, le châtelain et les soldats du château du Comte, situé dans la ville, doivent tous être pris parmi les habitants et payés par le Comte. Ce dernier ne peut tenir garnison dans la ville qu'à la demande du conseil municipal. La monnaie continuera à être frappée à Tarascon, suivant la coutumes, les forts de Laurade et de Saint-Gabriel restent à la disposition des habitants ; si les représentants officiels du Comte attentent aux libertés des habitants, ces derniers ne les considèreront plus comme officiers publics, et ne leur obéiront que si les franchises sont rétablies. L'inviolabilité de ses privilèges est donc pour la ville la condition essentielle de sa au pouvoir de l'État. Elle est à cette époque, un état dont le pouvoir les mains de la communauté disposant d'elle-même et se gouvernant par ses lois. Les représentants de la communauté exerçant ensemble à droits égaux le pouvoir municipal, sont : les chevaliers ou gens de guerre appartenant à la noblesse; les bourgeois, vivant de leurs revenus; les artisans, exerçant une profession ou une industrie. Ces trois grandes classes de la population exercent chacune, à part égale, les pouvoirs délibératif et exécutif.
Le 14 septembre 1392 - Raymond de Turenne : le Conseil de ville ordonne qu'en vue des dangers possibles il est établi une garde entretenant des feux correspondant avec les châteaux voisins; ces derniers contribueraient aux frais de cette garde et des signaux (Châteaurenard notamment). En effet, depuis plus de dix ans une guerre intestine dure entre Raymond de Turenne et la Provence. Après une trêve, Raymond reprend les hostilités avec plus de violence, commettant toutes sortes de crimes : vols, incendies, homicides, viols, profanations d'églises, faisant même précipiter du haut du château des Baux plusieurs prisonniers. Le 22 septembre 1394, les États de Provence assemblés à Tarascon par le sénéchal de Provence commissaire du Roi Louis XI, prononcent contre Raymond de Turenne et ses complices un arrêt les condamnant aux peines établies en tel cas; et, quant ils se trouveraient au pouvoir des officiers du Roi, ils seraient condamnés à avoir la tête tranchée. Arrêt publié à Tarascon, par le Sénéchal, en présence de la reine Marie et des nobles convoqués dans ce but par mandement de la reine. Mais en vain; Raymond n'en demeure que plus violent. En 1397, les habitants de Tarascon et d'Arles s'unissent pour se défendre des incursions de ses gens et sauver leurs vendanges; ils conservent alors leurs récoltes, et défont 90 lanciers. Puis, sous la direction de Charles d'Albe ils battent 140 hommes d'armes et les obligent à repasser le Rhône. Cependant, après des revers, abandonné des siens, Raymond de Turenne, poursuivi par Charles du Maine, cherche à se sauver en Languedoc; étant sur les bords du Rhône près de Tarascon, avec quelques soldats, il veut se jeter précipitamment dans un bateau, mais tombe à l'eau et, emporté par le courant, il périt; " on ne sait point s'il fut enterré dans l'église Saint-Martial d'Avignon, ou si le tombeau qu'on y voit n'est qu'un simple cénotaphe élevé en son honneur "; plusieurs soldats de sa suite subissent aussi la noyade ou sont taillés en pièces. En 1399, les troubles ayant cessé, les prélats, gentilshommes et communautés de Provence rendent hommage à Louis Il Comte de Provence, dans la ville de Tarascon, où s'assemblent les " commissaires députés ".
XV° siècle
1400 - Château de Tarascon : Les travaux de sa construction débutent en 1400 sous Louis II d'Anjou et sont achevés en 1449 par son fils, le roi René, sous la conduite de Guillaume Crespin, capitaine du château, et de son lieutenant, Regnault de Serocourt, son proche parent. Doté d'un impressionnant système défensif, l'édifice abrite également une résidence princière.
1406 - Benoit XIII : En 1406, le pape Benoît XIII publie à Tarascon la bulle où il semble s'engager à renoncer à la papauté et celle où il promet de convoquer un concile dans ce même but.
1427 - Trahison : Alphonse, Roi d'Aragon, compétiteur de la dynastie d'Anjou au trône de Naples, avait su se faire des partisans en Provence. Une poignée de factieux tente, le 12 juin 1427, de lui livrer le château de Tarascon. Ses troupes sont commandées par un espagnol qui, habitant le pays depuis quelques temps et répandant à profusion l'or de son souverain, est parvenu à organiser la trahison. Tandis que la population se livre à des réjouissances aux abords du château dont le pont-levis est baissé, les conjurés s'emparent de la forteresse. Mais peu après, appelés par le tocsin, les Tarasconnais la reprennent et taillent en pièces les assiégés; l’espagnol auteur de la trahison périt et son cadavre est exposé à un gibet devant la porte du château. Quatre Tarasconnais convaincus de complicité sont condamnés à la pendaison.
1432 - Première Digue : Construction de la " chaussée ", depuis la ville jusqu'au " Pas-de-Bouquet " à la chapelle de Saint-Victor; défense du territoire contre les inondations du Rhône (cette chaussée devait mesurer 6 cannes de largeur; une canne = 1,9726 m).
1437 - Le Roi René en son Château : René d'Anjou, Duc de Lorraine et de Bar, est prisonnier du Duc de Bourgogne quant il est appelé au trône de Provence à la mort de Jeanne II et de Louis III. Enfermé d'abord au château de Bracon sur Salins, il est ensuite emprisonné à Dijon. Dans l'impossibilité de gouverner ses états, il en confie l'administration à son épouse Isabelle de Lorraine. Celle-ci par la suite, est obligée de se réfugier à Tarascon pour soustraire ses enfants aux atteintes de la peste qui ravage Aix. Charmée par l'aspect du château et connaissant les goûts de René, elle en fait peindre quelques vues par un peintre habile et les fait porter au Roi prisonnier dans la tour de Bar à Dijon. René mis en liberté sur parole contre une dure rançon, - fruits des sacrifices des Provençaux -, s'arrête d'abord à Arles où il goûte les témoignages d'affection de son peuple et vient ensuite à Tarascon en son château. Ravi de la position et de l'architecture de l'édifice, il y fait effectuer des modifications et améliorations nouvelles et manifeste le désir d'y revenir souvent.
1447 - Louis XI : Encore dauphin, il vient pour la première fois à Tarascon, vénérer le tombeau de Sainte-Marthe qu'il honorera à plusieurs reprises de ses libéralités.
1449 - La Cour du Roi rené: Au printemps de 1449 le Roi René fixe sa cour au château de Tarascon après la perte du royaume de Naples et les vicissitudes des guerres d'Italie. S'étant fixé successivement en ses résidences d'Aix et d'Angers, il s'occupe à Tarascon du bien-être de ses sujets, affranchit son peuple de la plus grande partie de ses impôts pendant un an, à la suite d'une extrême sécheresse ayant fait périr toutes les récoltes
1454 - La Châsse d'Argent de Sainte-Marthe : Malgré les riches offrandes qu'on apporte depuis des années au tombeau de Sainte-Marthe, les reliques de la sainte patronne de Tarascon reposent toujours derrière l'autel de la crypte, dans le modeste sarcophage de pierre du XII° siècle. Pour augmenter encore la dévotion des peuples, les consuls de la ville font exécuter une châsse d'argent doré pour y placer le chef de Sainte-Marthe. Cette châsse, exécutée en trois ans de travail par Maître Etienne Dandelot, représente le buste de la sainte; " tout autour, sa vie, en relief d'argent, et le tout porté par quatre figures de la Tarasque ". La translation des reliques, fixée au 10 août 1458, est annoncée aux habitants par un héraut public. La cérémonie se déroule en grande pompe, en présence du Roi René, de son épouse Jeanne de Laval, de sa fille la princesse Yolande, du sénéchal de Provence Frédéric de Lorraine son gendre et de toute la cour avec l'élite du pays et un grand concours de peuple.
1474 - Création de l'Ordre des Chevaliers de la Tarasque : Le 14 avril, le Roi René institue et réglemente les courses et fêtes de la Tarasque auxquelles participeront tous les corps de métiers. C' est à l'origine une procession au cours de laquelle on promène de par la ville, une effigie en carton de la Tarasque. Elle est portée par seize chevaliers de l'Ordre dont huit se trouvent dans le corps de la bête, prêtant vie au monstre et symbolisant les victimes qu'elle a avalées. Les autres chevaliers représentent les fondateurs de la ville.
1481 - Mort de Charles III - Louis XI : Le 11 décembre 1481, Charles III, neveu et héritier de René, meurt à son tour sans enfant, instituant pour son propre héritier au comté de Provence son cousin Louis XI à la condition expresse que ce pays conserve ses institutions, franchises et privilèges. De ce fait la ville de Tarascon devient française avec la Provence. Inaugurant son règne par un acte solennel le Roi de France, par lettres patentes de 1482, confirme à l'église de Sainte-Marthe et à la ville les privilèges que leur a octroyés " feu de bonne mémoire le Roi Clovis son prédécesseur qui a été principal fondateur d'ycelle église "; de plus il crée " en ycelle un corps ou collège pour y faire dire et célébrer perpétuellement solennel service et œuvres méritoires ".
XVI° siècle
1502 - Pont de Bateaux : Un passage à bac est établi entre Beaucaire et Tarascon, par lettres patentes du Roi Louis XII, le pont de bateaux étant à remplacer d'urgence.
1516 - François 1er : Le 3 février, François l er, Roi de France et Comte de Provence, revenant d'Italie après la victoire de Marignan, s'arrête à Tarascon, où il vénère le tombeau de Sainte-Marthe. Il est reçu sous un dais, à la porte de la Condamine, en grande pompe, au bruit de l'artillerie, par le Capitaine de la ville, le viguier et les Consuls. La reine Claude de France, sa femme, et sa sœur, la princesse Marguerite, accompagnent François 1er. Selon la coutume de l'époque, des tableaux vivants représentent des traits de l'histoire sainte et des sujets de morale dans les rues empruntées par le Roi pour se rendre à l'église; ils sont " de la façon " de René Hardoyn, seigneur de la Motte, nommé par le Conseil pour organiser ces spectacles dont les peuples et les grands sont alors si curieux. Le Roi descend avec sa suite au tombeau de Sainte-Marthe, et après avoir accompli ses dévotions, il reçoit les vœux et félicitations des habitants.
1529 - Hospice : En 1529, construction d'un hospice destiné aux pestiférés, au quartier des Capucins, dans l'ancien cimetière des Juifs; une maladrerie encore plus ancienne avait été construite au quartier Saint-Lazare; on y soignait les lépreux (une chapelle y était annexée, jusqu'à la fin du XVIII° siècle).
1536 - Parlement de Provence : Se repliant devant l'armée de Charles Quint, le Parlement de Provence se retire à Tarascon avant d'aller à Pont-Saint-Esprit. La ville lève une garnison de 500 hommes, sous le commandement de Rabadens, pour s'opposer à Charles Quint.
1561 : Cette année-là est érigée une croix comportant ce millésime et une image de Sainte Marthe, après Laurade, sur la gauche avant d'arriver à la Grande Roubine; cette croix fait alors la démarcation des diocèses d'Avignon et d'Arles.
1563 - Reliques de Sainte-Marthe : Les États de Provence, dans le but d'éviter une profanation qu'ils craignent imminente, décident que les reliques de Sainte-Marthe seront transférées à Marseille ou un autre lieu, pour les soustraire aux risques des guerres de religion. La ville ne veut à aucun prix accepter cette décision ni se dessaisir de ce dépôt sacré. Par délibérations des 25 et 30 mars, le Conseil municipal déclare fermement qu'il ne lui sera jamais ravi, et que la population tout entière se liguerait, le cas échéant, pour le défendre et le conserver; " tous les habitants se rendent sur leurs personnes, leurs biens et leur vie, caution pleiges et fidéjussaires de la sûreté de ce dépôt ".
1564 - Charles IX : Le 7 décembre 1564, le Roi Charles IX vient à Tarascon, regagnant Paris suivi de toute sa cour. On lui réserve une magnifique réception : arc de triomphe en buis, rues sablées sur le passage du Roi, jusqu'à l'église Sainte-Marthe. Pendant les trois jours passés par Charles IX en notre ville de grandes fêtes sont données en son honneur. (Arch. de Tarascon, délib. BB19).
1583 - Guerres de Religion : La ville, obligée de se tenir sur ses gardes pendant les guerres de religion, fait publier partout, dans les environs, " qu'aucune compagnie de pèlerins ne se mette en marche pour venir au tombeau de Sainte-Marthe " car nombreux sont les pèlerinages à cette époque. Les capitaines des portes refuseront l'entrée de la ville à tous les étrangers.
1586 - Tarascon Resistante : Le 7 mars 1586, le maréchal de Damville, Duc de Montmorency et gouverneur de Languedoc, veut s'emparer de Tarascon, usant de surprise et d'escalade. Mais rencontrant une vive résistance, il y renonce et se contente de bombarder le château.
1589 - Massacre Sous les Remparts : Le Comte de Carces attaque, sous les murs de la ville, d'Estampes et ses hommes, qui n'avaient pas été reçus à Tarascon parce qu'ils s'étaient déclarés contre le Roi. D'Estampes et ses soldats sont pris entre les murailles et l'armée de Carces. Il s'ensuit une affaire sanglante et de nombreux morts. Montmorency, instruit de la défaite de ses troupes, s'empare du passage de Tarascon.
1590 - La Ligue : La ligue met notre ville dans une situation très critique. Tarascon entretient trois frégates pour garder les passages du Rhône; cinq cents Corses sont à sa solde et tous les citoyens valides sont sous les armes. En ce temps de grande pénurie les femmes sacrifient leurs bijoux à la défense; c'est au plus fort des troubles de la Ligue; depuis trente ans le pays est continuellement en alerte : d'un côté les Huguenots du Languedoc, d'un autre côté les Ligueurs déjà maîtres de la Provence sauf les Baux et Tarascon dont ils dévastent le territoire. Mettant ces circonstances à profit, le Duc de Savoie, chef des Ligueurs en Provence, envoie l'un de ses lieutenants, le Comte de Castellane d'Ampus, pour s'emparer de la ville alors que certains habitants sont de connivence avec eux. Il est convenu que le 8 janvier, entre 8 et 9 heures du matin, un signal donné par la cloche de la chapelle de Notre-Dame de Bonaventure répété par celle de l'église de Saint-Jean-Baptiste toute proche, les factieux neutraliseraient le poste dé la porte Saint-Jean, la seule qui ne soit pas murée; les Ligueurs entreraient par cette porte qui doit leur être ouverte. Mot de ralliement " La mort ", car il n'y aura pas de quartier. Mais des circonstances imprévues empêchent la réussite du complot. Le 7 janvier au soir, un laboureur nommé Henry entré dans l'église des Prêcheurs s'y est trouvé enfermé; les conjurés y viennent aussi et n'ayant pas remarqué cette présence ils arrêtent les dernières dispositions de l'attaque du lendemain. Henry entend cela et s'empresse dès qu'il le peut d'alerter les consuls. Des mesures sont décidées aussitôt : on se saisit des conjurés qui sont livrés aux officiers du Roi. D'autre part, toutes les précautions sont prises aux abords de la porte Saint-Jean, les troupes disponibles sont rassemblées et le 8 au matin les signaux convenus sont donnés alors que 1.200 mousquetaires occupent tours et remparts, grenadiers et cuirassiers sont cachés dans le ravelin. Sans méfiance, d'Ampus, à la tête de ses troupes se précipite sur la place qu'il croit déjà tenir, mais il y trouve une défaite complète. Lui-même est atteint d'un coup d'arquebuse dont il meurt peu après. Privée de chef et décimée par le tir des défenseurs de la ville, son armée se retire en déroute. On fait ensuite le procès des Ligueurs; les coupables sont condamnés et pendus sur la place du Marché, à l'angle des rues Saint-Nicolas et du Refuge. La ville récompense Henry en lui remettant 500 écus d'or et il est aussi exonéré du droit de passage sa vie durant. Comme les Tarasconnais de l'époque donnent facilement des sobriquets, Henry reçoit celui de " la Mort " donné en souvenir du mot de ralliement des conspirateurs… La même année, Tarascon se prononce pour Henri IV contre le Duc d'Epernon.
1591 - La Trêve : En 1591, le Conseil délibère de faire une trêve avec les ennemis pour procéder aux semailles. La ville ne pouvant subvenir aux grandes dépenses : logement des gens de guerre, réparations aux fortifications, députe auprès du Roi les sieurs de Mottet et de la Grange pour obtenir des soulagements.
1592 - La Trêve : Trêve entre les délégués de Montpellier, Nîmes et Uzès en Languedoc, les villes de Tarascon et des Baux, d'une part, et le baron de Crozes pour et au nom de toutes les villes et lieux de la viguerie de Tarascon, d'autre part; les articles ont pour but d'empêcher que les paysans et les bestiaux soient enlevés aux travaux des champs, les ecclésiastiques, les femmes et les enfants soient emmenés comme prisonniers en otages, les denrées pillées pendant leur transport, etc... La dite trêve d'une durée de deux ans, signée en vertu des pouvoirs donnés au dit baron par la Cour de Parlement séant à Sisteron et par le Duc de Savoie, est passée au logis de Saint-Gabriel les Tarascon le 13 mars 1592, homologuée par arrêt du 6 mai suivant.
XVII° siècle 1600 - Église des Capucins : fondation des religieux Capucins dans l'hospice des pestiférés hors la ville, près la porte de la Condamine. L’église des Capucins est bâtie avec les pierres des anciennes chapelles de Saint- Clément et de Saint-Hervan " lesquelles servent plutôt de scandale que pour prier Dieu, où se rassemblent parfois des voleurs ou des malfaiteurs "; la première de ces chapelles, datant d'une époque très reculée se trouvait entre Saint-Gabriel et Laurade, le long de l'ancienne route d'Arles à Avignon, à l'angle même formé par la draille du pont du Gros-Buisson qui y aboutit; elle dépendait de Saint-Agricol d'Avignon qui en retirait la dîme; quant à la chapelle Saint-Hervan elle se trouvait à proximité du pont dit de Cure-Bourse, au quartier Saint-Hervan, entre la route de Boulbon et le lieu-dit " La Brêche "." Ces deux chapelles sont en si mauvais état que les Capucins obtiennent de l'archevêque d'Avignon la permission de les démolir pour en employer les pierres à la construction de leur couvent ". Leur église est bâtie sous le titre de Sainte-Marthe.
1611 - Le Duc de Guise : Le Duc de Guise, fils du gouverneur, est reçu à Tarascon par les Consuls et plusieurs gentilshommes; au cours de son séjour, deux ou trois jours, on fait courir la Tarasque en son honneur. On lui offre en présent des dragées, confitures et bougies; pendant les repas du Duc, plusieurs musiciens et chanteurs " sont employés sous la direction du maître de musique ".
1630 - Épidémie de Peste : La population souffre cruellement des ravages de la peste.
Avril 1640 - Épidémie de Peste : La peste faisait à Beaucaire de grands ravages, épreuve d'autant plus douloureuse qu'à la même époque, à Tarascon, la santé publique n'est pas altérée; les Beaucairois se recommandent à la protection de Sainte-Marthe, et obtiennent le 29 juillet, jour de sa fête, que des reliques soient exposées sur l'île de la Bartelasse, située entre les deux villes sœurs; " les deux peuples voisins se réunissent sur les rives du fleuve, ayant à leur tête les magistrats et les notables, priant avec foi Sainte-Marthe. " Cette journée est en effet pour la ville de Beaucaire le terme de son deuil. A dater de ce jour il n'y a plus de décès à déplorer dans cette ville désolée ". (Véran, " Vie de Sainte-Marthe ").
1642 - Le Cardinal de Richelieu : Le 10 mars 1642, le Cardinal de Richelieu fait envahir le Roussillon par une puissante armée dont Louis XIII prend le commandement, et commence le blocus de Perpignan, place espagnole. Le cardinal, venu pour suivre les opérations militaires, ne peut parvenir jusqu'à cette ville, retenu à Tarascon par la maladie du 12 juin au 17 août. " Le cardinal se faisait porter par des hommes dans son lit; il passa le Rhône et arriva à Tarascon; le bruit courut alors qu'il était mort, mais il montra ses bras pour détromper le peuple. Dans sa suite, qui était nombreuse, on remarquait le cardinal Mazarin, M. le prince de Bourbon, duc d'Enghien qui devint le Grand Condé, et d'autres seigneurs et prélats et d'un grand train. Il logea premièrement à la maison de M. du Puy, prosche le Rhone, puis à celle de M. Charles de " Frovençal,. escuyer, prosche le chasteau " (détruite par les bombardements de 1944, ainsi que le passage Richelieu qui reliait la place Sainte-Marthe et celle du Château). " Comme Richelieu ne sortait point de son lit, pour pouvoir commodément entrer dans cette maison près du château, on fit un pont de bois qui aboutissait extérieurement de la rue aux fenestres auxquelles on coupa les entre-deux pour le faire entrer couché dans son lit. Et l'on prit la maison contiguë qui est à M. Charles Prémont de Modène, seigneur de Pomérol, pour y loger la plus grande partie de son train, le reste étant logé dans les principales maisons de la ville, qui tenaient à honneur de les avoir. Ce fut là que, venant de Montfrin le 2 juillet, le roi Louis XIII vint visiter son ministre. C'était de Tarascon que le cardinal avait envoyé au Roi, à Narbonne, les preuves du complot contre la sûreté de l'État et la vie du ministre; dans ce complot étaient " compromis le Duc d'Orléans, le Duc de Bouillon, Cinq-Mars, de Thou, Chalais, etc... Deux d'entre eux, Cinq-Mars et de Thou, arrêtés à Narbonne, sont emprisonnés quelques jours au château de Tarascon. Le 2 juillet 1642, jour de la Visitation de Notre-Dame, eut lieu la consécration de la chapelle des Capucins; le cardinal de Richelieu en était le parrain; ses armes furent gravées au-dessus de la grande porte de l'église (qui sont " d'or à trois chevrons de gueules "). Le couvent reçut de la Maison du Cardinal un grand cheval pour faire tourner le puits à roue, plus, pour le départ du cardinal, quatre cents livres ". Le 3 juillet, mort à Coulongne de la reine Marie de Médicis, veuve d'Henri V et mère du roi Louis XIII. Le Cardinal de Richelieu fit faire ses funérailles dans l'église collégiale de Sainte-Marthe. Après avoir séjourné à Tarascon, et y avoir reçu de tous les ordres de la province les honneurs dus à son rang; Richelieu partit sur son lit qu'on sortit par les fenestres et pont de bois, et s'embarqua sur le Rhosne qu'il remonta jusqu'à Lyon et de là à Paris où il se fit porter ". Sur le Rhône " il était enfermé dans une sorte de cage dont on avait fait un appartement somptueux. Il traînait après lui, dans un bateau remorqué par le sien, ses deux prisonniers, Cinq-Mars et de Thou qui furent décapités à Lyon le 12 septembre suivant "
1652 - Tarascon Rebelle : En 1652, Louis XIV, Roi de France, remplace le Duc Louis de Valois par le Duc de Mercœur comme gouverneur de Provence. Toutes les villes de cette province présentent leurs compliments au nouveau gouverneur, sauf Toulon, Sisteron et Tarascon et les commandants des forteresses de Saint-Tropez et de la Tour d'Ambouc. Le Duc de Mercœur veut réduire à l'obéissance ces contestataires. Sisteron et la Tour d'Ambouc se rendent et le siège est alors mis devant le château de Tarascon qui résiste pendant quatorze jours et ne se rend qu'après avoir épuisé toutes ses munitions et obtenu des conditions honorables. Les murailles du château et la grande tour du Midi portent encore les traces de ce siège.
1686 - Mont de Piété : Le Parlement de Provence homologue les statuts du Mont de Piété. Cette association composée de quelques personnes charitables, a pour but, sous le vocable de Notre-Dame de Bon Secours, de soustraire les pauvres aux extorsions des usuriers. Son premier siège est la propre maison du chanoine Clerc de Molières (cité plus haut; par la suite le Mont de Piété est transféré rue Salaire, alors dénommée rue de Sallèle).
XVIII° siècle
1709 - Froid et Misère : Hiver très rigoureux causant une affreuse misère. Toutes les récoltes périssent, même de nombreux oliviers. La population est réduite aux dernières extrémités. Les notables apportent tout leur zèle pour veiller aux besoins des habitants et le chapitre de Sainte-Marthe n'hésite pas à engager le trésor de l'église pour le soulagement de la misère et de la famine. La même année, construction, à la Condamine, de l'église des Pères Trinitaires.
1718 - Les Casernes : Le projet de construire des casernes émanait de l'initiative du gouvernement de Louis XIV. Cependant il ne fut réalisé que sous le règne de son successeur. Après l'adjuration des travaux, donnée le 17 août 1718 à Lange Graye, Honoré Asquier sous la direction de Jean-Baptiste Franque (architecte), édifia un établissement militaire de cavalerie. Les Dragons de cavalerie occupèrent les lieux jusqu'en 1902 puis partirent pour Belfort. Ils furent remplacé par le onzième régiment de hussards jusqu'en 1914. De nos jours cette bâtisse accueille le centre de sélection n°9. Le 30 juin 2006, le quartier ferme définitivement ses portes, mettant fin à l’histoire militaire de Tarascon.
1720 - La Grande Peste : La grande peste (d'après les mémoires de Conrad Mouren, secrétaire de la communauté de Tarascon). " La ville de Marseille livrée au fléau a perdu 70.000 de ses habitants ( ... ), puis Aix, Toulon, Apt, Pertuis, Salon, les Martigues, Saint-Rémy, Arles et de nombreux villages. La contagion y fit des ravages semblables à ceux de Marseille. Tarascon, depuis le mois de juillet s'était garantie et jusques en septembre. Mais la peste y fut apportée par un poissonnier, vendant du poisson suspect en provenance des Martigues. On logea les suspects aux Augustins et on fit camper les malades aux environs des casernes, non encore achevées. La peste se fit sentir dans deux rues de la paroisse Saint-Jacques. On les barricada et on fit quarantaine pendant soixante-trois jours, au cours desquels la peste resta presque toujours enfermée dans ces deux rues. Les habitants, fermés dans leurs maisons avec défense d'en sortir, demandèrent qu'on leur accorda la consolation de voir la relique de Sainte-Marthe. Elle fut portée processionnellement dans toutes les rues. Cette procession n'était composée que de l'official, de trois ou quatre prêtres, de M. le chevalier de Preignes, commandant de la place en remplacement de M. de Caylus qui s'était réfugié à Frigolet. La prière du peuple fut exaucée: la contagion commença à diminuer si bien qu'un jour il n'y eut plus que 25 malades aux infirmeries. Le fléau finit à la fin du mois de septembre." Cette année 1720 est appelée " l'an de la peste "; les pertes causées par l'épidémie sont plus sensibles qu'en 1629, 1639, 1640, 1649 et 1650. 210 tarasconnais meurent de la peste. La statistique du département des Bouches-du-Rhône (T. 111-352) indique que les pertes s'élèvent pour la ville d'Aix à 7.000 sur une population de 24200 habitants; Arles : 7.000 sur 24.000; Saint-Rémy : 996 sur 2.500; Les Martigues : 2.150 sur 13.000; Salon : 700 sur 3.600. Le chiffre de 210 y est confirmé pour Tarascon sur 10.000 habitants. La disproportion est remarquable et ne peut être expliquée par les Tarasconnais que surnaturellement par l'intercession de Sainte-Marthe (ainsi qu'en 1650, délib. Conseil de Ville de cette dernière date).
1740 - Église Saint-Jacques : Construction de l'église Saint-Jacques, dont la bénédiction a lieu en 1745 (en remplacement d'une église vétuste, même vocable, située dans le voisinage).
1741 - Père Chérubin de Noves : Arrivée au couvent des Capucins du Père Chérubin de Noves. L'énumération de ses titres suffit à situer ce personnage dont le nom revient souvent dans les annales des Capucins et l'histoire locale : théologien du Roi de Pologne en cour de Rome, qualificateur du saint Office, consulteur des SS.CC. de l'Index, des Indulgences, et des Reliques, procureur général des Missions étrangères de France et d’Hibernie, custode de la Province de Provence. Il arrive à Tarascon après dix-huit ans d’absence en cour de Rome. Nous lisons dans les archives Capucines : " il a été visité de toute la noblesse des villes de Tarascon et de Beaucaire, des corps religieux et généralement de tout ce qui est de marque des personnes des deux villes. Quelques jours après son arrivée, Mgr le Comte Philippe de Noailles, grand d’Espagne de première classe, Prince de Poix, gouverneur des nobles château de Versailles, Marly et dépendances, colonel du régiment d'infanterie, est venu expressément en cette ville pour voir le T.R.P. Chérubin qui a eu toute sa confiance pendant son séjour à Paris. La joie qu'a procurée son arrivée a été générale dans toute la ville. A son arrivée et à son départ (pour Avignon) les consuls ont fait tirer les boîtes."
La révolution
Pendant la Révolution française, le château sert à emprisonner les opposants à la démocratie en attendant d'être guillotinés. Après la chute de Robespierre, des partisans de la Convention Montagagnarde y sont emprisonnés. Le 25 mai 1795, une centaine d'hommes masqués pénètre dans la prison et précipite les prisonniers jacobins dans le Rhône du haut des fenêtres. Le 13 octobre 1795 un décret d'amnistie générale est pris « pour les faits proprement relatifs à la Révolution ». En 1797 ce sont des royalistes qui sont à nouveau jetés en prison, puis massacrés par une bande de républicains.
Des tessons du Bronze final ont été trouvés dans un abri au lieu-dit de la Lèque, attestant d'un peuplement des Alpilles dès la Préhistoire. Au premier âge du fer, si les habitats préhistoriques des Alpilles continuent d'être habités pour la plupart, de nouveaux sites en hauteur, mais aussi en piémont, voire en plaine commencent à être colonisés. À Tarascon, on s'installe en bordure du Rhône, près de l'église Sainte-Marthe.
Lors de la seconde partie du premier âge du fer (VII°–VI° siècles av. J.-C.), la population, jusqu'alors essentiellement nomade, se sédentarise et se met à construire en dur. Le castrum se structure à la manière d'un village avec ses rues et ses maisons adossées. Le processus d'installation permanente est à mettre en parallèle avec l'intensification des échanges économiques avec les commerçants méditerranéens. En échange de produits de luxe, les habitants des Alpilles produisent des céréales et passent d'un état d'autarcie à une véritable économie d'échange.
Nerluc et l'Époque Gallo-romaine
Avant la domination romaine, la tribu des Salyens peuplait les bois et les marécages qui s'étendaient sur toute la contrée. Tarascon fut appelée Nerluc par certains chroniqueurs (de " niger lucus " bois noir). Son véritable nom, Tarascon, est cité par les auteurs anciens : Strabon, Pline, Ptolémée. Strabon écrivait : " De Nîmes aux Eaux chaudes de Sextius (Aix) on compte 53 milles en passant par Ugernum (Beaucaire) et Tarusco ". D'après le même auteur (14 ans avant notre ère), " la route qui venait de Narbonne à Nîmes, et franchissait le Rhône entre Ugernum et Tarusco bifurquait ici. D'un côté, on atteignait l'Italie par Aquae Sextiae et Antipolis; de l'autre, par Cabellio (Cavaillon), la Durance et les Alpes ".
Tarascon paraît avoir été originairement un comptoir fondé par les Marseillais postérieurement au passage d'Annibal. Après la prise de l'antique cité phocéenne par Jules César, Tarascon fut comprise dans la nouvelle province romaine, étant à la fois une position stratégique et un entrepôt commercial pour la navigation sur le Rhône. La voie saunière longeait la chaîne des Alpines passant par Glanum (Saint-Rémy), Saint-Etienne-du-Grès, Saint-Gabriel (Ernaginum), et aboutissait à Arles. Le "chemin romain " existe encore à Saint-Etienne-du-Grès, passant au pied de la colline Notre-Dame du Château; parallèlement à ce chemin on voit encore de loin en loin des vestiges de l'ancien aqueduc qui conduisait l'eau depuis Romanil jusqu'à Arles, pour l'alimentation de cette cité et les jeux nautiques qui s'y déroulaient. De nombreux débris antiques plus ou moins importants y ont été retrouvés, de même qu'au quartier Saint-Victor (au Pas-de-Bouquet) et à Saint-Gabriel : mosaïques, poteries, statuettes, trémies, urnes, monnaies, etc...
Saint-Gabriel (Ernaginum) était une station romaine d'une assez grande importance, sur la grande voie aurélienne, entre Arles et Saint-Rémy; un cours d'eau, au pied d'Ernaginum était le confluent de deux bras de la Durance, l'un venant de Châteaurenard, Maillane et Laurade, l'autre venant d'Orgon et Saint-Rémy. De là, ce cours d'eau se dirigeait vers Arles, d'où les étangs Désuviates le faisaient communiquer avec le canal de Marius et la mer, près de Fos. Le passage de la Durance à Laurade et Saint-Gabriel figure sur des actes officiels (" Enquête sur les limites de Tarascon du côté de Montpahon " - Arch. de Tarascon).
Vers l'an 74 avant Jésus-Christ, Tarascon prit une certaine extension en tant que comptoir commercial sur le Rhône. Un temple et une citadelle y furent construits.
Ier siècle - Sainte-Marthe - Évangélisation de la Provence
C'est depuis l'année 48 de notre ère que la religion du Christ fut enseignée dans notre pays par Sainte-Marthe, hôtesse de Jésus à Béthanie, venue en Provence avec son frère Lazare, sa sœur Marie Madeleine et les autres saints de Provence. Saint Jean affirme qu'elle fut témoin de la résurrection de son frère. Bien qu'elle offrit l'hospitalité à Jésus, on lui reprocha d'avoir été trop préoccupée par l'aspect matériel de son service.
La tradition nous apprend son débarquement au village devenu Notre-Dame-de-la-Mer puis les Saintes-Maries-de-la-Mer. C'est à l'époque de ses prédications à Tarascon que remonte la tradition de la Tarasque, monstre qu'elle vainquit miraculeusement. Le peuple demanda à Marthe de le délivrer de la bête. La sainte aurait alors dompté miraculeusement le dragon par un simple signe de croix. Une autre version de la légende rapporte que c'est en l'aspergeant d'eau bénite qu'elle le maîtrisa. Mais on s'entend pour dire qu'après la sainte intervention, le monstre devint doux comme un agneau. Marthe l'attacha avec sa ceinture et, docile comme un chien en laisse, la Tarasque fut livrée au peuple qui la fit périr à coups de lames et de pierres.
La fondation de la première église chrétienne remonterait vers l'an 50, consacrée par les évêques Trophime d'Arles, Maximin d'Aix, et Eutrope d'Orange. Sainte-Marthe mourut à Tarascon vers l'an 68.
Depuis lors, de nombreux pèlerins visitent la collégiale Sainte- Marthe, érigée à sa mémoire près du château du roi René .
V° siècle - Les Grandes Invasions - Clovis
Au moment des grandes invasions, à la chute de l'empire romain, les Vandales, les Burgondes, les Wisigoths se disputent la Provence; en 480, ces derniers détruisent Ernaginum dont les habitants se replient à Lansac et Tarascon. En l'an 500, ayant poursuivi les Burgondes dans Avignon qu'il assiège, Clovis, malade, vient demander sa guérison au tombeau de Sainte-Marthe, vénéré dans la région. L'ayant obtenue, et en témoignage de sa reconnaissance, il fait don à l'église de Sainte-Marthe d'un espace de terre " d'environ trois milles autour de Tarascon, tant d'un côté que de l'autre du Rhône, et décide qu'à l'avenir l'église et la ville ne seront soumises à aucune puissance laïque ". Ce régime municipal se conserve longtemps, les Comtes de Provence n'exerceront jamais que la haute juridiction et Tarascon se gouvernera par ses propres lois et consuls, fixant elle-même ses impôts, le mode de les percevoir, les établissements à créer. Privilèges et d'autres encore qui seront confirmés par les Rois, notamment Louis XI et Louis XIII (Archives de Tarascon, livre Rouge), et lettres patentes de Louis XII du 5 juillet 1506 et celles de Henri II de novembre 1553.
XI° siècle
Au XI° siècle, Tarascon devient un centre de navigation sur le Rhône et un point important de passage du fleuve. Le 17 des Calendes d'octobre 1096 - Les Églises Sainte-Marthe : Le pape Urbain II donne à Avignon une bulle sur laquelle il ratifie l'union déjà faite par Arbert, évêque de cette ville, au chapitre de Notre-Dame des Doms, des églises Sainte-Marthe de Tarascon (il s'agit là de l'église souterraine et de l'église supérieure; d'où l'appellation " les églises Sainte-Marthe "). Ainsi dès avant 1096 Tarascon faisait partie du diocèse d'Avignon. Et c'est au clergé de cette dernière ville qu'est confié le service des églises Sainte-Marthe.
XII° siècle :
1146 - Comte de Provence : En 1146, le vieux comte de Barcelone, Raymond Béranger, prince d'Aragon, tient dans l'île de Jarnègues un plaid où les gentilshommes de la Provence, au nombre d'environ quatre-vingt prêtent serment de fidélité au jeune comte de Provence, Raymond Béranger II, alors âgé de sept ans, son neveu. En 1161, Gantelmi Raymond, de Tarascon, est donné pour conseiller à Raymond Béranger II.
1176 - Traité de Paix : Disputes sanglantes entre Raymond Béranger V, comte de Toulouse, et Alphonse 1er, comte de Barcelone, Roi d'Aragon. Dans une conférence tenue à Tarascon, dans l'île de Gernica, ils signent un traité de paix, aux termes duquel la Provence passe dans les mains des Comtes de Barcelone.
Invasions Mérovingiennes et Sarrasines : Sous les Mérovingiens, les Sarrazins, traversant l'Espagne, avaient plusieurs fois envahi la Provence, incendiant les églises après les avoir pillées, brûlant les objets du culte; égorgeant les personnes consacrées à Dieu, profanant et dispersant les reliques. A l'abbaye de Lérins, par exemple, ils avaient tout ravagé, excepté les reliques que le prieur du monastère avait cachées pour les soustraire à leur fureur. Les habitants de Tarascon firent de même pour conserver celles de Sainte-Marthe, auxquelles ils tenaient tant; ils les enfouirent dans l'église souterraine, avec une tablette de marbre portant l'inscription " BEATA MARTHA IACET HIC ".
XIII° siècle
1202 - Privilèges Anciens des Tarasconnais : Alphonse II, Comte de Provence, dans une assemblée publique tenue à Tarascon, confirme les privilèges de cette ville et déclare qu'ils étaient acquis aux habitants par une coutume ancienne, et non par une mesure récente.
1220 - Templiers, Trinitaires et Dominicains : Les religieux Trinitaires succèdent aux Templiers dont la maison se trouve dans la rue du Temple (actuellement rue du Prolétariat). A leur tour, en 1233, les Dominicains s'établissent dans l'île de Gernica (aujourd'hui quartier Jarnèques); leur communauté va ensuite, en 1245, s'installer dans leur monastère, près la porte Saint- Jean Baptiste hors d'atteinte des crues du Rhône.
1248 - Louis IX : Au début d'août 1248, Louis IX, Roi de France, vint en pèlerinage au tombeau de Sainte-Marthe, en provenance de Paris (12 juin), La Roche de Glun ( juillet) et Avignon; il traverse le Rhône à Tarascon d'où il se rend à Aigues-Mortes pour s'embarquer à destination de la Terre Sainte.
1250 - Cloîtres des Cordeliers : En 1250, les Pères Cordeliers fondent leur couvent près la porte Madame (actuellement place F. Mistral); leur premier établissement était en Jarnègues.
1251 - Charles ler d'Anjou : Charles ler d'Anjou, Comte de Provence, par son mariage, le 31 janvier 1216, avec Béatrix de Provence, quatrième fille de Raymond Béranger IV, de retour de la croisade, vient attaquer la ville d'Arles; il établit son quartier général à Tarascon. Le 29 avril 1251, le Conseil des 120 députe huit des principaux citoyens pour proposer la paix au Comte; Charles ler reçoit leur soumission dans le château de Tarascon.
1254 - Pèlerinage de Louis IX et de Son Frère : Le Roi Louis IX avait épousé Marguerite de Provence, fille de Raymond Bérenger IV; Albert de Tarascon avait, avec Romée de Villeneuve, négocié ce mariage avec la reine Blanche, mère de Saint-Louis et Charles d'Anjou. Au retour de la Croisade, les deux frères, l'un Roi de France, l'autre Roi de Sicile et Comte de Provence, viennent ensemble en pèlerinage au tombeau de Sainte-Marthe, remerciant cette sainte de sa protection.
1272 - Monnaie Frappée à Tarascon : Un acte de Charles d'Anjou permet de battre monnaie à Tarascon " sur le même pied qu'à Tours-en-Touraine ".
XIV° siècle
1322-1325 - Rostagnetus de Tharascone, chevalier, fut viguier de Nice, conseiller municipal de Tarascon (1322 ; 1325) et descendant des anciens coseigneurs de la ville au XII° siècle.
1352 - Abbaye de Religieuses: Jean Gantelmi seigneur de Châteaurenard et de Romanil était sénéchal de Provence sous la reine Jeanne 1ere. Il fonde à Tarascon en 1352 et bâtit en 1358, en face du château, une abbaye de religieuses sous le titre de Sainte-Marie et Saint- Honorat. Jean Gantelmi leur donne tout ce qu'il possède à Boulbon et Mézoargues, et spécialement le fief de Campredon; ces territoires ne sont alors qu'un vaste marécage; les religieuses les dessèchent et font creuser le fossé d'écoulement depuis Campredon-Vieux (Boulbon) et passant dans le territoire de Mézoargues; ce fossé appelé plus tard " la Brassière " assèche tous les marais de Mézoargues et de Boulbon, leur donnant leur fertilité.
1359 - Château de Lansac : une Ordonnance du Roi Louis Comte de Provence et de la reine Jeanne, à la réquisition des habitants de Tarascon, contenant des plaintes contre les " Hospitaliers " qui avaient fait bâtir un château à Lansac, ordonne à ses officiers d’informer et de faire démolir le dit château. Du 3 novembre 1359. (Livre rouge, Arch. de Tarascon AA 9 F° 222 V°).
1366-1367, Guillaume Roverie était châtelain de Tarascon. Il percevait un salaire annuel de 90 florins.
1367 - Du Guesclin : deux princes convoitent la possession de la Provence : Jean de Gaud, Duc de Lancastre, second fils du Roi d'Angleterre, et Louis, Duc d'Anjou, gouverneur du Languedoc, frère du Roi Charles V. Bertrand Du Guesclin commande l'armée de Louis, composée de Français, d'Espagnols et des hommes d'Armagnac. Il vient assiéger Tarascon le 4 mars 1368 et y pénètre grâce à la trahison de quelques habitants. Il en résulte un très vif combat au cours duquel Du Guesclin fait prisonniers Bernard d'Anduze et Fouques d'Agoût. Après dix neufs jours de siège infructueux les ennemis se retirent et repassent le Rhône, non sans perdre Tarascon reprise par les troupes de Provence. Les traîtres qui avaient livré la ville sont alors enfermé au château d'Orgon.
1377 - Rue des Juifs : La reine Jeanne 1ere, renouvelant d'anciennes ordonnances, assigne aux Juifs la rue de la Juiverie comme résidence obligatoire, avec défense d'en sortir sous peine d'une amende considérable; mesures prises en vue de la paix publique et pour empêcher des rixes qui n’auraient pas manqué de se produire.
1379 - La Condamine : Construction de la porte de la Condamine. Flanquée de deux tours rondes jadis crénelées, c'est l'une des trois portes principales de l'ancien "Castrum" (ville ceinturée de remparts au Moyen Age).
1380, Guillaume de Sault était viguier-capitaine-châtelain de Tarascon. Gardien de sa forteresse, il était payé 100 florins d'or par année. Le 15 novembre 1385, il reçut de Marie de Blois don de la pension annuelle, confisquée au rebelle Imbert de Alamanono, en échange d'une partie des 1 000 florins d'or que la cour lui devait pour ses gages et les gens d'armes qu'il utilisa pendant la guerre. La mort de la reine Jeanne Ire ouvre une crise de succession à la tête du comté de Provence, les villes de l’Union d'Aix (1382-1387) soutenant Charles de Duras contre Louis Ier d'Anjou. Tarascon hésite avant d’adhérer à l’Union d’Aix, la communauté se décidant en 1383, sans s’engager très fermement. Lorsque Louis Ier meurt, Tarascon est d’ailleurs une des premières villes à recevoir Jacques de Reillanne, ambassadeur de sa veuve Marie de Blois, régente de Louis II d'Anjou, à l’été 1385. Cependant, elle avait prêté hommage à Charles de Duras en avril représenté par Raymond Savini, ancien évêque d'Apt. Les Tarasconnais favorables à la dynastie angevine sont exilés en 1385 et 1386. Finalement, la ville promet de se rallier le 11 septembre 1387, avant de prêter hommage le 10 décembre. De son côté, le châtelain de Tarascon, Carle Albe, soutenait le parti angevin dès le printemps 1382, ce soutien étant conditionné à la participation du duc à l’expédition de secours à la reine.
13 mars 1390 - Privilèges Confirmés : Il est passé entre la reine Marie, tutrice de son fils Louis XI, et la ville de Tarascon, un compromis remarquables. Parmi les différentes clauses, nous relevons : les habitants de Tarascon, prévenus de quelque délit, ne peuvent être jugés hors de cette ville, détenus dans des prisons hors de Tarascon, et même peuvent rester libre sous caution. Aucun habitant ne peut exercer la charge de viguier, juge, clavaire, secrétaire de justice ou du Comte. Par contre, le châtelain et les soldats du château du Comte, situé dans la ville, doivent tous être pris parmi les habitants et payés par le Comte. Ce dernier ne peut tenir garnison dans la ville qu'à la demande du conseil municipal. La monnaie continuera à être frappée à Tarascon, suivant la coutumes, les forts de Laurade et de Saint-Gabriel restent à la disposition des habitants ; si les représentants officiels du Comte attentent aux libertés des habitants, ces derniers ne les considèreront plus comme officiers publics, et ne leur obéiront que si les franchises sont rétablies. L'inviolabilité de ses privilèges est donc pour la ville la condition essentielle de sa au pouvoir de l'État. Elle est à cette époque, un état dont le pouvoir les mains de la communauté disposant d'elle-même et se gouvernant par ses lois. Les représentants de la communauté exerçant ensemble à droits égaux le pouvoir municipal, sont : les chevaliers ou gens de guerre appartenant à la noblesse; les bourgeois, vivant de leurs revenus; les artisans, exerçant une profession ou une industrie. Ces trois grandes classes de la population exercent chacune, à part égale, les pouvoirs délibératif et exécutif.
Le 14 septembre 1392 - Raymond de Turenne : le Conseil de ville ordonne qu'en vue des dangers possibles il est établi une garde entretenant des feux correspondant avec les châteaux voisins; ces derniers contribueraient aux frais de cette garde et des signaux (Châteaurenard notamment). En effet, depuis plus de dix ans une guerre intestine dure entre Raymond de Turenne et la Provence. Après une trêve, Raymond reprend les hostilités avec plus de violence, commettant toutes sortes de crimes : vols, incendies, homicides, viols, profanations d'églises, faisant même précipiter du haut du château des Baux plusieurs prisonniers. Le 22 septembre 1394, les États de Provence assemblés à Tarascon par le sénéchal de Provence commissaire du Roi Louis XI, prononcent contre Raymond de Turenne et ses complices un arrêt les condamnant aux peines établies en tel cas; et, quant ils se trouveraient au pouvoir des officiers du Roi, ils seraient condamnés à avoir la tête tranchée. Arrêt publié à Tarascon, par le Sénéchal, en présence de la reine Marie et des nobles convoqués dans ce but par mandement de la reine. Mais en vain; Raymond n'en demeure que plus violent. En 1397, les habitants de Tarascon et d'Arles s'unissent pour se défendre des incursions de ses gens et sauver leurs vendanges; ils conservent alors leurs récoltes, et défont 90 lanciers. Puis, sous la direction de Charles d'Albe ils battent 140 hommes d'armes et les obligent à repasser le Rhône. Cependant, après des revers, abandonné des siens, Raymond de Turenne, poursuivi par Charles du Maine, cherche à se sauver en Languedoc; étant sur les bords du Rhône près de Tarascon, avec quelques soldats, il veut se jeter précipitamment dans un bateau, mais tombe à l'eau et, emporté par le courant, il périt; " on ne sait point s'il fut enterré dans l'église Saint-Martial d'Avignon, ou si le tombeau qu'on y voit n'est qu'un simple cénotaphe élevé en son honneur "; plusieurs soldats de sa suite subissent aussi la noyade ou sont taillés en pièces. En 1399, les troubles ayant cessé, les prélats, gentilshommes et communautés de Provence rendent hommage à Louis Il Comte de Provence, dans la ville de Tarascon, où s'assemblent les " commissaires députés ".
XV° siècle
1400 - Château de Tarascon : Les travaux de sa construction débutent en 1400 sous Louis II d'Anjou et sont achevés en 1449 par son fils, le roi René, sous la conduite de Guillaume Crespin, capitaine du château, et de son lieutenant, Regnault de Serocourt, son proche parent. Doté d'un impressionnant système défensif, l'édifice abrite également une résidence princière.
1406 - Benoit XIII : En 1406, le pape Benoît XIII publie à Tarascon la bulle où il semble s'engager à renoncer à la papauté et celle où il promet de convoquer un concile dans ce même but.
1427 - Trahison : Alphonse, Roi d'Aragon, compétiteur de la dynastie d'Anjou au trône de Naples, avait su se faire des partisans en Provence. Une poignée de factieux tente, le 12 juin 1427, de lui livrer le château de Tarascon. Ses troupes sont commandées par un espagnol qui, habitant le pays depuis quelques temps et répandant à profusion l'or de son souverain, est parvenu à organiser la trahison. Tandis que la population se livre à des réjouissances aux abords du château dont le pont-levis est baissé, les conjurés s'emparent de la forteresse. Mais peu après, appelés par le tocsin, les Tarasconnais la reprennent et taillent en pièces les assiégés; l’espagnol auteur de la trahison périt et son cadavre est exposé à un gibet devant la porte du château. Quatre Tarasconnais convaincus de complicité sont condamnés à la pendaison.
1432 - Première Digue : Construction de la " chaussée ", depuis la ville jusqu'au " Pas-de-Bouquet " à la chapelle de Saint-Victor; défense du territoire contre les inondations du Rhône (cette chaussée devait mesurer 6 cannes de largeur; une canne = 1,9726 m).
1437 - Le Roi René en son Château : René d'Anjou, Duc de Lorraine et de Bar, est prisonnier du Duc de Bourgogne quant il est appelé au trône de Provence à la mort de Jeanne II et de Louis III. Enfermé d'abord au château de Bracon sur Salins, il est ensuite emprisonné à Dijon. Dans l'impossibilité de gouverner ses états, il en confie l'administration à son épouse Isabelle de Lorraine. Celle-ci par la suite, est obligée de se réfugier à Tarascon pour soustraire ses enfants aux atteintes de la peste qui ravage Aix. Charmée par l'aspect du château et connaissant les goûts de René, elle en fait peindre quelques vues par un peintre habile et les fait porter au Roi prisonnier dans la tour de Bar à Dijon. René mis en liberté sur parole contre une dure rançon, - fruits des sacrifices des Provençaux -, s'arrête d'abord à Arles où il goûte les témoignages d'affection de son peuple et vient ensuite à Tarascon en son château. Ravi de la position et de l'architecture de l'édifice, il y fait effectuer des modifications et améliorations nouvelles et manifeste le désir d'y revenir souvent.
1447 - Louis XI : Encore dauphin, il vient pour la première fois à Tarascon, vénérer le tombeau de Sainte-Marthe qu'il honorera à plusieurs reprises de ses libéralités.
1449 - La Cour du Roi rené: Au printemps de 1449 le Roi René fixe sa cour au château de Tarascon après la perte du royaume de Naples et les vicissitudes des guerres d'Italie. S'étant fixé successivement en ses résidences d'Aix et d'Angers, il s'occupe à Tarascon du bien-être de ses sujets, affranchit son peuple de la plus grande partie de ses impôts pendant un an, à la suite d'une extrême sécheresse ayant fait périr toutes les récoltes
1454 - La Châsse d'Argent de Sainte-Marthe : Malgré les riches offrandes qu'on apporte depuis des années au tombeau de Sainte-Marthe, les reliques de la sainte patronne de Tarascon reposent toujours derrière l'autel de la crypte, dans le modeste sarcophage de pierre du XII° siècle. Pour augmenter encore la dévotion des peuples, les consuls de la ville font exécuter une châsse d'argent doré pour y placer le chef de Sainte-Marthe. Cette châsse, exécutée en trois ans de travail par Maître Etienne Dandelot, représente le buste de la sainte; " tout autour, sa vie, en relief d'argent, et le tout porté par quatre figures de la Tarasque ". La translation des reliques, fixée au 10 août 1458, est annoncée aux habitants par un héraut public. La cérémonie se déroule en grande pompe, en présence du Roi René, de son épouse Jeanne de Laval, de sa fille la princesse Yolande, du sénéchal de Provence Frédéric de Lorraine son gendre et de toute la cour avec l'élite du pays et un grand concours de peuple.
1474 - Création de l'Ordre des Chevaliers de la Tarasque : Le 14 avril, le Roi René institue et réglemente les courses et fêtes de la Tarasque auxquelles participeront tous les corps de métiers. C' est à l'origine une procession au cours de laquelle on promène de par la ville, une effigie en carton de la Tarasque. Elle est portée par seize chevaliers de l'Ordre dont huit se trouvent dans le corps de la bête, prêtant vie au monstre et symbolisant les victimes qu'elle a avalées. Les autres chevaliers représentent les fondateurs de la ville.
1481 - Mort de Charles III - Louis XI : Le 11 décembre 1481, Charles III, neveu et héritier de René, meurt à son tour sans enfant, instituant pour son propre héritier au comté de Provence son cousin Louis XI à la condition expresse que ce pays conserve ses institutions, franchises et privilèges. De ce fait la ville de Tarascon devient française avec la Provence. Inaugurant son règne par un acte solennel le Roi de France, par lettres patentes de 1482, confirme à l'église de Sainte-Marthe et à la ville les privilèges que leur a octroyés " feu de bonne mémoire le Roi Clovis son prédécesseur qui a été principal fondateur d'ycelle église "; de plus il crée " en ycelle un corps ou collège pour y faire dire et célébrer perpétuellement solennel service et œuvres méritoires ".
XVI° siècle
1502 - Pont de Bateaux : Un passage à bac est établi entre Beaucaire et Tarascon, par lettres patentes du Roi Louis XII, le pont de bateaux étant à remplacer d'urgence.
1516 - François 1er : Le 3 février, François l er, Roi de France et Comte de Provence, revenant d'Italie après la victoire de Marignan, s'arrête à Tarascon, où il vénère le tombeau de Sainte-Marthe. Il est reçu sous un dais, à la porte de la Condamine, en grande pompe, au bruit de l'artillerie, par le Capitaine de la ville, le viguier et les Consuls. La reine Claude de France, sa femme, et sa sœur, la princesse Marguerite, accompagnent François 1er. Selon la coutume de l'époque, des tableaux vivants représentent des traits de l'histoire sainte et des sujets de morale dans les rues empruntées par le Roi pour se rendre à l'église; ils sont " de la façon " de René Hardoyn, seigneur de la Motte, nommé par le Conseil pour organiser ces spectacles dont les peuples et les grands sont alors si curieux. Le Roi descend avec sa suite au tombeau de Sainte-Marthe, et après avoir accompli ses dévotions, il reçoit les vœux et félicitations des habitants.
1529 - Hospice : En 1529, construction d'un hospice destiné aux pestiférés, au quartier des Capucins, dans l'ancien cimetière des Juifs; une maladrerie encore plus ancienne avait été construite au quartier Saint-Lazare; on y soignait les lépreux (une chapelle y était annexée, jusqu'à la fin du XVIII° siècle).
1536 - Parlement de Provence : Se repliant devant l'armée de Charles Quint, le Parlement de Provence se retire à Tarascon avant d'aller à Pont-Saint-Esprit. La ville lève une garnison de 500 hommes, sous le commandement de Rabadens, pour s'opposer à Charles Quint.
1561 : Cette année-là est érigée une croix comportant ce millésime et une image de Sainte Marthe, après Laurade, sur la gauche avant d'arriver à la Grande Roubine; cette croix fait alors la démarcation des diocèses d'Avignon et d'Arles.
1563 - Reliques de Sainte-Marthe : Les États de Provence, dans le but d'éviter une profanation qu'ils craignent imminente, décident que les reliques de Sainte-Marthe seront transférées à Marseille ou un autre lieu, pour les soustraire aux risques des guerres de religion. La ville ne veut à aucun prix accepter cette décision ni se dessaisir de ce dépôt sacré. Par délibérations des 25 et 30 mars, le Conseil municipal déclare fermement qu'il ne lui sera jamais ravi, et que la population tout entière se liguerait, le cas échéant, pour le défendre et le conserver; " tous les habitants se rendent sur leurs personnes, leurs biens et leur vie, caution pleiges et fidéjussaires de la sûreté de ce dépôt ".
1564 - Charles IX : Le 7 décembre 1564, le Roi Charles IX vient à Tarascon, regagnant Paris suivi de toute sa cour. On lui réserve une magnifique réception : arc de triomphe en buis, rues sablées sur le passage du Roi, jusqu'à l'église Sainte-Marthe. Pendant les trois jours passés par Charles IX en notre ville de grandes fêtes sont données en son honneur. (Arch. de Tarascon, délib. BB19).
1583 - Guerres de Religion : La ville, obligée de se tenir sur ses gardes pendant les guerres de religion, fait publier partout, dans les environs, " qu'aucune compagnie de pèlerins ne se mette en marche pour venir au tombeau de Sainte-Marthe " car nombreux sont les pèlerinages à cette époque. Les capitaines des portes refuseront l'entrée de la ville à tous les étrangers.
1586 - Tarascon Resistante : Le 7 mars 1586, le maréchal de Damville, Duc de Montmorency et gouverneur de Languedoc, veut s'emparer de Tarascon, usant de surprise et d'escalade. Mais rencontrant une vive résistance, il y renonce et se contente de bombarder le château.
1589 - Massacre Sous les Remparts : Le Comte de Carces attaque, sous les murs de la ville, d'Estampes et ses hommes, qui n'avaient pas été reçus à Tarascon parce qu'ils s'étaient déclarés contre le Roi. D'Estampes et ses soldats sont pris entre les murailles et l'armée de Carces. Il s'ensuit une affaire sanglante et de nombreux morts. Montmorency, instruit de la défaite de ses troupes, s'empare du passage de Tarascon.
1590 - La Ligue : La ligue met notre ville dans une situation très critique. Tarascon entretient trois frégates pour garder les passages du Rhône; cinq cents Corses sont à sa solde et tous les citoyens valides sont sous les armes. En ce temps de grande pénurie les femmes sacrifient leurs bijoux à la défense; c'est au plus fort des troubles de la Ligue; depuis trente ans le pays est continuellement en alerte : d'un côté les Huguenots du Languedoc, d'un autre côté les Ligueurs déjà maîtres de la Provence sauf les Baux et Tarascon dont ils dévastent le territoire. Mettant ces circonstances à profit, le Duc de Savoie, chef des Ligueurs en Provence, envoie l'un de ses lieutenants, le Comte de Castellane d'Ampus, pour s'emparer de la ville alors que certains habitants sont de connivence avec eux. Il est convenu que le 8 janvier, entre 8 et 9 heures du matin, un signal donné par la cloche de la chapelle de Notre-Dame de Bonaventure répété par celle de l'église de Saint-Jean-Baptiste toute proche, les factieux neutraliseraient le poste dé la porte Saint-Jean, la seule qui ne soit pas murée; les Ligueurs entreraient par cette porte qui doit leur être ouverte. Mot de ralliement " La mort ", car il n'y aura pas de quartier. Mais des circonstances imprévues empêchent la réussite du complot. Le 7 janvier au soir, un laboureur nommé Henry entré dans l'église des Prêcheurs s'y est trouvé enfermé; les conjurés y viennent aussi et n'ayant pas remarqué cette présence ils arrêtent les dernières dispositions de l'attaque du lendemain. Henry entend cela et s'empresse dès qu'il le peut d'alerter les consuls. Des mesures sont décidées aussitôt : on se saisit des conjurés qui sont livrés aux officiers du Roi. D'autre part, toutes les précautions sont prises aux abords de la porte Saint-Jean, les troupes disponibles sont rassemblées et le 8 au matin les signaux convenus sont donnés alors que 1.200 mousquetaires occupent tours et remparts, grenadiers et cuirassiers sont cachés dans le ravelin. Sans méfiance, d'Ampus, à la tête de ses troupes se précipite sur la place qu'il croit déjà tenir, mais il y trouve une défaite complète. Lui-même est atteint d'un coup d'arquebuse dont il meurt peu après. Privée de chef et décimée par le tir des défenseurs de la ville, son armée se retire en déroute. On fait ensuite le procès des Ligueurs; les coupables sont condamnés et pendus sur la place du Marché, à l'angle des rues Saint-Nicolas et du Refuge. La ville récompense Henry en lui remettant 500 écus d'or et il est aussi exonéré du droit de passage sa vie durant. Comme les Tarasconnais de l'époque donnent facilement des sobriquets, Henry reçoit celui de " la Mort " donné en souvenir du mot de ralliement des conspirateurs… La même année, Tarascon se prononce pour Henri IV contre le Duc d'Epernon.
1591 - La Trêve : En 1591, le Conseil délibère de faire une trêve avec les ennemis pour procéder aux semailles. La ville ne pouvant subvenir aux grandes dépenses : logement des gens de guerre, réparations aux fortifications, députe auprès du Roi les sieurs de Mottet et de la Grange pour obtenir des soulagements.
1592 - La Trêve : Trêve entre les délégués de Montpellier, Nîmes et Uzès en Languedoc, les villes de Tarascon et des Baux, d'une part, et le baron de Crozes pour et au nom de toutes les villes et lieux de la viguerie de Tarascon, d'autre part; les articles ont pour but d'empêcher que les paysans et les bestiaux soient enlevés aux travaux des champs, les ecclésiastiques, les femmes et les enfants soient emmenés comme prisonniers en otages, les denrées pillées pendant leur transport, etc... La dite trêve d'une durée de deux ans, signée en vertu des pouvoirs donnés au dit baron par la Cour de Parlement séant à Sisteron et par le Duc de Savoie, est passée au logis de Saint-Gabriel les Tarascon le 13 mars 1592, homologuée par arrêt du 6 mai suivant.
XVII° siècle 1600 - Église des Capucins : fondation des religieux Capucins dans l'hospice des pestiférés hors la ville, près la porte de la Condamine. L’église des Capucins est bâtie avec les pierres des anciennes chapelles de Saint- Clément et de Saint-Hervan " lesquelles servent plutôt de scandale que pour prier Dieu, où se rassemblent parfois des voleurs ou des malfaiteurs "; la première de ces chapelles, datant d'une époque très reculée se trouvait entre Saint-Gabriel et Laurade, le long de l'ancienne route d'Arles à Avignon, à l'angle même formé par la draille du pont du Gros-Buisson qui y aboutit; elle dépendait de Saint-Agricol d'Avignon qui en retirait la dîme; quant à la chapelle Saint-Hervan elle se trouvait à proximité du pont dit de Cure-Bourse, au quartier Saint-Hervan, entre la route de Boulbon et le lieu-dit " La Brêche "." Ces deux chapelles sont en si mauvais état que les Capucins obtiennent de l'archevêque d'Avignon la permission de les démolir pour en employer les pierres à la construction de leur couvent ". Leur église est bâtie sous le titre de Sainte-Marthe.
1611 - Le Duc de Guise : Le Duc de Guise, fils du gouverneur, est reçu à Tarascon par les Consuls et plusieurs gentilshommes; au cours de son séjour, deux ou trois jours, on fait courir la Tarasque en son honneur. On lui offre en présent des dragées, confitures et bougies; pendant les repas du Duc, plusieurs musiciens et chanteurs " sont employés sous la direction du maître de musique ".
1630 - Épidémie de Peste : La population souffre cruellement des ravages de la peste.
Avril 1640 - Épidémie de Peste : La peste faisait à Beaucaire de grands ravages, épreuve d'autant plus douloureuse qu'à la même époque, à Tarascon, la santé publique n'est pas altérée; les Beaucairois se recommandent à la protection de Sainte-Marthe, et obtiennent le 29 juillet, jour de sa fête, que des reliques soient exposées sur l'île de la Bartelasse, située entre les deux villes sœurs; " les deux peuples voisins se réunissent sur les rives du fleuve, ayant à leur tête les magistrats et les notables, priant avec foi Sainte-Marthe. " Cette journée est en effet pour la ville de Beaucaire le terme de son deuil. A dater de ce jour il n'y a plus de décès à déplorer dans cette ville désolée ". (Véran, " Vie de Sainte-Marthe ").
1642 - Le Cardinal de Richelieu : Le 10 mars 1642, le Cardinal de Richelieu fait envahir le Roussillon par une puissante armée dont Louis XIII prend le commandement, et commence le blocus de Perpignan, place espagnole. Le cardinal, venu pour suivre les opérations militaires, ne peut parvenir jusqu'à cette ville, retenu à Tarascon par la maladie du 12 juin au 17 août. " Le cardinal se faisait porter par des hommes dans son lit; il passa le Rhône et arriva à Tarascon; le bruit courut alors qu'il était mort, mais il montra ses bras pour détromper le peuple. Dans sa suite, qui était nombreuse, on remarquait le cardinal Mazarin, M. le prince de Bourbon, duc d'Enghien qui devint le Grand Condé, et d'autres seigneurs et prélats et d'un grand train. Il logea premièrement à la maison de M. du Puy, prosche le Rhone, puis à celle de M. Charles de " Frovençal,. escuyer, prosche le chasteau " (détruite par les bombardements de 1944, ainsi que le passage Richelieu qui reliait la place Sainte-Marthe et celle du Château). " Comme Richelieu ne sortait point de son lit, pour pouvoir commodément entrer dans cette maison près du château, on fit un pont de bois qui aboutissait extérieurement de la rue aux fenestres auxquelles on coupa les entre-deux pour le faire entrer couché dans son lit. Et l'on prit la maison contiguë qui est à M. Charles Prémont de Modène, seigneur de Pomérol, pour y loger la plus grande partie de son train, le reste étant logé dans les principales maisons de la ville, qui tenaient à honneur de les avoir. Ce fut là que, venant de Montfrin le 2 juillet, le roi Louis XIII vint visiter son ministre. C'était de Tarascon que le cardinal avait envoyé au Roi, à Narbonne, les preuves du complot contre la sûreté de l'État et la vie du ministre; dans ce complot étaient " compromis le Duc d'Orléans, le Duc de Bouillon, Cinq-Mars, de Thou, Chalais, etc... Deux d'entre eux, Cinq-Mars et de Thou, arrêtés à Narbonne, sont emprisonnés quelques jours au château de Tarascon. Le 2 juillet 1642, jour de la Visitation de Notre-Dame, eut lieu la consécration de la chapelle des Capucins; le cardinal de Richelieu en était le parrain; ses armes furent gravées au-dessus de la grande porte de l'église (qui sont " d'or à trois chevrons de gueules "). Le couvent reçut de la Maison du Cardinal un grand cheval pour faire tourner le puits à roue, plus, pour le départ du cardinal, quatre cents livres ". Le 3 juillet, mort à Coulongne de la reine Marie de Médicis, veuve d'Henri V et mère du roi Louis XIII. Le Cardinal de Richelieu fit faire ses funérailles dans l'église collégiale de Sainte-Marthe. Après avoir séjourné à Tarascon, et y avoir reçu de tous les ordres de la province les honneurs dus à son rang; Richelieu partit sur son lit qu'on sortit par les fenestres et pont de bois, et s'embarqua sur le Rhosne qu'il remonta jusqu'à Lyon et de là à Paris où il se fit porter ". Sur le Rhône " il était enfermé dans une sorte de cage dont on avait fait un appartement somptueux. Il traînait après lui, dans un bateau remorqué par le sien, ses deux prisonniers, Cinq-Mars et de Thou qui furent décapités à Lyon le 12 septembre suivant "
1652 - Tarascon Rebelle : En 1652, Louis XIV, Roi de France, remplace le Duc Louis de Valois par le Duc de Mercœur comme gouverneur de Provence. Toutes les villes de cette province présentent leurs compliments au nouveau gouverneur, sauf Toulon, Sisteron et Tarascon et les commandants des forteresses de Saint-Tropez et de la Tour d'Ambouc. Le Duc de Mercœur veut réduire à l'obéissance ces contestataires. Sisteron et la Tour d'Ambouc se rendent et le siège est alors mis devant le château de Tarascon qui résiste pendant quatorze jours et ne se rend qu'après avoir épuisé toutes ses munitions et obtenu des conditions honorables. Les murailles du château et la grande tour du Midi portent encore les traces de ce siège.
1686 - Mont de Piété : Le Parlement de Provence homologue les statuts du Mont de Piété. Cette association composée de quelques personnes charitables, a pour but, sous le vocable de Notre-Dame de Bon Secours, de soustraire les pauvres aux extorsions des usuriers. Son premier siège est la propre maison du chanoine Clerc de Molières (cité plus haut; par la suite le Mont de Piété est transféré rue Salaire, alors dénommée rue de Sallèle).
XVIII° siècle
1709 - Froid et Misère : Hiver très rigoureux causant une affreuse misère. Toutes les récoltes périssent, même de nombreux oliviers. La population est réduite aux dernières extrémités. Les notables apportent tout leur zèle pour veiller aux besoins des habitants et le chapitre de Sainte-Marthe n'hésite pas à engager le trésor de l'église pour le soulagement de la misère et de la famine. La même année, construction, à la Condamine, de l'église des Pères Trinitaires.
1718 - Les Casernes : Le projet de construire des casernes émanait de l'initiative du gouvernement de Louis XIV. Cependant il ne fut réalisé que sous le règne de son successeur. Après l'adjuration des travaux, donnée le 17 août 1718 à Lange Graye, Honoré Asquier sous la direction de Jean-Baptiste Franque (architecte), édifia un établissement militaire de cavalerie. Les Dragons de cavalerie occupèrent les lieux jusqu'en 1902 puis partirent pour Belfort. Ils furent remplacé par le onzième régiment de hussards jusqu'en 1914. De nos jours cette bâtisse accueille le centre de sélection n°9. Le 30 juin 2006, le quartier ferme définitivement ses portes, mettant fin à l’histoire militaire de Tarascon.
1720 - La Grande Peste : La grande peste (d'après les mémoires de Conrad Mouren, secrétaire de la communauté de Tarascon). " La ville de Marseille livrée au fléau a perdu 70.000 de ses habitants ( ... ), puis Aix, Toulon, Apt, Pertuis, Salon, les Martigues, Saint-Rémy, Arles et de nombreux villages. La contagion y fit des ravages semblables à ceux de Marseille. Tarascon, depuis le mois de juillet s'était garantie et jusques en septembre. Mais la peste y fut apportée par un poissonnier, vendant du poisson suspect en provenance des Martigues. On logea les suspects aux Augustins et on fit camper les malades aux environs des casernes, non encore achevées. La peste se fit sentir dans deux rues de la paroisse Saint-Jacques. On les barricada et on fit quarantaine pendant soixante-trois jours, au cours desquels la peste resta presque toujours enfermée dans ces deux rues. Les habitants, fermés dans leurs maisons avec défense d'en sortir, demandèrent qu'on leur accorda la consolation de voir la relique de Sainte-Marthe. Elle fut portée processionnellement dans toutes les rues. Cette procession n'était composée que de l'official, de trois ou quatre prêtres, de M. le chevalier de Preignes, commandant de la place en remplacement de M. de Caylus qui s'était réfugié à Frigolet. La prière du peuple fut exaucée: la contagion commença à diminuer si bien qu'un jour il n'y eut plus que 25 malades aux infirmeries. Le fléau finit à la fin du mois de septembre." Cette année 1720 est appelée " l'an de la peste "; les pertes causées par l'épidémie sont plus sensibles qu'en 1629, 1639, 1640, 1649 et 1650. 210 tarasconnais meurent de la peste. La statistique du département des Bouches-du-Rhône (T. 111-352) indique que les pertes s'élèvent pour la ville d'Aix à 7.000 sur une population de 24200 habitants; Arles : 7.000 sur 24.000; Saint-Rémy : 996 sur 2.500; Les Martigues : 2.150 sur 13.000; Salon : 700 sur 3.600. Le chiffre de 210 y est confirmé pour Tarascon sur 10.000 habitants. La disproportion est remarquable et ne peut être expliquée par les Tarasconnais que surnaturellement par l'intercession de Sainte-Marthe (ainsi qu'en 1650, délib. Conseil de Ville de cette dernière date).
1740 - Église Saint-Jacques : Construction de l'église Saint-Jacques, dont la bénédiction a lieu en 1745 (en remplacement d'une église vétuste, même vocable, située dans le voisinage).
1741 - Père Chérubin de Noves : Arrivée au couvent des Capucins du Père Chérubin de Noves. L'énumération de ses titres suffit à situer ce personnage dont le nom revient souvent dans les annales des Capucins et l'histoire locale : théologien du Roi de Pologne en cour de Rome, qualificateur du saint Office, consulteur des SS.CC. de l'Index, des Indulgences, et des Reliques, procureur général des Missions étrangères de France et d’Hibernie, custode de la Province de Provence. Il arrive à Tarascon après dix-huit ans d’absence en cour de Rome. Nous lisons dans les archives Capucines : " il a été visité de toute la noblesse des villes de Tarascon et de Beaucaire, des corps religieux et généralement de tout ce qui est de marque des personnes des deux villes. Quelques jours après son arrivée, Mgr le Comte Philippe de Noailles, grand d’Espagne de première classe, Prince de Poix, gouverneur des nobles château de Versailles, Marly et dépendances, colonel du régiment d'infanterie, est venu expressément en cette ville pour voir le T.R.P. Chérubin qui a eu toute sa confiance pendant son séjour à Paris. La joie qu'a procurée son arrivée a été générale dans toute la ville. A son arrivée et à son départ (pour Avignon) les consuls ont fait tirer les boîtes."
La révolution
Pendant la Révolution française, le château sert à emprisonner les opposants à la démocratie en attendant d'être guillotinés. Après la chute de Robespierre, des partisans de la Convention Montagagnarde y sont emprisonnés. Le 25 mai 1795, une centaine d'hommes masqués pénètre dans la prison et précipite les prisonniers jacobins dans le Rhône du haut des fenêtres. Le 13 octobre 1795 un décret d'amnistie générale est pris « pour les faits proprement relatifs à la Révolution ». En 1797 ce sont des royalistes qui sont à nouveau jetés en prison, puis massacrés par une bande de républicains.