Mise à jour du 22/08/2024
Saint-Victor-la-Coste
On a un secret à partager avec vous mais ça reste entre nous.
Un bijou caché au milieu de la garrigue, entouré de vignes, un village qui s'appelle Saint-Victor-la-Coste.
Entre Avignon et Uzès mais loin des sentiers battus et touristiques, Saint-Victor-la-Coste reste un authentique village gardois. Déjà de loin on peut voir se dresser les vestige de sa citadelle, le Castellas, dominant du haut de son piton rocheux le village et le Val de Tave.
Au centre du village, la Place de la Mairie vous accueille avec quelques petits commerces typiques et un bar et restaurant à l'ombre de ses platanes. Autour, des rues pittoresques et fleuries sont bordées de châtaigniers et ravissantes maisons en pierre et plus bas se trouvent les lavoirs jumeaux. Ces deux grandioses lavoirs de style néoclassique furent construits en 1849 avec des pierres du Pont du Gard et la statue d'un centurion romain trône au milieu.
Si vous avez soif, sa fontaine vous permet de vous abreuver – de deux façons : en eau et en connaissance. Erigée en 1889 au centre du village, la fontaine du Centenaire de la Révolution est moins un mémorial à la révolution qu'un hommage à la science et le système métrique. Sur son obélisque on voit des dédicaces à Galilée et Newton, un thermomètre à mercure, des distance géographiques basées sur le méridien de Paris... Unique dans la région.
Le Castellas : Le village de Saint-Victor-la-Coste est la seule agglomération du val de Tave possédant un piton rocheux, ce qui explique la construction d'une forteresse au flanc nord de la colline, et qui se nomme aujourd'hui le Castellas.
Les seigneurs de Sabran font construire le Castellas vers 1125. Cette citadelle devient la place forte de leur domaine et Saint Victor capitale de la Sabranenque, région constituant le domaine des comtes de Sabran. Elle attire en ces temps troublés, vers le XII° siècle, la population qui a vécu jusque-là dans la plaine et qui vient s’installer sur le flanc nord de la colline, au plus près du château. C’est le vieux village. Au début du XIII° siècle, le comte de Rostand de Sabran s’allie au comte Raimond de Toulouse, chef des mouvements cathares. Il combat le roi de France, Louis VIII, il est battu. Son pouvoir s’effondre avec ses défaites. Il doit à plusieurs reprises demander pardon et rendre allégeance à la couronne. Il doit livrer le Castellas au Sénéchal royal de Beaucaire qui fait abattre les fortifications. Dès lors, Saint Victor n’est plus qu’une seigneurie parmi d’autres, appartenant successivement aux fastes domaines de plusieurs familles féodales : les Montlor, les Poitiers, les Nicolaï, les Gadagne. Durant les guerres de religion, le Castellas est un temps occupé par les troupes royales. Puis, il reste à l’abandon jusqu’à nos jours.
Devenu récemment propriété de la commune, il fait l’objet d’un projet de réhabilitation dont la réalisation s’étendra sur de nombreuses années.
Le château primitif (de même que les remparts) sont en pierres calcaires extraites des carrières toutes proches, certaines exploitées dès l’antiquité romaine. Si le château semble arrondi, ce n’est qu’une vision d’optique. En effet, il est formé d’une juxtaposition de murs plans, rendant pus efficace le tir des armes de trait. Le Castellas se présentent sous la forme d'une enceinte polygonale irrégulière longue d'une cinquantaine de mètres et d'un donjon rectangulaire. L'enceinte vers le sud-est se termine par un angle aigu, en éperon face aux hauteurs voisines qui se rattachent au mamelon fortifié par un ensellement favorable à un assaut.
Le vieux village s’appuie sur des remparts qui relie 4 tours :
Une deuxième enceinte se situe au sommet de la colline, au contact direct du château actuel. Elle est protégée d’une muraille épaisse. On peut observer des arbalètes et archères en grès rose (grès de Tavien) qui percent cette muraille.
Le donjon est la partie centrale du Château. On y pénètre par une porte d’entrée puissamment fortifiée comme l’atteste le passage qui permettait la manœuvre de la herse et la construction qui supportait son mécanisme.
La cour intérieure a une dimension de 1500 m². Près de l’entrée Est, on peut remarquer une grande salle voûtée (voûtes en plein cintre), et une amorce d’escalier à vis en grès de Tavien, menant certainement aux logements de l’étage. On peut enfin remarquer la Chapelle (8x5m) avec sa double voûte romane décalée, sa tour de guet qui la surmonte et sa façade ouest formée de petits moellons calcaires. Cette chapelle fût apparemment le départ de la construction, et de là, s’est organisé l’architecture du donjon.
Ce castellas a fait l'objet de nombreux pillages et presque toutes les pierre de grès rose appareillées et utilisées pour les arcs doubleaux ou les ouvertures, ont été arrachées et emportées. Du premier château, il ne resterait que la chapelle (XII° siècle). Les fortifications, détruites vers 1250, furent reconstruites au cours des XIII° et XIV° siècles. Toutes les enceintes sont visibles : château et son enceinte ; enceinte de l'avant-cour ; troisième enceinte sur la colline, reliée au nord du village actuel ; quatrième enceinte longeant l'ancienne église ; dernière enceinte formée par le rempart du village, avec ses tours médiévales.
L’Église paroissiale Saint Victor : L’église Saint Victor actuelle, succède à l’ancienne église Sainte Madeleine dont on peut voir les ruines du XII° siècle sises au pied du Castellas.
La construction en est décidée en 1665 par les habitants du village réunis à Mayran. Par souci d’économie, ils choisissent d’appuyer la construction sur le mur du rempart qui entoure le village ainsi que sur la tour qui servira de clocher. C’est ce qui donne l’architecture originale que nous avons aujourd’hui. La construction est laborieuse, la communauté n’ayant plus d’argent pour payer le maçon. L’église fut finalement bénie et affectée au culte le 22 août 1700, mais non terminée. la nef n’étant pas achevée, un mur de refend coupe l’église en son milieu. tout est enfin terminé en 1715. À la même époque, la maison du prieur devenue presbytère est adossée avec la sacristie au levant de l’église.
La façade est l’ancien rempart du village (XI° siècle). L’église y est appuyée de l’extérieur. La grande porte actuelle ne date que de 1809. Auparavant, on entrait par le côté nord à l’emplacement actuel des fonds baptismaux ou par la porte du midi qui est toujours utilisée.
Le clocher Ancienne tour des remparts, dite de l’Houme (de l’ormeau). Au rez de chaussée, une belle salle voûtée en arête avec banc circulaire, servant au XVII° siècle de maison consulaire. La tour est surélevée en 1724 pour servir de clocher et les cloches sont installées en 1739.
Le vaisseau de la nef, long de 32 m pour une largeur de 10 m et une hauteur de 14 m a de belles proportions qu’aucun pilier ne vient gêner. De style roman ogival, la voûte comporte 3 travées en bel appareil voûtées en arêtes.
La chapelle du clocher est le lieu de prière permanent pour les fidèles. C’est aussi l’ancienne «mayson commune» de Saint Victor avec son banc circulaire construit en 1675. La porte de communication a été ouverte en 1988.
La porte séparant l’église de la sacristie est l’ancienne porte d’entrée du XVII° siècle de l’église. Derrière cette porte, on peut découvrir des meubles en bois du XIX°, et 2 statues en bois doré du XVIII°, Saint Roch et Saint Maurice. Accrochés au mur de gauche à droite, on peut voir les tableaux ex-voto de l’ermitage de Mayran.
Chapelle Saint-Martin : C’est au milieu de la plaine, près d’une source et son lavoir, que se situent les restes de la chapelle romane dédiée à Saint Martin. De ce bâtiment, qui dut être splendide, il ne reste que l’abside demi-circulaire et la tour carré du clocher qui l’avoisine au Sud.
La chapelle actuelle date des XI° et XII°. Sa construction fut entamée aux environs de 1050, en un lieu où se tenait le marché régional. Ce marché ayant été transféré à Bagnols en 1223 sur ordre du roi Louis VIII (qui fit également démolir le château du comte de Sabran qui dominait le village), la chapelle fut délaissée par les marchés et les pèlerins et n'a pas survécu. Le prieuré est mentionné sous les noms d'Ad Sanctum Victorem en 1220, Sanctus-Victor de Costa en 1384 et Prieuré Sainct-Victor de la Coste en 1620. Il faisait partie de la viguerie de Bagnols et du diocèse d'Uzès. Le prieuré de Saint-Victor était un prieuré régulier, uni au chapitre cathédral d'Uzès : le prévôt de ce chapitre en était le collateur.
L'église est dans la tradition des premiers édifices chrétiens construits en bordure des voies romaines, sur les emplacements d'anciens temples païens. Un itinéraire reliant la voie Nîmes-Alba aux routes longeant la vallée du Rhône, passait par Saint-Martin. Une pierre en réemploi atteste l'origine païenne du site. Il s'agit semble-t-il d'une stèle funéraire romaine qui sert de soubassement au pilier droit sous le clocher. Des sondages effectués permettent d'évaluer l'importance de la nécropole entourant la chapelle et d'en déduire, d'après le type de sépulture, qu'une agglomération existait à Saint-Martin vers les XI° et XII° siècles. Délaissée par les marchés et les pèlerins, Saint-Martin n'a pas survécu. L'état actuel de l'église ne permet pas d'en connaître le plan d'ensemble. Seuls le clocher et le sanctuaire subsistent. Le clocher est à trois niveaux, chaque étage en retrait par rapport au niveau inférieur. Il est ajouré au premier étage par une baie unique. Le dernier étage est ajouré sur chacune de ses faces par une baie. L'abside semi-circulaire est divisée intérieurement en trois absidioles voûtées en cul de four, pratiquées dans l'épaisseur de la muraille. Les arcs d'ouverture de ces absidioles avaient pour support des colonnes dont il ne reste que les bases. Les retombées s'effectuent par l'intermédiaire de chapiteaux inspirés de l'ordre corinthien. De part et d'autre de l'entrée du chœur, les deux premiers chapiteaux supportent une demi-colonnette engagée, chargée d'un chapiteau d'inspiration ionique qui recevait probablement les retombées de l'arc triomphal.
La Chapelle Notre-Dame de Mayran : La chapelle Notre-Dame date des XI° et XII° siècles.
L’origine du nom « Mayran » serait romaine, il dérivait du nom « Marianum », nom du domaine formé sur le nom du propriétaire « Marius » à l’aide du suffixe « Anum ».
A Mayran, une pierre funéraire romaine renversée dédicacée au Dieu Manes se trouve encastrée dans le pilier droit et une stèle ornée d’une larme batavique a servi d’autel primitif. Une trappe a été taillée dans la partie supérieure pour y recevoir les reliques. L’ensemble est recouvert d’une pierre tabulaire.
Notre Dame de Mayran est une chapelle d’architecture romane. Elle est orientée vers l’orient (l’est) berceau du Christianisme. Elle est en forme de croix latine à trois hémicycles : une abside centrale encadrée de deux plus petites. Ces deux dernières s’ouvrent sur le transept (ou galerie transversale formée par les deux bras de la croix). Elles sont percées de fenêtres longues et étroites avec piédroits et arc en plein cintre, dont les embrasements sont très accentués pour plus de clarté. L’ouverture de l’abside centrale a, quant à elle, été fermée pour servir de niche au-dessus de l’autel.
Le transept est très développé et a reçu une voûte en berceau. son carré délimité par quatre arcades simples sert de base au clocher carré qui émerge du toit. Il est transformé en octogone par de petites voûtes coniques appelées «trompes en cul de four» construites à chacun des angles du carré.
Les seules décorations de l’édifice paraissent sur le clocheton en moellons finement taillés (décoration sur la partie supérieure du clocheton).
C’est la simplicité, le souci de proportion d’unité et d’harmonie qui donnent au monument son intérêt particulier. Son clocher est peu commun, mêlant des formes aussi différentes que le cercle, le carré et l’octogone, ceci avec élégance et solidité.
Au cours des siècles, la chapelle connut quelques modifications. La nef a été surélevée, les baies pratiquées dans la partie supérieure ont été obstruées, ainsi que la porte s’ouvrant sur le midi.
Dans l’axe de la nef, une ouverture fut créée vers l’ouest. En 1768, cet accès a été surmonté d’un motif représentant la Vierge et deux moines agenouillés (motif en partie détruit). Sous le pignon, on retrouve une ouverture en forme d’oculus pour apporter plus de lumière.
Léon Alègre, savant bagnolais, rédigeât des notes et des croquis de la Chapelle de Mayran entre 1845 et 1848. Il écrivait que la nef offrait comme particularité de n’être pas voûtée, mais simplement recouverte d’une toiture portant des charpentes apparentes. Ainsi la voûte actuelle a été ajoutée vers la fin du XIX° siècle. L’absence de voûte (caractéristique des premières chapelles romanes) confirmerait bien une époque ancienne.
Au nord de la nef, les annexes, juxtaposées à la chapelle ont un caractère extrêmement rustiques.
Au rez-de-chaussée, trois salles communiquaient avec la chapelle. Au premier étage, une lucarne s’ouvrait sur le transept et une baie pratiquée dans la nef devait servir de tribune ou de chaire. À l’origine, toutes les salles étaient voûtées, mais se sont effondrées avec le temps. Seul, l’escalier en spirale a défié les intempéries. Depuis les années 1970, une association s’est constituée afin de préserver et de restaurer la chapelle de Mayran.
Au début du XVIII° siècle, les prieurs de Saint Victor ne possédaient plus Mayran, leurs biens furent partagés à partir de 1722, acte reçu par Maîtres Galafret et Deleuze, notaires). Mayran fut habité par des ermites ne possédant que de maigres lopins de terre. Sur le terrier de 1892, on ne trouve plus qu’une vigne et un jardin appartenant au «Frère ermite de Mayran». Il pratiquait la vannerie, aussi l’appelait-on le « vannier ». Avec son modeste revenu et les dons et aumônes qu’il recevait, il subsistait à ses besoins et même en partie à ceux du sanctuaire. Le souvenir du dernier ermite est resté bien longtemps dans les mémoires. Il a connu hélas une fin tragique. Il fut assassiné en 1915, ce qui révolta les habitants de Saint Victor.
Les anciens lavoirs jumeaux : Les problèmes liés à l’eau ne datent pas d’aujourd’hui. En effet, dans les archives municipales ont été retrouvé des écrits datant du 23 juillet 1762 sur ce problème.
Vers le milieu du XIX° siècle, la pénurie d’eau est telle qu’elle devient insupportable. Aussi, la municipalité décide de faire construire une fontaine et des lavoirs.
La construction de la fontaine et des lavoirs est achevée en 1849. Le budget prévisionnel était de 5850 F. pour parachever l’ouvrage, une statue est érigée sur la fontaine en 1889, elle représente un centurion romain. Malheureusement, cette statue a été détruite.
Les lavoirs sont constitués de deux bassins couverts séparés, entre ces deux bassins, il y a une fontaine alimentée par une source dont l’eau s’écoule dans ceux-ci. L’architecture est de style néoclassique. Deux grands piliers carrés en pierre forment les ouvertures des côtés. Les niches de façades et les fenêtre sont également taillées à la main dans de la pierre du Pont du Gard.
La couleur de ces pierres en calcaire coquillé, donne plus de clarté et de chaleur à la lumière du lieu.
Des canaux en pierres taillées amènent l’eau de la fontaine aux lavoirs, ce qui, à l’époque facilitait l’abreuvage des troupeaux depuis la rue.
Les bassins sont constitués de deux parties, une pour le lavage et l’autre pour le rinçage. la toiture repose sur des arcs en pierre de taille (pierre du Pont du Gard), elle est constituée d’une charpente formée de chevrons et poutres sur laquelle sont posées des carreaux en terre cuite, parefeuilles de Fournès, pour isoler. Enfin, des tuiles romanes sont posées pour assurer la protection du bâtiment.
De grandes pierres sont posées en pente, ce qui permettait aux femmes de laver leur linge. Le rebord qui termine la pierre, évitait que l’eau savonneuse ne s’écoule dans le bassin.
En 2001, cet ouvrage, classé monument historique a été restauré à l’instigation de la municipalité. La statue détruite a été remplacée et domine à nouveau la fontaine.
La Fontaine du Savoir : Construite en 1889, l’inauguration aura lieu en 1890.
C’est un nouveau cruel manque d’eau qui préside à sa naissance (Voir les lavoirs jumeaux). En 1884, la pénurie d’eau à Saint-Victor-la-Coste est telle que «la portion féminine de la population la juge insupportable», nos grands-mères disaient à l’architecte venu pour étude et devis « -Ah ! Monsieur , Saint Victor est un bon village, mais…il ne devrait pas y avoir de femmes !»
En 1887, le projet de distribution d’eau est arrêté, il sera composé d’un ensemble : la fontaine sur la place de la mairie et les lavoirs jumeaux. Cet ensemble devait palier au manque d’eau sur la commune. La construction de cette fontaine jaillissante sur la place de la mairie faisait donc partie de cet ensemble. C’est un captage d’une source située dans la combe de Pialat qui alimentait la fontaine, l’eau étant ensuite acheminée par une galerie drainante (du XVII° siècle) vers les deux lavoirs jumeaux situés un peu plus au nord du village.
C’est une fontaine dite de « Galilée » que le maire d’alors, Monsieur Léon Bouchet a choisie. Le cabinet d’architectes Degan père et fils a été chargé de l’étude. Ene telle construction favorisait également une instruction primaire et publique naissante.
Une obélisque en pierre de taille de Lens, domine un grand bassin. Sur le sommet de la pyramide une girouette malheureusement disparue. Sur ses faces, deux médaillons sculptés représentant Galilée et Newton, la république ainsi que le blason de la commune.
Sur la face Est de l’obélisque ou apparait Galilée en médaillon une citation de Motyon : «Galilée n’est pas moins célèbre dans le mécanisme que dans l’astronomie». On trouvait un baromètre anéroïde géant, que les agriculteurs sans nul doute ne manquaient pas de consulter.
Une rosace décore la partie centrale. Plus bas un peu d’arithmétique, il est rappelé que le système métrique a été adopté en France en 1795, les anciennes mesures ont été abolies en 1840.
Sur la face Sud, le thermomètre à mercure n’en finissait pas de monter et de descendre au fil des jours et des saisons. (Ces deux appareils n’ont pas survécu à l’épreuve du temps).
La face Nord est consacré à la géographie.
La face ouest, nous rappelle les règles des volumes et des superficies. C’est Newton qui nous est donné en référence. Le physicien Biot nous le présente : «Newton est sans égal comme géomètre et comme expérimentateur». Sont aussi sculptées roses des vents et rosaces.
Telle apparaît aux visiteurs la fontaine de Saint-Victor-la-Coste, ou l’on puisait autrefois l’eau et le savoir.
Entre Avignon et Uzès mais loin des sentiers battus et touristiques, Saint-Victor-la-Coste reste un authentique village gardois. Déjà de loin on peut voir se dresser les vestige de sa citadelle, le Castellas, dominant du haut de son piton rocheux le village et le Val de Tave.
Au centre du village, la Place de la Mairie vous accueille avec quelques petits commerces typiques et un bar et restaurant à l'ombre de ses platanes. Autour, des rues pittoresques et fleuries sont bordées de châtaigniers et ravissantes maisons en pierre et plus bas se trouvent les lavoirs jumeaux. Ces deux grandioses lavoirs de style néoclassique furent construits en 1849 avec des pierres du Pont du Gard et la statue d'un centurion romain trône au milieu.
Si vous avez soif, sa fontaine vous permet de vous abreuver – de deux façons : en eau et en connaissance. Erigée en 1889 au centre du village, la fontaine du Centenaire de la Révolution est moins un mémorial à la révolution qu'un hommage à la science et le système métrique. Sur son obélisque on voit des dédicaces à Galilée et Newton, un thermomètre à mercure, des distance géographiques basées sur le méridien de Paris... Unique dans la région.
Le Castellas : Le village de Saint-Victor-la-Coste est la seule agglomération du val de Tave possédant un piton rocheux, ce qui explique la construction d'une forteresse au flanc nord de la colline, et qui se nomme aujourd'hui le Castellas.
Les seigneurs de Sabran font construire le Castellas vers 1125. Cette citadelle devient la place forte de leur domaine et Saint Victor capitale de la Sabranenque, région constituant le domaine des comtes de Sabran. Elle attire en ces temps troublés, vers le XII° siècle, la population qui a vécu jusque-là dans la plaine et qui vient s’installer sur le flanc nord de la colline, au plus près du château. C’est le vieux village. Au début du XIII° siècle, le comte de Rostand de Sabran s’allie au comte Raimond de Toulouse, chef des mouvements cathares. Il combat le roi de France, Louis VIII, il est battu. Son pouvoir s’effondre avec ses défaites. Il doit à plusieurs reprises demander pardon et rendre allégeance à la couronne. Il doit livrer le Castellas au Sénéchal royal de Beaucaire qui fait abattre les fortifications. Dès lors, Saint Victor n’est plus qu’une seigneurie parmi d’autres, appartenant successivement aux fastes domaines de plusieurs familles féodales : les Montlor, les Poitiers, les Nicolaï, les Gadagne. Durant les guerres de religion, le Castellas est un temps occupé par les troupes royales. Puis, il reste à l’abandon jusqu’à nos jours.
Devenu récemment propriété de la commune, il fait l’objet d’un projet de réhabilitation dont la réalisation s’étendra sur de nombreuses années.
Le château primitif (de même que les remparts) sont en pierres calcaires extraites des carrières toutes proches, certaines exploitées dès l’antiquité romaine. Si le château semble arrondi, ce n’est qu’une vision d’optique. En effet, il est formé d’une juxtaposition de murs plans, rendant pus efficace le tir des armes de trait. Le Castellas se présentent sous la forme d'une enceinte polygonale irrégulière longue d'une cinquantaine de mètres et d'un donjon rectangulaire. L'enceinte vers le sud-est se termine par un angle aigu, en éperon face aux hauteurs voisines qui se rattachent au mamelon fortifié par un ensellement favorable à un assaut.
Le vieux village s’appuie sur des remparts qui relie 4 tours :
- La tour de l’Ormeau à l’est (dite tour de l’Oume)
- La tour de la Gardette (dite la Poterne) qui contrôlait l’unique entrée du village. les ferrures de la porte et le système de défense (archère) sont encore visibles
- La tour médiane
- La tour du couchant ( tour de l’auro) qui servait de poste de guet
Une deuxième enceinte se situe au sommet de la colline, au contact direct du château actuel. Elle est protégée d’une muraille épaisse. On peut observer des arbalètes et archères en grès rose (grès de Tavien) qui percent cette muraille.
Le donjon est la partie centrale du Château. On y pénètre par une porte d’entrée puissamment fortifiée comme l’atteste le passage qui permettait la manœuvre de la herse et la construction qui supportait son mécanisme.
La cour intérieure a une dimension de 1500 m². Près de l’entrée Est, on peut remarquer une grande salle voûtée (voûtes en plein cintre), et une amorce d’escalier à vis en grès de Tavien, menant certainement aux logements de l’étage. On peut enfin remarquer la Chapelle (8x5m) avec sa double voûte romane décalée, sa tour de guet qui la surmonte et sa façade ouest formée de petits moellons calcaires. Cette chapelle fût apparemment le départ de la construction, et de là, s’est organisé l’architecture du donjon.
Ce castellas a fait l'objet de nombreux pillages et presque toutes les pierre de grès rose appareillées et utilisées pour les arcs doubleaux ou les ouvertures, ont été arrachées et emportées. Du premier château, il ne resterait que la chapelle (XII° siècle). Les fortifications, détruites vers 1250, furent reconstruites au cours des XIII° et XIV° siècles. Toutes les enceintes sont visibles : château et son enceinte ; enceinte de l'avant-cour ; troisième enceinte sur la colline, reliée au nord du village actuel ; quatrième enceinte longeant l'ancienne église ; dernière enceinte formée par le rempart du village, avec ses tours médiévales.
L’Église paroissiale Saint Victor : L’église Saint Victor actuelle, succède à l’ancienne église Sainte Madeleine dont on peut voir les ruines du XII° siècle sises au pied du Castellas.
La construction en est décidée en 1665 par les habitants du village réunis à Mayran. Par souci d’économie, ils choisissent d’appuyer la construction sur le mur du rempart qui entoure le village ainsi que sur la tour qui servira de clocher. C’est ce qui donne l’architecture originale que nous avons aujourd’hui. La construction est laborieuse, la communauté n’ayant plus d’argent pour payer le maçon. L’église fut finalement bénie et affectée au culte le 22 août 1700, mais non terminée. la nef n’étant pas achevée, un mur de refend coupe l’église en son milieu. tout est enfin terminé en 1715. À la même époque, la maison du prieur devenue presbytère est adossée avec la sacristie au levant de l’église.
La façade est l’ancien rempart du village (XI° siècle). L’église y est appuyée de l’extérieur. La grande porte actuelle ne date que de 1809. Auparavant, on entrait par le côté nord à l’emplacement actuel des fonds baptismaux ou par la porte du midi qui est toujours utilisée.
Le clocher Ancienne tour des remparts, dite de l’Houme (de l’ormeau). Au rez de chaussée, une belle salle voûtée en arête avec banc circulaire, servant au XVII° siècle de maison consulaire. La tour est surélevée en 1724 pour servir de clocher et les cloches sont installées en 1739.
Le vaisseau de la nef, long de 32 m pour une largeur de 10 m et une hauteur de 14 m a de belles proportions qu’aucun pilier ne vient gêner. De style roman ogival, la voûte comporte 3 travées en bel appareil voûtées en arêtes.
La chapelle du clocher est le lieu de prière permanent pour les fidèles. C’est aussi l’ancienne «mayson commune» de Saint Victor avec son banc circulaire construit en 1675. La porte de communication a été ouverte en 1988.
La porte séparant l’église de la sacristie est l’ancienne porte d’entrée du XVII° siècle de l’église. Derrière cette porte, on peut découvrir des meubles en bois du XIX°, et 2 statues en bois doré du XVIII°, Saint Roch et Saint Maurice. Accrochés au mur de gauche à droite, on peut voir les tableaux ex-voto de l’ermitage de Mayran.
Chapelle Saint-Martin : C’est au milieu de la plaine, près d’une source et son lavoir, que se situent les restes de la chapelle romane dédiée à Saint Martin. De ce bâtiment, qui dut être splendide, il ne reste que l’abside demi-circulaire et la tour carré du clocher qui l’avoisine au Sud.
La chapelle actuelle date des XI° et XII°. Sa construction fut entamée aux environs de 1050, en un lieu où se tenait le marché régional. Ce marché ayant été transféré à Bagnols en 1223 sur ordre du roi Louis VIII (qui fit également démolir le château du comte de Sabran qui dominait le village), la chapelle fut délaissée par les marchés et les pèlerins et n'a pas survécu. Le prieuré est mentionné sous les noms d'Ad Sanctum Victorem en 1220, Sanctus-Victor de Costa en 1384 et Prieuré Sainct-Victor de la Coste en 1620. Il faisait partie de la viguerie de Bagnols et du diocèse d'Uzès. Le prieuré de Saint-Victor était un prieuré régulier, uni au chapitre cathédral d'Uzès : le prévôt de ce chapitre en était le collateur.
L'église est dans la tradition des premiers édifices chrétiens construits en bordure des voies romaines, sur les emplacements d'anciens temples païens. Un itinéraire reliant la voie Nîmes-Alba aux routes longeant la vallée du Rhône, passait par Saint-Martin. Une pierre en réemploi atteste l'origine païenne du site. Il s'agit semble-t-il d'une stèle funéraire romaine qui sert de soubassement au pilier droit sous le clocher. Des sondages effectués permettent d'évaluer l'importance de la nécropole entourant la chapelle et d'en déduire, d'après le type de sépulture, qu'une agglomération existait à Saint-Martin vers les XI° et XII° siècles. Délaissée par les marchés et les pèlerins, Saint-Martin n'a pas survécu. L'état actuel de l'église ne permet pas d'en connaître le plan d'ensemble. Seuls le clocher et le sanctuaire subsistent. Le clocher est à trois niveaux, chaque étage en retrait par rapport au niveau inférieur. Il est ajouré au premier étage par une baie unique. Le dernier étage est ajouré sur chacune de ses faces par une baie. L'abside semi-circulaire est divisée intérieurement en trois absidioles voûtées en cul de four, pratiquées dans l'épaisseur de la muraille. Les arcs d'ouverture de ces absidioles avaient pour support des colonnes dont il ne reste que les bases. Les retombées s'effectuent par l'intermédiaire de chapiteaux inspirés de l'ordre corinthien. De part et d'autre de l'entrée du chœur, les deux premiers chapiteaux supportent une demi-colonnette engagée, chargée d'un chapiteau d'inspiration ionique qui recevait probablement les retombées de l'arc triomphal.
La Chapelle Notre-Dame de Mayran : La chapelle Notre-Dame date des XI° et XII° siècles.
L’origine du nom « Mayran » serait romaine, il dérivait du nom « Marianum », nom du domaine formé sur le nom du propriétaire « Marius » à l’aide du suffixe « Anum ».
A Mayran, une pierre funéraire romaine renversée dédicacée au Dieu Manes se trouve encastrée dans le pilier droit et une stèle ornée d’une larme batavique a servi d’autel primitif. Une trappe a été taillée dans la partie supérieure pour y recevoir les reliques. L’ensemble est recouvert d’une pierre tabulaire.
Notre Dame de Mayran est une chapelle d’architecture romane. Elle est orientée vers l’orient (l’est) berceau du Christianisme. Elle est en forme de croix latine à trois hémicycles : une abside centrale encadrée de deux plus petites. Ces deux dernières s’ouvrent sur le transept (ou galerie transversale formée par les deux bras de la croix). Elles sont percées de fenêtres longues et étroites avec piédroits et arc en plein cintre, dont les embrasements sont très accentués pour plus de clarté. L’ouverture de l’abside centrale a, quant à elle, été fermée pour servir de niche au-dessus de l’autel.
Le transept est très développé et a reçu une voûte en berceau. son carré délimité par quatre arcades simples sert de base au clocher carré qui émerge du toit. Il est transformé en octogone par de petites voûtes coniques appelées «trompes en cul de four» construites à chacun des angles du carré.
Les seules décorations de l’édifice paraissent sur le clocheton en moellons finement taillés (décoration sur la partie supérieure du clocheton).
C’est la simplicité, le souci de proportion d’unité et d’harmonie qui donnent au monument son intérêt particulier. Son clocher est peu commun, mêlant des formes aussi différentes que le cercle, le carré et l’octogone, ceci avec élégance et solidité.
Au cours des siècles, la chapelle connut quelques modifications. La nef a été surélevée, les baies pratiquées dans la partie supérieure ont été obstruées, ainsi que la porte s’ouvrant sur le midi.
Dans l’axe de la nef, une ouverture fut créée vers l’ouest. En 1768, cet accès a été surmonté d’un motif représentant la Vierge et deux moines agenouillés (motif en partie détruit). Sous le pignon, on retrouve une ouverture en forme d’oculus pour apporter plus de lumière.
Léon Alègre, savant bagnolais, rédigeât des notes et des croquis de la Chapelle de Mayran entre 1845 et 1848. Il écrivait que la nef offrait comme particularité de n’être pas voûtée, mais simplement recouverte d’une toiture portant des charpentes apparentes. Ainsi la voûte actuelle a été ajoutée vers la fin du XIX° siècle. L’absence de voûte (caractéristique des premières chapelles romanes) confirmerait bien une époque ancienne.
Au nord de la nef, les annexes, juxtaposées à la chapelle ont un caractère extrêmement rustiques.
Au rez-de-chaussée, trois salles communiquaient avec la chapelle. Au premier étage, une lucarne s’ouvrait sur le transept et une baie pratiquée dans la nef devait servir de tribune ou de chaire. À l’origine, toutes les salles étaient voûtées, mais se sont effondrées avec le temps. Seul, l’escalier en spirale a défié les intempéries. Depuis les années 1970, une association s’est constituée afin de préserver et de restaurer la chapelle de Mayran.
Au début du XVIII° siècle, les prieurs de Saint Victor ne possédaient plus Mayran, leurs biens furent partagés à partir de 1722, acte reçu par Maîtres Galafret et Deleuze, notaires). Mayran fut habité par des ermites ne possédant que de maigres lopins de terre. Sur le terrier de 1892, on ne trouve plus qu’une vigne et un jardin appartenant au «Frère ermite de Mayran». Il pratiquait la vannerie, aussi l’appelait-on le « vannier ». Avec son modeste revenu et les dons et aumônes qu’il recevait, il subsistait à ses besoins et même en partie à ceux du sanctuaire. Le souvenir du dernier ermite est resté bien longtemps dans les mémoires. Il a connu hélas une fin tragique. Il fut assassiné en 1915, ce qui révolta les habitants de Saint Victor.
Les anciens lavoirs jumeaux : Les problèmes liés à l’eau ne datent pas d’aujourd’hui. En effet, dans les archives municipales ont été retrouvé des écrits datant du 23 juillet 1762 sur ce problème.
Vers le milieu du XIX° siècle, la pénurie d’eau est telle qu’elle devient insupportable. Aussi, la municipalité décide de faire construire une fontaine et des lavoirs.
La construction de la fontaine et des lavoirs est achevée en 1849. Le budget prévisionnel était de 5850 F. pour parachever l’ouvrage, une statue est érigée sur la fontaine en 1889, elle représente un centurion romain. Malheureusement, cette statue a été détruite.
Les lavoirs sont constitués de deux bassins couverts séparés, entre ces deux bassins, il y a une fontaine alimentée par une source dont l’eau s’écoule dans ceux-ci. L’architecture est de style néoclassique. Deux grands piliers carrés en pierre forment les ouvertures des côtés. Les niches de façades et les fenêtre sont également taillées à la main dans de la pierre du Pont du Gard.
La couleur de ces pierres en calcaire coquillé, donne plus de clarté et de chaleur à la lumière du lieu.
Des canaux en pierres taillées amènent l’eau de la fontaine aux lavoirs, ce qui, à l’époque facilitait l’abreuvage des troupeaux depuis la rue.
Les bassins sont constitués de deux parties, une pour le lavage et l’autre pour le rinçage. la toiture repose sur des arcs en pierre de taille (pierre du Pont du Gard), elle est constituée d’une charpente formée de chevrons et poutres sur laquelle sont posées des carreaux en terre cuite, parefeuilles de Fournès, pour isoler. Enfin, des tuiles romanes sont posées pour assurer la protection du bâtiment.
De grandes pierres sont posées en pente, ce qui permettait aux femmes de laver leur linge. Le rebord qui termine la pierre, évitait que l’eau savonneuse ne s’écoule dans le bassin.
En 2001, cet ouvrage, classé monument historique a été restauré à l’instigation de la municipalité. La statue détruite a été remplacée et domine à nouveau la fontaine.
La Fontaine du Savoir : Construite en 1889, l’inauguration aura lieu en 1890.
C’est un nouveau cruel manque d’eau qui préside à sa naissance (Voir les lavoirs jumeaux). En 1884, la pénurie d’eau à Saint-Victor-la-Coste est telle que «la portion féminine de la population la juge insupportable», nos grands-mères disaient à l’architecte venu pour étude et devis « -Ah ! Monsieur , Saint Victor est un bon village, mais…il ne devrait pas y avoir de femmes !»
En 1887, le projet de distribution d’eau est arrêté, il sera composé d’un ensemble : la fontaine sur la place de la mairie et les lavoirs jumeaux. Cet ensemble devait palier au manque d’eau sur la commune. La construction de cette fontaine jaillissante sur la place de la mairie faisait donc partie de cet ensemble. C’est un captage d’une source située dans la combe de Pialat qui alimentait la fontaine, l’eau étant ensuite acheminée par une galerie drainante (du XVII° siècle) vers les deux lavoirs jumeaux situés un peu plus au nord du village.
C’est une fontaine dite de « Galilée » que le maire d’alors, Monsieur Léon Bouchet a choisie. Le cabinet d’architectes Degan père et fils a été chargé de l’étude. Ene telle construction favorisait également une instruction primaire et publique naissante.
Une obélisque en pierre de taille de Lens, domine un grand bassin. Sur le sommet de la pyramide une girouette malheureusement disparue. Sur ses faces, deux médaillons sculptés représentant Galilée et Newton, la république ainsi que le blason de la commune.
Sur la face Est de l’obélisque ou apparait Galilée en médaillon une citation de Motyon : «Galilée n’est pas moins célèbre dans le mécanisme que dans l’astronomie». On trouvait un baromètre anéroïde géant, que les agriculteurs sans nul doute ne manquaient pas de consulter.
Une rosace décore la partie centrale. Plus bas un peu d’arithmétique, il est rappelé que le système métrique a été adopté en France en 1795, les anciennes mesures ont été abolies en 1840.
Sur la face Sud, le thermomètre à mercure n’en finissait pas de monter et de descendre au fil des jours et des saisons. (Ces deux appareils n’ont pas survécu à l’épreuve du temps).
La face Nord est consacré à la géographie.
La face ouest, nous rappelle les règles des volumes et des superficies. C’est Newton qui nous est donné en référence. Le physicien Biot nous le présente : «Newton est sans égal comme géomètre et comme expérimentateur». Sont aussi sculptées roses des vents et rosaces.
Telle apparaît aux visiteurs la fontaine de Saint-Victor-la-Coste, ou l’on puisait autrefois l’eau et le savoir.
Préhistoire
Le territoire actuel de Saint-Victor-la-Coste est occupé par l'homme depuis plusieurs millénaires. Dans les collines des Costes, qui bordent la plaine, la grotte du Mourgue abrite des vestiges néolithiques, celle de Canabier a livré un vase de l'âge du cuivre. Au pied des collines, abondent des gisements néolithiques et de l'âge du bronze.
Époque romaine
Durant l'époque romaine, le village était traversé d'une antique voie qui pourrait conduire à l'oppidum de Gaujac (se trouvant à une dizaine de kilomètres). Des sites attestent de la présence romaine, comme les sites de la Tuilerie, de Saint-Martin ou encore la chapelle de Mayran. À Mayran, la partie rurale d'une villa a été récemment fouillée par le Groupe archéologique de la vallée de la Tave, qui a découvert des cuves vinaires, des trous de plantation de pieds de vigne, un aqueduc souterrain.
Époque médiévale
Le village de Saint-Victor-la-Coste est la seule agglomération du val de Tave possédant un piton rocheux, ce qui explique la construction d'une forteresse au flanc nord de la colline, et qui se nomme aujourd'hui le Castellas. Cette forteresse appartenait au domaine de la Maison de Sabran, connétables du comte de Toulouse. La puissance des Sabran attire entre le XI° siècle et le XII° siècle la population de Saint-Victor qui vivait jusque-là dans la vallée et qui vint s'installer sur le flanc nord de la colline. Le Castellas avec ses puissantes fortifications, dominait la plaine de la Tave, et de ses tours majestueuses l'on pouvait surveiller la vallée du Rhône, mais aussi les routes qui menaient vers Uzès, puissante ville durant le Moyen Âge.
Le village comprend de nombreux vestiges de l'époque médiévale, comme la présence de plusieurs chapelles romanes : les chapelles de Mayran et de Saint-Martin. Ces chapelles occupaient le vaste centre ecclésiastique appartenant au chapitre de la cathédrale d'Uzès du IX° siècle jusqu'à la Révolution. Le plus ancien document connu relatif à Saint-Victor-la-Coste, charte écrite en l'an 896, parle déjà de Saint-Martin, près du "vieux Mayran". Le domain de Saint-Martin comprenait alors des terres, des vignes, des « familiers » (esclaves domestiques). Saint-Martin était même, au Moyen Âge, le lieu d'un important marché régional, faisant du lieu une de plus importantes places économiques de la région, car à l'époque, la richesse marchande d'une région n'est portée que par les marchés et foires locales.
Le pouvoir des Sabran s'est effondré, avec la défaite des comtes de Toulouse, lors de la croisade du roi de France contre les Albigeois. En 1249, le château fort, appelé le Castellas, fut livré au sénéchal royal de Beaucaire qui en fit abattre les fortifications sur ordre du roi. Dès lors, Saint-Victor ne fut plus qu'une seigneurie parmi tant d'autres, appartenant successivement aux vastes domaines de plusieurs familles féodales : les Montlaur, Poitiers, Nicolaï, Gadagne.
Époque moderne (XVI°-XVIII° siècle)
Durant les guerres de religion qu'on situe entre 1562 et 1598, le Castellas fut un temps occupé par les troupes royales. Restées à l'abandon durant plusieurs siècles, ses ruines sont actuellement consolidées.
Période Contemporaine
Au cours de la Révolution française, la commune porte provisoirement le nom de Serre-la-Coste.
Les historiens s'accordent à dire que le XIX° siècle est indéniablement le "siècle d'or" de la viticulture en Languedoc, marqué par une signifiante explosion viticole. Toutefois, l'histoire rurale languedocienne est, dès la seconde moitié du XVIII° siècle, parcourue de mouvement réformateur pour tenter de résoudre les problèmes de la production agricole et réduire les épisodes de disettes et de famines.
Sous l'Ancien Régime, la privatisation des biens communaux a fait l'objet de discussions sérieuses entre les autorités royales, les relais provinciaux (sénéchal) et les populations du Gard. Dès 1770, de grand moment de défrichement ont permis de cultiver les garrigues du Gard qui se trouvaient généralement sur des collines.
Durant la Révolution Française, plusieurs lois furent votées entre 1792 et 1793 pour préciser le mode de partage de ces terres, pourtant jugées "incapables de rien produite".
Sous l'Empire, ces partitions furent approuvées par Napoléon selon la loi adoptée du 9 brumaire an XIII relative aux défrichements et les divisions des biens communaux opérées en 1790.
Sous la Restauration, l'ordonnance royale du 23 juin 1819, signée par Louis XVIII, préservent en partie les principes adoptés par Napoléon sous le Consulat et au début de l'Empire. Ces mesures permettaient en outre de favoriser la location et/ou la vente de parcelles de biens communaux, mais surtout, les profits de ces transactions iraient directement aux communes concernées. Dans le canton d'Uzès - dont fait partie Saint Victor la Coste -, cette ordonnance a trouvé un large écho auprès de la population, désireuse d'un partage des terres équitables. Parmi les conséquences de ce phénomène, l'augmentation de la propriété foncière avec des micros et petits paysans est significative. Surtout, le type de cultures plantées sur les parcelles nouvellement défrichées est révélateur de l'action de la petite paysannerie gardoise : la superficie vouée à la vigne a augmenté de manière significative au cours des décennies révolutionnaire et napoléonienne. En 1819, les surfaces agricoles de Saint Victor la Coste atteignent 6 ha, dont 70% (4,27 ha) des parcelles sont dédiées à la culture viticole et réparties entre 25 détenteurs. Les réformes agraires révolutionnaires et napoléoniennes ont encouragé de nombreux paysans à s'approprier des parcelles communales, plantées successivement en vignes, contribuant ainsi à l'essor de la viticulture dans le Gard, et à Saint Victor la Coste.
Le territoire actuel de Saint-Victor-la-Coste est occupé par l'homme depuis plusieurs millénaires. Dans les collines des Costes, qui bordent la plaine, la grotte du Mourgue abrite des vestiges néolithiques, celle de Canabier a livré un vase de l'âge du cuivre. Au pied des collines, abondent des gisements néolithiques et de l'âge du bronze.
Époque romaine
Durant l'époque romaine, le village était traversé d'une antique voie qui pourrait conduire à l'oppidum de Gaujac (se trouvant à une dizaine de kilomètres). Des sites attestent de la présence romaine, comme les sites de la Tuilerie, de Saint-Martin ou encore la chapelle de Mayran. À Mayran, la partie rurale d'une villa a été récemment fouillée par le Groupe archéologique de la vallée de la Tave, qui a découvert des cuves vinaires, des trous de plantation de pieds de vigne, un aqueduc souterrain.
Époque médiévale
Le village de Saint-Victor-la-Coste est la seule agglomération du val de Tave possédant un piton rocheux, ce qui explique la construction d'une forteresse au flanc nord de la colline, et qui se nomme aujourd'hui le Castellas. Cette forteresse appartenait au domaine de la Maison de Sabran, connétables du comte de Toulouse. La puissance des Sabran attire entre le XI° siècle et le XII° siècle la population de Saint-Victor qui vivait jusque-là dans la vallée et qui vint s'installer sur le flanc nord de la colline. Le Castellas avec ses puissantes fortifications, dominait la plaine de la Tave, et de ses tours majestueuses l'on pouvait surveiller la vallée du Rhône, mais aussi les routes qui menaient vers Uzès, puissante ville durant le Moyen Âge.
Le village comprend de nombreux vestiges de l'époque médiévale, comme la présence de plusieurs chapelles romanes : les chapelles de Mayran et de Saint-Martin. Ces chapelles occupaient le vaste centre ecclésiastique appartenant au chapitre de la cathédrale d'Uzès du IX° siècle jusqu'à la Révolution. Le plus ancien document connu relatif à Saint-Victor-la-Coste, charte écrite en l'an 896, parle déjà de Saint-Martin, près du "vieux Mayran". Le domain de Saint-Martin comprenait alors des terres, des vignes, des « familiers » (esclaves domestiques). Saint-Martin était même, au Moyen Âge, le lieu d'un important marché régional, faisant du lieu une de plus importantes places économiques de la région, car à l'époque, la richesse marchande d'une région n'est portée que par les marchés et foires locales.
Le pouvoir des Sabran s'est effondré, avec la défaite des comtes de Toulouse, lors de la croisade du roi de France contre les Albigeois. En 1249, le château fort, appelé le Castellas, fut livré au sénéchal royal de Beaucaire qui en fit abattre les fortifications sur ordre du roi. Dès lors, Saint-Victor ne fut plus qu'une seigneurie parmi tant d'autres, appartenant successivement aux vastes domaines de plusieurs familles féodales : les Montlaur, Poitiers, Nicolaï, Gadagne.
Époque moderne (XVI°-XVIII° siècle)
Durant les guerres de religion qu'on situe entre 1562 et 1598, le Castellas fut un temps occupé par les troupes royales. Restées à l'abandon durant plusieurs siècles, ses ruines sont actuellement consolidées.
Période Contemporaine
Au cours de la Révolution française, la commune porte provisoirement le nom de Serre-la-Coste.
Les historiens s'accordent à dire que le XIX° siècle est indéniablement le "siècle d'or" de la viticulture en Languedoc, marqué par une signifiante explosion viticole. Toutefois, l'histoire rurale languedocienne est, dès la seconde moitié du XVIII° siècle, parcourue de mouvement réformateur pour tenter de résoudre les problèmes de la production agricole et réduire les épisodes de disettes et de famines.
Sous l'Ancien Régime, la privatisation des biens communaux a fait l'objet de discussions sérieuses entre les autorités royales, les relais provinciaux (sénéchal) et les populations du Gard. Dès 1770, de grand moment de défrichement ont permis de cultiver les garrigues du Gard qui se trouvaient généralement sur des collines.
Durant la Révolution Française, plusieurs lois furent votées entre 1792 et 1793 pour préciser le mode de partage de ces terres, pourtant jugées "incapables de rien produite".
Sous l'Empire, ces partitions furent approuvées par Napoléon selon la loi adoptée du 9 brumaire an XIII relative aux défrichements et les divisions des biens communaux opérées en 1790.
Sous la Restauration, l'ordonnance royale du 23 juin 1819, signée par Louis XVIII, préservent en partie les principes adoptés par Napoléon sous le Consulat et au début de l'Empire. Ces mesures permettaient en outre de favoriser la location et/ou la vente de parcelles de biens communaux, mais surtout, les profits de ces transactions iraient directement aux communes concernées. Dans le canton d'Uzès - dont fait partie Saint Victor la Coste -, cette ordonnance a trouvé un large écho auprès de la population, désireuse d'un partage des terres équitables. Parmi les conséquences de ce phénomène, l'augmentation de la propriété foncière avec des micros et petits paysans est significative. Surtout, le type de cultures plantées sur les parcelles nouvellement défrichées est révélateur de l'action de la petite paysannerie gardoise : la superficie vouée à la vigne a augmenté de manière significative au cours des décennies révolutionnaire et napoléonienne. En 1819, les surfaces agricoles de Saint Victor la Coste atteignent 6 ha, dont 70% (4,27 ha) des parcelles sont dédiées à la culture viticole et réparties entre 25 détenteurs. Les réformes agraires révolutionnaires et napoléoniennes ont encouragé de nombreux paysans à s'approprier des parcelles communales, plantées successivement en vignes, contribuant ainsi à l'essor de la viticulture dans le Gard, et à Saint Victor la Coste.