Mise à jour du 22/08/2024
Lussan
A une vingtaine de kilomètres au nord d'Uzès, Lussan embrasse, derrière ses remparts, un vaste panorama ouvert sur les Cévennes, les monts d'Ardèche et le mont Ventoux.
Au fil de ses rue étroites, la cité dévoile plusieurs siècles d'histoire, des conflits entre Catholiques et Protestants à l'avènement de la production de soie.
Hors les murs, le menhir de la Pierre Plantée et les impressionnantes gorges des concluses sont les témoins d'un patrimoine historique et géologique plus anciens encore.
La commune de Lussan est l'héritière du mandement seigneurial de Lussan qui sous l'Ancien Régime regroupait les paroisses de Lussan et de Valcroze (cette dernière paroisse comprenait les hameaux et les mas qui sont au nord et à l'est de la commune). De ce fait la commune de Lussan est très étendue avec ses 4692 hectares (7ème rang des communes du Gard). La situation de Lussan sort des sentiers battus au sens figuré et au sens propre, le site du village est relativement isolé. Pour celui qui vient de loin, il faut un motif pour y venir ou y passer. Et pourtant, à un niveau plus restreint, Lussan a été au cours de l'histoire un point stratégique de communications, au carrefour de chemins et de routes reliant Uzès, Barjac et la Basse Ardèche, Uzès et Saint Ambroix, les vallées du Gardon et de la Cèze etc. Cette situation particulière de Lussan a d'ailleurs été sanctionnée par l'histoire : le bourg est devenu chef lieu de canton, le nom de la Lussanenque * s'est imposé, traduisant la difficulté à rattacher cette contrée à tout autre ensemble
LA LUSSANENQUE : Les affluents méridionaux de la rive droite du Rhône découpent une région en un ensemble de plateaux calcaires pittoresques sur lesquels règne la garrigue. Ces rivières et leurs affluents tantôt forment des gorges sauvages et souvent difficiles d'accès, telles celles de l'AIGUILLON et du MERDERIS pour la Lussanenque , tantôt s'ouvrent en combes au bord desquelles les villages et les hameaux se sont installés : cet aspect caractérise bien Lussan.
On visite le village par le chemin de ronde sur les remparts : "Le Barry". Un vaste panorama s'offre au regards : au loin les Alpes, le Mont Ventoux, les Cévennes ; plus près le "Guidon du Bouquet" (626 m) et le Serre de Fons dominent une plaine où coule l'Aiguillon.
Temple : Le temple du XIX° siècle est d'architecture très simple. Le temple a été construit sur une parcelle avec maison appartenant à Jean-Pierre Gide, arrière-grand-père de l'écrivain André Gide. Il a été inauguré le 29 septembre 1822. Un rectangle, construit en moellons enduits sans déocration et couvert d'un toît à deux pentes en tuiles avec une génoise et un petit clocheton au-dessus de la porte d'entrée, réduit au minimum. A l'intérieur, la tribune demandée par le conseil des bâtiments civils sur le projet de 1818 est en place sur la travée d'entrée, portée par deux colonnes avec chapiteaux doriques. l'élégance des baies néogothiques avec arcs brisés prolongés dans les piédroits délimités par de sobres chapiteaux sont de en 1844 fait par l'architecte Bègue. À l'intérieur du temple, sont exposées deux pierres gravées en latin, pierres trouvées dans la rue des Bœufs avec l'inscription "J'aimerais mieux me tenir à la porte en la maison de mon Dieu." Un jardin biblique précède l'entrée du temple. À cette époque, la grande majorité de la population de la commune était protestante.
Église Saint-Pierre de Lussan : Dans la première partie du XIXe siècle, l'église Saint-Pierre de Lussan a été reconstruite à l'endroit de la première église. En effet, cette première église s'est dégradée progressivement tout au long du XVIII° siècle par manque d'entretien, car la famille des Audibert de Lussan consacrait une part importante de ses ressources à la tenue de son rang à la Cour de France tandis que la population lussanaise était majoritairement protestante. Sa transformation en Temple de la raison avec destruction du clocher pendant la Révolution française la rendra à l'état de ruine début 1800. C'est avec le retour des Bourbon en 1814 que le catholicisme se renforça et que les rénovations furent engagées. La Croix de Mission au bas de la place des Marronniers datée de 1818 en est le témoignage. Le détail du portail de style néo-roman montre l'archivolte plein cintre souligné d'un cordon mouluré reposant sur deux colonnes aux chapiteaux feuillagés de style composite. Le thème d'une jolie balade à faire à Lussan.
Château de Lussan : Il est situé à l'entrée de la ville haute de Lussan. C'était la résidence des seigneurs de Lussan. Il existait un 1er château de Lussan "Le château du Verger" dont il ne reste plus aujourd'hui que des traces et qui aux alentours du XII° siècle a dû s'insérer dans le dispositif de fortifications et de remparts édifiés par les seigneurs. Le château actuel édifié à la fin du XV° siècle, plus adapté à des conditions de défense et d'habitation qui avaient tout de même évolué en plus de deux siècles. Il a eu la chance de demeurer pratiquement intact, n'ayant jamais été sérieusement menace et attaqué, même Si Lussan au cours de son histoire a connu alertes et tumultes. Sans doute avait-il un aspect assez dissuasif par sa situation, le fort de Lussan étant à ces époques plus difficile d'accès que de nos jours. Il sert aujourd'hui de mairie.
Château de Fan : Ce château est en contrebas de la haute ville de Lussan, sur la route entre Barjac et Uzès.
Au temps des Gaulois, un temple était construit sur ce lieu. Il était consacré aux nymphes et nommé : Fanum. La petite rivière qui prend sa source au pied se nomme donc le Fan. En 1550, Gaspard d'Audibert, seigneur de Lussan revient de la campagne d'Italie. Ayant vu l'inutilité des châteaux haut perchés et ayant admiré la beauté des résidences italiennes, il décide la construction d'un château près de la source d'un petit ruisseau nommé le Fan. Au début du XVIII° siècle, le château est peu entretenu par son propriétaire. Vers 1791 confisqué par les révolutionnaires, le bâtiment devient une hostellerie. En 1795, le château est vendu à un habitant de Lussan : Théophile Gide, l'arrière-grand-père de l'écrivain André Gide. En 1920, la famille Gide ayant besoin d'argent vend le château à la municipalité. Le manque d'entretien détériore l'intérieur du château. Vers 1960, le bâtiment devient une gendarmerie. Évidemment, quelques remaniements sont réalisés pour le confort des familles. Mais le château garde quand même son identité. En 1980, les gendarmes sont transférés à Audabiac. Un gardiennage communal est assuré, mais les bâtiments sont peu entretenus. En 2008, le bâtiment a été mis en vente puis acheté pour réaliser des appartements. Le vieux château commence une nouvelle vie. Au XXI° siècle, la visite est libre et gratuite à l'extérieur. La propriété est privée et non visitable.
On doit également aux Audibert l'édification d'une chapelle dont il reste aujourd'hui l'essentiel, bien que privée de son clocher, du XIV° dont la façade de style roman s'orne de fenêtre trilobées.
Site des Concluses : Impossible de conclure son séjour à Lussan, sans aller découvrir Les Concluses. Patrimoine naturel fait de Gorges creusées par la rivière de l'Aiguillon. A environ 10 minutes en voiture du village se trouve en effet l’un des sites les plus remarquables du Gard. Après avoir chaussé baskets et casquette, un sentier aménagé d’environ 1 kilomètre permet de descendre au fond d’un canyon spectaculaire creusé par l’Aiguillon. Des panneaux d’interprétation révèlent l’histoire des lieux ; pour le reste il suffit d’ouvrir grand les yeux. Attention toutefois, si elle est asséchée en été, la rivière présente au fond du canyon peut se révéler tumultueuse et très dangereuse lors des périodes de pluie.
La commune de Lussan est l'héritière du mandement seigneurial de Lussan qui sous l'Ancien Régime regroupait les paroisses de Lussan et de Valcroze (cette dernière paroisse comprenait les hameaux et les mas qui sont au nord et à l'est de la commune). De ce fait la commune de Lussan est très étendue avec ses 4692 hectares (7ème rang des communes du Gard). La situation de Lussan sort des sentiers battus au sens figuré et au sens propre, le site du village est relativement isolé. Pour celui qui vient de loin, il faut un motif pour y venir ou y passer. Et pourtant, à un niveau plus restreint, Lussan a été au cours de l'histoire un point stratégique de communications, au carrefour de chemins et de routes reliant Uzès, Barjac et la Basse Ardèche, Uzès et Saint Ambroix, les vallées du Gardon et de la Cèze etc. Cette situation particulière de Lussan a d'ailleurs été sanctionnée par l'histoire : le bourg est devenu chef lieu de canton, le nom de la Lussanenque * s'est imposé, traduisant la difficulté à rattacher cette contrée à tout autre ensemble
On visite le village par le chemin de ronde sur les remparts : "Le Barry". Un vaste panorama s'offre au regards : au loin les Alpes, le Mont Ventoux, les Cévennes ; plus près le "Guidon du Bouquet" (626 m) et le Serre de Fons dominent une plaine où coule l'Aiguillon.
Temple : Le temple du XIX° siècle est d'architecture très simple. Le temple a été construit sur une parcelle avec maison appartenant à Jean-Pierre Gide, arrière-grand-père de l'écrivain André Gide. Il a été inauguré le 29 septembre 1822. Un rectangle, construit en moellons enduits sans déocration et couvert d'un toît à deux pentes en tuiles avec une génoise et un petit clocheton au-dessus de la porte d'entrée, réduit au minimum. A l'intérieur, la tribune demandée par le conseil des bâtiments civils sur le projet de 1818 est en place sur la travée d'entrée, portée par deux colonnes avec chapiteaux doriques. l'élégance des baies néogothiques avec arcs brisés prolongés dans les piédroits délimités par de sobres chapiteaux sont de en 1844 fait par l'architecte Bègue. À l'intérieur du temple, sont exposées deux pierres gravées en latin, pierres trouvées dans la rue des Bœufs avec l'inscription "J'aimerais mieux me tenir à la porte en la maison de mon Dieu." Un jardin biblique précède l'entrée du temple. À cette époque, la grande majorité de la population de la commune était protestante.
Église Saint-Pierre de Lussan : Dans la première partie du XIXe siècle, l'église Saint-Pierre de Lussan a été reconstruite à l'endroit de la première église. En effet, cette première église s'est dégradée progressivement tout au long du XVIII° siècle par manque d'entretien, car la famille des Audibert de Lussan consacrait une part importante de ses ressources à la tenue de son rang à la Cour de France tandis que la population lussanaise était majoritairement protestante. Sa transformation en Temple de la raison avec destruction du clocher pendant la Révolution française la rendra à l'état de ruine début 1800. C'est avec le retour des Bourbon en 1814 que le catholicisme se renforça et que les rénovations furent engagées. La Croix de Mission au bas de la place des Marronniers datée de 1818 en est le témoignage. Le détail du portail de style néo-roman montre l'archivolte plein cintre souligné d'un cordon mouluré reposant sur deux colonnes aux chapiteaux feuillagés de style composite. Le thème d'une jolie balade à faire à Lussan.
Château de Lussan : Il est situé à l'entrée de la ville haute de Lussan. C'était la résidence des seigneurs de Lussan. Il existait un 1er château de Lussan "Le château du Verger" dont il ne reste plus aujourd'hui que des traces et qui aux alentours du XII° siècle a dû s'insérer dans le dispositif de fortifications et de remparts édifiés par les seigneurs. Le château actuel édifié à la fin du XV° siècle, plus adapté à des conditions de défense et d'habitation qui avaient tout de même évolué en plus de deux siècles. Il a eu la chance de demeurer pratiquement intact, n'ayant jamais été sérieusement menace et attaqué, même Si Lussan au cours de son histoire a connu alertes et tumultes. Sans doute avait-il un aspect assez dissuasif par sa situation, le fort de Lussan étant à ces époques plus difficile d'accès que de nos jours. Il sert aujourd'hui de mairie.
Château de Fan : Ce château est en contrebas de la haute ville de Lussan, sur la route entre Barjac et Uzès.
Au temps des Gaulois, un temple était construit sur ce lieu. Il était consacré aux nymphes et nommé : Fanum. La petite rivière qui prend sa source au pied se nomme donc le Fan. En 1550, Gaspard d'Audibert, seigneur de Lussan revient de la campagne d'Italie. Ayant vu l'inutilité des châteaux haut perchés et ayant admiré la beauté des résidences italiennes, il décide la construction d'un château près de la source d'un petit ruisseau nommé le Fan. Au début du XVIII° siècle, le château est peu entretenu par son propriétaire. Vers 1791 confisqué par les révolutionnaires, le bâtiment devient une hostellerie. En 1795, le château est vendu à un habitant de Lussan : Théophile Gide, l'arrière-grand-père de l'écrivain André Gide. En 1920, la famille Gide ayant besoin d'argent vend le château à la municipalité. Le manque d'entretien détériore l'intérieur du château. Vers 1960, le bâtiment devient une gendarmerie. Évidemment, quelques remaniements sont réalisés pour le confort des familles. Mais le château garde quand même son identité. En 1980, les gendarmes sont transférés à Audabiac. Un gardiennage communal est assuré, mais les bâtiments sont peu entretenus. En 2008, le bâtiment a été mis en vente puis acheté pour réaliser des appartements. Le vieux château commence une nouvelle vie. Au XXI° siècle, la visite est libre et gratuite à l'extérieur. La propriété est privée et non visitable.
On doit également aux Audibert l'édification d'une chapelle dont il reste aujourd'hui l'essentiel, bien que privée de son clocher, du XIV° dont la façade de style roman s'orne de fenêtre trilobées.
Site des Concluses : Impossible de conclure son séjour à Lussan, sans aller découvrir Les Concluses. Patrimoine naturel fait de Gorges creusées par la rivière de l'Aiguillon. A environ 10 minutes en voiture du village se trouve en effet l’un des sites les plus remarquables du Gard. Après avoir chaussé baskets et casquette, un sentier aménagé d’environ 1 kilomètre permet de descendre au fond d’un canyon spectaculaire creusé par l’Aiguillon. Des panneaux d’interprétation révèlent l’histoire des lieux ; pour le reste il suffit d’ouvrir grand les yeux. Attention toutefois, si elle est asséchée en été, la rivière présente au fond du canyon peut se révéler tumultueuse et très dangereuse lors des périodes de pluie.
La Préhistoire :
Appartenant à un espace de plateaux calcaires et de combes particulièrement propices à l'habitat primitif, la région de Lussan est riche au point de vue préhistorique. Si le témoignage le plus spectaculaire de cette richesse est le "MENHIR DE LA LEQUE", dit de "LA PIERRE PLANTEE" ou "PIERREFICHE" (avec ses 5,60 m de hauteur il est signalé comme le plus haut de tout le sud-est de la France). Nombreuses sont les grottes qui ont servi à l'habitat préhistorique ou aux sépultures de ces temps reculés. Un certain nombre d'entre elles, à la suite des découvertes qui y ont été faites, figurent en bonne place sur la carte de l'archéologie préhistorique de notre région comme le site de LAS TRÈS TINOS, la GROTTE DES FEES, la grotte SEPULCRALE DU RENARD, l'AVEN DU CAMELIER (à l'origine Camp Milhièr : champ de mais, francisé en chamelier!). Les habitats temporaires nés de la nécessité de se défendre (oppida des Serres de Saint Martin et de Saint Pierre, de la Lèque et probablement de Prades et de Lussan) vont soit être abandonnés dans les époques les plus sûres, soit devenir l'objet d'un habitat permanent.
La période GALLO-ROMAINE :
L'examen des noms de lieux et les éléments d'histoire que nous possédons nous révèlent que la Lussanenque fut un lieu de fixation de colons romains qui impulsèrent à la région un certain développement dès les II° ou III° siècle après J.C.. La présence révélatrice de suffixes comme -AN,-AC et -ARGUE qui étaient utilisés pour nommer les domaines et qui s'ajoutaient au nom des propriétaires nous permet de nous faire une idée sur les aspects que la Lussanenque a pris dans ces temps lointains. Nous pouvons même avancer quelques dates en resserrant les approximations : le suffixe -AN étant latin et caractéristique de l'époque où les Romains se sont installés, on peut supposer que c'est dans les II°/III° siècles que le Lussan actuel naît en tant que "Domaine de Lucius". Il reste également de cette époque un témoignage concret une statue en bas relief de la source de FAN (autre nom latin supposant la présence d'un Fanum, temple) que l'on peut admirer aujourd'hui dans le hall de la Mairie, au château de Lussan.
Moyen Âge
L'époque romane et le début du Moyen Age ont été des périodes d'extension de la population et de défrichements. En lisière de la combe de Lussan et de la vaste plaine de la Valcroze, adossés aux rancs ou assis sur des serres, un certain nombre de hameaux et de mas se développent : Bech devenu Beth, Lauron, Prades, Dizier, le Roux qui gardent parfois un cachet roman ou ancien que l'amateur appréciera. A la croisée des voies de communications apparaît Malataverne, tandis qu'au fond des bois se cachent les Mas de Roussière et de Malaïgue, ce dernier aujourd'hui en ruines. Parallèlement les hameaux les plus anciens s'étoffent : Lussan sortira de ses barris (remparts), Vendras se présente en deux agglomérations qui ont fait aujourd'hui leur jonction, Crouzet s'allonge de part et d autre de son étroite ruelle centrale... Cette période est évidemment marquée par la fortification du site de Lussan sous l'impulsion des seigneurs du lieu.
Le village est mentionné P. de Luzano en 1204 dans les layettes du Trésor des Chartes, puis en 1210 dans le cartulaire de la seigneurie d'Alais34.
Au XII° siècle, le premier château, dont il reste des parties de muraille, est construit par les seigneurs de Lussan, alliés à la famille de Barjac, elle-même rattachée au Comté de Toulouse. Dégradé lors de la révolte des Tuchins entre 1381 et 1384, il est réparé puis abandonné au XV° siècle, période durant laquelle Marquèze de Barjac teste en faveur de son petit-fils Jacques d'Audibert. La famille d'Audibert va devenir l'une des plus puissantes de cette région pendant trois siècles. Ils construisent à la fin du XV° siècle, sur le plateau, un nouveau château, abritant actuellement la mairie, puis une cinquantaine d'années plus tard un troisième, plus confortable avec un parc, face à la source de Fan.
LES AUDIBERT :
Venue d'Outre-Rhône, cette famille seigneuriale va lier son nom a celui de Lussan pendant plus de cinq siècles : à elle ce nom de Lussan va même apparaître pour la première fois officiellement pour la première Croisade d'un seigneur ALDEBERT de Lussan et de ses hommes.
Ce sont ses descendants qui vont achever de fortifier le lieu, renforcer le premier château (château du Verger) et construire par la suite les deux autres châteaux que nous avons actuellement, ainsi que la chapelle qui existe toujours bien que privée de son campanile.
Mais les aléas de l'histoire vont distendre et dissoudre les rapports qui liaient les Lussanais à leur famille seigneuriale.
En effet, alors que l'écrasante majorité des Lussanais restera attachée à la pratique du protestantisme malgré la Révocation de l' Édit de Nantes les Audibert à l'instar de Henri IV lui-même passeront par opportunisme au catholicisme, obtenant ainsi de la régente Anne d'Autriche l'érection de leur seigneurie en Comté de Lussan.
La Révocation de l'Édit de Nantes n'arrangera pas les choses, les Audibert vont choisir de se rapprocher de la Cour de France : mais c'est à Saint-Germain en Laye auprès de Jacques II, roi détrôné et exilé d'Angleterre et d' Écosse qu'ils vont se retrouver.
Ils ont alors pour héritière une fille GABRIELLE que l'on a présenté comme un fleuron de cette cour : "une des plus belles femmes de son temps, d'un esprit éclatant et d'une grâce infinie.
Elle fut le joyau de cette triste cour de Jacques II".
Très courtisée, Gabrielle porte son choix sur Henry Fitz-James, duc d'Albemarle, propre fils (illégitime) de Jacques II.
Mais celui-ci va mourir très jeune et Gabrielle ne tardera pas à se remarier avec un autre écossais : Jean Drummond, duc de Melfort, pair d'Angleterre et d' Écosse. Les Audibert-Melfort ne reviennent plus qu'épisodiquement à Lussan pour entretenir leurs châteaux, mais surtout pour vendre peu à peu des pans de leurs biens, leurs terres en particulier, pressés par des besoins d'argent qu'une vie de cour rend de plus en plus pressants.
LE PROTESTANTISME :
Vers 1550, la Réforme touche Lussan, suivant en cela les choix souvent plus politiques que religieux des seigneurs.
Les Audibert sont en effet dans le camp protestant, mettant leur petite garnison à disposition du roi de Navarre, chef de file de ce camp et qui deviendra roi de France sous le nom d'Henri IV.
Par contre, la conversion des Audibert au catholicisme n'aura pas d'effets sur la population.
Avec Henri IV la paix était revenue, malheureusement tout va se gâter avec Louis XIV, mal inspiré et mal conseillé.
Lussan va être un des premiers bourgs touchés par la répression contre le protestantisme, avant même l'acte de la Révocation de l' Édit de Nantes : Le pouvoir royal fait abattre le temple.
La Révocation de l' Édit de Nantes est l'acte décisif qui bouleverse les mentalités et les comportements : Cévennes et Languedoc se soulèvent, Lussan est touché de plein fouet par la guerre des Camisards car la région du Mont-Bouquet et le Mont-Bouquet lui-même deviennent rapidement un lieu stratégique de la résistance et de la révolte.
C'est l'époque des dragonnades, des conversions forcées, avec leur cortège d'exactions.
En octobre 1703 une bataille meurtrière se déroule aux pieds de Lussan entre les Camisards conduits par Cavalier lui-même et les troupes royales.
Chaque camp revendique la victoire (voir Henri Bosc, la guerre des Cévennes, Presses du Languedoc, tome II, p.417 à 423).
En plus c'est dans la Lussanenque que s'est déroulé en Mai 1701 une affaire dont l'importance n'a que récemment été soulignée par les historiens : l'affaire de Vallérargues.
En effet, c'est dans ce village qu'eurent lieu une des premières manifestations du prophétisme, phénomène qui devait tant dérouter le pouvoir royal.
Cette affaire avait opposé le Prieur (curé) à la population, provoquant le saccage de l'église et une féroce répression.
Tandis qu'une garnison tient en main le bourg de Lussan, dans les hameaux , les mas et les bois voisins se multiplient les assemblées du Désert, les Camisards se réfugient dans les grottes de la Lussanenque, des prédicateurs viennent entretenir la flamme.
Le protestantisme ne sera jamais extirpé de la Lussanenque au cours du XVIII° siècle.
Époque moderne
La famille d'Audibert, alliée aux Montmorency, voit au XVII°, sa seigneurie érigée en comté. La dynastie restera sur Lussan jusqu'à la Révolution de 1789 avant d'émigrer en Angleterre.
Révolution française et Empire
Les coups que les Lussanais ont reçu de la Royauté expliquent pourquoi ils vont être perméables aux idées nouvelles et aux aspirations que la Révolution concrétisera. Les principaux notables de la communauté comme les Chastanier et les Gide rédigent les cahiers de doléance. Mais la plupart des Lussanais seront beaucoup plus réservés devant les excès de la Révolution et de l'Empire qui touchent Lussan promu chef-lieu de canton, après avoir été le refuge des Camisards, les bois touffus de la Lussanenque vont accueillir des suspects, des prêtres réfractaires, des objecteurs lorsque les circonscriptions à répétition épuiseront la population. Lors de la Terreur, la Convention présente dans le Gard avec un terrible représentant en mission met le collimateur sur Lussan : le maire J.B. Chastanier échappe de peu à la guillotine tandis que Théodore Gide choisit non le maquis, mais la garrigue, échappant aux recherches pendant plus d'un an. Le patrimoine culturel et historique des Lussanais s'enrichit même à cette occasion puisque après une "Grotte des Camisards" on voit apparaître une "Grotte Gide" sur les cartes topographiques.
Le XIX° siècle - L' époque contemporaine
Lussan atteint son apogée, particulièrement avec le développement de la production de la soie. La population dépasse les 1600 habitants. Remarquons que la production de matière textile et sa transformation a longtemps caractérisé Lussan, avec le développement des troupeaux de moutons, la production de chanvre (fin du Moyen Age). Au cours du XVIII° siècle des Lussanais se procurent des métiers à bas et se lancent dans ce type de fabrication. Cette tradition poussera les familles les plus dynamiques a s'intéresser à la production de la soie : on plante des mûriers, les mas se remplissent de magnaneries, trois filatures vont fonctionner à Lussan. Mais l'ouverture des frontières à la soie pratiquée par le second Empire va ruiner cette industrie : le déclin de Lussan commence. La saignée de la guerre 1914-1918 ne fait que s'ajouter à une désertification qui touche d'abord les zones ingrates économiquement, le monde de la garrigue en particulier. Aujourd'hui Lussan prend conscience de la richesse de son patrimoine culturel, de ses atouts climatiques.
Appartenant à un espace de plateaux calcaires et de combes particulièrement propices à l'habitat primitif, la région de Lussan est riche au point de vue préhistorique. Si le témoignage le plus spectaculaire de cette richesse est le "MENHIR DE LA LEQUE", dit de "LA PIERRE PLANTEE" ou "PIERREFICHE" (avec ses 5,60 m de hauteur il est signalé comme le plus haut de tout le sud-est de la France). Nombreuses sont les grottes qui ont servi à l'habitat préhistorique ou aux sépultures de ces temps reculés. Un certain nombre d'entre elles, à la suite des découvertes qui y ont été faites, figurent en bonne place sur la carte de l'archéologie préhistorique de notre région comme le site de LAS TRÈS TINOS, la GROTTE DES FEES, la grotte SEPULCRALE DU RENARD, l'AVEN DU CAMELIER (à l'origine Camp Milhièr : champ de mais, francisé en chamelier!). Les habitats temporaires nés de la nécessité de se défendre (oppida des Serres de Saint Martin et de Saint Pierre, de la Lèque et probablement de Prades et de Lussan) vont soit être abandonnés dans les époques les plus sûres, soit devenir l'objet d'un habitat permanent.
La période GALLO-ROMAINE :
L'examen des noms de lieux et les éléments d'histoire que nous possédons nous révèlent que la Lussanenque fut un lieu de fixation de colons romains qui impulsèrent à la région un certain développement dès les II° ou III° siècle après J.C.. La présence révélatrice de suffixes comme -AN,-AC et -ARGUE qui étaient utilisés pour nommer les domaines et qui s'ajoutaient au nom des propriétaires nous permet de nous faire une idée sur les aspects que la Lussanenque a pris dans ces temps lointains. Nous pouvons même avancer quelques dates en resserrant les approximations : le suffixe -AN étant latin et caractéristique de l'époque où les Romains se sont installés, on peut supposer que c'est dans les II°/III° siècles que le Lussan actuel naît en tant que "Domaine de Lucius". Il reste également de cette époque un témoignage concret une statue en bas relief de la source de FAN (autre nom latin supposant la présence d'un Fanum, temple) que l'on peut admirer aujourd'hui dans le hall de la Mairie, au château de Lussan.
Moyen Âge
L'époque romane et le début du Moyen Age ont été des périodes d'extension de la population et de défrichements. En lisière de la combe de Lussan et de la vaste plaine de la Valcroze, adossés aux rancs ou assis sur des serres, un certain nombre de hameaux et de mas se développent : Bech devenu Beth, Lauron, Prades, Dizier, le Roux qui gardent parfois un cachet roman ou ancien que l'amateur appréciera. A la croisée des voies de communications apparaît Malataverne, tandis qu'au fond des bois se cachent les Mas de Roussière et de Malaïgue, ce dernier aujourd'hui en ruines. Parallèlement les hameaux les plus anciens s'étoffent : Lussan sortira de ses barris (remparts), Vendras se présente en deux agglomérations qui ont fait aujourd'hui leur jonction, Crouzet s'allonge de part et d autre de son étroite ruelle centrale... Cette période est évidemment marquée par la fortification du site de Lussan sous l'impulsion des seigneurs du lieu.
Le village est mentionné P. de Luzano en 1204 dans les layettes du Trésor des Chartes, puis en 1210 dans le cartulaire de la seigneurie d'Alais34.
Au XII° siècle, le premier château, dont il reste des parties de muraille, est construit par les seigneurs de Lussan, alliés à la famille de Barjac, elle-même rattachée au Comté de Toulouse. Dégradé lors de la révolte des Tuchins entre 1381 et 1384, il est réparé puis abandonné au XV° siècle, période durant laquelle Marquèze de Barjac teste en faveur de son petit-fils Jacques d'Audibert. La famille d'Audibert va devenir l'une des plus puissantes de cette région pendant trois siècles. Ils construisent à la fin du XV° siècle, sur le plateau, un nouveau château, abritant actuellement la mairie, puis une cinquantaine d'années plus tard un troisième, plus confortable avec un parc, face à la source de Fan.
Époque moderne
La famille d'Audibert, alliée aux Montmorency, voit au XVII°, sa seigneurie érigée en comté. La dynastie restera sur Lussan jusqu'à la Révolution de 1789 avant d'émigrer en Angleterre.
Révolution française et Empire
Les coups que les Lussanais ont reçu de la Royauté expliquent pourquoi ils vont être perméables aux idées nouvelles et aux aspirations que la Révolution concrétisera. Les principaux notables de la communauté comme les Chastanier et les Gide rédigent les cahiers de doléance. Mais la plupart des Lussanais seront beaucoup plus réservés devant les excès de la Révolution et de l'Empire qui touchent Lussan promu chef-lieu de canton, après avoir été le refuge des Camisards, les bois touffus de la Lussanenque vont accueillir des suspects, des prêtres réfractaires, des objecteurs lorsque les circonscriptions à répétition épuiseront la population. Lors de la Terreur, la Convention présente dans le Gard avec un terrible représentant en mission met le collimateur sur Lussan : le maire J.B. Chastanier échappe de peu à la guillotine tandis que Théodore Gide choisit non le maquis, mais la garrigue, échappant aux recherches pendant plus d'un an. Le patrimoine culturel et historique des Lussanais s'enrichit même à cette occasion puisque après une "Grotte des Camisards" on voit apparaître une "Grotte Gide" sur les cartes topographiques.
Le XIX° siècle - L' époque contemporaine
Lussan atteint son apogée, particulièrement avec le développement de la production de la soie. La population dépasse les 1600 habitants. Remarquons que la production de matière textile et sa transformation a longtemps caractérisé Lussan, avec le développement des troupeaux de moutons, la production de chanvre (fin du Moyen Age). Au cours du XVIII° siècle des Lussanais se procurent des métiers à bas et se lancent dans ce type de fabrication. Cette tradition poussera les familles les plus dynamiques a s'intéresser à la production de la soie : on plante des mûriers, les mas se remplissent de magnaneries, trois filatures vont fonctionner à Lussan. Mais l'ouverture des frontières à la soie pratiquée par le second Empire va ruiner cette industrie : le déclin de Lussan commence. La saignée de la guerre 1914-1918 ne fait que s'ajouter à une désertification qui touche d'abord les zones ingrates économiquement, le monde de la garrigue en particulier. Aujourd'hui Lussan prend conscience de la richesse de son patrimoine culturel, de ses atouts climatiques.