Mise à jour du 22/08/2024
Saint-Guilhem-le-Désert
Étape spirituelle sur le Chemin de Saint-Jacques de Compostelle, Saint-Guilhem-le-Désert est une petite cité médiévale faisant partie des Plus beaux villages de France qui vous offre une parenthèse inédite…
Entre hautes garrigues, Larzac et spectaculaires gorges de l’Hérault, Saint-Guilhem-le-Désert prend place au cœur de la vallée de Gellone. Depuis le cirque du Bout du Monde, encore appelé, cirque de l’Infernet (petit enfer en occitan), bel exemple de reculée jurassienne, coule le ruisseau Verdus. Le village est un village rue, et les habitants se nomment les « Sauta Rocs ».
À votre arrivée dans le village, partez à la découverte des richesses du village… Fenêtres romanes ou Renaissance et arcatures révèlent l’identité médiévale de la cité…
De la place médiévale où un surprenant platane, planté en 1855, déploie généreusement sa verdure, on peut faire plusieurs promenades à pied à la découverte du cirque du bout du monde aux falaises abruptes et des monts de Saint-Guilhem qui abritent une espèce rare : le pin de Salzmann. L’église Saint-Laurent (fin XI°, début XII° siècle), la tour des prisons (XII°) ou encore le château du Géant, sont autant de témoins du riche passé de la cité...
Église Saint-Laurent : Cette ancienne église autrefois l'une des deux églises paroissiales de Saint-Guilhem date du XII° siècle, l'autre étant Saint-Barthélémy est disparue. Elle servait de citadelle et contribuait, avec les remparts dont elle était proche, à défendre la localité. L'édifice, aujourd'hui restauré, est réutilisé en maison communale.
Constitué d'une nef unique soutenue par de puissants contreforts ; l'abside en forme de tour est décorée d'arcatures et voûtée en cul-de-four ; L'abside est extérieurement ornée d'arcatures imitant des mâchicoulis. Seize marches conduisaient à l'intérieur de l'édifice. Les arcs doubleaux de la voûte, disparue, étaient supportés par des consoles et étaient encorbellés. La façade sud s'ouvre sur une porte en plein-cintre précédée d'une volée de marches.
La mairie :
Tour dite des Prisons : Ouvrage majeur du système défensif de Saint-Guilhem-le-Désert, la Tour des Prisons s’élève au nord-est de la cité, au pied de la montagne qui porte les vestiges du château de Verdun. Dans la tradition locale, cette tour est connue sous le nom de "tour des prisons" sans que l'on sache exactement à quand remonte son utilisation comme geôle. L'ouvrage, au moins à sa base, est roman et paraît dater, par certains détails, du début du XII° siècle. Par la suite, l'ouvrage fut repris et surélevé, percé de nombreuses archères et couronné de merlons. Il servit ensuite de grange. L'édifice se présente comme une tour carrée, haute d'environ quatorze mètres. L'accès se fait par une ruelle montante donnant, à gauche, sur une cour intérieure autrefois fermée par une porte dont l'arc subsiste. Le portail d'entrée, moderne, laisse voir une partie de l'ancienne porte romane en plein cintre qui comportait un tympan demi-circulaire plein. Cet élément est assez caractéristique pour pouvoir rapporter la base de l'édifice au XII° siècle. À partir de la moitié de sa hauteur, la tour présente un appareil plus grand et plus soigné qu'à la base.
Ancien moulin de l'abbaye : Moulin à farine du 3ᵉ quart du XII° siècle dépendant de l'abbaye, en fonction jusqu'au XIX+ siècle.
Les moulins sont mentionnés dans une charte du cartulaire de Gellone, antérieure à 1099. Le moulin primitif ne comprenait que la tour. Les meules étaient situées au rez-de-chaussée. La tour féodale est un donjon presque rectangulaire. Plusieurs étages voûtés communiquaient par un boyau très étroit. L'accès devait se faire par des échelles. En cas de crues subites ou d'attaques, le meunier pouvait monter jusqu'au sommet de la tour. Les mâchicoulis du sommet ont été retirés par des crues. Dans le bas de la tour passe un courant dévié qui faisait tourner la grosse meule double encore conservée. En avant a été ajoutée plus tard une salle basse qui devait contenir d'autres meules.
Abbaye de Gellone : L’ancienne abbaye de Gellone ou abbaye de Saint-Guilhem-le-Désert est une ancienne abbaye bénédictine, située dans la commune de Saint-Guilhem-le-Désert dans l'Hérault en France. Elle fut fondée peu avant 804 par saint Guillaume de Gellone (v. 742 - v. 812), connu plus tard en occitan sous le nom de Guilhèm, ancien comte de Toulouse et proche de Charlemagne, qui s'était retiré dans ce lieu alors appelé Gellone, à proximité de l'abbaye d'Aniane, sous l'influence de son fondateur et ami, saint Benoît d'Aniane.
L'abbaye, devenue puissante, parvint à s'assurer un privilège d'exemption qui lui permit de se soustraire à la juridiction des évêques de Lodève. Bien que sa fondation ait été intimement liée à son voisin d'Aniane, les deux monastères connurent des conflits récurrents au cours des siècles. Saint-Sauveur de Gellone possédait un fragment de la Vraie Croix donné par Charlemagne à Guilhem, qui fit d'elle un important lieu de pèlerinage à l'époque médiévale. Les restes de Guilhem eux-mêmes furent vénérés comme de précieuses reliques.
Prise par les protestants en 1568, elle ne subit pas la ruine comme l'abbaye d'Aniane, mais en sortit durablement affectée. Les mauristes prirent possession de l'abbaye en 1644 et y restaurèrent la vie religieuse. Celle-ci déclina à nouveau au XVIII° siècle et en 1783 l'évêque de Lodève, Mgr de Fumel, obtint du roi Louis XVI et du pape Pie VI l'union perpétuelle de l'abbaye à son évêché.
L'existence de celle-ci sera brève. Le diocèse de Lodève disparut en 1790, au début de la Révolution, et au même moment l'abbaye était vendue comme bien national. Son cloître sera par la suite démantelé et une partie notable des sculptures sera vendue en 1906 à George Grey Barnard, collectionneur d'art américain. Elles rejoindront en 1925 le musée des cloîtres (Metropolitan Museum of Art) à New York. L'abbatiale sera convertie en église paroissiale du village de Saint-Guilhem-le-Désert, puis elle sera placée sous le vocable de la Transfiguration-du-Seigneur, répondant à celui de l'abbaye dédiée au Christ.
L'église de l'abbaye est incluse dès 1840 dans la première liste des monuments historiques faisant l'objet d'une protection en France. Les restes du cloître sont ensuite classés en 1889, puis la totalité de l'abbaye en 1987. Elle est également inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France depuis 1998.
De l'abbatiale construite par le comte Guilhem, au IX° siècle (Gellone I), il ne subsiste rien.
De la deuxième abbatiale construite au X° siècle (Gellone II) d'après le Sacramentaire de Gellone, il subsiste des vestiges dans la crypte retrouvée en 1962 avec la confession où avait été déposé le corps de saint Guilhem vers l'an Mil. Cette seconde église peut se décomposer en quatre parties : un westwerk, une nef à trois vaisseaux, un transept peu débordant, un « sanctuaire quadrangulaire dont il ne subsiste que la salle inférieure appelée crypte ». L'architecture de cet édifice rappelle l'architecture préromane des Asturies. L'église préromane a dû être endommagée par un incendie cité dans un acte de 1066.
La troisième abbatiale (Gellone III) a depuis longtemps été un sujet d'études. Tous les historiens de l'art qui ont écrit sur l'abbatiale ont noté la discontinuité entre l'architecture de la nef et celle de l'abside et du transept. Maurice Oudot de Dainville a proposé de faire remonter la construction de l'église au début du XI° siècle et à l'abbé Pierre Ier (1050-1074) qui entreprend de reconstruire l'abbaye. La reconstruction a commencé après 1030, par la nef et les bas-côtés de l'abbatiale et le cloître représentatifs du « premier art roman méridional ». L'année 1076 rapportée par Jean Mabillon dans Acta sanctorum ordinis Sancti Benedicti doit marquer la fin de la construction de la nef de l'église avec un premier chevet et la consécration d'un autel à saint Guilhem par Amat d'Oloron, légat du pape. Maurice Oudot de Dainville pense que le chevet actuel a été terminé en 1076. Jean Vallery-Radot fait remarquer la différence de style entre la nef et le chevet actuel. Celui-ci semble inspiré du chevet de l'église Sainte-Marie de Quarante qui a été dédié en 1053. Le style de l'abbatiale de Saint-Guilhem étant plus évolué que celui de l'église de Quarante, il en déduit que le nouveau chevet et le transept ont été construits après 1053, et ne sont probablement pas antérieurs à la fin du XI° siècle comme le proposait Émile Bonnet en 1906 et repris par Robert Saint-Jean.
Le porche de l'église date du XII° siècle et le clocher a pris place sur le porche au XV° siècle. La nef surprend par sa grande hauteur (18 mètres de haut) pour une largeur de seulement 6 mètres. Elle est composée de quatre travées, avec des arcs doubleaux. Le tout est soutenu par des pilastres. La nef et les deux collatéraux sont voûtés en berceau en plein cintre. On peut observer des arcs de décharge sur les murs latéraux. L'abside quant à elle est à l'extérieur percée de dix-huit niches.
Cloître : Dans ce cloître, la décoration sculpturale laisse entrevoir la trace de quatre ateliers : deux de style roman, avec des feuilles d'acanthe et des personnages longilignes, les visages sans expression et deux de style gothique avec des personnages très naturels.
Le cloître a été partiellement démoli et ne possède plus que le premier niveau de deux galeries (galerie nord, une partie de la galerie ouest).
Le cloître fut, semble-t-il, démantelé sous la Révolution ou peu après. Un juge de paix d'Aniane, Pierre-Yon Vernière, en rassembla des restes dans son jardin aux alentours de 1830. En 1906, la collection fut acquise par George Grey Barnard, qui les envoya immédiatement à New York où elle fut revendue en 1925, avec des sculptures provenant d'autres édifices français et européens, à John D. Rockefeller. Il en fit immédiatement don au Metropolitan Museum of Art pour former le musée des Cloîtres, où elles se trouvent encore. La plupart des éléments appartenaient aux galeries du premier étage ou cloître supérieur. Quelques pièces sont conservées à la Société archéologique de Montpellier.
Il subsistait deux fresques partiellement conservées, dont peut-être une Annonciation avec une Vierge à genoux. Une restauration a eu lieu en 2007.
Les restes du cloître encore en place ont été classés par arrêté en 1889.
Orgue de l'abbaye de Gellone : L'orgue de l’abbaye de Gellone est un instrument placé à la tribune au-dessus de l'entrée de l'ancienne abbatiale du monastère de Saint-Guilhem-le-Désert. Achevé en 1789 par Jean-Pierre Cavaillé, il fut classé monument historique en 1974.
Il fait partie des « Sept merveilles organistiques de l'Hérault ».
C'est un des derniers orgues au sud de la Loire et à l’ouest du Rhône construits sous l’Ancien Régime (avant la Révolution). Il est en outre un des trois orgues du XVIII° siècle authentiquement « historiques » de l'Hérault avec ceux de Saint-Pons-de-Thomières et de Saint-Chinian.
Le buffet, à deux corps, est en noyer avec des sculptures en tilleul faisant la part belle au chantournage, et des rocailles en guise de claires-voies. Le nom de leurs auteurs n’est pas connu. Le grand corps est en mitre à cinq tourelles et quatre plates-faces, le positif de dos en V à trois tourelles et deux plates-faces.
Musée de l’abbaye de GELLONE : Ce dépôt lapidaire, abrité dans l'ancien réfectoire, présente des chapiteaux, des colonnes ondées, des statues. On y trouve le tombeau en marbre du fondateur de l'abbaye. Il s'agit d'un tombeau antique de l'école d'Arles, qui a été réutilisé. Autre sarcophage, celui des sœurs de Guilhem, Albane et Bertane.
Le Cabinet du Géant : Avant d'atteindre le château, se trouvent les restes d'une tour rectangulaire appelée le Cabinet du Géant. Cette tour servait de point de surveillance du Château.
Cette grosse tour incluse dans l’enceinte urbaine dont la courtine restante, à l’ouest, grimpe encore à la verticale sur plusieurs dizaines de mètres, évoque d’emblée un ouvrage défensif par sa masse et sa position entre le village, en bas, et le château, en haut. Ce qu’elle fut peut-être avant d’être aménagée en colombier. À moins qu’elle ne fut construite ex-nihilo au XVII° siècle – comme le propose André Soutou – pour remplacer le pigeonnier du dernier niveau intérieur de la Tour des Prisons, jugé trop petit ou trop vulnérable après les attaques protestantes qui ont saccagé l’abbaye lors des guerres de Religion. Quoi qu’il en soit, le choix de son site, à présent quasi inaccessible, et son architecture, d’allure militaire, semblent bien traduire le souci qu’avaient les bénédictins de Gellone de la protéger contre toute tentative de coup de main extérieur. De plus, elle est située en bordure de l’ancien chemin d’accès au château, lequel, partant du village, passait au pied de sa façade, tenu par un mur de soutènement dont il reste quelques assises, puis continuait vers l’est, avant de s’engouffrer dans une faille de la falaise pour atteindre les abords du château, sur le versant nord de la montagne.
Fondé sur un socle rocheux légèrement exhaussé, le Cabinet du Géant est une construction oblongue de 6,40 m sur 6 m, dont le quatrième côté est constitué par la paroi lisse de la falaise contre laquelle elle s’appuie. Montés en assises de moellons dégrossis de tailles diverses et tenus aux angles par des chaînes harpées, ses murs, d’une hauteur d’environ 15 m (soit, à peu de choses près, l’élévation primitive), ne dépassent pas 0,70 m d’épaisseur à la base. On entrait à l’intérieur par une porte percée en façade, près de l’angle sud-ouest, à 2,80 m au-dessus du chemin d’accès. De section rectangulaire, cette porte mesure 1,73 m de haut sur 0,94 m de large. Une gaine, ménagée dans le piédroit ouest (l’autre a disparu avec le piédroit est et le linteau d’origine, remontés depuis), indique qu’elle était fermée par une barre transversale. La salle du rez-de-chaussée, probable lieu de stockage dépourvu d’autres ouvertures, était couverte d’un plancher dont témoignent les deux rangées de trous de boulins qui trouent les façades latérales.
Le château du Géant (Verdun) : Accroché sur son piton rocheux, le château du Géant dresse fièrement ses derniers pans de murs et semble veiller depuis toujours à la quiétude village. Le cartulaire de l’abbaye de Gellone mentionne qu’en 807, Louis Roi d’Aquitaine donne le castrum de Verduni ou château de Verdun à Guilhem, fondateur en l’an 804 de l’abbaye de Gellone et illustre cousin de Charlemagne. Les vestiges du château encore visibles aujourd’hui datent probablement du XII° siècle. En 2022, a démarré le sauvetage des ruines, avec l’intervention de maçons-cordistes, qui ont ainsi pu cristalliser l’emblématique silhouette.
Avec ses hautes et impressionnantes murailles, le château a de tout temps nourri l’imaginaire populaire qui a fait naître ici une fameuse légende, celle d’un géant, d’une pie et d’un soldat devenu moine.
Ainsi, raconte-t-on qu’il y a bien longtemps, habitait au château un terrible géant ayant pour complice une pie. Guilhem, désireux de pacifier le val de Gellone pour y fonder son monastère, mit au point un stratagème pour aller déloger le colosse… Déguisé en servante et armé de sa célèbre épée « Joyeuse », habilement cachée sous sa jupe, Guilhem ne doutait pas de sa victoire. C’était sans compter sur la pie qui le démasquât bien vite ! Fort heureusement, le géant certain de sa supériorité et malgré les avertissements de sa compagne à plumes, ouvrit les portes de sa forteresse pour son plus grand malheur. La pie ayant perdu son protecteur, qui périt ce jour-là, précipité au bas de la falaise, s’en allât, on ne sait où. Depuis on ne revit plus jamais de pie au val de Gellone…
Entre hautes garrigues, Larzac et spectaculaires gorges de l’Hérault, Saint-Guilhem-le-Désert prend place au cœur de la vallée de Gellone. Depuis le cirque du Bout du Monde, encore appelé, cirque de l’Infernet (petit enfer en occitan), bel exemple de reculée jurassienne, coule le ruisseau Verdus. Le village est un village rue, et les habitants se nomment les « Sauta Rocs ».
À votre arrivée dans le village, partez à la découverte des richesses du village… Fenêtres romanes ou Renaissance et arcatures révèlent l’identité médiévale de la cité…
De la place médiévale où un surprenant platane, planté en 1855, déploie généreusement sa verdure, on peut faire plusieurs promenades à pied à la découverte du cirque du bout du monde aux falaises abruptes et des monts de Saint-Guilhem qui abritent une espèce rare : le pin de Salzmann. L’église Saint-Laurent (fin XI°, début XII° siècle), la tour des prisons (XII°) ou encore le château du Géant, sont autant de témoins du riche passé de la cité...
Église Saint-Laurent : Cette ancienne église autrefois l'une des deux églises paroissiales de Saint-Guilhem date du XII° siècle, l'autre étant Saint-Barthélémy est disparue. Elle servait de citadelle et contribuait, avec les remparts dont elle était proche, à défendre la localité. L'édifice, aujourd'hui restauré, est réutilisé en maison communale.
Constitué d'une nef unique soutenue par de puissants contreforts ; l'abside en forme de tour est décorée d'arcatures et voûtée en cul-de-four ; L'abside est extérieurement ornée d'arcatures imitant des mâchicoulis. Seize marches conduisaient à l'intérieur de l'édifice. Les arcs doubleaux de la voûte, disparue, étaient supportés par des consoles et étaient encorbellés. La façade sud s'ouvre sur une porte en plein-cintre précédée d'une volée de marches.
La mairie :
Tour dite des Prisons : Ouvrage majeur du système défensif de Saint-Guilhem-le-Désert, la Tour des Prisons s’élève au nord-est de la cité, au pied de la montagne qui porte les vestiges du château de Verdun. Dans la tradition locale, cette tour est connue sous le nom de "tour des prisons" sans que l'on sache exactement à quand remonte son utilisation comme geôle. L'ouvrage, au moins à sa base, est roman et paraît dater, par certains détails, du début du XII° siècle. Par la suite, l'ouvrage fut repris et surélevé, percé de nombreuses archères et couronné de merlons. Il servit ensuite de grange. L'édifice se présente comme une tour carrée, haute d'environ quatorze mètres. L'accès se fait par une ruelle montante donnant, à gauche, sur une cour intérieure autrefois fermée par une porte dont l'arc subsiste. Le portail d'entrée, moderne, laisse voir une partie de l'ancienne porte romane en plein cintre qui comportait un tympan demi-circulaire plein. Cet élément est assez caractéristique pour pouvoir rapporter la base de l'édifice au XII° siècle. À partir de la moitié de sa hauteur, la tour présente un appareil plus grand et plus soigné qu'à la base.
Ancien moulin de l'abbaye : Moulin à farine du 3ᵉ quart du XII° siècle dépendant de l'abbaye, en fonction jusqu'au XIX+ siècle.
Les moulins sont mentionnés dans une charte du cartulaire de Gellone, antérieure à 1099. Le moulin primitif ne comprenait que la tour. Les meules étaient situées au rez-de-chaussée. La tour féodale est un donjon presque rectangulaire. Plusieurs étages voûtés communiquaient par un boyau très étroit. L'accès devait se faire par des échelles. En cas de crues subites ou d'attaques, le meunier pouvait monter jusqu'au sommet de la tour. Les mâchicoulis du sommet ont été retirés par des crues. Dans le bas de la tour passe un courant dévié qui faisait tourner la grosse meule double encore conservée. En avant a été ajoutée plus tard une salle basse qui devait contenir d'autres meules.
Abbaye de Gellone : L’ancienne abbaye de Gellone ou abbaye de Saint-Guilhem-le-Désert est une ancienne abbaye bénédictine, située dans la commune de Saint-Guilhem-le-Désert dans l'Hérault en France. Elle fut fondée peu avant 804 par saint Guillaume de Gellone (v. 742 - v. 812), connu plus tard en occitan sous le nom de Guilhèm, ancien comte de Toulouse et proche de Charlemagne, qui s'était retiré dans ce lieu alors appelé Gellone, à proximité de l'abbaye d'Aniane, sous l'influence de son fondateur et ami, saint Benoît d'Aniane.
L'abbaye, devenue puissante, parvint à s'assurer un privilège d'exemption qui lui permit de se soustraire à la juridiction des évêques de Lodève. Bien que sa fondation ait été intimement liée à son voisin d'Aniane, les deux monastères connurent des conflits récurrents au cours des siècles. Saint-Sauveur de Gellone possédait un fragment de la Vraie Croix donné par Charlemagne à Guilhem, qui fit d'elle un important lieu de pèlerinage à l'époque médiévale. Les restes de Guilhem eux-mêmes furent vénérés comme de précieuses reliques.
Prise par les protestants en 1568, elle ne subit pas la ruine comme l'abbaye d'Aniane, mais en sortit durablement affectée. Les mauristes prirent possession de l'abbaye en 1644 et y restaurèrent la vie religieuse. Celle-ci déclina à nouveau au XVIII° siècle et en 1783 l'évêque de Lodève, Mgr de Fumel, obtint du roi Louis XVI et du pape Pie VI l'union perpétuelle de l'abbaye à son évêché.
L'existence de celle-ci sera brève. Le diocèse de Lodève disparut en 1790, au début de la Révolution, et au même moment l'abbaye était vendue comme bien national. Son cloître sera par la suite démantelé et une partie notable des sculptures sera vendue en 1906 à George Grey Barnard, collectionneur d'art américain. Elles rejoindront en 1925 le musée des cloîtres (Metropolitan Museum of Art) à New York. L'abbatiale sera convertie en église paroissiale du village de Saint-Guilhem-le-Désert, puis elle sera placée sous le vocable de la Transfiguration-du-Seigneur, répondant à celui de l'abbaye dédiée au Christ.
L'église de l'abbaye est incluse dès 1840 dans la première liste des monuments historiques faisant l'objet d'une protection en France. Les restes du cloître sont ensuite classés en 1889, puis la totalité de l'abbaye en 1987. Elle est également inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France depuis 1998.
De l'abbatiale construite par le comte Guilhem, au IX° siècle (Gellone I), il ne subsiste rien.
De la deuxième abbatiale construite au X° siècle (Gellone II) d'après le Sacramentaire de Gellone, il subsiste des vestiges dans la crypte retrouvée en 1962 avec la confession où avait été déposé le corps de saint Guilhem vers l'an Mil. Cette seconde église peut se décomposer en quatre parties : un westwerk, une nef à trois vaisseaux, un transept peu débordant, un « sanctuaire quadrangulaire dont il ne subsiste que la salle inférieure appelée crypte ». L'architecture de cet édifice rappelle l'architecture préromane des Asturies. L'église préromane a dû être endommagée par un incendie cité dans un acte de 1066.
La troisième abbatiale (Gellone III) a depuis longtemps été un sujet d'études. Tous les historiens de l'art qui ont écrit sur l'abbatiale ont noté la discontinuité entre l'architecture de la nef et celle de l'abside et du transept. Maurice Oudot de Dainville a proposé de faire remonter la construction de l'église au début du XI° siècle et à l'abbé Pierre Ier (1050-1074) qui entreprend de reconstruire l'abbaye. La reconstruction a commencé après 1030, par la nef et les bas-côtés de l'abbatiale et le cloître représentatifs du « premier art roman méridional ». L'année 1076 rapportée par Jean Mabillon dans Acta sanctorum ordinis Sancti Benedicti doit marquer la fin de la construction de la nef de l'église avec un premier chevet et la consécration d'un autel à saint Guilhem par Amat d'Oloron, légat du pape. Maurice Oudot de Dainville pense que le chevet actuel a été terminé en 1076. Jean Vallery-Radot fait remarquer la différence de style entre la nef et le chevet actuel. Celui-ci semble inspiré du chevet de l'église Sainte-Marie de Quarante qui a été dédié en 1053. Le style de l'abbatiale de Saint-Guilhem étant plus évolué que celui de l'église de Quarante, il en déduit que le nouveau chevet et le transept ont été construits après 1053, et ne sont probablement pas antérieurs à la fin du XI° siècle comme le proposait Émile Bonnet en 1906 et repris par Robert Saint-Jean.
Le porche de l'église date du XII° siècle et le clocher a pris place sur le porche au XV° siècle. La nef surprend par sa grande hauteur (18 mètres de haut) pour une largeur de seulement 6 mètres. Elle est composée de quatre travées, avec des arcs doubleaux. Le tout est soutenu par des pilastres. La nef et les deux collatéraux sont voûtés en berceau en plein cintre. On peut observer des arcs de décharge sur les murs latéraux. L'abside quant à elle est à l'extérieur percée de dix-huit niches.
Cloître : Dans ce cloître, la décoration sculpturale laisse entrevoir la trace de quatre ateliers : deux de style roman, avec des feuilles d'acanthe et des personnages longilignes, les visages sans expression et deux de style gothique avec des personnages très naturels.
Le cloître a été partiellement démoli et ne possède plus que le premier niveau de deux galeries (galerie nord, une partie de la galerie ouest).
Le cloître fut, semble-t-il, démantelé sous la Révolution ou peu après. Un juge de paix d'Aniane, Pierre-Yon Vernière, en rassembla des restes dans son jardin aux alentours de 1830. En 1906, la collection fut acquise par George Grey Barnard, qui les envoya immédiatement à New York où elle fut revendue en 1925, avec des sculptures provenant d'autres édifices français et européens, à John D. Rockefeller. Il en fit immédiatement don au Metropolitan Museum of Art pour former le musée des Cloîtres, où elles se trouvent encore. La plupart des éléments appartenaient aux galeries du premier étage ou cloître supérieur. Quelques pièces sont conservées à la Société archéologique de Montpellier.
Il subsistait deux fresques partiellement conservées, dont peut-être une Annonciation avec une Vierge à genoux. Une restauration a eu lieu en 2007.
Les restes du cloître encore en place ont été classés par arrêté en 1889.
Orgue de l'abbaye de Gellone : L'orgue de l’abbaye de Gellone est un instrument placé à la tribune au-dessus de l'entrée de l'ancienne abbatiale du monastère de Saint-Guilhem-le-Désert. Achevé en 1789 par Jean-Pierre Cavaillé, il fut classé monument historique en 1974.
Il fait partie des « Sept merveilles organistiques de l'Hérault ».
C'est un des derniers orgues au sud de la Loire et à l’ouest du Rhône construits sous l’Ancien Régime (avant la Révolution). Il est en outre un des trois orgues du XVIII° siècle authentiquement « historiques » de l'Hérault avec ceux de Saint-Pons-de-Thomières et de Saint-Chinian.
Le buffet, à deux corps, est en noyer avec des sculptures en tilleul faisant la part belle au chantournage, et des rocailles en guise de claires-voies. Le nom de leurs auteurs n’est pas connu. Le grand corps est en mitre à cinq tourelles et quatre plates-faces, le positif de dos en V à trois tourelles et deux plates-faces.
Musée de l’abbaye de GELLONE : Ce dépôt lapidaire, abrité dans l'ancien réfectoire, présente des chapiteaux, des colonnes ondées, des statues. On y trouve le tombeau en marbre du fondateur de l'abbaye. Il s'agit d'un tombeau antique de l'école d'Arles, qui a été réutilisé. Autre sarcophage, celui des sœurs de Guilhem, Albane et Bertane.
Le Cabinet du Géant : Avant d'atteindre le château, se trouvent les restes d'une tour rectangulaire appelée le Cabinet du Géant. Cette tour servait de point de surveillance du Château.
Cette grosse tour incluse dans l’enceinte urbaine dont la courtine restante, à l’ouest, grimpe encore à la verticale sur plusieurs dizaines de mètres, évoque d’emblée un ouvrage défensif par sa masse et sa position entre le village, en bas, et le château, en haut. Ce qu’elle fut peut-être avant d’être aménagée en colombier. À moins qu’elle ne fut construite ex-nihilo au XVII° siècle – comme le propose André Soutou – pour remplacer le pigeonnier du dernier niveau intérieur de la Tour des Prisons, jugé trop petit ou trop vulnérable après les attaques protestantes qui ont saccagé l’abbaye lors des guerres de Religion. Quoi qu’il en soit, le choix de son site, à présent quasi inaccessible, et son architecture, d’allure militaire, semblent bien traduire le souci qu’avaient les bénédictins de Gellone de la protéger contre toute tentative de coup de main extérieur. De plus, elle est située en bordure de l’ancien chemin d’accès au château, lequel, partant du village, passait au pied de sa façade, tenu par un mur de soutènement dont il reste quelques assises, puis continuait vers l’est, avant de s’engouffrer dans une faille de la falaise pour atteindre les abords du château, sur le versant nord de la montagne.
Fondé sur un socle rocheux légèrement exhaussé, le Cabinet du Géant est une construction oblongue de 6,40 m sur 6 m, dont le quatrième côté est constitué par la paroi lisse de la falaise contre laquelle elle s’appuie. Montés en assises de moellons dégrossis de tailles diverses et tenus aux angles par des chaînes harpées, ses murs, d’une hauteur d’environ 15 m (soit, à peu de choses près, l’élévation primitive), ne dépassent pas 0,70 m d’épaisseur à la base. On entrait à l’intérieur par une porte percée en façade, près de l’angle sud-ouest, à 2,80 m au-dessus du chemin d’accès. De section rectangulaire, cette porte mesure 1,73 m de haut sur 0,94 m de large. Une gaine, ménagée dans le piédroit ouest (l’autre a disparu avec le piédroit est et le linteau d’origine, remontés depuis), indique qu’elle était fermée par une barre transversale. La salle du rez-de-chaussée, probable lieu de stockage dépourvu d’autres ouvertures, était couverte d’un plancher dont témoignent les deux rangées de trous de boulins qui trouent les façades latérales.
Le château du Géant (Verdun) : Accroché sur son piton rocheux, le château du Géant dresse fièrement ses derniers pans de murs et semble veiller depuis toujours à la quiétude village. Le cartulaire de l’abbaye de Gellone mentionne qu’en 807, Louis Roi d’Aquitaine donne le castrum de Verduni ou château de Verdun à Guilhem, fondateur en l’an 804 de l’abbaye de Gellone et illustre cousin de Charlemagne. Les vestiges du château encore visibles aujourd’hui datent probablement du XII° siècle. En 2022, a démarré le sauvetage des ruines, avec l’intervention de maçons-cordistes, qui ont ainsi pu cristalliser l’emblématique silhouette.
Avec ses hautes et impressionnantes murailles, le château a de tout temps nourri l’imaginaire populaire qui a fait naître ici une fameuse légende, celle d’un géant, d’une pie et d’un soldat devenu moine.
Ainsi, raconte-t-on qu’il y a bien longtemps, habitait au château un terrible géant ayant pour complice une pie. Guilhem, désireux de pacifier le val de Gellone pour y fonder son monastère, mit au point un stratagème pour aller déloger le colosse… Déguisé en servante et armé de sa célèbre épée « Joyeuse », habilement cachée sous sa jupe, Guilhem ne doutait pas de sa victoire. C’était sans compter sur la pie qui le démasquât bien vite ! Fort heureusement, le géant certain de sa supériorité et malgré les avertissements de sa compagne à plumes, ouvrit les portes de sa forteresse pour son plus grand malheur. La pie ayant perdu son protecteur, qui périt ce jour-là, précipité au bas de la falaise, s’en allât, on ne sait où. Depuis on ne revit plus jamais de pie au val de Gellone…
La fondation de l'abbaye :
La fondation de l'abbaye de Gellone suit la conquête franque de la Septimanie, après l'effondrement du royaume wisigoth sous les coups des musulmans. Fils d'un comte Aiguilf ayant exercé son pouvoir à Maguelone, probablement d'origine gothe, Wittiza, plus connu sous son nom de Benoît, fonde en 782 une abbaye sur des terres familiales, à Aniane. Guillaume ou Guilhèm en occitan, cousin de Charlemagnen et comte de Toulouse, crée à son tour sous l'influence de Benoît un autre établissement à Gellone en 804. L'abbaye de Gellone est dédiée au Saint-Sauveur ; la charte de fondation mentionne aussi sainte Marie, les saints Pierre, Paul, André, Michel, et tous les apôtres. Il s'y retire (pas avant 806), effectuant une donation à Gellone le 18 des calendes de janvier de l’an 812 du calendrier julien, ou 813 selon le calendrier grégorien moderne. Il y meurt entre le 28 mai 812 et le 21 mai 815, et y est inhumé. Deux de ses sœurs, Albane et Bertrane, s'étaient retirées dans un petit monastère féminin au voisinage de l'abbaye.
Le Moyen Âge :
À l'origine, l'établissement est placé sous l'autorité de Benoît, l'abbé d'Aniane. Mais, sans que l'on en connaisse le moment précis, ces deux monastères se séparèrent et on connaît, dès 925, un abbé propre à Gellone, Juliofred. Au XI° siècle, cependant, Aniane, profitant de la destruction des archives de Gellone dans un incendie, essaye de la faire rentrer sous sa juridiction. Après s'être mis sous la protection de l'évêque de Lodève Rostaing en 1066, les moines de Gellone obtiennent en 1090 du pape Urbain II de relever directement du Saint-Siège (privilège d'exemption).
Dès cette époque, l'abbaye détient des reliques précieuses. Outre le morceau de la Sainte Croix susmentionné, on y trouve des fragments de linge de la Sainte Vierge et le corps de Guillaume (devenu saint Guillaume en 1066). Avec la vogue des pèlerinages, ces reliques et le culte de la sépulture de Guilhem attirent des foules de pèlerins. L'abbaye devient une étape très importante sur le « chemin d'Arles », un des itinéraires vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Le rayonnement de l'abbaye est tel qu'il incite des pèlerins jacquaires parcourant la via Podiensis, plus septentrionale, à se dérouter par le chemin dit de Saint-Guilhem afin d'honorer les prestigieuses reliques et manifester leur dévotion à l'égard du saint.
Dans le même temps, apparaît en effet la geste de Guillaume d'Orange qui montre un personnage fougueux engagé dans des combats acharnés contre les Sarrasins. C'est une légende épique en langue d'oïl, mise à l'écrit au XII° et XIII° siècles, qui célèbre un Guilhem très éloigné du personnage historique, mais qui se rattache néanmoins à Guillaume de Gellone. Elle contribue grandement à la renommée de l'abbaye, qui prend définitivement le nom de son fondateur au XII° siècle.
À son apogée, à la fin du XII° siècle, l'abbaye devait compter une centaine de moines, la moitié résidant au monastère, les autres établis dans des prieurés dépendant de Gellone. Devant l'afflux de pèlerins venus adorer la relique du fragment de la Vraie Croix et saint Guilhem, les moines ont décidé d'abandonner les nefs et le chœur et de se réunir sur une tribune édifiée au fond de l'église à laquelle ils peuvent directement accéder pour participer aux offices par le premier étage du cloître.
Les abbés Pierre de Montpeyroux, Guillaume de Roquefeuil, Guillaume des Deux-Vierges, Bernard de Bonneval et le cardinal de Mostuéjouls, neveu de l'abbé Guillaume de Mostuéjouls, ont enrichi l'abbatiale d'un riche mobilier d'argent.
L'empereur Sigismond de Luxembourg visite l'abbaye en1415.
Époques moderne et contemporaine :
L'abbaye est mise en commende en 1465. La plupart des abbés ont alors été évêques de Lodève, comme Jean de Corguilleray et les différents membres de la famille Briçonnet. Ces évêques abbés vont plus s'intéresser aux revenus de l'abbaye qui s'était opposée aux évêques de Lodève qu'à l'entretien de l'abbaye.
En 1568, pendant les guerres de Religion, des protestants pillent l'abbaye. Pour assurer la défense de l'abbaye à partir de 1570, les religieux vont devoir vendre les reliquaires en argent et des propriétés pour payer la garnison qui assure la protection de l'abbaye, réparer les dégâts et fortifier l'abbaye.
En 1624, un procès-verbal du délégué chapitre général bénédictin de la province de Narbonne et Toulouse, indique que malgré les réparations, les bâtiments conventuels, le réfectoire, le dortoir et les cellules sont en état de ruine. Les seize moines ne logent plus au monastère et ne suivent plus la vie commune.
En 1626, les moines, avec l'accord de l'abbé commendataire Thomas de Bonzy, évêque de Béziers, décident de faire appel à la congrégation de Saint-Maur. Un accord est conclu en 1632, mais il a fallu douze ans pour qu'il soit exécuté.
L'abbaye est dans un état d'abandon avancé, quand la congrégation de Saint-Maur en prend possession en 1644 et se lance dans d'importantes campagnes de restauration.
Nommé en 1750 à l'évêché de Lodève, Jean-Félix-Henri de Fumel va travailler avec constance à retirer à l'abbaye la juridiction quasi épiscopale qu'elle avait imposé depuis le XIII° siècle sur deux paroisses voisines, celle du village (Saint-Laurent) et celle de Saint-Barthelémy. Nommé abbé commendataire de Saint-Guilhem en 1781, il obtient l'année suivante du roi Louis XVI et du pape Pie VI l'extinction du titre abbatial et l'union de ses revenus à l'évêché de Lodève.
À la Révolution, six moines vivent à Saint-Guilhem.
L'abbaye est alors vendue comme bien national, et l'église devient l'église paroissiale du village. On installe dans le monastère une filature de coton, puis une tannerie. Le cloître, vendu à un maçon, fait office de carrière de pierres. Les sculptures du cloître sont alors en grande partie démontées. Rachetées par un juge de paix d'Aniane vers 1830, son fils les cèdera à des antiquaires qui les vendront à leur tour à un collectionneur américain, George Grey Barnard.
Dès 1840, l'administration des Monuments historiques demande une protection particulière pour l'ancienne abbatiale. Des restaurations successives rendent un nouveau lustre aux bâtiments sauvés de la destruction.
Construction du cloître :
Le cloître de l'abbaye comportait deux niveaux de claires-voies. La chronologie de la construction doit distinguer les quatre galeries du rez-de-chaussée et les quatre du second niveau. Une chronologie était proposée en 1994 par Jean-Claude Richard et Philippe Lorimy :
- Le premier niveau de la galerie nord, appuyé contre le collatéral sud de l'abbatiale avec six fenêtres géminées en plein cintre reposant sur une colonnette centrale, prolongée à l'ouest d'une travée qui pouvait servir de porche devant la tour Saint-Martin, qui se continue par une partie de la galerie est sur 2,50 m, se terminant au droit de la façade sud du transept. Elle est contemporaine de la nef, entre 1025 et 1050. Elle a pu être d'abord charpentée puis couverte d'une voûte d'arêtes en même temps que la galerie ouest ;
- Le premier niveau de la galerie ouest formant un angle obtus avec la galerie nord, comprenant huit fenêtres géminées, a été réalisé à la suite de la galerie ouest, au XI° siècle ou au tout début du XII° siècle. Elle a été voûtée d'arêtes dès le l'origine.
- Milieu du XII° siècle, construction du pavillon du lavabo.
- Les premiers niveaux des galeries sud et est sont réalisés à la suite. La galerie sud comprend d'est en ouest, deux travées, puis la travée au droit du lavabo et la travée faisant la jonction avec la galerie ouest. La galerie nord comprend la travée construite en même temps que la galerie nord, puis trois travées et la travée faisant la jonction avec la galerie sud. Jean-Claude Richard propose de faire remonter cette construction à l'abbé Hugues de Fozières (1196-1202) qui correspondrait au claustrum novum doté de sculptures cité dans la charte de 1206. La couverture devait être charpentée.
- Le premier étage du cloître a dû commencer par les galeries est et nord d'après Marcel Durliat dans le deuxième quart du XIII° siècle pour se continuer pour les autres galeries jusqu'au dernier quart et peut-être le début du XIV° siècle en conservant le même style. On peut voir les armoiries des abbés Guillaume de Roquefeuil (1228-1249), Guillaume des Deux-Vierges (1249-1289), Guillaume de Monstuéjouls (1289-1303).
- Fin du XIV° siècle-début XV° siècle, voûtement du premier niveau des galeries sud et est.