Mise à jour du 22/08/2024
Narbonne
Inondée par le soleil du Midi et baignée par le Canal de la Robine, la cité de Charles Trenet dévoile ses multiples richesses.
Ouvrez les yeux ! En arpentant patiemment les ruelles de la ville, vous saurez reconnaître çà et là, les précieux et les plus anciens vestiges de la cité, Narbo Martius, la plus vieille colonie romaine fondée hors d’Italie. 2 millénaires d’histoire sous vos pieds ! Depuis la place centrale, vous foulez les pavés de la Via Domitia. Au détour d’une ruelle pavée, vous plongez dans l’ancien Horreum romain. Et en suivant le canal de la Robine, peut-être parviendrez-vous au bout du bout, à la Nautique, l’ancien port de la ville sur les bords de l’étang…
Palais des archevêques :
Cette ancienne résidence archiépiscopale est un subtil mélange de différents styles. Le palais archiépiscopal de Narbonne est une place forte élevée probablement sur l’emplacement du capitole de la ville romaine. C’est après le palais des papes d'Avignon, la construction la plus importante des nombreuses résidences occupées par les princes de l’Église. Le palais est réuni à la cathédrale actuelle, fondée en 1272, par un cloître bâti par l’archevêque Pierre de La Jugie, dans la seconde moitié du XIV° siècle. Déjà, en 1308, la grosse tour carrée du palais, servant de donjon, avait été construite par l’archevêque Gilles Ier Aycelin de Montaigut. Pierre de La Jugie éleva entre le cloître et cette tour des bâtiments qui comprennent plusieurs tours rondes, des logis, une grande salle et une autre tour carrée formant pendant avec le donjon.
Le palais des archevêques de Narbonne est composé du palais Vieux d'origine romane et du palais Neuf de style gothique. Sa façade comporte trois tours carrées datant des XIII° et XIV° siècles.
Ses ouvertures et ses façades romanes et néo-gothiques, mais aussi de style Renaissance et même moderne, donnent un charme unique à ce monument. À cela s’ajoute la complexité de la construction qui défie les lois de la nature. Les tours carrées qui ornent la façade et le donjon d’une hauteur de 42 mètres donnent une allure majestueuse au palais.
Le Palais Vieux et du Palais Neuf qui sont séparés par le passage de l’Ancre. Construit entre les XII° et XIII° siècles, le Palais Vieux de style roman vous plonge dans une atmosphère médiévale. Sa visite vous permet de découvrir l’ancienne chapelle de La Madeleine datant de 1273 où sont exposées de merveilleuses peintures murales du XIV° siècle. Pour faire durer le plaisir, continuez votre visite dans la salle d’à côté appelée « salle au plafond peint » du XIII° siècle. Après cet émerveillement, sortez dans la cour de La Madeleine pour une vue sur les vestiges les plus anciens du palais, notamment le clocher de Théodard, qui est tout ce qui subsiste de la cathédrale carolingienne construite en 890.
Après cette visite à travers le temps, place à la découverte du Palais Neuf, restauré aux XVII° et XVIII° siècles. Sous forme de forteresse, ce trésor architectural abritait les appartements des archevêques en 1632. Vous y découvrirez les salles des Consuls et des Synodes. Sa façade néogothique restaurée par Viollet-le-Duc est extraordinaire.
Pensez à faire le tour par les extérieurs du Palais. Face à la mairie, vous trouverez les vestiges de la voie romaine. Côté rue Jean Jaurès, le Palais est construit sur les bases des anciens murs romains. Quelques pierres sculptées récupérées en hâte sur les monuments romains, intègrent aujourd’hui les bases du donjon Gilles Aycelin.
l’arrière du Palais, vous trouverez le jardin des archevêques, créé au pied des fortifications. C’est en fait une création moderne qui a permis de créer un petit coin à l’abri entre Cathédrale et Palais. On peut y observer une collection d'agrumes, de magnifiques cèdres centenaires et surtout un cadran solaire monumental qui est également une fontaine.
Pour une superbe vue sur la mer Méditerranée et sur la ville, grimpez tout en haut du donjon médiéval. Il faudra monter 162 marches.
La cathédrale Saint-Just-et-Saint-Pasteur : C'est le monument le plus prestigieux de la ville de Narbonne. Elle a rang de cocathédrale du diocèse de Carcassonne et Narbonne. La cathédrale devait avoir la forme d'une croix latine. Il est facile de remarquer que seul le chœur (la tête de la croix) est terminé et que le transept (les bras de la croix) est à peine commencé, ainsi que la nef (pieds de la croix).
Caractéristique du style gothique méridional, elle a remplacé des lieux de culte édifiés au centre de la ville dès le IV° siècle. Sa particularité réside dans le fait qu'elle est inachevée (seul le chœur est présent) et que sa hauteur sous voûte en fait la quatrième plus haute de France (41 m sous voûte, après Beauvais à 48 m et Amiens et Metz à 42 m). Ce monument, presque disproportionné au regard du reste de la ville, fut l'un des chantiers les plus ambitieux de la France médiévale et l'une des œuvres les plus savantes du début du XIV° siècle.
La cathédrale de Narbonne se situe au cœur de la ville actuelle ; cependant, au Moyen Âge, elle se trouvait en bordure des remparts. Cet emplacement est issu d'une longue « sédimentation » de lieux de culte. Approximativement sur le même emplacement fut construit initialement une basilique constantinienne, élevée peu après l'édit de 313 autorisant le culte chrétien. Elle fut détruite par un incendie en 441, et il fallut 37 jours pour démolir ce que le feu avait épargné. Une basilique latine suivit, construite en quatre ans par l'évêque Rustique, que le préfet des Gaules, Marcellus, encouragea dans son entreprise. La basilique fut terminée le 29 novembre 445.
Dans l'atrium de l'église Saint-Rustique, la présence de vestiges musulmans suggère qu'une mosquée aurait été construite par les Arabes Omeyyades entre 719 et 759, lors de la présence sarrasine en France. En 782 l'église fut désormais consacrée aux jeunes martyrs espagnols Just et Pasteur. Les vestiges en sont deux colonnes romaines du forum réemployées pour la nef (visible dans le cloître) ; le linteau avec dédicace ; un édicule de marbre blanc (visible au musée lapidaire).
Une cathédrale préromane carolingienne fut construite en 890 par l'archevêque Théodard, mort le 1er mai 893. Il en subsiste le clocher dit « clocher de Théodard », en grande partie restauré, visible du cloître. Malgré l'aide apportée par trois papes, cette église tomba en ruine.
La construction de la cathédrale gothique fut un acte politique, décidé en 1268 par le pape Clément IV, ancien archevêque de Narbonne. Ce sera, dit-il, une œuvre faite à l'instar des magnifiques cathédrales du royaume de France. La première pierre de l'église actuelle fut posée par l'archevêque Maurin le 13 avril 1272, dans les fondements de l'actuelle chapelle Sacré-Cœur. L'édification de la cathédrale Saint-Just et Saint-Pasteur fut projetée dès 1264, mais ne débuta qu'en 1272, et le chœur fut achevé en 1332.
Cet édifice, établi sur le même plan directeur que les cathédrales de Clermont et Limoges, semble avoir eu le même architecte, Jean Deschamps. De son contrat d'embauche de 1286, il ressort que le contractant signataire avait dû au préalable solliciter l'accord de MM. les prévôts, responsables de la construction. Cette hypothèse ne convainc pas tous les historiens. Certains considèrent que cette trace est bien trop tardive pour attribuer à Jean Deschamps la conception de plans retenus depuis longtemps et d'un chantier déjà bien avancé. Il y a donc deux possibilités :
La construction s'arrête progressivement au milieu du XIV° siècle. Cependant, au cours des siècles qui suivent, trois tentatives sont faites pour terminer l'édifice :
Chapelle des Pénitents-Bleus : Les Templiers possédaient dès 1130 leur hôpital à Narbonne. Leur commanderie était d'abord située dans le bourg, île Sainte-Marguerite. Leur nouvelle chapelle fut construite en cité entre 1177 et 1208. Le nom d'Ile de la commanderie Saint-Jean est resté attaché à tout l'ilot jusqu'en 1789. C'est dans cette chapelle que s'installèrent, en 1593, les Pénitents Bleus, ordre fondé en 1575. En 1619, ils obtinrent un bail avec faculté de bâtisse sur les vieux fondements. Par suite de désaccord avec le commandeur, ce n'est que dans le courant du XVIII° siècle que fut édifiée la chapelle actuelle. L'édifice est à nef unique, à trois travées, avec chevet polygonal. La construction du XVIII° siècle a tiré parti des murs déjà existants, surtout dans la partie nord, entre le chevet et la seconde travée. La façade occidentale a entièrement été édifiée à cette époque-là, en moellons taillés provenant pour une part du bâtiment antérieur. Le portail s'ouvre dans un avant-corps peu saillant, percé d'un grand oculus et surmonté d'un fronton triangulaire. Le long de la façade court un bandeau dont le profil de corniche romane rappelle peut-être le souvenir de quelque ancienne corniche. L'entablement, très simple, est surmonté d'un fronton rompu.
L'édifice au décor baroque a été restauré par la commune de Narbonne en 1995 qui en a fait une salle d'exposition d'art contemporain.
Basilique Saint-Paul : C'est une ancienne collégiale également appelée basilique Saint-Paul-Serge. Un premier édifice incendié au V° siècle est rebâti. Cette église préromane est reconstruite vers 1180 aux dimensions de l'église actuelle avec une nef, un transept non saillant et un chœur. Ce dernier détruit au début du XII° siècle est reconstruit en 1224 sous l'impulsion de l'abbé Robaldus (ou Robaldo) qui deviendra par la suite évêque de Pavie en 1232 ; au cours de cette reconstruction le transept, la nef et les bas-côtés sont repris et transformés. Le tombeau de saint Paul, premier évêque de Narbonne qui selon la tradition serait le proconsul Sergius Paulus, est transféré en 1244 dans le chœur de l'église. Les travaux se terminent en 1265.
Après un incendie de la couverture de la nef survenu en 1368, les voûtes et le clocher porche sont refaits. Les deux travées occidentales sont reconstruites de 1432 à 1458. Au XVI° siècle, six piles de la nef sont renforcées par de puissants massifs circulaires.
Au tout début du XVI°, on songea à l’élévation d’un clocher, sur le porche occidental. Toutefois, ce clocher resta inachevé depuis 1508, époque où les nouveaux remparts furent adossés à la façade de l’église.
La composition actuelle est le résultat de nombreux travaux et restaurations diverses, qui commencèrent dès le XV° siècle par des modifications de la nef. Vers 1534, six piles de la nef furent entourées d’un massif circulaire et la dernière chapelle du bas-côté Sud fut remaniée vers 1534. En 1751 le clocher fut consolidé et exhaussé d’un étage. Mais la plus importante campagne de restauration entreprise à Saint-Paul est le fruit du travail d’Henri Nodet, qui refit les grandes baies des croisillons du transept et restitua les balustrades dans les galeries du déambulatoire et du chœur au XX° siècle. En outre, il est à noter que le pape Pie XII érigea l’église en basilique mineure en 1953.
La hauteur donnée au déambulatoire, contrebute les voûtes hautes aussi n’y a-t-il pas d’arcs-boutants, mais seulement des contreforts, et les voûtes du déambulatoire sont contrebutées seulement par l’épaisseur des murs et des massifs de maçonnerie, placés entre chaque chapelle rayonnante. Les absidioles sont éclairées par trois fenêtres étroites avec embrasures très évasées, décorées de 4 colonnes, surmontées d’arcs brisés ; les dernières des colonnes reçoivent des arcs plus larges, ceux bandés d’une chapelle à l’autre. Les chapelles, par ces arcs, sont ainsi toutes réunies sous un même comble en appentis. Sous chaque étage de toiture : corniche à modillons.
Notre-Dame de Lamourguier : Notre-Dame de Lamourguier ou Notre-Dame de la Mourguier est un ancien prieuré du bourg de Narbonne, dont seule subsiste l'église, désaffectée au culte et transformée en dépôt lapidaire.
L'église de Sainte-Marie est citée dès 782 quand des témoins jurent dans cette église dans un jugement entre Milon, comte de Narbonne et Daniel, archevêque de Narbonne ; on sait qu'elle était au XI° siècle entre les mains des Nicolaïtes, clercs hérétiques. En 1078 ou 1086, elle fut affiliée comme prieuré régulier de l'ordre de Saint-Benoît à l'abbaye Saint-Victor de Marseille, prenant alors le nom de Beata Maria de la Morguia, Nostra Dona la Morguia ou Beata Maria de Monachia.
Au XVI° siècle, le prieuré est en pleine déshérence : en 1572, la messe n'y est plus célébrée ; en 1602, il n'y a plus que trois religieux, un prieur et un sacristain.
En 1662 l'archevêque de Narbonne François Fouquet, alors en exil à Alençon, poussa le prieuré à adhérer à la congrégation de Saint-Maur qui le restaura.
Après la Révolution les bâtiments du couvent sont sous administration militaire. De 1824 à 1889, ils servent de caserne, puis furent finalement détruits en 1902. Sur cette période, l'église abrite les magasins de l'armée, qui cohabiteront avec la collection lapidaire à partir de 1869.
Le bâtiment ne dut sa sauvegarde après 1868 (un bail est alors signé entre la ville et l'armée) qu'à son utilisation comme dépôt archéologique municipal pour conserver les divers blocs inscrits ou sculptés, stèles, colonnes et sarcophages extraits des remparts narbonnais lors de leur démolition ou mis au jour dans l'arrondissement. Il sert depuis, par intermittence dans les premières décennies, de musée lapidaire et contient plus de 1 700 artéfacts archéologiques. Entre 2017 et 2018, les collections sont transférées au sein du futur musée régional de la Narbonne antique (Narbo Via)14,15, où elles seront réunies avec les autres fonds archéologiques de la ville.
L'église, reconstruite au XIII° siècle, est de style gothique méridional, plus précisément languedocien et catalan, caractérisé par une large nef unique, couverte d'une simple charpente soutenue par six arcs diaphragmes maçonnés, dont le premier comporte une rupture de courbe rare dans ce genre d'édifice, prenant appui sur des contreforts très saillants, entre lesquels s'ouvrent des chapelles latérales rectangulaires. Au-dessus circule une galerie, aménagée au XIV° siècle, qui traverse les doubleaux et communique avec un triforium surmontant les chapelles du chœur. L'abside du chœur à sept pans est voûtée d'ogives qui retombent sur des consoles abondamment sculptées. Une baie en plein cintre, sur le mur occidental, et le portail méridional semblent constituer les vestiges les plus anciens (fin XII° siècle ). À l'extérieur, le flanc sud porte une tour pourvue d'une tourelle pentagonale. Le chevet, accolé aux remparts, était crénelé et pouvait participer à la défense du bourg.
Ouvrez les yeux ! En arpentant patiemment les ruelles de la ville, vous saurez reconnaître çà et là, les précieux et les plus anciens vestiges de la cité, Narbo Martius, la plus vieille colonie romaine fondée hors d’Italie. 2 millénaires d’histoire sous vos pieds ! Depuis la place centrale, vous foulez les pavés de la Via Domitia. Au détour d’une ruelle pavée, vous plongez dans l’ancien Horreum romain. Et en suivant le canal de la Robine, peut-être parviendrez-vous au bout du bout, à la Nautique, l’ancien port de la ville sur les bords de l’étang…
Palais des archevêques :
Cette ancienne résidence archiépiscopale est un subtil mélange de différents styles. Le palais archiépiscopal de Narbonne est une place forte élevée probablement sur l’emplacement du capitole de la ville romaine. C’est après le palais des papes d'Avignon, la construction la plus importante des nombreuses résidences occupées par les princes de l’Église. Le palais est réuni à la cathédrale actuelle, fondée en 1272, par un cloître bâti par l’archevêque Pierre de La Jugie, dans la seconde moitié du XIV° siècle. Déjà, en 1308, la grosse tour carrée du palais, servant de donjon, avait été construite par l’archevêque Gilles Ier Aycelin de Montaigut. Pierre de La Jugie éleva entre le cloître et cette tour des bâtiments qui comprennent plusieurs tours rondes, des logis, une grande salle et une autre tour carrée formant pendant avec le donjon.
Le palais des archevêques de Narbonne est composé du palais Vieux d'origine romane et du palais Neuf de style gothique. Sa façade comporte trois tours carrées datant des XIII° et XIV° siècles.
Ses ouvertures et ses façades romanes et néo-gothiques, mais aussi de style Renaissance et même moderne, donnent un charme unique à ce monument. À cela s’ajoute la complexité de la construction qui défie les lois de la nature. Les tours carrées qui ornent la façade et le donjon d’une hauteur de 42 mètres donnent une allure majestueuse au palais.
Le Palais Vieux et du Palais Neuf qui sont séparés par le passage de l’Ancre. Construit entre les XII° et XIII° siècles, le Palais Vieux de style roman vous plonge dans une atmosphère médiévale. Sa visite vous permet de découvrir l’ancienne chapelle de La Madeleine datant de 1273 où sont exposées de merveilleuses peintures murales du XIV° siècle. Pour faire durer le plaisir, continuez votre visite dans la salle d’à côté appelée « salle au plafond peint » du XIII° siècle. Après cet émerveillement, sortez dans la cour de La Madeleine pour une vue sur les vestiges les plus anciens du palais, notamment le clocher de Théodard, qui est tout ce qui subsiste de la cathédrale carolingienne construite en 890.
Après cette visite à travers le temps, place à la découverte du Palais Neuf, restauré aux XVII° et XVIII° siècles. Sous forme de forteresse, ce trésor architectural abritait les appartements des archevêques en 1632. Vous y découvrirez les salles des Consuls et des Synodes. Sa façade néogothique restaurée par Viollet-le-Duc est extraordinaire.
Pensez à faire le tour par les extérieurs du Palais. Face à la mairie, vous trouverez les vestiges de la voie romaine. Côté rue Jean Jaurès, le Palais est construit sur les bases des anciens murs romains. Quelques pierres sculptées récupérées en hâte sur les monuments romains, intègrent aujourd’hui les bases du donjon Gilles Aycelin.
l’arrière du Palais, vous trouverez le jardin des archevêques, créé au pied des fortifications. C’est en fait une création moderne qui a permis de créer un petit coin à l’abri entre Cathédrale et Palais. On peut y observer une collection d'agrumes, de magnifiques cèdres centenaires et surtout un cadran solaire monumental qui est également une fontaine.
Pour une superbe vue sur la mer Méditerranée et sur la ville, grimpez tout en haut du donjon médiéval. Il faudra monter 162 marches.
La cathédrale Saint-Just-et-Saint-Pasteur : C'est le monument le plus prestigieux de la ville de Narbonne. Elle a rang de cocathédrale du diocèse de Carcassonne et Narbonne. La cathédrale devait avoir la forme d'une croix latine. Il est facile de remarquer que seul le chœur (la tête de la croix) est terminé et que le transept (les bras de la croix) est à peine commencé, ainsi que la nef (pieds de la croix).
Caractéristique du style gothique méridional, elle a remplacé des lieux de culte édifiés au centre de la ville dès le IV° siècle. Sa particularité réside dans le fait qu'elle est inachevée (seul le chœur est présent) et que sa hauteur sous voûte en fait la quatrième plus haute de France (41 m sous voûte, après Beauvais à 48 m et Amiens et Metz à 42 m). Ce monument, presque disproportionné au regard du reste de la ville, fut l'un des chantiers les plus ambitieux de la France médiévale et l'une des œuvres les plus savantes du début du XIV° siècle.
La cathédrale de Narbonne se situe au cœur de la ville actuelle ; cependant, au Moyen Âge, elle se trouvait en bordure des remparts. Cet emplacement est issu d'une longue « sédimentation » de lieux de culte. Approximativement sur le même emplacement fut construit initialement une basilique constantinienne, élevée peu après l'édit de 313 autorisant le culte chrétien. Elle fut détruite par un incendie en 441, et il fallut 37 jours pour démolir ce que le feu avait épargné. Une basilique latine suivit, construite en quatre ans par l'évêque Rustique, que le préfet des Gaules, Marcellus, encouragea dans son entreprise. La basilique fut terminée le 29 novembre 445.
Dans l'atrium de l'église Saint-Rustique, la présence de vestiges musulmans suggère qu'une mosquée aurait été construite par les Arabes Omeyyades entre 719 et 759, lors de la présence sarrasine en France. En 782 l'église fut désormais consacrée aux jeunes martyrs espagnols Just et Pasteur. Les vestiges en sont deux colonnes romaines du forum réemployées pour la nef (visible dans le cloître) ; le linteau avec dédicace ; un édicule de marbre blanc (visible au musée lapidaire).
Une cathédrale préromane carolingienne fut construite en 890 par l'archevêque Théodard, mort le 1er mai 893. Il en subsiste le clocher dit « clocher de Théodard », en grande partie restauré, visible du cloître. Malgré l'aide apportée par trois papes, cette église tomba en ruine.
La construction de la cathédrale gothique fut un acte politique, décidé en 1268 par le pape Clément IV, ancien archevêque de Narbonne. Ce sera, dit-il, une œuvre faite à l'instar des magnifiques cathédrales du royaume de France. La première pierre de l'église actuelle fut posée par l'archevêque Maurin le 13 avril 1272, dans les fondements de l'actuelle chapelle Sacré-Cœur. L'édification de la cathédrale Saint-Just et Saint-Pasteur fut projetée dès 1264, mais ne débuta qu'en 1272, et le chœur fut achevé en 1332.
Cet édifice, établi sur le même plan directeur que les cathédrales de Clermont et Limoges, semble avoir eu le même architecte, Jean Deschamps. De son contrat d'embauche de 1286, il ressort que le contractant signataire avait dû au préalable solliciter l'accord de MM. les prévôts, responsables de la construction. Cette hypothèse ne convainc pas tous les historiens. Certains considèrent que cette trace est bien trop tardive pour attribuer à Jean Deschamps la conception de plans retenus depuis longtemps et d'un chantier déjà bien avancé. Il y a donc deux possibilités :
- – soit Jean Deschamps travaillait déjà sur le projet de la cathédrale, mais avec une autre fonction ;
- – soit Jean des Champs, cité ici, n'est pas la même personne que celle qui a construit la cathédrale de Clermont-Ferrand.
La construction s'arrête progressivement au milieu du XIV° siècle. Cependant, au cours des siècles qui suivent, trois tentatives sont faites pour terminer l'édifice :
- En 1514, l'archevêque Guillaume Briçonnet, fait abattre les anciennes murailles qui passent entre les constructions dénommées actuellement (depuis 1708) Cour Saint Eutrope et le bâtiment qui était récemment encore la chapelle des Pénitents Bleus, après avoir été celle des templiers hors les murs. Lorsque l'enceinte fut élargie, l'emplacement devient la propriété des archevêques de Narbonne. Mais monseigneur Briçonnet décéda le 14 décembre 1514.
- En 1708, l'archevêque Charles Le Goux de La Berchère reprend les projets du chapitre et fait élever, dans un gothique modifié par l'esthétique classique, les chapelles extérieures que l'on appelle bâtiment de Saint-Eutrope. À la mort de l'archevêque, le 2 juin 1719, les travaux sont suspendus. Son successeur, l'archevêque René de Beauvau, y consacre quelques sommes à partir de 1722, puis ils sont à nouveau abandonnés.
- En 1840, Viollet-le-Duc, entreprend de couronner l'œuvre du XVIII° siècle, par un porche fortifié, mais des dissensions avec le Conseil de Fabrique l'éloignent de Narbonne au bout de quelques mois et les travaux de la cathédrale sont demeurés depuis en suspens.
Chapelle des Pénitents-Bleus : Les Templiers possédaient dès 1130 leur hôpital à Narbonne. Leur commanderie était d'abord située dans le bourg, île Sainte-Marguerite. Leur nouvelle chapelle fut construite en cité entre 1177 et 1208. Le nom d'Ile de la commanderie Saint-Jean est resté attaché à tout l'ilot jusqu'en 1789. C'est dans cette chapelle que s'installèrent, en 1593, les Pénitents Bleus, ordre fondé en 1575. En 1619, ils obtinrent un bail avec faculté de bâtisse sur les vieux fondements. Par suite de désaccord avec le commandeur, ce n'est que dans le courant du XVIII° siècle que fut édifiée la chapelle actuelle. L'édifice est à nef unique, à trois travées, avec chevet polygonal. La construction du XVIII° siècle a tiré parti des murs déjà existants, surtout dans la partie nord, entre le chevet et la seconde travée. La façade occidentale a entièrement été édifiée à cette époque-là, en moellons taillés provenant pour une part du bâtiment antérieur. Le portail s'ouvre dans un avant-corps peu saillant, percé d'un grand oculus et surmonté d'un fronton triangulaire. Le long de la façade court un bandeau dont le profil de corniche romane rappelle peut-être le souvenir de quelque ancienne corniche. L'entablement, très simple, est surmonté d'un fronton rompu.
L'édifice au décor baroque a été restauré par la commune de Narbonne en 1995 qui en a fait une salle d'exposition d'art contemporain.
Basilique Saint-Paul : C'est une ancienne collégiale également appelée basilique Saint-Paul-Serge. Un premier édifice incendié au V° siècle est rebâti. Cette église préromane est reconstruite vers 1180 aux dimensions de l'église actuelle avec une nef, un transept non saillant et un chœur. Ce dernier détruit au début du XII° siècle est reconstruit en 1224 sous l'impulsion de l'abbé Robaldus (ou Robaldo) qui deviendra par la suite évêque de Pavie en 1232 ; au cours de cette reconstruction le transept, la nef et les bas-côtés sont repris et transformés. Le tombeau de saint Paul, premier évêque de Narbonne qui selon la tradition serait le proconsul Sergius Paulus, est transféré en 1244 dans le chœur de l'église. Les travaux se terminent en 1265.
Après un incendie de la couverture de la nef survenu en 1368, les voûtes et le clocher porche sont refaits. Les deux travées occidentales sont reconstruites de 1432 à 1458. Au XVI° siècle, six piles de la nef sont renforcées par de puissants massifs circulaires.
Au tout début du XVI°, on songea à l’élévation d’un clocher, sur le porche occidental. Toutefois, ce clocher resta inachevé depuis 1508, époque où les nouveaux remparts furent adossés à la façade de l’église.
La composition actuelle est le résultat de nombreux travaux et restaurations diverses, qui commencèrent dès le XV° siècle par des modifications de la nef. Vers 1534, six piles de la nef furent entourées d’un massif circulaire et la dernière chapelle du bas-côté Sud fut remaniée vers 1534. En 1751 le clocher fut consolidé et exhaussé d’un étage. Mais la plus importante campagne de restauration entreprise à Saint-Paul est le fruit du travail d’Henri Nodet, qui refit les grandes baies des croisillons du transept et restitua les balustrades dans les galeries du déambulatoire et du chœur au XX° siècle. En outre, il est à noter que le pape Pie XII érigea l’église en basilique mineure en 1953.
La hauteur donnée au déambulatoire, contrebute les voûtes hautes aussi n’y a-t-il pas d’arcs-boutants, mais seulement des contreforts, et les voûtes du déambulatoire sont contrebutées seulement par l’épaisseur des murs et des massifs de maçonnerie, placés entre chaque chapelle rayonnante. Les absidioles sont éclairées par trois fenêtres étroites avec embrasures très évasées, décorées de 4 colonnes, surmontées d’arcs brisés ; les dernières des colonnes reçoivent des arcs plus larges, ceux bandés d’une chapelle à l’autre. Les chapelles, par ces arcs, sont ainsi toutes réunies sous un même comble en appentis. Sous chaque étage de toiture : corniche à modillons.
Notre-Dame de Lamourguier : Notre-Dame de Lamourguier ou Notre-Dame de la Mourguier est un ancien prieuré du bourg de Narbonne, dont seule subsiste l'église, désaffectée au culte et transformée en dépôt lapidaire.
L'église de Sainte-Marie est citée dès 782 quand des témoins jurent dans cette église dans un jugement entre Milon, comte de Narbonne et Daniel, archevêque de Narbonne ; on sait qu'elle était au XI° siècle entre les mains des Nicolaïtes, clercs hérétiques. En 1078 ou 1086, elle fut affiliée comme prieuré régulier de l'ordre de Saint-Benoît à l'abbaye Saint-Victor de Marseille, prenant alors le nom de Beata Maria de la Morguia, Nostra Dona la Morguia ou Beata Maria de Monachia.
Au XVI° siècle, le prieuré est en pleine déshérence : en 1572, la messe n'y est plus célébrée ; en 1602, il n'y a plus que trois religieux, un prieur et un sacristain.
En 1662 l'archevêque de Narbonne François Fouquet, alors en exil à Alençon, poussa le prieuré à adhérer à la congrégation de Saint-Maur qui le restaura.
Après la Révolution les bâtiments du couvent sont sous administration militaire. De 1824 à 1889, ils servent de caserne, puis furent finalement détruits en 1902. Sur cette période, l'église abrite les magasins de l'armée, qui cohabiteront avec la collection lapidaire à partir de 1869.
Le bâtiment ne dut sa sauvegarde après 1868 (un bail est alors signé entre la ville et l'armée) qu'à son utilisation comme dépôt archéologique municipal pour conserver les divers blocs inscrits ou sculptés, stèles, colonnes et sarcophages extraits des remparts narbonnais lors de leur démolition ou mis au jour dans l'arrondissement. Il sert depuis, par intermittence dans les premières décennies, de musée lapidaire et contient plus de 1 700 artéfacts archéologiques. Entre 2017 et 2018, les collections sont transférées au sein du futur musée régional de la Narbonne antique (Narbo Via)14,15, où elles seront réunies avec les autres fonds archéologiques de la ville.
L'église, reconstruite au XIII° siècle, est de style gothique méridional, plus précisément languedocien et catalan, caractérisé par une large nef unique, couverte d'une simple charpente soutenue par six arcs diaphragmes maçonnés, dont le premier comporte une rupture de courbe rare dans ce genre d'édifice, prenant appui sur des contreforts très saillants, entre lesquels s'ouvrent des chapelles latérales rectangulaires. Au-dessus circule une galerie, aménagée au XIV° siècle, qui traverse les doubleaux et communique avec un triforium surmontant les chapelles du chœur. L'abside du chœur à sept pans est voûtée d'ogives qui retombent sur des consoles abondamment sculptées. Une baie en plein cintre, sur le mur occidental, et le portail méridional semblent constituer les vestiges les plus anciens (fin XII° siècle ). À l'extérieur, le flanc sud porte une tour pourvue d'une tourelle pentagonale. Le chevet, accolé aux remparts, était crénelé et pouvait participer à la défense du bourg.
Église Notre-Dame-de-Grâces : L'église Notre-Dame-de-Grâces, ancienne église des Augustins, dite aussi chapelle des Pénitents blancs, est une église catholique. Elle donne rue de Belfort.
Les Augustins arrivent en 1262 à Narbonne. Leur couvent est détruit lorsque François Ier fait construire de nouveaux remparts. Ils s'installent à l'emplacement actuel en 1523 et édifient leur nouveau couvent dans les années qui suivent. Leur cloître est construit en 1542. En 1792, les Augustins sont chassés et, en 1793, le couvent et son église sont vendus comme bien national, leurs propriétés sont morcelées. L'église pillée et dépouillée de son mobilier est désaffectée. Elle sert de séchoir pour une tannerie. Le 13 avril 1816, la confrérie des Pénitents blancs achète l'église et la rend au culte. Cinq des six chapelles latérales, ouvertes au XVII° siècle, sont murées et la voûte refaite. Elle devient une annexe de la paroisse Saint-Paul au début du XX° siècle. Dans la seconde moitié du XX° siècle, l'église sert de salle de spectacle et de cinéma pour la jeunesse de la paroisse. Finalement l'église est vendue par la commune en 1985 à la confrérie des Pénitents blancs qui en redevient donc propriétaire. Le culte est confié à la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X et donc célébré en latin.
L'étroite facade d'architecture classique sur la rue présente un fronton en arc brisé au-dessus du portail et en haut, une niche surmontée d'un fronton abritant une petite statue de la Vierge d'époque gothique, placée au XIX° siècle pour remplacer l'ancienne statue détruite à la Révolution. Le portail d'entrée donne sur un long couloir intérieur qui mène à l'église. La petite église voûtée en gothique tardif, avec des arcs diaphragmes, est une église-halle avec une abside pentagonale où se trouve le maître-autel. Le chœur est séparé de la nef par un arc triomphal qui repose sur des faisceaux de colonnettes à chapiteaux feuillagés. L'ensemble est éclairé par des oculi sous la voûte, et trois fenêtres dans l'abside. On remarque quatre gypseries sur les murs de l'abside représentant des scènes de la vie de la Vierge (la Nativité de Marie, la Présentation de la Vierge, l'Annonciation et la Nativité de Jésus), du XVIII° siècle. Sur un mur, un bas-relief gothique représente la Nativité. Certaines dalles du pavement portent des inscriptions funéraires. La tribune (sans orgue, mais avec un harmonium) est soutenue par des colonnes toscanes.
Ancienne église des Jacobins : Le couvent des Dominicains a été fondé en 1220 ou 1231. Le chapitre provincial s'y réunit plusieurs fois entre 1243 et 1296. A la fin du XIV° siècle, les Dominicains furent autorisés à s'installer dans le bourg. Leur église fut probablement bâtie au cours du XV° siècle. En 1793, le couvent fut vendu en deux lots dont le plus important comprenait la nef, les chapelles de droite et de gauche, le sanctuaire et deux sacristies. La nef unique n'a qu'une travée voûtée, près du chœur. Les arcs doubleaux, brisés, profilés de moulures prismatiques, reposent sur des colonnes engagées tandis que les ogives partent de simples culs de lampe. La seconde chapelle a été dotée d'une voûte à liernes et tiercerons. Un escalier qui s'élève le long du mur méridional de la nef et qui longe les anciennes chapelles murées, mène à l'étage créé au XIX° siècle dans le sanctuaire. Dans le chevet polygonal, à sept pans, les ogives à moulures prismatiques aboutissent à une clef centrale ornée d'un écu armorié. L'armature de la voûte est complétée par une lierne et deux tiercerons qui se croisent sur une petite clef ronde. Chapiteaux sculptés. Culs de lampe de style flamboyant.
Église Saint-Sébastien : Cette église de style gothique flamboyant a été construite de 1436 à 1456 comme chapelle, pour recevoir le chapitre de Saint-Étienne de l'église de la Major, sous l'épiscopat de Jean d'Harcourt, dont les armes ornent les clefs de voûte de la sacristie et de l'abside ; la tradition narbonnaise veut que l'église ait été construite avec des pierres provenant du Capitole romain, en souvenir de saint Sébastien qui - originaire de Gaule narbonnaise - serait né à Narbonne. L'église est remaniée au XVIII° siècle et sa façade au XIX° siècle en style néo-gothique. L'église a servi de chapelle d'un couvent de carmélites à partir de 1620 jusqu'à leur dispersion par la Révolution française, dont l'ancien couvent jouxtant l'église au nord (avec son cloître) sert aujourd'hui de logements sociaux pour personnes âgées. Fermée à la Révolution française, l'église rouvre au culte en 1801. L'église est entièrement restaurée en 2003.
Le campanile se dressait autrefois sur la seconde travée ainsi que l'indique la lunette dans la voûte. Il a été remplacé par un clocher-arcade élevé sur la façade au XIX° siècle. On remarque dans le tympan du portail un relief de bois décrivant le martyre de saint Sébastien et à l'intérieur plusieurs tableaux de ce saint, cher aux Narbonnais, dont Saint Sébastien soigné par sainte Irène du XVII° siècle dans l'esprit caravagesque. L'autel de marbre est surmonté d'un retable aux colonnes de marbre rose flanquant un tableau de la Crucifixion. Au-dessus se trouve un vitrail représentant le saint devant l'empereur romain et à droite la sagitation du saint. La nef unique est à deux travées surmontées d'ogives. L'abside polygonale est également voûté d'ogives. La chapelle Nord date de 1825.
Aux Dames de France : Le batiment "Aux Dames de France" est situé en face de la mairie. Aux Dames de France est une chaîne de grands magasins apparue tout à la fin du XIX° siècle et qui développe son réseau au XX° siècle dans des villes françaises de grande et moyenne taille. Cette enseigne s'implante surtout dans les villes de sud de la France comme Marseille, Perpignan, Montpellier....
Cette enseigne a disparu au cours du dernier quart du XX° siècle. Son développement s'est régulièrement accompagné de la construction de bâtiments sur mesure avec des techniques de pointe et des choix ornementaux typiques de leur époque.
L' arasement des immeubles de la Cour de l'arsenal et des folies débute en 1905 pour construire Les Dames de France avec une décoration sculpturale des façades par Gaston Schnegg, le tout dans un style basé sur le néo-baroque. Elles seront aménagées en 1907. Une longue façade marquée par deux angles arrondis qui se terminent en coupoles. Ces coupoles ont été copiées sur celles de l'architecte Paul Sédille pour le magasin Le Printemps à Paris (en 1885). La façade présente le caractère des grands magasins de l'époque avec de grandes vitrines rendues possibles par l'emploi de poutres métalliques.
Canal de la Robine : Le canal de la Robinenote relie l'Aude et la mer Méditerranée. Avec le canal de Jonction, il constitue une branche latérale du canal du Midi, l'embranchement de La Nouvelle, qui met en communication le canal du Midi avec Narbonne et Port-la-Nouvelle sur la Méditerranée. Comme le canal du Midi, le canal de la Robine est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.
Ce canal emprunte l'ancien lit de l'Aude que les Romains parcouraient déjà en bateau jusqu'à la mer. Il est aménagé au XIV° siècle pour alimenter en eau les moulins de la ville de Narbonne. Le succès commercial du canal du Midi au XVII° siècle est si important que Vauban et Seignelay proposent de relier le canal des Deux-Mers à Narbonne. Le 2 juillet 1686 le conseil du Roi Louis XIV permet qu'il sera construit par la ville de Narbonne, un canal pour joindre le grand canal de communication des Deux mers à la Robine, avec les écluses et autres ouvrages nécessaires suivant et conformément aux désirs qui en sera fait par le sieur Riquet, ingénieur de sa majesté. Antoine Niquet, ingénieur général des fortifications de Provence, de Dauphiné, de Languedoc dessine les plans du futur canal de jonction de la Robine. Des efforts de canalisation furent alors entrepris pour préparer la Robine à s’ouvrir à la navigation. Les 4 écluses entre l’Aude et Narbonne furent construites vers 1686. Les travaux, difficiles, s'étendirent sur plusieurs années et furent confiés notamment à des ingénieurs ayant participé à la réalisation du canal du midi. Le canal est mis en service par Vauban et permet de rejoindre l'Aude au lieu-dit Gailhousty. Mais en l'absence de canal de jonction, le reste du chemin jusqu'au canal du Midi se faisait par voie terrestre. Ce n'est qu'en 1767, plus d'un siècle après, que les travaux du canal de jonction furent entrepris. Les États généraux de la province faisaient droit, jusqu'en 1754, aux oppositions violentes des communautés de Béziers, Agde et Séte. La ville de Narbonne, à bout de ressources, ne pouvant pas terminer les travaux, les États de Languedoc s'en chargèrent, et ils terminèrent le canal de jonction pour atteindre le canal du Midi en passant par Sallèles-d'Aude. Le 11 février 1776 la Ville de Narbonne cèda aux États de Languedoc le canal de la Robine et le canal de jonction.
Le canal mesure 32 km de long et commence, en son point le plus haut, au bord de l'Aude et se dirige vers Narbonne. Son point de départ est l'écluse de garde de Moussoulens, qui protège Narbonne en cas de crue. Le canal passe sous le pont des Marchands à Narbonne qui est l'un des rares ponts habités de France. Il longe ensuite les étangs de Bages et de Sigean et la réserve naturelle de l'Île-Sainte-Lucie. Il termine sa course dans la mer Méditerranée au port de commerce de Port-la-Nouvelle. Six écluses jalonnent son parcours rachetant une dénivellation de 8,3 m. Il est alimenté par la prise d'eau de Moussoulens sur l'Aude. Le chemin de halage est aménagé en voie verte du centre de Narbonne jusqu'à Port-la-Nouvelle.
Narbo Martius est le nom d'une ville romaine, fondée à la fin du iie siècle av. J.-C. devenue la ville de Narbonne.
Première capitale chronologique des Gaules avant Lugdunum, elle est construite sur un carrefour commercial vers l'Hispanie, l’Aquitaine, la Gaule, Rome et la Méditerranée par les voies domitiana, l'Aude et la Garonne, et l'ensemble portuaire de Narbonne. Elle est d'aspect fastueux, démontrant la puissance des colons. Notamment les dimensions de son Capitole sont sans équivalent en Gaule. La ville porte le titre de « fille de Rome ».
Le nom Narbo Martius est formé vraisemblablement à partir du toponyme celte ou ibère Narbo signifiant « habitation proche de l'eau » (apparenté à la racine basque *narb) et le nom du dieu romain de la guerre, Mars protecteur de la nouvelle cité.
Vestiges archéologiques du Clos de la Lombarde : Le site archéologique du "Clos de la Lombarde" est situé au 28 rue Chanzy. Vestiges d'un quartier de notables de la Narbonne romaine avec ses rues, ses maisons patriciennes, des thermes, des ateliers artisanaux et une basilique paléochrétienne. Un îlot, ou “ insula ” en latin, désigne un ensemble de bâtiments entièrement circonscrit par des rues. Celui du Clos de la Lombarde mesure 23,50 mètres X 90 mètres Le quartier mis en évidence au “ Clos de la Lombarde ” apparaît au cours de la deuxième moitié du 1er siècle avant notre ère. L’îlot dégagé se développe puis reste actif jusqu’à la première moitié du III° siècle de notre ère. Vers la fin du IV° siècle, une église suburbaine, à vocation cimétériale est édifiée à l’emplacement d’une des domus désafféctée.
Entretenu et animé, en collaboration avec la Ville de Narbonne, par "Les Amis du Clos de la Lombarde".
Horreum : L’Horreum, au cœur de la ville moderne, se compose de galeries souterraines construites au Ier siècle avant notre ère et situées à 5 mètres au-dessous du sol. Ce dernier a une particularité : il est souterrain, ce qui en fait un cryptoportique. Elles devaient constituer les fondations d’un bâtiment, sans doute de type marché ou entrepôt, dont la recherche n’a pas encore découvert tous les secrets (horreum signifiant « entrepôt » en latin). Construit en surface, cet édifice se trouvait au sud du forum, en bordure du cardo (axe nord-sud) de la ville romaine de Narbo Martius. Ces galeries souterraines ont traversé les siècles moyennant divers remaniements et leur réutilisation partielle comme caves particulières. C'est en 1838 que l'Horreum est découvert, après des fouilles archéologiques. En 1944, en pleine Seconde guerre mondiale, pas encore question de le rendre accessible à la visite puisque l'Horreum est temporairement transformé en abri de défense. Jusqu'à cette date-là, les autorités ont du mal à définir cet étrange vestige souterrain. C'est donc à ce moment-là que l'Horreum est défini comme tel. Elles ont été classées au titre des Monuments Historiques en 1961 puis aménagées et ouvertes au public en 1976. Avec les vestiges archéologiques du site du Clos de la Lombarde, l’Horreum est l’un des seuls monuments romains visibles et visitables au centre de Narbonne.
Concrètement, l'Horreum de Narbonne propose une visite en immersion. Grâce à des jeux de sons et de lumière, le site met un point d'honneur à reconstituer une ambiance la plus proche possible de ce qu'elle était à l'époque. Un peu plus d'une demi-heure est nécessaire pour visiter l'endroit et ses longs couloirs de 50 et 38 mètres. Sa disposition, en U, le rend d'autant plus unique.
Les nombreux bâtiments de l'époque romaine avaient, à l'époque, été déconstruits afin de bâtir d'importantes murailles en vue de se défendre contre les invasions. Ainsi, l'Horreum est le dernier monument romain encore présent à Narbonne. Parmi tous les vestiges, comme la Via Domitia, le Clos de Lombarde ou même le musée Amphoralis à Sallèles-d'Aude, l'Horreum est certainement celui qui se rapproche le plus d'une machine à voyager dans le temps...
Les vestiges de la via Domitia : Au centre de la place de l'Hôtel-de-Ville, l'antique voie Domitienne (via Domitia) est visible dans son état de la fin du IV° siècle. C'est un vestige de la première grande route romaine tracée en Gaule, à partir de -120, par le proconsul Cneus Domitius Ahenobarbus, deux ans avant la fondation de la Colonia Narbo Martius, deuxième colonie romaine en Gaule, après Aquae Sextiae (Aix-en-Provence). La voie Domitienne reliait l'Italie à l'Espagne romanisée. À Narbonne, elle rencontrait la Via Aquitania, ouverte en direction de l'Atlantique par Tolosa (Toulouse) et Burdigala (Bordeaux), attestant dès cette époque du rôle de carrefour tenu par la ville. Le vestige découvert le 7 février 1997 présente une portion de voie dallée de calcaire dur, marquée par de profondes ornières. Elle est bordée de trottoirs et de la base d'une fontaine.
Le Pont des Marchands : Le pont des Marchands est un pont dont l'origine remonte à l'époque romaine. Il franchit le canal de la Robine et a la particularité d'être un des rares ponts encore habités de France.
Le pont romain franchissait l'Atax, l'Aude, dont le lit a été dévié durant le Moyen Âge et qui est aujourd'hui occupé par le canal de la Robine. Ce pont romain est très bien conservé, mais est de nos jours difficilement perceptible, car ses six ou sept arches et rampes d’accès sont noyées dans le bâti environnant, servant de caves aux maisons qui surmontent le pont depuis l’époque médiévale et qui ont transformé la chaussée en rue continue, ne donnant plus de visibilité sur le cours d’eau. Le Canal de la Robine passant sous l’unique arche encore visible, est un vestige de l’ancien lit de l’Aude, dont le parcours s’est modifié au cours de l’antiquité tardive puis au Moyen Âge. À la suite de l’édification d’une écluse en aval, le niveau de l’eau a été rehaussé de plusieurs mètres, masquant un peu plus la perception des piles de l’arche subsistante.
NARBO VIA : Narbo Via rassemble trois lieux, trois histoires : le musée Narbo Via, les galeries souterraines de l’Horreum et le site-musée archéologique d’Amphoralis.
Situé à l’entrée Est de la ville et le long du canal de la Robine, le musée Narbo Via vous fait découvrir les richesses de la cité antique de Narbo Martius, première colonie romaine fondée en Gaule en 118 avant notre ère. Ce musée permet de présenter en un lieu unique l'ensemble des collections antiques de Narbonne, auparavant dispersées dans deux musées et dans 4 réserves différentes. Doté d’une collection de plus de 7 000 pièces, ce nouveau musée propose un parcours d’expositions sur 3200m2, avec notamment des peintures murales ainsi qu’un ensemble exceptionnel de 760 fragments de monuments funéraires répartis dans un mur animé unique en Europe. Ce mur est en perpétuelle évolution puisqu'un robot permet d'alterner les blocs exposés et expliqués au public. « Cela permet de présenter un nombre très important de blocs et d'en présenter certains de manière plus approfondie, et en même temps de rendre ces collections accessibles pour la recherche et l'examen que les chercheurs en font ».
Première capitale chronologique des Gaules avant Lugdunum, elle est construite sur un carrefour commercial vers l'Hispanie, l’Aquitaine, la Gaule, Rome et la Méditerranée par les voies domitiana, l'Aude et la Garonne, et l'ensemble portuaire de Narbonne. Elle est d'aspect fastueux, démontrant la puissance des colons. Notamment les dimensions de son Capitole sont sans équivalent en Gaule. La ville porte le titre de « fille de Rome ».
Le nom Narbo Martius est formé vraisemblablement à partir du toponyme celte ou ibère Narbo signifiant « habitation proche de l'eau » (apparenté à la racine basque *narb) et le nom du dieu romain de la guerre, Mars protecteur de la nouvelle cité.
Vestiges archéologiques du Clos de la Lombarde : Le site archéologique du "Clos de la Lombarde" est situé au 28 rue Chanzy. Vestiges d'un quartier de notables de la Narbonne romaine avec ses rues, ses maisons patriciennes, des thermes, des ateliers artisanaux et une basilique paléochrétienne. Un îlot, ou “ insula ” en latin, désigne un ensemble de bâtiments entièrement circonscrit par des rues. Celui du Clos de la Lombarde mesure 23,50 mètres X 90 mètres Le quartier mis en évidence au “ Clos de la Lombarde ” apparaît au cours de la deuxième moitié du 1er siècle avant notre ère. L’îlot dégagé se développe puis reste actif jusqu’à la première moitié du III° siècle de notre ère. Vers la fin du IV° siècle, une église suburbaine, à vocation cimétériale est édifiée à l’emplacement d’une des domus désafféctée.
Entretenu et animé, en collaboration avec la Ville de Narbonne, par "Les Amis du Clos de la Lombarde".
Horreum : L’Horreum, au cœur de la ville moderne, se compose de galeries souterraines construites au Ier siècle avant notre ère et situées à 5 mètres au-dessous du sol. Ce dernier a une particularité : il est souterrain, ce qui en fait un cryptoportique. Elles devaient constituer les fondations d’un bâtiment, sans doute de type marché ou entrepôt, dont la recherche n’a pas encore découvert tous les secrets (horreum signifiant « entrepôt » en latin). Construit en surface, cet édifice se trouvait au sud du forum, en bordure du cardo (axe nord-sud) de la ville romaine de Narbo Martius. Ces galeries souterraines ont traversé les siècles moyennant divers remaniements et leur réutilisation partielle comme caves particulières. C'est en 1838 que l'Horreum est découvert, après des fouilles archéologiques. En 1944, en pleine Seconde guerre mondiale, pas encore question de le rendre accessible à la visite puisque l'Horreum est temporairement transformé en abri de défense. Jusqu'à cette date-là, les autorités ont du mal à définir cet étrange vestige souterrain. C'est donc à ce moment-là que l'Horreum est défini comme tel. Elles ont été classées au titre des Monuments Historiques en 1961 puis aménagées et ouvertes au public en 1976. Avec les vestiges archéologiques du site du Clos de la Lombarde, l’Horreum est l’un des seuls monuments romains visibles et visitables au centre de Narbonne.
Concrètement, l'Horreum de Narbonne propose une visite en immersion. Grâce à des jeux de sons et de lumière, le site met un point d'honneur à reconstituer une ambiance la plus proche possible de ce qu'elle était à l'époque. Un peu plus d'une demi-heure est nécessaire pour visiter l'endroit et ses longs couloirs de 50 et 38 mètres. Sa disposition, en U, le rend d'autant plus unique.
Les nombreux bâtiments de l'époque romaine avaient, à l'époque, été déconstruits afin de bâtir d'importantes murailles en vue de se défendre contre les invasions. Ainsi, l'Horreum est le dernier monument romain encore présent à Narbonne. Parmi tous les vestiges, comme la Via Domitia, le Clos de Lombarde ou même le musée Amphoralis à Sallèles-d'Aude, l'Horreum est certainement celui qui se rapproche le plus d'une machine à voyager dans le temps...
Les vestiges de la via Domitia : Au centre de la place de l'Hôtel-de-Ville, l'antique voie Domitienne (via Domitia) est visible dans son état de la fin du IV° siècle. C'est un vestige de la première grande route romaine tracée en Gaule, à partir de -120, par le proconsul Cneus Domitius Ahenobarbus, deux ans avant la fondation de la Colonia Narbo Martius, deuxième colonie romaine en Gaule, après Aquae Sextiae (Aix-en-Provence). La voie Domitienne reliait l'Italie à l'Espagne romanisée. À Narbonne, elle rencontrait la Via Aquitania, ouverte en direction de l'Atlantique par Tolosa (Toulouse) et Burdigala (Bordeaux), attestant dès cette époque du rôle de carrefour tenu par la ville. Le vestige découvert le 7 février 1997 présente une portion de voie dallée de calcaire dur, marquée par de profondes ornières. Elle est bordée de trottoirs et de la base d'une fontaine.
Le Pont des Marchands : Le pont des Marchands est un pont dont l'origine remonte à l'époque romaine. Il franchit le canal de la Robine et a la particularité d'être un des rares ponts encore habités de France.
Le pont romain franchissait l'Atax, l'Aude, dont le lit a été dévié durant le Moyen Âge et qui est aujourd'hui occupé par le canal de la Robine. Ce pont romain est très bien conservé, mais est de nos jours difficilement perceptible, car ses six ou sept arches et rampes d’accès sont noyées dans le bâti environnant, servant de caves aux maisons qui surmontent le pont depuis l’époque médiévale et qui ont transformé la chaussée en rue continue, ne donnant plus de visibilité sur le cours d’eau. Le Canal de la Robine passant sous l’unique arche encore visible, est un vestige de l’ancien lit de l’Aude, dont le parcours s’est modifié au cours de l’antiquité tardive puis au Moyen Âge. À la suite de l’édification d’une écluse en aval, le niveau de l’eau a été rehaussé de plusieurs mètres, masquant un peu plus la perception des piles de l’arche subsistante.
NARBO VIA : Narbo Via rassemble trois lieux, trois histoires : le musée Narbo Via, les galeries souterraines de l’Horreum et le site-musée archéologique d’Amphoralis.
Situé à l’entrée Est de la ville et le long du canal de la Robine, le musée Narbo Via vous fait découvrir les richesses de la cité antique de Narbo Martius, première colonie romaine fondée en Gaule en 118 avant notre ère. Ce musée permet de présenter en un lieu unique l'ensemble des collections antiques de Narbonne, auparavant dispersées dans deux musées et dans 4 réserves différentes. Doté d’une collection de plus de 7 000 pièces, ce nouveau musée propose un parcours d’expositions sur 3200m2, avec notamment des peintures murales ainsi qu’un ensemble exceptionnel de 760 fragments de monuments funéraires répartis dans un mur animé unique en Europe. Ce mur est en perpétuelle évolution puisqu'un robot permet d'alterner les blocs exposés et expliqués au public. « Cela permet de présenter un nombre très important de blocs et d'en présenter certains de manière plus approfondie, et en même temps de rendre ces collections accessibles pour la recherche et l'examen que les chercheurs en font ».
L’abbaye de Fontfroide est une abbaye cistercienne située sur le territoire de la commune de Narbonnea.
L’abbaye tire son nom de la source se trouvant à proximité, la Fons Frigidus, la Fontaine Froide. Outre l’eau, les religieux pouvaient trouver dans le massif le bois et la pierre pour la construction du monastère.
La communauté de l’abbaye sera constituée de 80 moines et environ 250 frères convers. Grâce aux nombreuses donations et rachat de terres, l’abbaye deviendra une des plus riches en Chrétienté, possédant plus de 20 000 hectares de terre. À la demande du roi d’Aragon, Fontfroide essaimera dans l’actuelle Catalogne en fondant le monastère de Poblet.
La cour d'honneur et le bâtiment des convers : Après avoir franchi le porche d'entrée aux lignes élégantes, bâti vers 1777-1778, l'hôte de droite découvre le long rectangle de la cour d'honneur. Un mur de gros appareil et, en terrasse, les jardins à l'italienne implantés sans doute ici par Constance de Frégose au temps de l’abbatiat commendataire de ses deux fils. À gauche, un grand bâtiment de structure médiévale fut d’abord occupé par les frères convers puis transformé et réaménagé, notamment par l’ouverture de larges fenêtres à meneaux, afin d’accueillir l’hôtellerie. Au fond, l’espace est limité par une vaste arcature à trois baies dont celle du milieu, fermée par une grille de fer forgé, s’orne d’un fronton triangulaire classique. Cet ensemble se colore de l’ocre, rose et incarnat de grès, du vert des feuillages, de l’azur du ciel.
Une porte permet l'accès au réfectoire des convers. Les dimensions imposantes de celui-ci, dont la longueur avoisine les cinquante mètres, amènent à imaginer une communauté de 180 à 200 frères. Ce vaisseau construit au début du XIII° siècle se divise en cinq travées ouvertes de voûtes d’ogives étalées. Les arcs doubleaux de profil carré, les ogives et les nervures se fondent dans les murs. L’éclairage est apporté par des baies géminées vers l’ouest et en simple arc plein cintre à l’est. Les aménagements des XVII° et XVIII° siècles ont percé les deux portes centrales ouvrant l’une sur la cour d’honneur, l’autre sur la cour dite « Louis XIV ». Des cloisonnements avaient divisé la pièce en plusieurs espaces et on devine ainsi dans la deuxième travée des croix marquant la chapelle des « Étrangers ».
La restauration de l'abbaye, depuis 1908 jusqu’à nos jours, a permis de retrouver le magnifique volume de la salle et d’ajouter divers éléments décoratifs en réemploi, telles les splendides grilles de fer forgé au motif de pampres et la grande cheminée Renaissance provenant vraisemblablement du château des ducs de Montmorency à Pézenas, détruit sur ordre de Richelieu après la révolte du dernier d’entre eux en 1632. Pouvant recevoir jusqu’à 700 auditeurs, cette salle à l’excellente acoustique sert de cadre à des concerts de musique de chambre et à des récitals d’artistes.
La cour du XVIII° siècle : Cette cour est souvent dénommée « Louis XIV », à tort, car les documents attestent que sa configuration actuelle provient des travaux effectués à partir de 1775. Dans le monastère médiéval, sur un espace nettement plus restreint, s'ouvraient au nord les ateliers des frères convers : la menuiserie, la forge et la boulangerie au droit du moulin enjambant le torrent. À l’est se développait l’aile du noviciat tandis que vers le sud plusieurs bâtiments proprement conventuels débordaient largement dans cette cour.
Tout l’ensemble se trouvait centré autour du puits, véritable citerne aux moellons parfaitement assemblés et qui s’approfondit en un gouffre creusé dans les calcaires fracturés. C’est là que se trouve une eau très froide, sans doute origine toponymique du nom Fontfroide (fons frigida) et en raison de la présence sur ce site de la première installation monacale. Toute implantation de monastère nécessite en effet une triple proximité : celle de la pierre, celle du bois et celle de l’eau. Tous ces éléments se trouvent réunis à Fontfroide.
Quand l’abbaye, aux temps classiques, n’abrite plus ni convers, ni novices, mais seulement un petit groupe de moines, ceux-ci détruisent les bâtiments devenus inutiles et modifient les constructions en les aménageant selon le goût de l’époque. Alors cette cour prend son aspect régulier, rectangulaire, par la réduction des surfaces de la cuisine, de la salle des moines (le scriptorium) et surtout du réfectoire. La surélévation du sol, de près de 30 centimètres, correspond aux déblais retirés de ces démolitions. Quant au noviciat, il fait place au logis du prieur conventuel avec une orangerie et, à l’étage, des logements spacieux. La façade cependant n’est qu’un décor de théâtre, placage sur la structure du XIII° siècle.
La ruelle des convers : Dans les abbayes cisterciennes normalement orientées, comme c’est le cas de Fontfroide, le sanctuaire étant disposé vers l’est, le cloître contigu et les bâtiments adjacents occupent la partie orientale du monastère. Les frères convers se trouvent donc installés dans la partie occidentale, tournée vers l’extérieur. Là s’ouvre la porte principale par laquelle ces ouvriers peuvent sortir pour gagner le lieu de leur travail. C’est à partir de cette entrée que s’organise la distribution intérieure des bâtiments. Celle-ci doit faciliter et en même temps réglementer la communication entre les deux groupes de religieux. Il s’agit d’établir, tout en maintenant la séparation, des points de contact entre les lieux de vie. Par elle les frères convers avaient accès au cellier et au réfectoire, au passe-plat de la cuisine, commune aux profès et aux convers.
C’est en cheminant sous cette longue voûte en demi-berceau qu’ils se rendaient au fond de l’église, sans déranger l’office psalmodié par les moines installés, eux, dans la partie opposée de la nef. Au XVII° siècle, les convers ayant disparu depuis longtemps, leur ancien dortoir, à l’étage, a été aménagé en spacieuses cellules pour des hôtes. Un grand escalier, que soutient un arc en anse de panier, conduit à l’entrée.
Le cloître
Galerie ouest :Dans la ruelle des convers une porte de ferronnerie fait passer au cloître lumineux. La lumière y est diffusée par des arcatures et des oculi. Cette cour intérieure est le cœur même de l’abbaye. C’est par la galerie ouest longeant le bâtiment des convers qu’on aborde cet espace clos enserrant un petit jardin.
L’arc brisé ouvrant la première travée découvre la perspective des massifs fleuris qui entourent le puits devant l’angle des grandes arcades dominées par le clocher. Deux périodes de construction et deux styles différents se sont succédé ici.
Un premier cloître, bâti de la fin du XII° siècle au début du XIII° siècle, fut élevé selon les règles de l’art roman. L’ensemble des parties basses, notamment la double procession des colonnettes et leurs chapiteaux à décor de feuillages supportant des petits arcs plein cintre, appartient à cette époque, mais c’est alors une charpente de bois avec son toit en appentis qui couvrait les quatre galeries. Dans la seconde moitié du XIII° siècle, quand Fontfroide, riche de multiples donations, entame le temps de sa plus grande prospérité, un important remaniement est réalisé suivant le goût et les techniques nouvelles, celles de l’âge gothique. Dans chaque travée, les colonnettes romanes, toujours en place, sont désormais surmontées d’un haut tympan, percé d’oculi différemment répartis et qui s’inscrit lui-même dans un profond arc brisé. L’ancienne couverture de bois est remplacée par la pierre et, à l’intérieur des galeries, les voûtes d’ogives retombent le long des murs sur d’élégants culots, à deux mètres du sol. Il faut encore parcourir la galerie Sud pour atteindre le portail donnant accès à l’église abbatiale.
Galerie sud :
Elle jouxte le collatéral de l’abbatiale et fut bâtie la toute première, aussi bien lors de la construction romane que lors du remaniement ogival. Les colonnettes sont ici groupées, dans chaque travée, en cinq paires : leurs marbres alternent le rouge de Caunes, la griotte des Pyrénées, le blanc veiné de gris ou de vert ; leurs chapiteaux offrent les motifs végétaux les plus variés.
Au-dessus, les deux tympans centraux s’aèrent par trois oculi, au lieu de l’unique, présent partout ailleurs. Mais ce sont les voûtes qui recèlent les particularités les plus curieuses. La croisée d’ogives y est accompagnée d’un lierre longitudinal torique et les compartiments très bombés sont appareillés en lit concentrique comme à la voûte du carré du transept dans l’église.
Tout au long de la galerie existent des bancs où les moines venaient s’asseoir soit pour lire individuellement, soit pour se reposer en méditant ce que leur mémoire et leur cœur avaient retenu de la liturgie ou de la lecture. Dans cette même galerie, deux bassins de pierre servaient au rite du « mandatum », le lavement des pieds que les cisterciens pratiquaient mutuellement chaque semaine. Elle était aussi désignée comme celle de la « collation ». Tous les jours, à la fin du travail et avant le repas du soir, le père abbé y lisait et commentait des textes patristiques. Or, le plus souvent il utilisait pour cela le recueil dit des Collationes, où saint Jean Cassien, au V° siècle, avait rassemblé les principaux passages des plus célèbres Pères de l’Église, notamment saint Augustin et saint Jérôme. Comme en période d’Avent et de Carême, les moines ne rompaient le jeûne qu’une seule fois dans la journée, à la tombée de la nuit entre nones et complies et précisément en ce lieu, le terme de collation passa de la lecture à la prise de la nourriture elle-même, puis finalement à notre acception moderne et laïque de repas léger.
Galerie Est et salle capitulaire : Le mur de la galerie Est, immédiatement contigu à la porte de l’église, laisse deviner, derrière une statue bourguignonne de la Vierge à l’Enfant et au panier de roses, l’emplacement obturé de l’armarium. Dans ce placard aménagé sous l’escalier du transept étaient rangés les livres liturgiques nécessaires aux offices, les textes de l’Ancien et du Nouveau Testament, les œuvres des Pères de l’Église.
La porte qui s’ouvre aussitôt après introduit à la sacristie, belle pièce voûtée en berceau. Cinq travées rythment la galerie Est et la travée centrale apparaît vers le jardin entièrement évidé, sans arcature de colonnettes au-dessus de la banquette et sans tympan, ouverture symétrique de celle qui, lui faisant face, constitue l’entrée de la salle capitulaire.
Le seuil servant de transition entre le cloître et la salle elle-même marie la sobriété et la majesté, la puissance et la légèreté. L’arcade centrale en plein cintre s’appuie sur deux groupes de quatre colonnes de marbre entourant une cinquième. La salle a vraisemblablement été construite entre 1180 et 1280. Contre les trois murs pleins, arcs et nervures reposent sur les chapiteaux très simples de colonnes engagées. Au centre, ogives et doubleaux sont soutenus par quatre colonnes de marbre. Leurs chapiteaux évasés s’ornent de deux rangs de feuilles plates, représentations stylistiques du « cistel », le roseau d’eau des étangs de Bourgogne qui a donné son nom à Cîteaux.
D’ici, à travers les colonnes de la salle capitulaire et de la galerie, répétée au-delà par celles des autres travées du cloître, se découvre une surprenante perspective : fûts de marbre et arcs de pierre multipliés imposent l’image d’une forêt au profond recueillement. Deux bancs de pierre superposés courent le long des murs. À l’Est, trois fenêtres éclairent la salle Au-delà de la salle capitulaire, un passage conduit au second cimetière, celui de la communauté du XIX° siècle. À l’origine, il servait pour le rangement des outils que prenaient les religieux avant de rejoindre les jardins ou les ateliers. À l’extrémité de la galerie est, enfin, un escalier donne à l’étage.
L’église abbatiale
Elle a une voûte de 21 mètres de hauteur et est orientée à l'est pour honorer Dieu à chaque levant. La nef : La construction de la nef fut entreprise dès l’affiliation à Cîteaux en 1145 ou, au plus tard, après la donation définitive par la vicomtesse Ermengarde de Narbonne en 1157. Contrairement aux usages, on commença les travaux par la nef. Rythmée par cinq travées, la nef élève jusqu’à vingt mètres sa voûte en berceau brisé que soutiennent de massifs doubleaux rectangulaires. Ces arcs prennent appui sur des colonnes géminées, engagées dans de gros piliers carrés et s’arrêtant sur des consoles en quart de rond, à deux mètres du sol. Des stalles sont disposées de part et d’autre de la nef pour constituer le chœur des moines.Cette nef contient également deux collatéraux dont la voûte en demi-berceau monte à quatorze mètres. Ils communiquent avec la nef par de grandes arcades à rouleaux, soutenus par des colonnes engagées dans les piliers et reposant sur des piédestaux, à la même hauteur que les consoles de la nef. Dans le collatéral sud s’ouvrent cinq chapelles qui datent très certainement du XV° siècle.
Les vitraux : Dans cette église cistercienne, les vitraux peuvent surprendre. Du temps des moines, selon une règle rigoureuse, les fenêtres sont seulement garnies de verres « en grisaille ». Quand Gustave Fayet acquiert Fontfroide les verrières ont disparu. Ils adoptent alors le parti pris de la couleur avec son ami René Billa, musicien et peintre ; ils installent dans la Bièvre la « verrerie des sablons » ; l’ensemble des vitraux de l’église sort de cette verrerie en 1913. Dans ce vaste ensemble, une originalité apparaît : les cinq vitraux du collatéral nord présentent la vie de saint François d’Assise.
Le transept et le chœur : Élevé après la nef, à la fin du XII° siècle, le transept a peut-être été remanié un siècle plus tard ou même au début du XIV° siècle. Au fond de la croisée du transept nord, un escalier relie directement l’église au dortoir des moines. Dans chacun des croisillons s’ouvrent deux chapelles, toutes quatre orientées à l’Est. Les plus proches du sanctuaire ont une forme rectangulaire à chevet plat, les autres plus profondes, se terminent par une petite abside à cinq pans.
À la croisée centrale du transept, la clef de voûte est remplacée par une ouverture circulaire, un oculus. L’édifice de l’église a dû s’achever par le sanctuaire, comportant chœur et abside. Légèrement surélevé de deux marches, le premier est couvert d’une voûte d’ogives. Du côté de l’Évangile, on aperçoit les vestiges, très mutilés, de tombeaux dont on peut penser qu’ils furent ceux des vicomtes de Narbonne.
La chapelle des morts : Située au sud du chœur, cette chapelle sur croisée d'ogive a été financée au milieu du XIII° siècle par le seigneur Olivier de Termes. Elle était primitivement dédiée à saint Benoît.
Les dortoirs
Le dortoir des moines : Il fut construit au-dessus de la salle capitulaire au début du XIII° siècle. À l’ouest, huit ouvertures durent être occultées aux deux tiers vers 1250 quand les galeries du cloître furent surélevées pour faire place aux voûtes d’ogives. Lorsque, en 1910, le dortoir fut aménagé en salle de musique, il fallut masquer ces disgracieux rehaussements de pierre. Les propriétaires installèrent des vitraux de papier. Sur le mur du nord une grande fresque de la musique sacrée fut réalisée. À l’est, trois baies reçurent des vitraux qui furent les premières créations de la verrerie des sablons.Le dortoir des frères convers C’est une salle à voûte de grès rose, en berceau brisé, sans aucun doubleau sur toute sa longueur. Dans sa partie la plus méridionale, cet espace contenait un grenier où les sacs de grains étaient hissés par des ouvertures latérales. La partie opposée représente ce qui subsiste du dortoir des convers après les transformations du XVIII° siècle.
La chapelle des étrangers À l’extérieur de la clôture et seule construction qui subsiste du premier monastère, elle permettait aux pèlerins et aux étrangers d’assister aux offices sans déranger les moines. Au XIV° siècle, des contreforts permettent de surélever le bâtiment et de construire une salle, peut-être utilisée comme chapelle par les pères abbés.
La roseraie Fontfroide offre depuis quelques années une nouvelle roseraie. Sur cet emplacement, au sud de l’abbaye, subsista durant de longs siècles le double enclos d’un cimetière. Dans la partie orientale jouxtant le transept de l’église, étaient enterrés les religieux, moines et convers. Depuis le XII° siècle, plus de deux mille sépultures se sont superposées.
Autrefois séparé par un mur, un second enclos vers l’ouest recevait les dépouilles des laïcs, généralement de riches bienfaiteurs. Ce cimetière fut désaffecté dès 1668-1669 et réaménagé au XVIII° siècle. Au XIX° siècle, les cisterciens avaient installé leur cimetière au chevet de l’église.
Le terrain de la nécropole, en friche, reçut la roseraie au début du XX° siècle. En 1986, un incendie criminel la ravagea et elle fut replantée en 1989. En tout, ce sont 2 500 rosiers qui embellissent Fontfroide et présentent onze coloris différents. Un peu plus haut, l’enclos Saint-Fiacre constitue un jardin de senteurs où sont réunis toutes sortes de roses anciennes anglaises associés à des plantes odorantes de la garrigue. Cent quatre-vingts rosiers 'Souvenir de Louis Amade' y ont été plantés en l'an 2000.
Cet ensemble de jardins, restauré en 2007-2008, a été labellisé jardin remarquable. Le char d'Apollon : cet ensemble en terre cuite représente Apollon et Diane. Il a été réalisé au XIX° siècle par les frères Gossin pour le château de Vaux-Le-Vicomte. Gustave Fayet l'a acheté en 1908 et placé à l'entrée de l'abbaye dans le jardin dit "Appolon". Classé Monument historique, il a certainement inspiré Odilon Redon pour la toile "Le jour" de la Bibliothèque de l'abbaye. Mais les intempéries et le lierre on causé de nombreux dégâts : Au début du XXI° siècle le char d'Appolon est brisé en centaines de morceaux. En 2011 il est restauré.
La création de l'abbaye : Le vicomte de Narbonne, Aymeric Ier, autorise une communauté de moines à se constituer sur ses terres de Fontfroide. Initialement abbaye bénédictine (1093), elle est intégrée à l'ordre cistercien entre 1144 et 1145. Mais Fontfroide ne se développe réellement qu’après 1145 et son rattachement à l’Ordre de Cîteaux. Les moines cisterciens, sous la direction de St Bernard de Clairvaux, souhaitent revenir à la pureté de la règle de St Benoît, prônant pauvreté, austérité et sobriété architecturale.
Dans la seconde moitié du XII° siècle, elle reçoit d'importants dons en terres d'Ermengarde de Narbonne, puis au milieu du XIII° siècle, d'importants dons en terres et en nature d'Olivier de Termes qui lui permettent de réaliser de nouvelles constructions.
Croisade contre les Albigeois : Au XII° siècle se développe dans le sud de la France une religion chrétienne différente du catholicisme : le catharisme. Cette nouvelle croyance se propage rapidement dans toute l’Occitanie, réclamant le retour au modèle d’Église primitive des premiers temps du Christianisme. Cette ‘hérésie des bons hommes’ est condamnée par le pape Innocent III et devient la cible des catholiques, en premier lieu des cisterciens. Les moines de Fontfroide ne parvenant pas à convaincre les Cathares d’abandonner leurs croyances par le seul usage de la prédication, la papauté décide en 1209 de déclencher contre les Cathares du Midi, la première croisade organisée en terre chrétienne contre les hérétiques et ceux qui les soutiennent. L’assassinat de Pierre de Castelnau, moine de Fontfroide devenu légat du Pape sera l’acte déclencheur de la Croisade contre les Albigeois.
En 1203, le moine de Fontfroide Pierre de Castelnau fut nommé légat pontifical par le pape Innocent III.
Dans la seconde moitié du XIII° siècle, l'abbaye reçoit de nombreux dons du chevalier Olivier de Termes désireux de réparer les torts qu'il avait commis envers l'Église catholique. Il finance notamment la chapelle des Morts.
Le Pape Benoît XII : En 1311, Jacques Fournier, succède à son oncle Arnaud Novel sur le siège abbatial de Fontfroide. Nommé évêque de Pamiers en 1317, il dirige lui-même le tribunal d’inquisition contre les derniers cathares. Transféré en 1326 à l’évêché de Mirepoix, il est promu cardinal en 1327. Il est élu pape en décembre 1334, succédant à Jean XXII sous le nom de Benoît XII. À peine élu, il révoque toutes les commendes et entreprend la réforme des ordres monastiques, à commencer, dès 1335, par sa propre famille cistercienne de l’Abbaye de Fontfroide. Il fait construire le Palais des Papes à Avignon où il meurt en 1342 et est enterré dans la cathédrale d’Avignon. Avec cette disparition, l’abbaye perd son dernier grand protecteur. Vient ensuite le temps des changements.
La Commende : À partir du XV° siècle, l’abbaye tombe en Commende : le Roi de France impose ses abbés, des nobles la plupart du temps, peu soucieux des considérations monastiques. De nouvelles constructions voient le jour donnant un air de château à Fontfroide : cour d’Honneur, frontons, jardins en terrasses… Les moines, peu nombreux, oublient à leur tour la rigueur de la règle et mangent viande et chocolat, certains jouent même au billard ! La Révolution Française met fin à toute vie monastique et à la mise en Commende, Fontfroide sera donnée aux Hospices de Narbonne en 1791.
Le père JEAN : Jean Léonard naît à Valbonne dans le diocèse de Nîmes en 1815. Ordonné prêtre à Nîmes le 12 décembre 1839, il est nommé professeur de mathématiques au petit séminaire de Beaucaire. Les cisterciens reviennent en 1848. En 1865, il entre à l’abbaye de Sénanque et devient maître des novices. Sa culture littéraire et scientifique, sa piété profonde et rayonnante ainsi que son sens pastoral élevé, font de lui un homme complet très aimé de ses frères. Il sème entre eux un véritable esprit de famille cimenté par la prière. Devenu prieur (1858) puis abbé de Fontfroide (1889), il fait rayonner l’abbaye comme foyer de charité, lieu de retraite et d’accueil. Ses paroles et ses écrits ont une vaste résonance et ont exercé une grande influence sur des personnalités importantes comme Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, Dom Chautard, ou encore Saint Antoine Marie Claret, qui mourut près de lui. À sa mort, en 1895, une foule innombrable participe à ses obsèques, venue de Narbonne et de toute la région. Son procès de béatification est en bonne voie en cours de Rome.
Saint Antoine-Marie Claret : Saint Antoine-Marie Claret, ancien archevêque de Santiago de Cuga y trouve refuge lorsque pourchassé par le gouvernement anti-clérical espagnol, et y meurt le 24 octobre 1870. Les moines sont à nouveau expulsés par les lois anti-congrégationnistes de la Troisième République au début du XX° siècle.
GUSTAVE FAYET : Les lois de séparation de l’Église et de l’État provoqueront le départ des derniers moines en 1901. En 1908, Gustave et Madeleine Fayet achètent l’abbaye aux enchères. Artiste et conservateur de Musée, Gustave Fayet est surtout connu pour son talent de collectionneur visionnaire et ses commandes d’œuvres symbolistes : Gauguin, Van Gogh, Cézanne, et surtout Odilon Redon.
Avec Gustave Fayet et son épouse Madeleine d’Andoque, des artistes, appelés les « fontfroidiens », participent à partir de 1908 à la renaissance et à l’art de Fontfroide, parmi eux Odilon Redon, Richard Burgsthal et de nombreux amis dont Déodat de Séverac, Ricardo Viñes, Aristide Maillol, Manolo Hugue…, créant en ce lieu une forme de “Villa Medicis” particulière.
L’abbaye de Fontfroide est empreinte en ses murs de riches témoignages de ces résidences, dont le monumental triptyque d’Odilon Redon “le Jour, la Nuit et le Silence” ainsi que les vitraux de Richard Burgsthal. Aujourd’hui, les descendants de Gustave Fayet entretiennent toujours avec la même passion l’Abbaye de Fontfroide.
L'abbaye est classée à partir de 1862 au titre des monuments historiques.
Aujourd'hui, l'abbaye de Fontfroide est membre de la Charte des abbayes et sites cisterciens d'Europe.
Avant la conquête romaine, les Élisyques
Avant cette période, Narbonne était un comptoir commercial rattaché à l’oppidum de Montlaurès (à quatre kilomètres au nord de la ville actuelle), la capitale des Élisyques, un peuple autochtone installé de longue date et celtisé un peu avant la conquête romaine.
La conquête romaine du sud de la Gaule par Gnaeus Domitius Ahenobarbus, fut justifiée par la nécessité de défendre les alliés grecs de Massilia, menacés par des incursions des tribus celto-ligures de l'arrière-pays provençal. Après avoir repoussé les raids des celto-ligures sur la côte et les environs de Marseille, les Romains battirent dans la région de Nimes une armée gauloise venue du pays arverne.
Le site fut choisi pour sa situation sur une lagune protégée par des îles à l'embouchure de l'Aude, situation qui permit de construire les ports antiques de Narbonne de la ville et qui devint le second port de Méditerranée occidentale après Rome.
La zone aujourd'hui lagunaire était alors une zone de mer protégée par un chapelet d'îles : La Clape, Saint-Martin et sainte Lucie et Leucate plus au sud. La ville incluait Gruissan où se situait l’amphithéâtre et un avant-port, ainsi que La Nautique qui abritait une partie importante des activités portuaires. L'ensemble formait les ports antiques de Narbonne, considéré comme le deuxième port de l’Empire romain en Méditerranée nord-occidentale après Ostie, le port de Rome.
La fondation d'une colonie romaine
Les Romains fondèrent, en -118, une colonie romaine du nom de Colonia Narbo Martius. Elle était située sur la via Domitia, la première route romaine en Gaule, qui permettait de relier l'Italie et l'Espagne.
En -45, Jules César procéda à une seconde deuxième déduction (refondation) de la colonie et installa à Narbonne les vétérans de la X° légion. En -27, Auguste rendit visite à la ville, et, en -22, il en fit la capitale de la province romaine de la Gaule narbonnaise. Elle fut jusqu'à la fin de l'Antiquité romaine l'une des villes les plus importantes de la Gaule ; Strabon dit même qu'elle était la première.
En -27, l'empereur Auguste séjourna à Narbonne et réorganisa l'administration de la colonie, renommée Colonia Julia Paterna Narbo Martius et en -22 obtint le statut sénatorial.
Entre 41 et 54 : sous le règne de Claude, la colonie ajouta à ses noms celui de l'empereur, devenant Colonia Claudia Julia Paterna Narbo Martius.
Durant les deux premiers siècles de l'ère chrétienne, sa superficie avoisinait 100 hectares, ce qui a amené à estimer sa population aux alentours de 35 000 habitants.
Après sa destruction en 145 par un incendie accidentel, Antonin le Pieux fit reconstruire Narbonne en 160 et étendit le réseau routier de la Narbonnaise. L'itinéraire de l'Anonyme de Bordeaux passe dans la région et mentionne ce site.
La conquête wisigothique
La ville déclina au cours de l'Antiquité tardive. L'enceinte, qui date probablement de la fin du III° siècle, ne délimitait plus que 16 ha.
En 413, l'empereur romain usurpateur Jovin, capturé à Valence par Athaulf, roi des Wisigoths et envoyé à Narbonne, est mis à mort dans cette cité sur l'ordre de Dardanus, le préfet du prétoire des Gaules demeuré fidèle à Honorius, avec de nombreux autres nobles captifs.
En août-septembre 413, le roi des Wisigoths, Athaulf, fit son entrée dans la ville, où, vêtu comme un général romain, il célébra son mariage avec Gallia Placidia, le 1er janvier 414. Après avoir fondé le royaume de Toulouse en 418, les Wisigoths n'eurent de cesse de mettre la main sur Narbonne. Ils assiégèrent en vain la ville en 435-436. Ils arrivèrent à leurs fins en 462, lorsque le général romain Agrippinus leur céda Narbonne en échange de leur aide. À cette époque, la cité faisait encore bonne figure : en 464, Sidoine Apollinaire, de passage, en fit une description dithyrambique.
En 462, le comte romain Agrippinus livre Narbonne sans combat à Théodoric II, roi des Wisigoths, au témoignage de l'évêque Hydace.
Moyen Âge
Royaume wisigothique
Au début du VI° siècle, Narbonne fut brièvement la capitale des Wisigoths vaincus à la bataille de Vouillé (507) par les Francs de Clovis, conquérant du royaume de Toulouse. Grâce à l'aide militaire des Ostrogoths d'Italie, les Wisigoths du jeune roi Amalaric conserveront la Septimanie et Narbonne. Amalaric y sera assassiné en 531. Sous le règne du roi Theudis (531-548), Narbonne cessera d'être la capitale des Wisigoths, mais reste une capitale provinciale. Elle accueille plusieurs souverains tels Liuva Ier couronné roi à Narbonne (567-573), et est le siège de plusieurs révoltes "séparatistes" jusqu'à la fin du VII° siècle. Les deux derniers rois wisigoths Agila II (711-714) et Ardo (714-720) auraient régné sur la cité au moment de l'invasion musulmane.
Période arabe
En 719, la ville fut conquise par les troupes arabo-berbères musulmanes des Omeyyades venues de la péninsule Ibérique en 718 et dirigées par le troisième gouverneur d'Espagne, al-Samh. Au VIII° siècle Narbonne dispose toujours des murailles héritées de l'époque romaine, chantées par l'évêque Sidoine Apollinaire en 465. Selon une histoire locale connue des Narbonnais, les Sarrasins seraient entrés dans la ville par surprise en automne 719, profitant de l'ouverture des portes en cette période de vendanges. Ceci expliquerait pourquoi la ville, en dépit de ses ouvrages défensifs, fut si facilement conquise et si longue à reprendre. Le chef musulman fit mettre à mort les hommes ayant tenté de défendre la cité, déporter leurs femmes et enfants en Espagne et laissa une petite garnison. Les Omeyyades en font la capitale d'une éphémère province pendant 40 ans sous l'autorité de Cordoue. Sous la domination musulmane, Narbonne devint Arbûna (أربونة), le siège d'un wâli pendant quarante ans, capitale d'une des cinq provinces d'al-Andalus, aux côtés de Cordoue (ولاية الأندلس), Tolède (ولاية طليطلة), Mérida (ولاية ماردة) et Saragosse (ولاية سرقسطة).
Les musulmans octroyèrent aux autochtones chrétiens et juifs le statut de dhimmi, autorisation de professer leur religion moyennant tribut et un statut subalterne dans la société. En outre, ils firent venir d'Afrique du Nord des familles entières avec femmes et enfants afin d'élargir les bases de leur occupation. On connaît un certain nombre de walis, gouverneurs de la province narbonnaise. Le premier est Abd al-Rahman ibn Abd Allah al-Ghafiqi nommé en 720. Ensuite Yusuf ibn 'Abd al-Râhman al-Fihri arriva en poste à Narbonne en 734 et en 735, conquiert Arles grâce au ralliement de Mauronte, duc de Marseille. Athima est en poste en 737 lorsque les Francs mettent le siège devant Narbonne, Abd-er-Rahman el Lahmi à partir de 741, Omar ibn Omar vers 747. Le dernier gouverneur est Abd-er-Rahman ben Ocba (756-759) qui continue à gouverner les territoires encore soumis aux musulmans, des Pyrénées jusqu'à Tortose sur l'Èbre.
Pendant quarante années, les Arabes lancent depuis la province narbonnaise plusieurs raids vers le nord de la Gaule. Remontant la vallée du Rhône, ils mènent des excursions jusqu'en Bourgogne et en Aquitaine, lors notamment de la Bataille de Bordeaux (732).
La bataille de la Berre et l'éviction des Sarrasins
En 737, les Wisigoths qui résistent toujours dans les environs de Narbonne (Minervois, Razès) indiquent aux troupes de Charles Martel comment couper en deux l'armée arabe en marche qui va se porter au secours de Narbonne assiégée, en empruntant le défilé de la Berre qui débouche des Corbières entre Portel et Sigean. Le gros de l'armée arabe est mis en pièces, pris en tenaille par les Francs et Wisigoths aux alentours de Portel-des-Corbières. D'autres Sarrasins tentent de rejoindre Sigean et la flotte musulmane ancrée à Port Mahon, et connaîtront un nouveau désastre militaire. Puis, les fuyards et colons musulmans postés en bord de mer, notamment dans la Clape, seront massacrés.
Après cette défaite, la garnison arabe de Narbonne subsiste, mais son rôle n'est plus significatif et reste cantonnée dans les murs de la ville, sans pouvoir en sortir efficacement. En 752, Pépin le Bref qui vient de déposer le dernier roi de la dynastie mérovingienne, Childéric III, décide d'assiéger Narbonne. Ne pouvant reprendre la ville rapidement, il laisse un dispositif de contrôle de la ville entre 752 et 754. Le siège reprend avec plus de vigueur en 756. La ville est finalement reprise après une négociation entre Pépin le Bref et les représentants de la population wisigothe locale qui finalement se révolte contre la garnison arabe et ouvre les portes de la ville en 759. Cette prise de la ville de Narbonne entraîne la conquête de toute la Septimanie.
Il est difficile d'apprécier la réalité du peuplement musulman au nord des Pyrénées. Les musulmans se sont-ils établis comme en al-Andalus, avec un véritable projet de peuplement, qui devait continuer au-delà des Pyrénées ? L'historien Paul Diacre (VIII° siècle) indique que les Sarrasins « ont pénétré dans la province aquitaine de Gaule accompagnés de leurs femmes et de leurs enfants, comme pour l'habiter ». La volonté d'étendre le Dar al-Islam. La conquête des territoires au nord des Pyrénées était le but premier de la conquête musulmane, qui avait souhait d'intégrer le sud de la Gaule au territoire d'al-Andalus. Si des pièces de monnaie d'usage dans le commerce ont été trouvées dans plusieurs sites, aucune recherche ne confirme la présence d'une mosquée.
Toutefois, d'un point de vue historique et militaire, on peut dire que Narbonne (et non Poitiers) fut le coup d'arrêt de la conquête musulmane en Occident chrétien, car Narbonne était la première base de peuplement et d'installation en Gaule. La victoire précoce des Francs sur la Berre a donc évité une trop longue installation musulmane, à l'inverse de ce qu'a connu l'Espagne. Ensuite, toutes les expéditions au nord de Narbonne furent des razzias sans lendemain et non des entreprises de soumission ou de peuplement.
Les musulmans quittèrent la ville en 793, mais les troupes sarrasines poursuivirent leurs raids jusqu'en 1020.
Un important centre religieux et intellectuel
En 859, Narbonne fut pillée par les Vikings du chef Hasting, qui venaient de Nantes et avaient hiverné en Camargue.
À partir du IX° siècle, Narbonne tenta de retrouver son lustre de l'époque romaine et redevint un important centre religieux, spirituel, intellectuel et commerçant de la France du Sud.
Ainsi, à la fin du XI° siècle se bâtit l'Abbaye Sainte-Marie de Fontfroide, chef-d'œuvre cistercien et bénédictin, située au sud-ouest de Narbonne dans le massif protégé de Fontfroide, derrière le quartier des Roches Grises. Cette abbaye, rattachée à l'ordre cistercien en 1145, devint l'une des plus prospères et l'une des plus riches abbayes du sud de la France. La doctrine bénédictine y fut enseignée, qui inspira Jean-François Régis (né à Fontcouverte, à 30 kilomètres de là) ; et saint Dominique de Guzmán lors des controverses contre les cathares. En effet, lors de la croisade des albigeois, Narbonne était le siège des forces catholiques.
Parallèlement, d'autres édifices religieux virent le jour à Narbonne : la basilique Saint-Paul, construite sous Charlemagne au VIII° siècle, fut transformée en une œuvre romane défensive, connue pour tous les Compagnons du Tour de France pour sa fameuse « grenouille de bénitier ». Mais le plus spectaculaire de tous les édifices narbonnais reste le palais des archevêques construit entre le XIII° et le XIV° siècle, second seulement à celui d'Avignon pour les ensembles bâtis du Moyen-Âge en France. Deux particularités s'offrent à l'observateur : en cette terre romane, la cathédrale est de style gothique champenois. Également, le palais politique, flanqué du donjon Gilles Aycelin, est accolé à la bâtisse religieuse, le passage de l'un à l'autre se faisant par le cloître et le « passage de l'ancre ». Cette particularité se retrouve au palais des papes à Avignon.
D'autres édifices religieux continuèrent à être bâtis en cette période médiévale comme la chapelle de la Madeleine. L'église Notre-Dame-de-Lamourguier ; puis l'église Saint-Sébastien, construite sur le lieu de naissance de ce même saint Sébastien.
Au niveau des arts, la vicomtesse Ermengarde protégeait les troubadours, ces poètes de l'amour courtois qui enchantaient les cours de l'époque. Sous l'impulsion de cette vicomtesse, Narbonne repris un rôle politique important face aux capitouls de Toulouse ou aux consuls de mer de Montpellier. À tel point qu'en 1248, avant d'embarquer pour les Croisades à Aigues-Mortes, le roi Saint Louis fit privilège d'être hébergé à Narbonne.
Jusqu'à la fin du Moyen Âge, Narbonne fut gouvernée par deux seigneurs : l'archevêque et le vicomte. De 1515 à 1523, le cardinal Jules de Médicis fut archevêque de Narbonne. Il quitta l'archevêché lorsqu'il devint pape sous le nom de Clément VII (1523-1534).
Lors de la Guerre de Cent Ans la région subit les Grandes compagnies. Arnoul d'Audrehem est nommé lieutenant du roi en Languedoc pour les combattre. Dans son armée se trouvent des mercenaires espagnols, qui commettent des crimes sur la population de la ville. En mars 1364 une révolte éclate, plus de cent de ces gens d'armes sont massacrés.
Les Hospitaliers et les pénitents bleus
En 1143 l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem s'implante à Narbonne pour fonder une commanderie et débute l'édification de la chapelle à partir de 1177. Celle-ci est investie en 1612 par une confrérie de pénitents bleus.
Période moderne
À la Renaissance, les protestants furent chassés de la ville en 1562. Charles IX fut reçu en grande pompe dans la ville lors de son tour de France royal (1564-1566), accompagné de la Cour et des Grands du royaume : son frère le duc d’Anjou, Henri de Navarre, les cardinaux de Bourbon et de Lorraine.
En 1642, Cinq-Mars, alors complotant contre Louis XIII, est arrêté à Narbonne. Une légende court au sujet de cette arrestation. Cinq-Mars et les conjurés étaient emprisonnés dans le donjon Gilles Aycelin qui flanque le palais épiscopal. Parmi les conjurés, l'un d'eux était innocent. Animé par une grande piété, il demande alors à la Vierge protectrice de Narbonne, Notre-Dame du Pont de le sortir de là et de l'envoyer « hors de Narbonne, à une lieue de cette prison », en échange de quoi il s'engage à élever une croix en honneur de ce miracle. Et celui-ci a lieu, le prisonnier se retrouve libéré de ses chaînes, sur le territoire de Bages d'Aude, pile à une lieue du donjon, soit 3,248 km. La Croix de la Lieue est depuis cette époque érigée à l'embranchement de la Nationale 9 et de l'ancienne route de Bages d'Aude, en face du quartier des Roches Grises, sur la commune de Bages d'Aude, mais à cinq mètres de la commune de Narbonne. C'est d'ailleurs le seul endroit non narbonnais qui soit situé à une lieue de l'hôtel de ville.
L'arrivée du canal du Midi et la présence de l'archevêché marquent la période pré-révolutionnaire. Après la Révolution, privée du siège épiscopal, (le dernier archevêque fut Arthur Richard Dillon), la commune ne devint plus qu'une sous-préfecture rurale.
Après la création du département, elle est érigée en chef-lieu de district en 1790 puis en sous-préfecture en 1800.
Période contemporaine
Autorisée en 1855 (et détruite en 1967), l'usine à gaz de Narbonne est installée sur ce qui deviendra la première zone industrielle de la ville, près de l'église Saint-Bonaventure. Symbole du progrès, la voie qui la dessert est appelée rue de l'Avenir (aujourd'hui rue Simon-Castan).
En 1859, Narbonne, qui compte 12 000 habitants, est éclairée par 214 becs. Chez les particuliers on en trouve 150. Chaque jour sont consommés 650 ou 700 mètres cubes.
À la fin du Second Empire, la ville qui était toujours une place forte, était à l'étroit à l'intérieur de ses fortifications. Le maire, Eugène Peyrusse, obtint le déclassement militaire de la ville et l'enceinte fut démolie entre 1868 et 1884. Les vestiges romains récupérés lors de cette démolition furent entreposés dans l'ancienne église Notre-Dame de Lamourguier, constituant ainsi la base de la collection du musée lapidaire (annexe du musée archéologique de Narbonne).
De la Commune de 1871 à la révolte des vignerons du Languedoc en 1907
Devenue capitale d'un espace viticole à partir du développement de la vigne vers 1850/1870, et profitant de sa situation de nœud ferroviaire, Narbonne se démarque politiquement : les vignerons et commerçants sont républicains. Dès les dernières années du Second Empire, la municipalité s'oppose à Napoléon III.
C'est durant le mandat de Marcelin Coural que Narbonne se soulève, encouragé par la Commune de Paris, contre les « versaillais » de Thiers et proclame la Commune centrale de l'arrondissement de Narbonne. Celle-ci durera du 24 au 31 mars 1871 et est animé par Émile Digeon et Baptiste Limouzy.
Ce mouvement est précurseur des idées révolutionnaires qui amenèrent le monde du travail à s'organiser pour défendre ses intérêts et à créer, 24 ans plus tard, la CGT.
À la fin du XIX° siècle, Narbonne élit un maire félibrige et socialiste, Ernest Ferroul, dit le docteur « des pauvres », qui soutient la grande Révolte des vignerons de 1907.
Lors de la révolte des vignerons du Languedoc, le mois de mai 1907 fut celui des grands rassemblements dans les préfectures et sous-préfectures du Languedoc-Roussillon. Le premier a lieu à Narbonne où le 5 mai, un rassemblement mobilise entre 80 et 100 000 personnes. Le maire, Ernest Ferroul, prend position pour la lutte des viticulteurs du Midi. Tous les comités de défense viticoles des quatre départements se fédèrent et adoptent le serment des fédérés : « Constitués en comité de salut public pour la défense de la viticulture, nous nous jurons tous de nous unir pour la défense viticole, nous la défendrons par tous les moyens. Celui ou ceux qui, par intérêt particulier, par ambition ou par esprit politique, porteraient préjudice à la motion première et, par ce fait, nous mettraient dans l'impossibilité d'obtenir gain de cause seront jugés, condamnés et exécutés séance tenante ». Les discours séparatistes prononcés en occitan inquiètent le gouvernement. Jusqu'alors, les manifestations dominicales s'étaient déroulées dans le calme et la discipline. Elles se voulaient pacifiques. Mais Clemenceau jugea que force devait rester à la loi et, pour rétablir l'ordre, il fit appel à l'armée. Depuis le 17 juin, 22 régiments d’infanterie et 12 régiments de cavalerie occupaient tout le Midi. La gendarmerie reçut alors ordre d’incarcérer les responsables des manifestations. Albert Sarraut, sénateur de l'Aude, refusa de cautionner cette politique et démissionna du gouvernement.
Le 19 juin, Ernest Ferroul est arrêté au petit matin à son domicile de Narbonne par le 139e régiment de cuirassiers et est emprisonné à Montpellier. Trois autres membres du comité de défense viticole se livrent aux gendarmes à Argeliers. La nouvelle de l'arrestation programmée de tous les membres du Comité d'Argeliers met le feu aux poudres.
La foule entrave la progression des gendarmes en se couchant par terre. Narbonne est en état de siège, une manifestation spontanée se crée qui réclame la libération des membres du Comité et crie à la vengeance. Des incidents éclatent durant toute la journée, la sous-préfecture est prise d'assaut, des barricades barrent les rues. Le soir, dans la confusion générale, la cavalerie tire sur la foule. Il y a deux morts dont un adolescent de 14 ans1.
Dans les départements du Gard, de l'Hérault, de l'Aude et des Pyrénées-Orientales, les conseils municipaux démissionnent collectivement — il y en aura jusqu'à 600 — certains appellent à la grève de l'impôt. La situation devient de plus en plus tendue, les viticulteurs furieux attaquent perceptions, préfectures et sous-préfectures.
Le lendemain 20 juin, la tension monte encore et le Midi s'embrase. À Perpignan, la préfecture est pillée et incendiée. Le préfet David Dautresme doit se réfugier sur le toit. À Montpellier, la foule se heurte aux forces armées. À Narbonne, l’inspecteur de police Grossot, l'un des auteurs de l’arrestation de Ferroul, est pris à partie et mis à mal par la foule. Pour le dégager, il est donné ordre à la troupe de tirer sur les manifestants. Les coups de feu font cinq morts dont une jeune fille, âgée de 20 ans, Julie (dite Cécile) Bourrel qui se trouvait là par hasard, venue à Narbonne en ce jour de marché. Il y a de plus 33 blessés qui gisent à terre.
Le 22 juin, à Narbonne, 10 000 personnes assistent aux obsèques de Cécile. Cet enterrement fut la dernière grande manifestation du Midi viticole. Entre-temps, le Parlement ayant renouvelé sa confiance au gouvernement, L'Humanité de Jean Jaurès constate en cinq colonnes à la une « La Chambre acquitte les massacreurs du Midi ».
Léon Blum en devient député en 1929.
Le maire socialiste Achille Lacroix, révoqué par le régime de Vichy, meurt en déportation.
Jusqu'à l'arrivée du tourisme dans les années 1960, la commune reste très liée aux crises de la viticulture.
Avant cette période, Narbonne était un comptoir commercial rattaché à l’oppidum de Montlaurès (à quatre kilomètres au nord de la ville actuelle), la capitale des Élisyques, un peuple autochtone installé de longue date et celtisé un peu avant la conquête romaine.
La conquête romaine du sud de la Gaule par Gnaeus Domitius Ahenobarbus, fut justifiée par la nécessité de défendre les alliés grecs de Massilia, menacés par des incursions des tribus celto-ligures de l'arrière-pays provençal. Après avoir repoussé les raids des celto-ligures sur la côte et les environs de Marseille, les Romains battirent dans la région de Nimes une armée gauloise venue du pays arverne.
Le site fut choisi pour sa situation sur une lagune protégée par des îles à l'embouchure de l'Aude, situation qui permit de construire les ports antiques de Narbonne de la ville et qui devint le second port de Méditerranée occidentale après Rome.
La zone aujourd'hui lagunaire était alors une zone de mer protégée par un chapelet d'îles : La Clape, Saint-Martin et sainte Lucie et Leucate plus au sud. La ville incluait Gruissan où se situait l’amphithéâtre et un avant-port, ainsi que La Nautique qui abritait une partie importante des activités portuaires. L'ensemble formait les ports antiques de Narbonne, considéré comme le deuxième port de l’Empire romain en Méditerranée nord-occidentale après Ostie, le port de Rome.
La fondation d'une colonie romaine
Les Romains fondèrent, en -118, une colonie romaine du nom de Colonia Narbo Martius. Elle était située sur la via Domitia, la première route romaine en Gaule, qui permettait de relier l'Italie et l'Espagne.
En -45, Jules César procéda à une seconde deuxième déduction (refondation) de la colonie et installa à Narbonne les vétérans de la X° légion. En -27, Auguste rendit visite à la ville, et, en -22, il en fit la capitale de la province romaine de la Gaule narbonnaise. Elle fut jusqu'à la fin de l'Antiquité romaine l'une des villes les plus importantes de la Gaule ; Strabon dit même qu'elle était la première.
En -27, l'empereur Auguste séjourna à Narbonne et réorganisa l'administration de la colonie, renommée Colonia Julia Paterna Narbo Martius et en -22 obtint le statut sénatorial.
Entre 41 et 54 : sous le règne de Claude, la colonie ajouta à ses noms celui de l'empereur, devenant Colonia Claudia Julia Paterna Narbo Martius.
Durant les deux premiers siècles de l'ère chrétienne, sa superficie avoisinait 100 hectares, ce qui a amené à estimer sa population aux alentours de 35 000 habitants.
Après sa destruction en 145 par un incendie accidentel, Antonin le Pieux fit reconstruire Narbonne en 160 et étendit le réseau routier de la Narbonnaise. L'itinéraire de l'Anonyme de Bordeaux passe dans la région et mentionne ce site.
La conquête wisigothique
La ville déclina au cours de l'Antiquité tardive. L'enceinte, qui date probablement de la fin du III° siècle, ne délimitait plus que 16 ha.
En 413, l'empereur romain usurpateur Jovin, capturé à Valence par Athaulf, roi des Wisigoths et envoyé à Narbonne, est mis à mort dans cette cité sur l'ordre de Dardanus, le préfet du prétoire des Gaules demeuré fidèle à Honorius, avec de nombreux autres nobles captifs.
En août-septembre 413, le roi des Wisigoths, Athaulf, fit son entrée dans la ville, où, vêtu comme un général romain, il célébra son mariage avec Gallia Placidia, le 1er janvier 414. Après avoir fondé le royaume de Toulouse en 418, les Wisigoths n'eurent de cesse de mettre la main sur Narbonne. Ils assiégèrent en vain la ville en 435-436. Ils arrivèrent à leurs fins en 462, lorsque le général romain Agrippinus leur céda Narbonne en échange de leur aide. À cette époque, la cité faisait encore bonne figure : en 464, Sidoine Apollinaire, de passage, en fit une description dithyrambique.
En 462, le comte romain Agrippinus livre Narbonne sans combat à Théodoric II, roi des Wisigoths, au témoignage de l'évêque Hydace.
Moyen Âge
Royaume wisigothique
Au début du VI° siècle, Narbonne fut brièvement la capitale des Wisigoths vaincus à la bataille de Vouillé (507) par les Francs de Clovis, conquérant du royaume de Toulouse. Grâce à l'aide militaire des Ostrogoths d'Italie, les Wisigoths du jeune roi Amalaric conserveront la Septimanie et Narbonne. Amalaric y sera assassiné en 531. Sous le règne du roi Theudis (531-548), Narbonne cessera d'être la capitale des Wisigoths, mais reste une capitale provinciale. Elle accueille plusieurs souverains tels Liuva Ier couronné roi à Narbonne (567-573), et est le siège de plusieurs révoltes "séparatistes" jusqu'à la fin du VII° siècle. Les deux derniers rois wisigoths Agila II (711-714) et Ardo (714-720) auraient régné sur la cité au moment de l'invasion musulmane.
Période arabe
En 719, la ville fut conquise par les troupes arabo-berbères musulmanes des Omeyyades venues de la péninsule Ibérique en 718 et dirigées par le troisième gouverneur d'Espagne, al-Samh. Au VIII° siècle Narbonne dispose toujours des murailles héritées de l'époque romaine, chantées par l'évêque Sidoine Apollinaire en 465. Selon une histoire locale connue des Narbonnais, les Sarrasins seraient entrés dans la ville par surprise en automne 719, profitant de l'ouverture des portes en cette période de vendanges. Ceci expliquerait pourquoi la ville, en dépit de ses ouvrages défensifs, fut si facilement conquise et si longue à reprendre. Le chef musulman fit mettre à mort les hommes ayant tenté de défendre la cité, déporter leurs femmes et enfants en Espagne et laissa une petite garnison. Les Omeyyades en font la capitale d'une éphémère province pendant 40 ans sous l'autorité de Cordoue. Sous la domination musulmane, Narbonne devint Arbûna (أربونة), le siège d'un wâli pendant quarante ans, capitale d'une des cinq provinces d'al-Andalus, aux côtés de Cordoue (ولاية الأندلس), Tolède (ولاية طليطلة), Mérida (ولاية ماردة) et Saragosse (ولاية سرقسطة).
Les musulmans octroyèrent aux autochtones chrétiens et juifs le statut de dhimmi, autorisation de professer leur religion moyennant tribut et un statut subalterne dans la société. En outre, ils firent venir d'Afrique du Nord des familles entières avec femmes et enfants afin d'élargir les bases de leur occupation. On connaît un certain nombre de walis, gouverneurs de la province narbonnaise. Le premier est Abd al-Rahman ibn Abd Allah al-Ghafiqi nommé en 720. Ensuite Yusuf ibn 'Abd al-Râhman al-Fihri arriva en poste à Narbonne en 734 et en 735, conquiert Arles grâce au ralliement de Mauronte, duc de Marseille. Athima est en poste en 737 lorsque les Francs mettent le siège devant Narbonne, Abd-er-Rahman el Lahmi à partir de 741, Omar ibn Omar vers 747. Le dernier gouverneur est Abd-er-Rahman ben Ocba (756-759) qui continue à gouverner les territoires encore soumis aux musulmans, des Pyrénées jusqu'à Tortose sur l'Èbre.
Pendant quarante années, les Arabes lancent depuis la province narbonnaise plusieurs raids vers le nord de la Gaule. Remontant la vallée du Rhône, ils mènent des excursions jusqu'en Bourgogne et en Aquitaine, lors notamment de la Bataille de Bordeaux (732).
La bataille de la Berre et l'éviction des Sarrasins
En 737, les Wisigoths qui résistent toujours dans les environs de Narbonne (Minervois, Razès) indiquent aux troupes de Charles Martel comment couper en deux l'armée arabe en marche qui va se porter au secours de Narbonne assiégée, en empruntant le défilé de la Berre qui débouche des Corbières entre Portel et Sigean. Le gros de l'armée arabe est mis en pièces, pris en tenaille par les Francs et Wisigoths aux alentours de Portel-des-Corbières. D'autres Sarrasins tentent de rejoindre Sigean et la flotte musulmane ancrée à Port Mahon, et connaîtront un nouveau désastre militaire. Puis, les fuyards et colons musulmans postés en bord de mer, notamment dans la Clape, seront massacrés.
Après cette défaite, la garnison arabe de Narbonne subsiste, mais son rôle n'est plus significatif et reste cantonnée dans les murs de la ville, sans pouvoir en sortir efficacement. En 752, Pépin le Bref qui vient de déposer le dernier roi de la dynastie mérovingienne, Childéric III, décide d'assiéger Narbonne. Ne pouvant reprendre la ville rapidement, il laisse un dispositif de contrôle de la ville entre 752 et 754. Le siège reprend avec plus de vigueur en 756. La ville est finalement reprise après une négociation entre Pépin le Bref et les représentants de la population wisigothe locale qui finalement se révolte contre la garnison arabe et ouvre les portes de la ville en 759. Cette prise de la ville de Narbonne entraîne la conquête de toute la Septimanie.
Il est difficile d'apprécier la réalité du peuplement musulman au nord des Pyrénées. Les musulmans se sont-ils établis comme en al-Andalus, avec un véritable projet de peuplement, qui devait continuer au-delà des Pyrénées ? L'historien Paul Diacre (VIII° siècle) indique que les Sarrasins « ont pénétré dans la province aquitaine de Gaule accompagnés de leurs femmes et de leurs enfants, comme pour l'habiter ». La volonté d'étendre le Dar al-Islam. La conquête des territoires au nord des Pyrénées était le but premier de la conquête musulmane, qui avait souhait d'intégrer le sud de la Gaule au territoire d'al-Andalus. Si des pièces de monnaie d'usage dans le commerce ont été trouvées dans plusieurs sites, aucune recherche ne confirme la présence d'une mosquée.
Toutefois, d'un point de vue historique et militaire, on peut dire que Narbonne (et non Poitiers) fut le coup d'arrêt de la conquête musulmane en Occident chrétien, car Narbonne était la première base de peuplement et d'installation en Gaule. La victoire précoce des Francs sur la Berre a donc évité une trop longue installation musulmane, à l'inverse de ce qu'a connu l'Espagne. Ensuite, toutes les expéditions au nord de Narbonne furent des razzias sans lendemain et non des entreprises de soumission ou de peuplement.
Les musulmans quittèrent la ville en 793, mais les troupes sarrasines poursuivirent leurs raids jusqu'en 1020.
Un important centre religieux et intellectuel
En 859, Narbonne fut pillée par les Vikings du chef Hasting, qui venaient de Nantes et avaient hiverné en Camargue.
À partir du IX° siècle, Narbonne tenta de retrouver son lustre de l'époque romaine et redevint un important centre religieux, spirituel, intellectuel et commerçant de la France du Sud.
Ainsi, à la fin du XI° siècle se bâtit l'Abbaye Sainte-Marie de Fontfroide, chef-d'œuvre cistercien et bénédictin, située au sud-ouest de Narbonne dans le massif protégé de Fontfroide, derrière le quartier des Roches Grises. Cette abbaye, rattachée à l'ordre cistercien en 1145, devint l'une des plus prospères et l'une des plus riches abbayes du sud de la France. La doctrine bénédictine y fut enseignée, qui inspira Jean-François Régis (né à Fontcouverte, à 30 kilomètres de là) ; et saint Dominique de Guzmán lors des controverses contre les cathares. En effet, lors de la croisade des albigeois, Narbonne était le siège des forces catholiques.
Parallèlement, d'autres édifices religieux virent le jour à Narbonne : la basilique Saint-Paul, construite sous Charlemagne au VIII° siècle, fut transformée en une œuvre romane défensive, connue pour tous les Compagnons du Tour de France pour sa fameuse « grenouille de bénitier ». Mais le plus spectaculaire de tous les édifices narbonnais reste le palais des archevêques construit entre le XIII° et le XIV° siècle, second seulement à celui d'Avignon pour les ensembles bâtis du Moyen-Âge en France. Deux particularités s'offrent à l'observateur : en cette terre romane, la cathédrale est de style gothique champenois. Également, le palais politique, flanqué du donjon Gilles Aycelin, est accolé à la bâtisse religieuse, le passage de l'un à l'autre se faisant par le cloître et le « passage de l'ancre ». Cette particularité se retrouve au palais des papes à Avignon.
D'autres édifices religieux continuèrent à être bâtis en cette période médiévale comme la chapelle de la Madeleine. L'église Notre-Dame-de-Lamourguier ; puis l'église Saint-Sébastien, construite sur le lieu de naissance de ce même saint Sébastien.
Au niveau des arts, la vicomtesse Ermengarde protégeait les troubadours, ces poètes de l'amour courtois qui enchantaient les cours de l'époque. Sous l'impulsion de cette vicomtesse, Narbonne repris un rôle politique important face aux capitouls de Toulouse ou aux consuls de mer de Montpellier. À tel point qu'en 1248, avant d'embarquer pour les Croisades à Aigues-Mortes, le roi Saint Louis fit privilège d'être hébergé à Narbonne.
Jusqu'à la fin du Moyen Âge, Narbonne fut gouvernée par deux seigneurs : l'archevêque et le vicomte. De 1515 à 1523, le cardinal Jules de Médicis fut archevêque de Narbonne. Il quitta l'archevêché lorsqu'il devint pape sous le nom de Clément VII (1523-1534).
Lors de la Guerre de Cent Ans la région subit les Grandes compagnies. Arnoul d'Audrehem est nommé lieutenant du roi en Languedoc pour les combattre. Dans son armée se trouvent des mercenaires espagnols, qui commettent des crimes sur la population de la ville. En mars 1364 une révolte éclate, plus de cent de ces gens d'armes sont massacrés.
Les Hospitaliers et les pénitents bleus
En 1143 l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem s'implante à Narbonne pour fonder une commanderie et débute l'édification de la chapelle à partir de 1177. Celle-ci est investie en 1612 par une confrérie de pénitents bleus.
Période moderne
À la Renaissance, les protestants furent chassés de la ville en 1562. Charles IX fut reçu en grande pompe dans la ville lors de son tour de France royal (1564-1566), accompagné de la Cour et des Grands du royaume : son frère le duc d’Anjou, Henri de Navarre, les cardinaux de Bourbon et de Lorraine.
En 1642, Cinq-Mars, alors complotant contre Louis XIII, est arrêté à Narbonne. Une légende court au sujet de cette arrestation. Cinq-Mars et les conjurés étaient emprisonnés dans le donjon Gilles Aycelin qui flanque le palais épiscopal. Parmi les conjurés, l'un d'eux était innocent. Animé par une grande piété, il demande alors à la Vierge protectrice de Narbonne, Notre-Dame du Pont de le sortir de là et de l'envoyer « hors de Narbonne, à une lieue de cette prison », en échange de quoi il s'engage à élever une croix en honneur de ce miracle. Et celui-ci a lieu, le prisonnier se retrouve libéré de ses chaînes, sur le territoire de Bages d'Aude, pile à une lieue du donjon, soit 3,248 km. La Croix de la Lieue est depuis cette époque érigée à l'embranchement de la Nationale 9 et de l'ancienne route de Bages d'Aude, en face du quartier des Roches Grises, sur la commune de Bages d'Aude, mais à cinq mètres de la commune de Narbonne. C'est d'ailleurs le seul endroit non narbonnais qui soit situé à une lieue de l'hôtel de ville.
L'arrivée du canal du Midi et la présence de l'archevêché marquent la période pré-révolutionnaire. Après la Révolution, privée du siège épiscopal, (le dernier archevêque fut Arthur Richard Dillon), la commune ne devint plus qu'une sous-préfecture rurale.
Après la création du département, elle est érigée en chef-lieu de district en 1790 puis en sous-préfecture en 1800.
Période contemporaine
Autorisée en 1855 (et détruite en 1967), l'usine à gaz de Narbonne est installée sur ce qui deviendra la première zone industrielle de la ville, près de l'église Saint-Bonaventure. Symbole du progrès, la voie qui la dessert est appelée rue de l'Avenir (aujourd'hui rue Simon-Castan).
En 1859, Narbonne, qui compte 12 000 habitants, est éclairée par 214 becs. Chez les particuliers on en trouve 150. Chaque jour sont consommés 650 ou 700 mètres cubes.
À la fin du Second Empire, la ville qui était toujours une place forte, était à l'étroit à l'intérieur de ses fortifications. Le maire, Eugène Peyrusse, obtint le déclassement militaire de la ville et l'enceinte fut démolie entre 1868 et 1884. Les vestiges romains récupérés lors de cette démolition furent entreposés dans l'ancienne église Notre-Dame de Lamourguier, constituant ainsi la base de la collection du musée lapidaire (annexe du musée archéologique de Narbonne).
De la Commune de 1871 à la révolte des vignerons du Languedoc en 1907
Devenue capitale d'un espace viticole à partir du développement de la vigne vers 1850/1870, et profitant de sa situation de nœud ferroviaire, Narbonne se démarque politiquement : les vignerons et commerçants sont républicains. Dès les dernières années du Second Empire, la municipalité s'oppose à Napoléon III.
C'est durant le mandat de Marcelin Coural que Narbonne se soulève, encouragé par la Commune de Paris, contre les « versaillais » de Thiers et proclame la Commune centrale de l'arrondissement de Narbonne. Celle-ci durera du 24 au 31 mars 1871 et est animé par Émile Digeon et Baptiste Limouzy.
Ce mouvement est précurseur des idées révolutionnaires qui amenèrent le monde du travail à s'organiser pour défendre ses intérêts et à créer, 24 ans plus tard, la CGT.
À la fin du XIX° siècle, Narbonne élit un maire félibrige et socialiste, Ernest Ferroul, dit le docteur « des pauvres », qui soutient la grande Révolte des vignerons de 1907.
Lors de la révolte des vignerons du Languedoc, le mois de mai 1907 fut celui des grands rassemblements dans les préfectures et sous-préfectures du Languedoc-Roussillon. Le premier a lieu à Narbonne où le 5 mai, un rassemblement mobilise entre 80 et 100 000 personnes. Le maire, Ernest Ferroul, prend position pour la lutte des viticulteurs du Midi. Tous les comités de défense viticoles des quatre départements se fédèrent et adoptent le serment des fédérés : « Constitués en comité de salut public pour la défense de la viticulture, nous nous jurons tous de nous unir pour la défense viticole, nous la défendrons par tous les moyens. Celui ou ceux qui, par intérêt particulier, par ambition ou par esprit politique, porteraient préjudice à la motion première et, par ce fait, nous mettraient dans l'impossibilité d'obtenir gain de cause seront jugés, condamnés et exécutés séance tenante ». Les discours séparatistes prononcés en occitan inquiètent le gouvernement. Jusqu'alors, les manifestations dominicales s'étaient déroulées dans le calme et la discipline. Elles se voulaient pacifiques. Mais Clemenceau jugea que force devait rester à la loi et, pour rétablir l'ordre, il fit appel à l'armée. Depuis le 17 juin, 22 régiments d’infanterie et 12 régiments de cavalerie occupaient tout le Midi. La gendarmerie reçut alors ordre d’incarcérer les responsables des manifestations. Albert Sarraut, sénateur de l'Aude, refusa de cautionner cette politique et démissionna du gouvernement.
Le 19 juin, Ernest Ferroul est arrêté au petit matin à son domicile de Narbonne par le 139e régiment de cuirassiers et est emprisonné à Montpellier. Trois autres membres du comité de défense viticole se livrent aux gendarmes à Argeliers. La nouvelle de l'arrestation programmée de tous les membres du Comité d'Argeliers met le feu aux poudres.
La foule entrave la progression des gendarmes en se couchant par terre. Narbonne est en état de siège, une manifestation spontanée se crée qui réclame la libération des membres du Comité et crie à la vengeance. Des incidents éclatent durant toute la journée, la sous-préfecture est prise d'assaut, des barricades barrent les rues. Le soir, dans la confusion générale, la cavalerie tire sur la foule. Il y a deux morts dont un adolescent de 14 ans1.
Dans les départements du Gard, de l'Hérault, de l'Aude et des Pyrénées-Orientales, les conseils municipaux démissionnent collectivement — il y en aura jusqu'à 600 — certains appellent à la grève de l'impôt. La situation devient de plus en plus tendue, les viticulteurs furieux attaquent perceptions, préfectures et sous-préfectures.
Le lendemain 20 juin, la tension monte encore et le Midi s'embrase. À Perpignan, la préfecture est pillée et incendiée. Le préfet David Dautresme doit se réfugier sur le toit. À Montpellier, la foule se heurte aux forces armées. À Narbonne, l’inspecteur de police Grossot, l'un des auteurs de l’arrestation de Ferroul, est pris à partie et mis à mal par la foule. Pour le dégager, il est donné ordre à la troupe de tirer sur les manifestants. Les coups de feu font cinq morts dont une jeune fille, âgée de 20 ans, Julie (dite Cécile) Bourrel qui se trouvait là par hasard, venue à Narbonne en ce jour de marché. Il y a de plus 33 blessés qui gisent à terre.
Le 22 juin, à Narbonne, 10 000 personnes assistent aux obsèques de Cécile. Cet enterrement fut la dernière grande manifestation du Midi viticole. Entre-temps, le Parlement ayant renouvelé sa confiance au gouvernement, L'Humanité de Jean Jaurès constate en cinq colonnes à la une « La Chambre acquitte les massacreurs du Midi ».
Léon Blum en devient député en 1929.
Le maire socialiste Achille Lacroix, révoqué par le régime de Vichy, meurt en déportation.
Jusqu'à l'arrivée du tourisme dans les années 1960, la commune reste très liée aux crises de la viticulture.