Mise à jour du 22/08/2024
Sommieres
Entre Méditerranée et Cévennes, Sommières, véritable carrefour de commerce et de communication à travers les siècles, est de nos jours une cité médiévale qui a su garder son authenticité.
Elle s’est développée au fil des siècles, grâce à ses foires renommées et le marché hebdomadaire à partir de la période médiévale.
Les richesses architecturales, le pont habité, son château ou des hôtels particuliers témoignent d’un passé très riche et contribuent aux attraits de Sommières et en font une cité singulière, très attractive, agréable à vivre et dynamique. L’histoire de Sommières est dense et passionnante. Elle a forgé le caractère des habitants tout comme les Vidourlades, les crues de ce fleuve capricieux, qui sont parfois terribles. L’histoire du Moyen Âge et des autres périodes historiques est retranscrite à l’aide d’un parcours historique à travers les ruelles et places.
Pont Romain : Bien souvent, avant d'entrer dans l'enceinte de la ville de Sommières, on emprunte ce pont. C'est un véritable trésor qui se cache sous nos pieds. C'est en réalité un pont antique vieux de 2000 ans (de l'an 19 à 31) qui est foulé chaque jour et qui a la particularité d'être un des rares pont habité encore préservé en Europe.
Le pont romain dit « de Tibère » sur le Vidourle a été construit au pied de l'oppidum de Villevieille. La pierre employée venait de la carrière de Pondres. Après le Pont du Gard, il s'agit de l'un des monuments de ce type parmi les mieux conservés du monde romain bien que très restauré au XVIII° siècle notamment par l'ingénieur Pitot, il est l'un des rares ponts encore habités en Europe. Doté de portes au Moyen Âge, dont l'une est l'actuelle tour de l'horloge et en grande partie intégré dans la ville au cours du Moyen Âge. Seul 7 arches sont visibles sur un total de plus de 20 à l'origine. Son tablier, à l'origine en léger dos d'âne, fut aplani au XIX° siècle et des rambardes en fonte de fer furent installées en lieu et place des parapets de pierres. Ce vénérable pont est très souvent malmené lors des terribles crues du Vidourle appelées ici Vidourlades. Une des dernières en date, celle « historique » des 8 et 9 septembre 2002, a atteint, en amont du pont, une cote inédite de l'ordre de 8 mètres; l'eau passant de manière spectaculaire sur le tablier (40 à 50 cm) à travers les rambardes. En fait, le débit du fleuve, au plus fort de cette crue, a été estimé, après coup, au chiffre record de 2 600 m3/s environ. Mais la configuration de la traversée du fleuve dans la ville (1 km d'étalement des eaux) rend ces estimations bien complexes et aléatoires.
Le beffroi : Cette tour fortifiée, dominant directement le Vidourle, jouxtant l'hôtel de ville, dans l'axe du pont, constituait une des entrées de la ville médiévale et comportait un pendant plus modeste ("la gleizette", effondrée lors d'une violente crue au début du XVIII° siècle) à l'autre extrémité du pont romain ainsi que l'atteste le blason de la ville qui y est sculpté tout comme diverses gravures antérieures au XIX° siècle. Porte ogivale, sa terrasse est surmontée d'une petite tourelle circulaire dotée d'un campanile en fer forgé très sobre qui comporte une importante cloche datant de 1613. Tombée à nouveau lors de sa seconde installation en 1657 elle est restée fêlée depuis (d'où un son caractéristique « étouffé » très particulier). Les deux grands cadrans monumentaux qui ornent les façades datent de la fin du XIX° siècle (1880);
La porte du Bourguet : Elle a été ouverte en 1608 dans une des tours des remparts de la ville et réaménagée en 1752 dans le style de l'époque. Sur le fronton de la porte, on voit encore la trace des armes de la ville sculptées qui furent grattées pendant la Révolution. Elle a été restaurée après les inondations de 2002 notamment avec des aides de la ville de Versailles. Avant son ouverture, seule au nord existait la porte des Frères Mineurs, au bas de la colline de la Cousterelle permettant un accès direct au château. Elle permet l'accès à la rue très commerçante Antonin-Paris, ancienne « rue droite ». À noter qu'elle possède encore ses anciennes portes en bois cloutées, également restaurées, elles aussi, par la même occasion. Lors de la dernière crue des 08 et 09 septembre 2002, l'eau a atteint la base de l'imposte en fer, soit de l'ordre de 4 mètres (niveau des premiers étages, environ 30 cm de plus qu'en 1933 et 1958...)
La porte de Narbonne : C'est dans ce même contexte que la porte Narbonne est ouverte en 1752, en même temps que la porte du Bourguet. Depuis leur ouverture au XVIII° siècle, les portes avaient subi de nombreuses vidourlades et leur état s’était fortement dégradé. En 2004, la Ville a décidé de restaurer ces deux symboles du patrimoine urbain. Sous la direction de l’architecte Antoine Bruguerolle, les deux portes ont été entièrement reprises sur la base de l’ancien. La restauration des pierres a été réalisée par l’entreprise Serge Rousselet de Congénies et la porte en bois pesant une tonne a été refaite, à l’identique, par l’entreprise Lutz de Nîmes. Enfin, une mise en lumière a été conçue par l’agence Hutinet de Pisieu. Elle aussi peu après la porte du Bourguet, donne directement accès au dédale des rues en damier de la ville basse;
La porte de la Taillade : Située à l'extrémité sud de la vieille cité, à proximité de l'antique Via Luteva (de Nîmes à Lodève et Toulouse, comme son nom l'indique, cette rue a été taillée en partie dans la falaise. il faut noter qu'il s'agit ici de l'époque médiévale, le pont romain devant (études en cours) vraisemblablement à l'époque romaine se continuer au-delà de l'actuelle place Jean-jaurés (ex place des Halles) pour surplomber ce qui devait être alors une partie du lit du Vidourle, la voie romaine devant (étude en cours) se situer plus en amont. On remarque les façades caractéristiques et bien conservées de ses boutiques, avec de chaque côté de la porte, leur étal, pour présenter la marchandises. Il faut noter qu'il s'agit ici de l'époque médiévale, le pont romain devant à l'époque romaine se continuer au-delà de l'actuelle place Jean-Jaurés pour surplomber ce qui devait être alors une partie du lit du Vidourle, la voie romaine devant se situer plus en amont. Il n'en reste plus qu'un jambage.
Le rempart médiéval : Ce mur, le long du boulevard Ernest François, est un des vestiges, les mieux conservés, avec la tour de l’horloge de l’enceinte urbaine médiévale. Ces remparts ont été construits au XIII° siècle suivant l’extension de la ville dans une partie du lit du fleuve. Ils protégèrent la cité au moment de la Guerre de Cent Ans, résistèrent aux deux sièges des Guerres de Religion et aux fréquentes Vidourlades. L’aménagement des quais et des boulevards aux XVII° et XVIII° siècles eut finalement raison d’eux. Suite à une chute de pierres survenue sur le boulevard Ernest François, des mesures immédiates de sécurité ont été entreprises par la Ville grâce à la pose d’un filet. Après l’obtention des subventions de l’Etat (DRAC Languedoc Roussillon), de la Région Languedoc Roussillon et du Département du Gard, les restaurations ont pu commencer au début du mois de juillet 2011. Les travaux effectués par l’entreprise SELE sous la direction de l’architecte du patrimoine Antoine BRUGUEROLLE, consistaient en des travaux de reprise et de confortation des vestiges de l’ancienne bretèche et des zones latérales.
Place du marché : Elle est assez atypique des arcades de style Roman surélèvent les maisons en cas de crue. Le sol actuel est trois mètres au-dessus du niveau primitif. Même si nous sommes là en plein lit du Vidourle, cela n'empêche pas la ville d'y organiser des marchés depuis 800 ans !
Rue de la Monnaie : Elle est une petite carrièro qui fut de grande importance. Après le rattachement de Sommières au domaine royale en 1248, la monnaie y fut frappée. En 1340, l'atelier monétaire se déplaça à Montpellier.
Rue Caudas avec Pontilh : La chaussée de la rue Caudas est assez rectiligne. Ce quartier tout entier a été construit selon un plan en damier, comme à Aigues-Mortes. Cette technique a été rapportée d'Orient par les croisés. Sinon, "Caudas" vient de l'occitan "Caud", chaud.C'était la rue des maisons closes et des buvettes...
Le Château : Dans le Gard un château méconnu du monde savant, dont la légende s'est emparé pour faire une tour wisigothe. Ce château, c'est la citadelle dominant Sommières, tour à tour fief de la plus puissante famille du Languedoc orientale, forteresse royale française, place de sûreté protestante, puis la prison.
Le château comprenait deux tours : la tour Bermond au sud et la tour de Montlaur au nord, datant respectivement du début et de la fin du XIII° siècle. Seule la tour Bermond est intacte, la tour de Montlaur ayant été partiellement détruite lors du siège de la ville en 1573 puis au XIX° siècle.
L'origine du château remonte probablement au X° ou XI° siècle. Il est mentionné pour la première fois dans des archives de 1040. Il a été bâti par la maison des Bermond, seigneurs d'Anduze et de Sauve, vassale des comtes de Toulouse. Il devient par la suite une coseigneurie jusqu'au XIII° siècle. Son dernier représentant fut contraint d'échanger en 1248 ses seigneuries de Sommières et de Calberte contre le château du Caylar, au profit du roi Louis IX, semble-t-il à la suite de différentes poursuites judiciaires, mais aussi à cause de l'importance stratégique de cette place. Le château devient alors forteresse royale et fait l'objet de divers travaux de fortification. Il est alors administré par un viguier royal. Philippe VI y fit halte, une nuit, en 1349. Pendant la guerre de Cent Ans, le château est aux mains des partisans du duc de bourgogne. Elle est longuement assiégée et finalement prise en mars 1422 par Charles VII.
Lors des guerres de religion, le château subit plusieurs sièges, dont deux majeurs en 1573 et 1575, passant tour à tour du camp protestant dans celui des catholiques. Plusieurs prisons y sont alors aménagées pour y enfermer des protestants, principalement des femmes, et les fortifications sont renforcées. À la suite de la révocation de l'édit de Nantes, Sommières devient l'un des centres de reprise en main des territoires protestants par le pouvoir royal.
À partir du XVIII° siècle, son rôle se réduit à celui d'un petit casernement militaire, régulièrement entretenu par le Génie, et de prison de droit commun. En 1809, le château est démembré et vendu. Progressivement, les habitants de Sommières s'installent dans les ruines et y construisent leurs propres habitations contre les remparts. Jusqu'à la fin du XIX° siècle, c'est un quartier populaire de la ville qui sera à son tour progressivement abandonné. En 1936, la municipalité rase une partie des casernes en ruine pour y installer deux réservoirs d'eau qui ont fait l'objet d'une totale démolition en 2019 entraînant ainsi un aménagement de l'emprise foncière.
Le donjon fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques en 1926. L'inscription de l'ensemble du château n'intervient que le 8 septembre 2010. Ses remparts, dégradés en plusieurs endroits, font l'objet depuis 2004 d'un programme de restauration mené par la Ville de Sommières avec le soutien de la DRAC, de l'ancienne région Languedoc-Roussillon et du département du Gard.
La chapelle castrale : (XII° et XVII° siècles) a été restaurée en 2015. La construction de la chapelle castrale fut commandée par Louis IX qui la dédia au Saint-Sauveur. Elle ne comportait alors qu'un seul niveau. La nef est de style roman mais le chœur de style gothique avec une voûte sur croisées d'ogives qui fut ultérieurement surbaissée au XVII° siècle lors de la construction de l'étage. En 1689, la chapelle est transférée à l'étage. La partie basse de l'édifice est transformée en deux cachots séparés par un mur de refend, toujours visible, qui sépare le chœur de l'abside sans communication possible. Une porte située à la place de la baie ouest permet d'accéder au cachot situé dans le chœur. Le mur de refend comporte des graffitis laissés par les prisonniers protestants et militaires. Parmi les bâtons de comptage, on peut distinguer le nom du village de Cardet et celui de la galère La Hardie où furent envoyés des camisards à la fin du XVII° siècle. Au XVIII° siècle, le deuxième cachot, situé dans la nef de la chapelle, est transformée en salle des gardes : une porte est ouverte côté nord (détruite lors de la restauration en 2015), une cheminée (angle nord-ouest) et un escalier donnant accès au logis du gardien d'artillerie sont alors aménagés. Au XIX° siècle, les villageois occupant les ruines du château transforment le chœur de la chapelle en citerne : le sol est pavé de carreaux en terre cuite et les murs recouverts d'un enduit étanche.
L'église Saint Pons : Elle a été entièrement rebâtie entre 1846 et 1867 dans le style néo-gothique alors à la mode (restauration et redécouverte des édifices médiévaux oblige depuis les années 1830/40, comme la Sainte Chapelle à Paris) mais n'est cependant pas dénuée d'intérêt. Sa façade encadrée de deux clochetons pointus présente un portail gâblé central surmonté d'une grande rose, le tout agrémenté d'un riche décor sculpté. L'allure générale de cette façade présente une similitude frappante avec celle de l'église Saint-Bardulphe de Rochefort du Gard bâtie également sur les plans de l'architecte Bourdon. Remarquer la richesse du décor peint intérieur qui n'est pas sans rappeler, certes de manière plus modeste, celui de l'abbaye Saint-Michel de Frigolet à côté de Tarascon ainsi que tout son mobilier liturgique XIX° encore présent, chose qui devient de plus en plus rare. À voir également l'orgue quelque peu composite au niveau des époques, actuellement en cours de restauration, et le très gracieux clocher de style Louis XV (1748) surmonté d'un élégant dôme de pierre avec lucarnes, seul élément conservé de l'ancienne église reconstruite après les troubles des guerres de religion (il ressemble fortement, dans son allure générale, à celui de l'église Saint Julien-Saint Antoine d'Arles). L'état général de l'église, seulement cent cinquante ans après sa construction, est depuis quelques années suffisamment alarmant pour qu'une souscription vienne d'être lancée en vue d'opérer plusieurs tranches de restaurations indispensables, notamment au niveau de l'étanchéité du bâtiment et du décor sculpté extérieur parfois très abîmé. Le bâtiment n'étant ni classé ni inscrit aux Monuments Historiques, il a été fait appel au mécénat, la commune et la Fondation du Patrimoine ont participé également à ces travaux;
Le temple protestant : Il est installé depuis le début du XIX° siècle dans l'ancienne église des cordeliers (XVIII° siècle remanié pour les besoins de sa nouvelle affectation au XIX°). Belle façade classique, clocher sur le pignon central surmonté d'une sorte d'obélisque ou pyramidion, lui-même encadré de deux autres éléments de ce type. Cet édifice n'est pas sans rappeler, de manière plus sobre, la remarquable église voisine d'Aujargues ou, quelque peu, le curieux temple de Salinelles (ces bâtiments ayant parfois l'allure étonnante d'églises de missions telles qu'on en trouve en Amérique latine...). à proximité du temple se trouvait une petite chapelle avec une crypte jouxtant "L'hospice" ' (lieu d'hébergement pour personnes âgées et géré par des religieuses devenu aujoud'hui un EHPAD), celle-ci fut démolie durant les années 1970, sa cloche déclarée disparue a été retrouvée dans le clocher de l'église Saint Pons lors des récents travaux de réfection.
Le château de Lantillac : Le château au quartier de Calès, dénommé château de Lantillac, petit château du milieu XIX° siècle, sorte de « gentilhommière », juché sur la colline surplombant la ville et le château médiéval. Deux petites tours rondes, à l'origine couvertes de toitures coniques, encadrent sa façade.
Espace Lawrence Durrell : En 1660, les révérendes mères de Boucaud, Jacou et Teyran viennent établir les fondations d’un couvent de religieuses ursulines au pied du château fort. La première pierre fut posée par l’évêque de Nîmes qui avait à cœur la propagation de cet ordre pour l’éducation des jeunes filles. Les travaux ont duré cinq ans. Jusqu’à la Révolution, c’est dans ce lieu que les Ursulines se consacrent à l’éducation des jeunes filles. En 1791, le couvent est décrété Bien national et les onze religieuses restantes sont sommées de quitter les lieux. À partir de 1793, le couvent servira de caserne, puis d’hôpital. Au milieu de XIX° siècle, l’ancien couvent fut racheté par le diocèse de Nîmes pour devenir le collège de l’Immaculée Conception pour l’instruction primaire supérieure. Pendant la première guerre mondiale, il retrouve pour un temps une vocation d’hôpital militaire. Le collège est fermé pendant la seconde guerre mondiale et transformé en orphelinat. Rouvert en 1956 comme collège d’enseignement technique, il a définitivement fermé ses portes en 1969. Cette histoire tourmentée se termine en 1977 avec le rachat par la commune. Elle y crée l’Espace Lawrence Durrell, célèbre écrivain britannique qui a vécu à Sommières. Le centre a bénéficié de plus de 2 ans de travaux de réhabilitation.
Cet espace culturel de près de 2 500 m2 intègre la bibliothèque municipale, l’école de musique intercommunale et l’école de danse, ainsi que de multiples activités comme Radio Sommières.
Les richesses architecturales, le pont habité, son château ou des hôtels particuliers témoignent d’un passé très riche et contribuent aux attraits de Sommières et en font une cité singulière, très attractive, agréable à vivre et dynamique. L’histoire de Sommières est dense et passionnante. Elle a forgé le caractère des habitants tout comme les Vidourlades, les crues de ce fleuve capricieux, qui sont parfois terribles. L’histoire du Moyen Âge et des autres périodes historiques est retranscrite à l’aide d’un parcours historique à travers les ruelles et places.
Pont Romain : Bien souvent, avant d'entrer dans l'enceinte de la ville de Sommières, on emprunte ce pont. C'est un véritable trésor qui se cache sous nos pieds. C'est en réalité un pont antique vieux de 2000 ans (de l'an 19 à 31) qui est foulé chaque jour et qui a la particularité d'être un des rares pont habité encore préservé en Europe.
Le pont romain dit « de Tibère » sur le Vidourle a été construit au pied de l'oppidum de Villevieille. La pierre employée venait de la carrière de Pondres. Après le Pont du Gard, il s'agit de l'un des monuments de ce type parmi les mieux conservés du monde romain bien que très restauré au XVIII° siècle notamment par l'ingénieur Pitot, il est l'un des rares ponts encore habités en Europe. Doté de portes au Moyen Âge, dont l'une est l'actuelle tour de l'horloge et en grande partie intégré dans la ville au cours du Moyen Âge. Seul 7 arches sont visibles sur un total de plus de 20 à l'origine. Son tablier, à l'origine en léger dos d'âne, fut aplani au XIX° siècle et des rambardes en fonte de fer furent installées en lieu et place des parapets de pierres. Ce vénérable pont est très souvent malmené lors des terribles crues du Vidourle appelées ici Vidourlades. Une des dernières en date, celle « historique » des 8 et 9 septembre 2002, a atteint, en amont du pont, une cote inédite de l'ordre de 8 mètres; l'eau passant de manière spectaculaire sur le tablier (40 à 50 cm) à travers les rambardes. En fait, le débit du fleuve, au plus fort de cette crue, a été estimé, après coup, au chiffre record de 2 600 m3/s environ. Mais la configuration de la traversée du fleuve dans la ville (1 km d'étalement des eaux) rend ces estimations bien complexes et aléatoires.
Le beffroi : Cette tour fortifiée, dominant directement le Vidourle, jouxtant l'hôtel de ville, dans l'axe du pont, constituait une des entrées de la ville médiévale et comportait un pendant plus modeste ("la gleizette", effondrée lors d'une violente crue au début du XVIII° siècle) à l'autre extrémité du pont romain ainsi que l'atteste le blason de la ville qui y est sculpté tout comme diverses gravures antérieures au XIX° siècle. Porte ogivale, sa terrasse est surmontée d'une petite tourelle circulaire dotée d'un campanile en fer forgé très sobre qui comporte une importante cloche datant de 1613. Tombée à nouveau lors de sa seconde installation en 1657 elle est restée fêlée depuis (d'où un son caractéristique « étouffé » très particulier). Les deux grands cadrans monumentaux qui ornent les façades datent de la fin du XIX° siècle (1880);
La porte du Bourguet : Elle a été ouverte en 1608 dans une des tours des remparts de la ville et réaménagée en 1752 dans le style de l'époque. Sur le fronton de la porte, on voit encore la trace des armes de la ville sculptées qui furent grattées pendant la Révolution. Elle a été restaurée après les inondations de 2002 notamment avec des aides de la ville de Versailles. Avant son ouverture, seule au nord existait la porte des Frères Mineurs, au bas de la colline de la Cousterelle permettant un accès direct au château. Elle permet l'accès à la rue très commerçante Antonin-Paris, ancienne « rue droite ». À noter qu'elle possède encore ses anciennes portes en bois cloutées, également restaurées, elles aussi, par la même occasion. Lors de la dernière crue des 08 et 09 septembre 2002, l'eau a atteint la base de l'imposte en fer, soit de l'ordre de 4 mètres (niveau des premiers étages, environ 30 cm de plus qu'en 1933 et 1958...)
La porte de Narbonne : C'est dans ce même contexte que la porte Narbonne est ouverte en 1752, en même temps que la porte du Bourguet. Depuis leur ouverture au XVIII° siècle, les portes avaient subi de nombreuses vidourlades et leur état s’était fortement dégradé. En 2004, la Ville a décidé de restaurer ces deux symboles du patrimoine urbain. Sous la direction de l’architecte Antoine Bruguerolle, les deux portes ont été entièrement reprises sur la base de l’ancien. La restauration des pierres a été réalisée par l’entreprise Serge Rousselet de Congénies et la porte en bois pesant une tonne a été refaite, à l’identique, par l’entreprise Lutz de Nîmes. Enfin, une mise en lumière a été conçue par l’agence Hutinet de Pisieu. Elle aussi peu après la porte du Bourguet, donne directement accès au dédale des rues en damier de la ville basse;
La porte de la Taillade : Située à l'extrémité sud de la vieille cité, à proximité de l'antique Via Luteva (de Nîmes à Lodève et Toulouse, comme son nom l'indique, cette rue a été taillée en partie dans la falaise. il faut noter qu'il s'agit ici de l'époque médiévale, le pont romain devant (études en cours) vraisemblablement à l'époque romaine se continuer au-delà de l'actuelle place Jean-jaurés (ex place des Halles) pour surplomber ce qui devait être alors une partie du lit du Vidourle, la voie romaine devant (étude en cours) se situer plus en amont. On remarque les façades caractéristiques et bien conservées de ses boutiques, avec de chaque côté de la porte, leur étal, pour présenter la marchandises. Il faut noter qu'il s'agit ici de l'époque médiévale, le pont romain devant à l'époque romaine se continuer au-delà de l'actuelle place Jean-Jaurés pour surplomber ce qui devait être alors une partie du lit du Vidourle, la voie romaine devant se situer plus en amont. Il n'en reste plus qu'un jambage.
Le rempart médiéval : Ce mur, le long du boulevard Ernest François, est un des vestiges, les mieux conservés, avec la tour de l’horloge de l’enceinte urbaine médiévale. Ces remparts ont été construits au XIII° siècle suivant l’extension de la ville dans une partie du lit du fleuve. Ils protégèrent la cité au moment de la Guerre de Cent Ans, résistèrent aux deux sièges des Guerres de Religion et aux fréquentes Vidourlades. L’aménagement des quais et des boulevards aux XVII° et XVIII° siècles eut finalement raison d’eux. Suite à une chute de pierres survenue sur le boulevard Ernest François, des mesures immédiates de sécurité ont été entreprises par la Ville grâce à la pose d’un filet. Après l’obtention des subventions de l’Etat (DRAC Languedoc Roussillon), de la Région Languedoc Roussillon et du Département du Gard, les restaurations ont pu commencer au début du mois de juillet 2011. Les travaux effectués par l’entreprise SELE sous la direction de l’architecte du patrimoine Antoine BRUGUEROLLE, consistaient en des travaux de reprise et de confortation des vestiges de l’ancienne bretèche et des zones latérales.
Place du marché : Elle est assez atypique des arcades de style Roman surélèvent les maisons en cas de crue. Le sol actuel est trois mètres au-dessus du niveau primitif. Même si nous sommes là en plein lit du Vidourle, cela n'empêche pas la ville d'y organiser des marchés depuis 800 ans !
Rue de la Monnaie : Elle est une petite carrièro qui fut de grande importance. Après le rattachement de Sommières au domaine royale en 1248, la monnaie y fut frappée. En 1340, l'atelier monétaire se déplaça à Montpellier.
Rue Caudas avec Pontilh : La chaussée de la rue Caudas est assez rectiligne. Ce quartier tout entier a été construit selon un plan en damier, comme à Aigues-Mortes. Cette technique a été rapportée d'Orient par les croisés. Sinon, "Caudas" vient de l'occitan "Caud", chaud.C'était la rue des maisons closes et des buvettes...
Le Château : Dans le Gard un château méconnu du monde savant, dont la légende s'est emparé pour faire une tour wisigothe. Ce château, c'est la citadelle dominant Sommières, tour à tour fief de la plus puissante famille du Languedoc orientale, forteresse royale française, place de sûreté protestante, puis la prison.
Le château comprenait deux tours : la tour Bermond au sud et la tour de Montlaur au nord, datant respectivement du début et de la fin du XIII° siècle. Seule la tour Bermond est intacte, la tour de Montlaur ayant été partiellement détruite lors du siège de la ville en 1573 puis au XIX° siècle.
L'origine du château remonte probablement au X° ou XI° siècle. Il est mentionné pour la première fois dans des archives de 1040. Il a été bâti par la maison des Bermond, seigneurs d'Anduze et de Sauve, vassale des comtes de Toulouse. Il devient par la suite une coseigneurie jusqu'au XIII° siècle. Son dernier représentant fut contraint d'échanger en 1248 ses seigneuries de Sommières et de Calberte contre le château du Caylar, au profit du roi Louis IX, semble-t-il à la suite de différentes poursuites judiciaires, mais aussi à cause de l'importance stratégique de cette place. Le château devient alors forteresse royale et fait l'objet de divers travaux de fortification. Il est alors administré par un viguier royal. Philippe VI y fit halte, une nuit, en 1349. Pendant la guerre de Cent Ans, le château est aux mains des partisans du duc de bourgogne. Elle est longuement assiégée et finalement prise en mars 1422 par Charles VII.
Lors des guerres de religion, le château subit plusieurs sièges, dont deux majeurs en 1573 et 1575, passant tour à tour du camp protestant dans celui des catholiques. Plusieurs prisons y sont alors aménagées pour y enfermer des protestants, principalement des femmes, et les fortifications sont renforcées. À la suite de la révocation de l'édit de Nantes, Sommières devient l'un des centres de reprise en main des territoires protestants par le pouvoir royal.
À partir du XVIII° siècle, son rôle se réduit à celui d'un petit casernement militaire, régulièrement entretenu par le Génie, et de prison de droit commun. En 1809, le château est démembré et vendu. Progressivement, les habitants de Sommières s'installent dans les ruines et y construisent leurs propres habitations contre les remparts. Jusqu'à la fin du XIX° siècle, c'est un quartier populaire de la ville qui sera à son tour progressivement abandonné. En 1936, la municipalité rase une partie des casernes en ruine pour y installer deux réservoirs d'eau qui ont fait l'objet d'une totale démolition en 2019 entraînant ainsi un aménagement de l'emprise foncière.
Le donjon fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques en 1926. L'inscription de l'ensemble du château n'intervient que le 8 septembre 2010. Ses remparts, dégradés en plusieurs endroits, font l'objet depuis 2004 d'un programme de restauration mené par la Ville de Sommières avec le soutien de la DRAC, de l'ancienne région Languedoc-Roussillon et du département du Gard.
La chapelle castrale : (XII° et XVII° siècles) a été restaurée en 2015. La construction de la chapelle castrale fut commandée par Louis IX qui la dédia au Saint-Sauveur. Elle ne comportait alors qu'un seul niveau. La nef est de style roman mais le chœur de style gothique avec une voûte sur croisées d'ogives qui fut ultérieurement surbaissée au XVII° siècle lors de la construction de l'étage. En 1689, la chapelle est transférée à l'étage. La partie basse de l'édifice est transformée en deux cachots séparés par un mur de refend, toujours visible, qui sépare le chœur de l'abside sans communication possible. Une porte située à la place de la baie ouest permet d'accéder au cachot situé dans le chœur. Le mur de refend comporte des graffitis laissés par les prisonniers protestants et militaires. Parmi les bâtons de comptage, on peut distinguer le nom du village de Cardet et celui de la galère La Hardie où furent envoyés des camisards à la fin du XVII° siècle. Au XVIII° siècle, le deuxième cachot, situé dans la nef de la chapelle, est transformée en salle des gardes : une porte est ouverte côté nord (détruite lors de la restauration en 2015), une cheminée (angle nord-ouest) et un escalier donnant accès au logis du gardien d'artillerie sont alors aménagés. Au XIX° siècle, les villageois occupant les ruines du château transforment le chœur de la chapelle en citerne : le sol est pavé de carreaux en terre cuite et les murs recouverts d'un enduit étanche.
L'église Saint Pons : Elle a été entièrement rebâtie entre 1846 et 1867 dans le style néo-gothique alors à la mode (restauration et redécouverte des édifices médiévaux oblige depuis les années 1830/40, comme la Sainte Chapelle à Paris) mais n'est cependant pas dénuée d'intérêt. Sa façade encadrée de deux clochetons pointus présente un portail gâblé central surmonté d'une grande rose, le tout agrémenté d'un riche décor sculpté. L'allure générale de cette façade présente une similitude frappante avec celle de l'église Saint-Bardulphe de Rochefort du Gard bâtie également sur les plans de l'architecte Bourdon. Remarquer la richesse du décor peint intérieur qui n'est pas sans rappeler, certes de manière plus modeste, celui de l'abbaye Saint-Michel de Frigolet à côté de Tarascon ainsi que tout son mobilier liturgique XIX° encore présent, chose qui devient de plus en plus rare. À voir également l'orgue quelque peu composite au niveau des époques, actuellement en cours de restauration, et le très gracieux clocher de style Louis XV (1748) surmonté d'un élégant dôme de pierre avec lucarnes, seul élément conservé de l'ancienne église reconstruite après les troubles des guerres de religion (il ressemble fortement, dans son allure générale, à celui de l'église Saint Julien-Saint Antoine d'Arles). L'état général de l'église, seulement cent cinquante ans après sa construction, est depuis quelques années suffisamment alarmant pour qu'une souscription vienne d'être lancée en vue d'opérer plusieurs tranches de restaurations indispensables, notamment au niveau de l'étanchéité du bâtiment et du décor sculpté extérieur parfois très abîmé. Le bâtiment n'étant ni classé ni inscrit aux Monuments Historiques, il a été fait appel au mécénat, la commune et la Fondation du Patrimoine ont participé également à ces travaux;
Le temple protestant : Il est installé depuis le début du XIX° siècle dans l'ancienne église des cordeliers (XVIII° siècle remanié pour les besoins de sa nouvelle affectation au XIX°). Belle façade classique, clocher sur le pignon central surmonté d'une sorte d'obélisque ou pyramidion, lui-même encadré de deux autres éléments de ce type. Cet édifice n'est pas sans rappeler, de manière plus sobre, la remarquable église voisine d'Aujargues ou, quelque peu, le curieux temple de Salinelles (ces bâtiments ayant parfois l'allure étonnante d'églises de missions telles qu'on en trouve en Amérique latine...). à proximité du temple se trouvait une petite chapelle avec une crypte jouxtant "L'hospice" ' (lieu d'hébergement pour personnes âgées et géré par des religieuses devenu aujoud'hui un EHPAD), celle-ci fut démolie durant les années 1970, sa cloche déclarée disparue a été retrouvée dans le clocher de l'église Saint Pons lors des récents travaux de réfection.
Le château de Lantillac : Le château au quartier de Calès, dénommé château de Lantillac, petit château du milieu XIX° siècle, sorte de « gentilhommière », juché sur la colline surplombant la ville et le château médiéval. Deux petites tours rondes, à l'origine couvertes de toitures coniques, encadrent sa façade.
Espace Lawrence Durrell : En 1660, les révérendes mères de Boucaud, Jacou et Teyran viennent établir les fondations d’un couvent de religieuses ursulines au pied du château fort. La première pierre fut posée par l’évêque de Nîmes qui avait à cœur la propagation de cet ordre pour l’éducation des jeunes filles. Les travaux ont duré cinq ans. Jusqu’à la Révolution, c’est dans ce lieu que les Ursulines se consacrent à l’éducation des jeunes filles. En 1791, le couvent est décrété Bien national et les onze religieuses restantes sont sommées de quitter les lieux. À partir de 1793, le couvent servira de caserne, puis d’hôpital. Au milieu de XIX° siècle, l’ancien couvent fut racheté par le diocèse de Nîmes pour devenir le collège de l’Immaculée Conception pour l’instruction primaire supérieure. Pendant la première guerre mondiale, il retrouve pour un temps une vocation d’hôpital militaire. Le collège est fermé pendant la seconde guerre mondiale et transformé en orphelinat. Rouvert en 1956 comme collège d’enseignement technique, il a définitivement fermé ses portes en 1969. Cette histoire tourmentée se termine en 1977 avec le rachat par la commune. Elle y crée l’Espace Lawrence Durrell, célèbre écrivain britannique qui a vécu à Sommières. Le centre a bénéficié de plus de 2 ans de travaux de réhabilitation.
Cet espace culturel de près de 2 500 m2 intègre la bibliothèque municipale, l’école de musique intercommunale et l’école de danse, ainsi que de multiples activités comme Radio Sommières.
Je suis Sommières, une très vielle dame et je vais vous raconter ma vie.
Tout a commencé il y a bien longtemps, plus de mille ans avant notre ère.
Mon fleuve modeste, partant des Cévennes et venant se jeter dans la méditerranée constitue alors une barrière sérieuse pour les humains.
Ma population est clairsemée.
Quelques tribus énigmatiques près de l'eau, avec des habitats précaires de branchage et de torchis.
C'est alors le néolithique.
Un peu plus tard, vers 2300 avant J.C apparaît le cuivre.
Alors que l'alphabet existe dans de très lointaines contrées.
Mes habitants sont à la fois fascinés et effrayés par la mer et rêvent de rivages au-delà de cette étendue bleue.
Vers moins 1800 le bronze apparaît et on peut ainsi faire des armes et des outils, cultiver la terre, faire la guerre et fabriquer des bijoux. En moins 1200, la charrue apparaît et ma plaine commence peu à peu à être grignotée par la culture. Quant à vous, vous faites maintenant incinérer les morts. Au premier siècle avant J.C les tribus gauloises grimpent sur mes collines pour voir venir l'ennemi et se protéger. Ainsi est construit l'oppidum de Meyre. Au premier siècle, vers l'an 19 on commence mon fameux pont qui est fini en 31. Il est superbe avec ses 20 arches, toutes à plein cintre et deux tours de gardes à ses extrémités. Après le pont du Gard, c'est le plus beau de la Gaule Narbonnaise. Ma ville se construit donc sous Meyre qui donnera Someire puis mon doux prénom Sommières. Ma carrière de Monvalat a fourni, en partie, la pierre tendre des arènes de Nîmes et celles qui me construiront.
En 720 les musulmans s'emparent de moi. Après la défaite de Poitiers ils fortifient leurs garnisons chez moi. Ils créent des moulins à eau sur le Vidourle. Vers 752, Ansemund, un goth de Nîmes fait appel aux francs pour chasser mes occupants, les arabes qui partent en 759. Vers 1024, j'ai vu les Wisigoths construirent à flanc de rochers, sous Midrium, trois tours qui surplombent et protègent mon pont romains. Le roi du nord n'a pas pu investir la région et y imposer le français. Je suis devenue une place forte considérable. C'est une nécessité en cette période anarchique ou les vassaux se rebellent souvent contre leurs tuteurs. "Pons", voyant avec inquiétude mon ressort rase une de mes tours ; mais il me construit deux monastères et un hospital. Je deviens Cathare vers 1200, mais peu à peu ils se font brûler.
Les origines réelles de la ville sont étroitement liées à celle de la maison des Bermond d’Anduze et de Sauve. Sommières apparaît, en effet, dans notre histoire méridionale sur son emplacement actuel, au X° siècle, avec comme seigneur Bernard III d’Anduze. En 1041, un acte fut rédigé et signé par lui dans son château de Sommières. Ce château fut construit sur l’éperon rocheux dominant l’ancienne voie romaine et le Vidourle, probablement vers la fin du X° siècle ou tout au début du XI°. De cet ensemble souvent modifié subsistent une majestueuse tour carrée et une importante partie des remparts.
En 1248, les tanneries se multiplient et un quartier se créé au-delà du pont de façon anarchique. Les maisons et rues se construisent de plus en plus. Idée malencontreuse ! On va me construire des maisons sous et sur le pont romain, lequel est réduit à 7 arches. Toutefois craignant les crues dont il était coutumier, les habitants construisirent leurs maisons sur les arcades de style roman ; c’est cette architecture qui caractérise la partie basse de la ville ainsi que les rues perpendiculaires formant un quadrillage parfait. Le Vidourle, mon ami, est étranglé et va piquer de terribles colères connues sous le nom de "Vidourlades", le roi Louis 9 fait fortifier mon château et ma tour ; La ville compte plus de 200 puits et 3200 habitants avec une foire qui dure trois jours sur la place "Souveraine", aujourd'hui place Jean Jaurès.
De 1017 à 1500 je connais beaucoup de malheurs comme les épidémies de peste, guerres et les tuchins ; je suis même vendue, pour peu de temps aux Italiens. Puis les Anglais m'assiègent et me prennent, je deviens donc Anglaise. Après que les Anglais aient été chassés, je suis ravagé par 649 feux et par la peste. En 1418, j'embrasse le parti Bourguignon, mais je suis mise en siège par Charles 7 avant de capituler en 1422. Après avoir été achetée, revendue et enfin reprise. Je suis maintenant domaine royal et nous sommes en 1772. Après avoir été une nouvelle fois ravagée par la famine et la peste, on m'accorde le droit à un marché hebdomadaire. Je deviens très connue pour mes laines et draps qui deviennent un vrai "label" Sommiérois. Les moulins se multiplient dans les collines et sur le Vidourle.
Au XVI° siècle, la majorité de la population embrassa la religion protestante. La ville vécut alors le drame des guerres de religions. Deux fois assiégée par le Maréchal de Damville, futur Duc de Montmorency, en 1573 (au nom des catholiques), en 1575 (au nom des protestants), elle fut pratiquement détruite : "seules 38 maisons fort pauvres restaient debout". Au siècle suivant des troubles subsistaient encore et c’est Louis XIII en personne qui en 1622, à la tête de son armée vint mettre le siege devant Sommières. La ville se rendit après une courte défense. Une estampe retraçant ce siege se trouve à la bibliothèque nationale de Paris. Le Duc de Rohan, reconnu pour chef des églises réformées de la province, s’empara de la ville en juillet 1625, mais en fut chassé aussitôt par les troupes de M. de Valençay, gouverneur de Montpellier. Le dernier fait d’armes connu remonte à 1703. Jean Cavalier, un des chefs Camisards, à la tête de 800 hommes, fit une incursion dans le faubourg de Sommières, puis se retira sans pouvoir y entrer. Après la révocation de l’Édit de Nantes, le château fut transformé en prison et on y enferma tour à tour des protestants, des soldats prisonniers, marins anglais et hollandais, des détenus politiques, des forçats et même des "filles de joie".
Après la tourmente révolutionnaire, le château fut laissé à l’abandon. Ses ruines témoignent de son importance stratégique au cours des siècles passés. La tour, patrimoine communal, a été récemment restaurée et peut être visitée.
De 1853 à 1900, je suis célèbre jusque dans les capitales étrangères ou j'ai installé des comptoirs de ventes : la distillation des essences aromatiques. La terre de Sommières conquiert le marché mondial.
En 1901, je change d'aspect avec la construction des quais actuels. Au début du vingtième siècle, les mésaventures de l'année 1907 s'étant estompées, commence une ère de prospérité pour tous ceux qui vivent du vignoble. Et me voilà, moi Sommières, je construit des barrages qui réduisent les risques de "Vidourlades". Mon pont romain permet toujours de franchir les rives du fleuve. Mais, le trafic étant trop intense, on m'a construit un pont pour une déviation : Bref, comme vous le voyez j'ai beaucoup vécue. Je vis maintenant du tourisme, de quelques industries et je possède toujours mon marché et mes foires.
L'HISTOIRE DU PONT :
Gros, robuste et grand, Tibère n'adressait que de très rares paroles, y compris à ceux qui l'entouraient. " C’est ainsi que Suétone décrit celui qui régna sur l'Empire romain au Ier siècle après J.-C. Pourtant, ce jour-là, depuis la capitale impériale, sa décision va changer le destin d'une partie du Gard. 'Je veux que Rome franchisse le Vidourle!", aurait-il pu commander. À mille kilomètres de là, en douze ans - de l'an 19 à 31, le pont de Sommières sort de terre. Intimement lié à l'histoire locale, le pont romain donne une valeur stratégique à un bourg peu fréquenté. Pour le meilleur et pour le pire, pont et village franchissent ensemble les siècles.
"Le pont, avant même d'être un ouvrage fondateur pour Sommières, est un symbole de monumentalité. Aujourd'hui encore, il marque le génie romain en matière de construction". Quelques chiffres aident à comprendre à quel point l'édifice était monumental pour l'époque. Les dimensions, tout d'abord : environ 190 mètres de long et près de 7 mètres de large - soit deux voies pour permettre le croisement des chars. 20 arches composent le pont, toutes en plein cintre, même si seulement sept de ces arches sont visibles, les autres étant masquées par la ville médiévale. Complexe, l'ouvrage n'est horizontal que sur les treize arches centrales, car les deux dernières arches de chaque côté fonctionnent comme des rampes d'accès. Chaque pile du pont fait quasiment trois mètres d'épaisseur. Et chaque pierre a été posée à sec, sans mortier, l'ensemble ne tenant que grâce à la masse des blocs employés. En un mot : le pont Tibère, c'est le deuxième plus long viaduc construit eu Europe par les Romains.
Sommières bâtie mille ans après le pont "C'est pour surveiller le pont romain qui avait survécu à l'effondrement de l'Empire, et qui offrait ainsi un unique passage vers la région des Causses, que le château fort a été construit, sur la colline dominant à la fois l'ancienne voie romaine, la vallée et le pont. La valeur stratégique de cet emplacement ne fait aucun doute et elle justifie cette construction", écrit l'érudit local Ivan Gaussen. Conclusion : sans pont romain, pas de Sommières, car pas de château. C'est bien autour du site seigneurial que la population s'est originellement groupée pour avoir une protection en cas d'attaque. Mais, très vite, entre le XIe et le XIIe siècle, l'activité se redirige vers le pont. Le sens du vieil édifice qui enjambe le Vidourle s'en trouve changé : la marque de l'autorité politique se déplace vers la tour Bermond et la référence aux libertés communales gravite, désormais, vers le pont. En témoigne la maison des consuls - ancêtre de nos mairies - construite sur les arches du pont Ou encore la rue Marx-Dormoy - ex-rue du Pont - qui occupe la moitié de l'ouvrage, et qui est connue comme le plus ancien axe commerçant de Sommières. Sans oublier, à proximité du monument antique et à distance du seigneur local, l'établissement de nouveaux artisans : par exemple, la rue Mazelle - de l'occitan masèl , "boucherie" - où les habitants, imitant à leur manière les arches du pont ont bâti des porttilhs, ces raccords étroits servant de contrefort aux maisons et facilitant l'écoulement des eaux en cas de "vidourlade".
De l'Antiquité au Moyen Âge en passant par notre époque, le pont n'en finit pas d'en voir. Aux temps des guerres de Religion, le vénérable ouvrage sert de lieu de combat : qui contrôle le pont tient Sommières. Au XVIII° siècle, l'esprit des Lumières, fait d'admiration pour Rome et de dédain pour la période médiévale, contribue à dégager l'édifice. La petite tour de la Gleizette - située au milieu du pont ! - est rasée. La même année, en 1715, la tour qui fait face au beffroi connut pareil sort : elle ne reste que sur le blason local. Une restauration à marche forcée eut aussi lieu : de nombreux blocs et surtout l'arche qui part de la rive droite furent entièrement remplacés. Quelques années plus tard, les révolutionnaires plantèrent leur "arbre de la Liberté"... au pied du pont. Mais l'épisode le plus incroyable, c'est 1908 : l'adjoint au maire proposa de démolir le pont romain pour le remplacer par un pont métallique ! Heureusement le bon sens l'emporta sur la folie du "tout-moderne". Tibère a encore le dernier mot, lui qui ne parle pas beaucoup.
Vers moins 1800 le bronze apparaît et on peut ainsi faire des armes et des outils, cultiver la terre, faire la guerre et fabriquer des bijoux. En moins 1200, la charrue apparaît et ma plaine commence peu à peu à être grignotée par la culture. Quant à vous, vous faites maintenant incinérer les morts. Au premier siècle avant J.C les tribus gauloises grimpent sur mes collines pour voir venir l'ennemi et se protéger. Ainsi est construit l'oppidum de Meyre. Au premier siècle, vers l'an 19 on commence mon fameux pont qui est fini en 31. Il est superbe avec ses 20 arches, toutes à plein cintre et deux tours de gardes à ses extrémités. Après le pont du Gard, c'est le plus beau de la Gaule Narbonnaise. Ma ville se construit donc sous Meyre qui donnera Someire puis mon doux prénom Sommières. Ma carrière de Monvalat a fourni, en partie, la pierre tendre des arènes de Nîmes et celles qui me construiront.
En 720 les musulmans s'emparent de moi. Après la défaite de Poitiers ils fortifient leurs garnisons chez moi. Ils créent des moulins à eau sur le Vidourle. Vers 752, Ansemund, un goth de Nîmes fait appel aux francs pour chasser mes occupants, les arabes qui partent en 759. Vers 1024, j'ai vu les Wisigoths construirent à flanc de rochers, sous Midrium, trois tours qui surplombent et protègent mon pont romains. Le roi du nord n'a pas pu investir la région et y imposer le français. Je suis devenue une place forte considérable. C'est une nécessité en cette période anarchique ou les vassaux se rebellent souvent contre leurs tuteurs. "Pons", voyant avec inquiétude mon ressort rase une de mes tours ; mais il me construit deux monastères et un hospital. Je deviens Cathare vers 1200, mais peu à peu ils se font brûler.
Les origines réelles de la ville sont étroitement liées à celle de la maison des Bermond d’Anduze et de Sauve. Sommières apparaît, en effet, dans notre histoire méridionale sur son emplacement actuel, au X° siècle, avec comme seigneur Bernard III d’Anduze. En 1041, un acte fut rédigé et signé par lui dans son château de Sommières. Ce château fut construit sur l’éperon rocheux dominant l’ancienne voie romaine et le Vidourle, probablement vers la fin du X° siècle ou tout au début du XI°. De cet ensemble souvent modifié subsistent une majestueuse tour carrée et une importante partie des remparts.
En 1248, les tanneries se multiplient et un quartier se créé au-delà du pont de façon anarchique. Les maisons et rues se construisent de plus en plus. Idée malencontreuse ! On va me construire des maisons sous et sur le pont romain, lequel est réduit à 7 arches. Toutefois craignant les crues dont il était coutumier, les habitants construisirent leurs maisons sur les arcades de style roman ; c’est cette architecture qui caractérise la partie basse de la ville ainsi que les rues perpendiculaires formant un quadrillage parfait. Le Vidourle, mon ami, est étranglé et va piquer de terribles colères connues sous le nom de "Vidourlades", le roi Louis 9 fait fortifier mon château et ma tour ; La ville compte plus de 200 puits et 3200 habitants avec une foire qui dure trois jours sur la place "Souveraine", aujourd'hui place Jean Jaurès.
De 1017 à 1500 je connais beaucoup de malheurs comme les épidémies de peste, guerres et les tuchins ; je suis même vendue, pour peu de temps aux Italiens. Puis les Anglais m'assiègent et me prennent, je deviens donc Anglaise. Après que les Anglais aient été chassés, je suis ravagé par 649 feux et par la peste. En 1418, j'embrasse le parti Bourguignon, mais je suis mise en siège par Charles 7 avant de capituler en 1422. Après avoir été achetée, revendue et enfin reprise. Je suis maintenant domaine royal et nous sommes en 1772. Après avoir été une nouvelle fois ravagée par la famine et la peste, on m'accorde le droit à un marché hebdomadaire. Je deviens très connue pour mes laines et draps qui deviennent un vrai "label" Sommiérois. Les moulins se multiplient dans les collines et sur le Vidourle.
Au XVI° siècle, la majorité de la population embrassa la religion protestante. La ville vécut alors le drame des guerres de religions. Deux fois assiégée par le Maréchal de Damville, futur Duc de Montmorency, en 1573 (au nom des catholiques), en 1575 (au nom des protestants), elle fut pratiquement détruite : "seules 38 maisons fort pauvres restaient debout". Au siècle suivant des troubles subsistaient encore et c’est Louis XIII en personne qui en 1622, à la tête de son armée vint mettre le siege devant Sommières. La ville se rendit après une courte défense. Une estampe retraçant ce siege se trouve à la bibliothèque nationale de Paris. Le Duc de Rohan, reconnu pour chef des églises réformées de la province, s’empara de la ville en juillet 1625, mais en fut chassé aussitôt par les troupes de M. de Valençay, gouverneur de Montpellier. Le dernier fait d’armes connu remonte à 1703. Jean Cavalier, un des chefs Camisards, à la tête de 800 hommes, fit une incursion dans le faubourg de Sommières, puis se retira sans pouvoir y entrer. Après la révocation de l’Édit de Nantes, le château fut transformé en prison et on y enferma tour à tour des protestants, des soldats prisonniers, marins anglais et hollandais, des détenus politiques, des forçats et même des "filles de joie".
Après la tourmente révolutionnaire, le château fut laissé à l’abandon. Ses ruines témoignent de son importance stratégique au cours des siècles passés. La tour, patrimoine communal, a été récemment restaurée et peut être visitée.
De 1853 à 1900, je suis célèbre jusque dans les capitales étrangères ou j'ai installé des comptoirs de ventes : la distillation des essences aromatiques. La terre de Sommières conquiert le marché mondial.
En 1901, je change d'aspect avec la construction des quais actuels. Au début du vingtième siècle, les mésaventures de l'année 1907 s'étant estompées, commence une ère de prospérité pour tous ceux qui vivent du vignoble. Et me voilà, moi Sommières, je construit des barrages qui réduisent les risques de "Vidourlades". Mon pont romain permet toujours de franchir les rives du fleuve. Mais, le trafic étant trop intense, on m'a construit un pont pour une déviation : Bref, comme vous le voyez j'ai beaucoup vécue. Je vis maintenant du tourisme, de quelques industries et je possède toujours mon marché et mes foires.
L'HISTOIRE DU PONT :
Gros, robuste et grand, Tibère n'adressait que de très rares paroles, y compris à ceux qui l'entouraient. " C’est ainsi que Suétone décrit celui qui régna sur l'Empire romain au Ier siècle après J.-C. Pourtant, ce jour-là, depuis la capitale impériale, sa décision va changer le destin d'une partie du Gard. 'Je veux que Rome franchisse le Vidourle!", aurait-il pu commander. À mille kilomètres de là, en douze ans - de l'an 19 à 31, le pont de Sommières sort de terre. Intimement lié à l'histoire locale, le pont romain donne une valeur stratégique à un bourg peu fréquenté. Pour le meilleur et pour le pire, pont et village franchissent ensemble les siècles.
"Le pont, avant même d'être un ouvrage fondateur pour Sommières, est un symbole de monumentalité. Aujourd'hui encore, il marque le génie romain en matière de construction". Quelques chiffres aident à comprendre à quel point l'édifice était monumental pour l'époque. Les dimensions, tout d'abord : environ 190 mètres de long et près de 7 mètres de large - soit deux voies pour permettre le croisement des chars. 20 arches composent le pont, toutes en plein cintre, même si seulement sept de ces arches sont visibles, les autres étant masquées par la ville médiévale. Complexe, l'ouvrage n'est horizontal que sur les treize arches centrales, car les deux dernières arches de chaque côté fonctionnent comme des rampes d'accès. Chaque pile du pont fait quasiment trois mètres d'épaisseur. Et chaque pierre a été posée à sec, sans mortier, l'ensemble ne tenant que grâce à la masse des blocs employés. En un mot : le pont Tibère, c'est le deuxième plus long viaduc construit eu Europe par les Romains.
Sommières bâtie mille ans après le pont "C'est pour surveiller le pont romain qui avait survécu à l'effondrement de l'Empire, et qui offrait ainsi un unique passage vers la région des Causses, que le château fort a été construit, sur la colline dominant à la fois l'ancienne voie romaine, la vallée et le pont. La valeur stratégique de cet emplacement ne fait aucun doute et elle justifie cette construction", écrit l'érudit local Ivan Gaussen. Conclusion : sans pont romain, pas de Sommières, car pas de château. C'est bien autour du site seigneurial que la population s'est originellement groupée pour avoir une protection en cas d'attaque. Mais, très vite, entre le XIe et le XIIe siècle, l'activité se redirige vers le pont. Le sens du vieil édifice qui enjambe le Vidourle s'en trouve changé : la marque de l'autorité politique se déplace vers la tour Bermond et la référence aux libertés communales gravite, désormais, vers le pont. En témoigne la maison des consuls - ancêtre de nos mairies - construite sur les arches du pont Ou encore la rue Marx-Dormoy - ex-rue du Pont - qui occupe la moitié de l'ouvrage, et qui est connue comme le plus ancien axe commerçant de Sommières. Sans oublier, à proximité du monument antique et à distance du seigneur local, l'établissement de nouveaux artisans : par exemple, la rue Mazelle - de l'occitan masèl , "boucherie" - où les habitants, imitant à leur manière les arches du pont ont bâti des porttilhs, ces raccords étroits servant de contrefort aux maisons et facilitant l'écoulement des eaux en cas de "vidourlade".
De l'Antiquité au Moyen Âge en passant par notre époque, le pont n'en finit pas d'en voir. Aux temps des guerres de Religion, le vénérable ouvrage sert de lieu de combat : qui contrôle le pont tient Sommières. Au XVIII° siècle, l'esprit des Lumières, fait d'admiration pour Rome et de dédain pour la période médiévale, contribue à dégager l'édifice. La petite tour de la Gleizette - située au milieu du pont ! - est rasée. La même année, en 1715, la tour qui fait face au beffroi connut pareil sort : elle ne reste que sur le blason local. Une restauration à marche forcée eut aussi lieu : de nombreux blocs et surtout l'arche qui part de la rive droite furent entièrement remplacés. Quelques années plus tard, les révolutionnaires plantèrent leur "arbre de la Liberté"... au pied du pont. Mais l'épisode le plus incroyable, c'est 1908 : l'adjoint au maire proposa de démolir le pont romain pour le remplacer par un pont métallique ! Heureusement le bon sens l'emporta sur la folie du "tout-moderne". Tibère a encore le dernier mot, lui qui ne parle pas beaucoup.