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Mise à jour du 22/08/2024

Châteauneuf-du-Pape

Vieux château et château neuf
Il a dû exister un castrum romain détruit probablement lors des grandes invasions. Celui-ci apparaît sous le nom de castellum de Leri dans une charte de 913. Elle est signée de Louis l'Aveugle qui cède ce lieu à Foulques, évêque d'Avignon. En 1077, son successeur Rostaing, inféoda ce fief à Pierre d'Albaron qui fit construire un donjon. Tout au cours du Moyen Âge, le vieux château fut un poste de surveillance et de péage sur le Rhône qui passa à différentes familles alliées des Albaron.
Devenu château de l'Hers, après son agrandissement au XII° siècle, il fut rénové une première fois au cours du XIII° siècle.
La première mention d'un Castro Novo (nouveau village fortifié), qui donna le nom de Châteauneuf, n'apparaît qu'en 1094. Ce castrum, situé sur la colline, fut remplacé par une nouvelle construction du comte de Toulouse, suzerain du comté de Provence. Cet édifice de 1146 est identifié dans un acte de 1283 comme la vieille tour. C'est ce tènement qui échut à Godefredus Lauger, évêque d'Avignon, et à ses successeurs par une charte datée de 1157 dans laquelle l'empereur Frédéric Barberousse indiquait la présence de vignes.

Époque pontificale
Châteauneuf, tout comme Bédarrides ou Gigognan, au moment de l'installation de la papauté à Avignon avait un statut spécial dans le Comtat Venaissin. Ses haute et basse justices ne relevaient pas du Recteur du Comtat mais de l'évêque d'Avignon. Ces trois paroisses étaient dites In Comitatu et non de Comitatu.
Clément V y passa le 5 avril 1314 avant de traverser le Rhône pour rejoindre Roquemaure où il devait décéder quinze jours plus tard.
Jacques d'Euze, ancien évêque d'Avignon, fut élu pape en 1316 et prit le nom de Jean XXII. Châteauneuf relevant directement de lui, à peine installé comme pape depuis un trimestre, il fit entreprendre des travaux à l'Hers. Les comptes de la Réverende Chambre Apostolique nous apprennent qu'il consacra 3 000 florins à la restauration du vieux château du XII° siècle.
Puis, dès 1317, il décida de construire un château neuf dominant le village. Il fut achevé en 1333. De par sa taille et sa position, il avait essentiellement une fonction défensive. Dans le même temps, en 1318, il avait fait ceindre la cité de remparts.
Les successeurs de Jean XXII séjournèrent peu à Châteauneuf. Sauf quand la peste menaçait Avignon et que la cour pontificale s'y installait, ce fut le cas en 1383. Seul Clément VII, de 1385 à 1387, fit entreprendre des travaux d'entretien au château délaissé par ses prédécesseurs. Il fit aussi replanter le vignoble. Ce fut le pape qui y résida le plus. Son successeur, Benoît XIII, s'y installa au cours de l'année 1396 après avoir fait faire quelques restaurations.

Après le retour des papes à Rome
Après la fin du grand schisme d'Occident et l'absence de pape à Avignon, la volonté et les ressources pour entretenir le château firent défaut. Les évêques ou archevêques d'Avignon, auquel il appartenait, s'en désintéressèrent et il fut laissé à l'abandon.
Il reprit pourtant une importance stratégique au cours des guerres de religion. En 1562, Jean-Perrin Parpaille, dont la famille était originaire de Châteauneuf, tenta de prendre le château mais il fut repoussé par les troupes du cardinal Alexandre Ier Farnèse, administrateur apostolique d'Avignon, et dut laisser ses munitions. Ce qui fit dire à l'historiographe Louis de Pérussis, dans son ouvrage Discours de guerre de la Comté de Venayscin et de la Provence (1563-1564) : « Ledit Parpaille y brûla sa barbe et y laissa quelques-uns des siens morts et honteusement se retira à Orange ».
Abandonné par ses habitants après le massacre de Mornas, les huguenots menés par Charles Dupuy de Montbrun, lieutenant du Baron des Adrets, s'emparèrent en juillet 1562 du village et du château. Ils y restèrent jusqu'en février 1563 pour piller toute la région. Abandonnée par les calvinistes après la bataille de Valréas, la cité fut reprise par le baron des Adrets qui incendia une partie du château en mars 1563. Ses troupes pillèrent le grenier à sel et brûlèrent l'église. Après leur passage, il ne resta plus que le donjon et un grand pan de mur.
La paix revenue, en 1578, ce qui restait du château fut restauré. En 1580, Grégoire XIII accorda à Jean-Baptiste d'Alphonse et à ses descendants mâles le titre de capitaine perpétuel du château. Cette nomination fut cassée par Grégoire XV, en 1623 puis rétablie en 1633, pour Pierre d'Alphonse, par Mario Philonardi, vice-légat d'Avignon. Le titre fut ensuite récupéré par Charles de Suarez, provicaire général de l'archevêché, qui prit possession du château.
Entre-temps, en 1584, Georges d'Armagnac, archevêque d'Avignon, prit une ordonnance pour cette « commune de Châteauneuf-Calcernier, dite du Pape », pour protéger les vignes. Au siècle suivant, son successeur Hyacinthe Libelli, fit réaménager et embellir le château au cours de l'année 1681 pour s'y installer.
En 1728, François-Maurice Gontier, nouvel archevêque d'Avignon, loua le bâtiment pour 400 livres par an à un noble irlandais, John, baron de Powers et l'enclos des papes lui fut arrenté. La récolte venue, le baron décida d'expédier ses vins par le port de Roquemaure. Ce qui lui valut un refus circonstancié, les consuls lui ayant signifié que « Les vins de Châteauneuf sont très inférieurs à ceux de Roquemaure à cause de leur goût de terroir ». L'explication réside dans la présence de vignes produisant du vin muscat sur ce terroir. C'était aussi le cas du marquis de Tulle, en 1731, dans son vignoble du château la Nerthe.
Après la révolution française, Avignon et le Comtat Venaissin ayant rejoint la république en 1793, les vignerons purent vendre leur production un tiers de plus que le prix maximum départemental car le « vin de Châteauneuf est reconnu d'une qualité supérieure dans toutes les saisons ». En 1798, le château et son domaine furent vendus aux enchères, à J.B. Establet, qui agissait avec l'aval de 30 de ses concitoyens. Un an après, le nouveau propriétaire le revendit en parts égales à ses commanditaires. Tout un chacun se mit alors à démonter les murs du château, soit pour vendre les pierres, soit pour s'en servir à leur propre compte.
En 1858 le rez-de-chaussée du donjon fut loué pour stocker du matériel à la condition « de laisser visiter l'appartement par tous les étrangers qui souhaitent le voir ». En 1892, la ruine fut rétrocédée à l'État et immédiatement classée monument historique.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, les Allemands s'y installèrent. Le donjon transformé servit de dépôt d'armes et de poste d'observation antiaérien (115 mètres d'altitude). Le débarquement en Provence, provoqua la retraite des forces d'occupation. La garnison du château qui y entreposaient des explosifs et des munitions, les firent sauter avant de partir le 20 août 1944, détruisant toute la partie Nord du château. Seuls une face du donjon, au Sud, et le cellier restèrent intacts. La façade Ouest, bien que déjà en ruines, a résisté à l'explosion et montre encore par ses fenêtres la disposition en trois étages du château. Un jeune résistant des Francs-Tireurs Provençaux aurait été tué près du château, en juin 1944, comme en atteste une plaque commémorative sur place.
En 1960, la municipalité décida d'installer une salle de réception dans le cellier pontifical. Cette grande salle du château a gardé ses proportions d'origine. Deux fois par an, elle sert de cadre de prestige aux conseils de l'Échansonnerie des Papes, confrérie bachique de Châteauneuf-du-Pape qui y intronise de nouveaux membres. Au cours de ces soirées, les impétrants reçoivent symboliquement une clé de la cave du pape.

Blazon Antiquité
En 77, sur ordre de Vespasien, le cadastre des territoires autour d’Orange sont restaurés. Ces cadastres romains sont les mieux conservés au monde. Trois exemplaires de cadastres ruraux, gravés dans le marbre, ont été découverts en 1949 en de très nombreux fragments. Ils avaient été affichés dans la cité afin que les particuliers restituent les terres publiques qu’ils s’étaient appropriés. Des lignes parallèles, séparées de 708 mètres, se recoupent pour former des centuries de 50 hectares. Le cadastre A concerne le territoire dont Châteaurenard marque le milieu, le cadastre B, le plus complet, couvre la partie septentrionale d’Orange et remonte jusqu'à Montélimar, il s’étend à l’est jusqu'au site des Dentelles de Montmirail ; le croisement de ces deux axes fait de Bollène le centre du relevé, le cadastre C concerne Orange et le secteur sud de la cité. Le but était de recenser les lots non distribués, propriétés de l’État romain et qui semblaient avoir été occupés indûment. Des lots fonciers avaient été attribués en priorité aux vétérans, d'autres, plus médiocres, donnés en location, d'autres encore restèrent propriété de la collectivité. Ainsi avait été facilitée la colonisation et la mise en valeur du sol, au détriment des autochtones.

Moyen Âge
Après la papauté itinérante de Clément V, Avignon devient résidence des papes à partir du règne de Jean XXII. C'est grâce à lui que le vignoble de Châteauneuf-du-Pape a pu se développer. Il a amené avec lui à Avignon des banquiers et des vignerons de Cahors dans le but de renforcer les richesses de la papauté « décentralisée ». Les vignerons de Cahors récupérèrent à Châteauneuf d’anciennes parcelles laissées par les templiers chassés par Philippe le Bel et mettront en place les grands fondements qui permettront le développement du vignoble de Châteauneuf-du-Pape. Jean XXII, fit encore davantage pour la ville : il fit construire une forteresse, résidence secondaire des papes d’Avignon. Les premières années le vignoble de Châteauneuf ne fournit que quatre puis six tonneaux par an de vin papalin. Dès 1325 la production atteignit douze tonneaux. Trois ans plus tard Jean XXII pouvait partager sa récolte avec son neveu Jacques de Via, le cardinal-évêque d’Avignon. Les spécialistes ont calculé que le vignoble pontifical devait alors couvrir huit hectares.
Ce fut sous le pontificat de Clément VI, en 1344, que le premier terroir connu de Châteauneuf-du-Pape fut répertorié. Il était dit Vieille Vigne (de nos jours Bois de la Vieille). Innocent VI apprécia fort le Châteauneuf autant blanc que rouge comme en témoignent les comptes de la Révérende Chambre Apostolique, au cours de son pontificat. Urbain V donna une nouvelle impulsion au vignoble de Châteauneuf en ordonnant qu’y fut planté du raisin muscat.
Clément VII avait une particulière affection pour ce cru au point qu’en 1390, il condamna un vigneron châteauneuvois qui n’était pas en état de lui fournir vingt-deux saumées de vin muscat à lui procurer, aux prochaines vendanges, le double en vin clairet. Durant tout son pontificat, il fut en butte à Raymond de Turenne, neveu de Grégoire XI et fils de Guillaume III Roger de Beaufort. Il le menaça même d’un siège dans sa résidence de Châteauneuf.

Époque moderne
Le vignoble fut au XVIII° siècle dynamisé essentiellement par l’aristocratie locale et par la bourgeoisie marchande. En 1748, le vin du château la Nerthe était exporté via les ports de Marseille et de Hambourg à un négociant de Brême. De 1772 à 1789, le marché s'élargit encore. L'abbé de Bayonne, auditeur de la Rote à Rome, passa commande, de même qu'un seigneur de la Cour du roi de Saxe et le duc de Crillon, qui se trouvait en Espagne, demanda qu'on lui envoya une barrique à Valence. En France, il fut expédié au maréchal de Tonnerre, au duc d'Uzès, au duc de Chevreuse, au chevalier de Sade, au commandeur de Suffen, au cardinal de Luynes et au ministre Bertin. La renommée du vignoble devint croissante jusqu’à être servi à la cour de Louis XVI.
En 1785 eut lieu une révolution avec la mise en bouteilles. Des négociants de Marseille reçurent deux paniers de quarante bouteilles à la suite d'une commande d'un de leur confrère de Gênes. Ce qui n'empêcha point le négoce traditionnel de se pérenniser puisque la même année, un transitaire du port de Sette réceptionna deux tonneaux à affréter pour Londres.
Dès l'année suivante, l'exportation dépassa les frontières de l'Europe. Ce fut, en effet, en 1786, que, de Paris, le comte de Capelle, écrivit aux propriétaires, qu'il avait rencontré un négociant de Philadelphie « qui lui avait promis de faire son possible pour mettre le vin de La Nerte à la mode en Amérique ». Ce fut chose faite puisque la même année un fût put être expédié à Boston.
Paul Martin, propriétaire à Châteauneuf, tient aussi un commerce de vins à Avignon. Juste avant la Révolution, il fait imprimer un avis pour sa clientèle : « Le sieur Paul Martin, marchand demeurant à Avignon, place Pie, Maison Amic, vend du vin vieux de sa campagne de Châteauneuf-Calcernier et dont le tènement n'est séparé de celui de La Nerte que par un chemin ; pour la facilité des personnes qui en désirent, il en a en bouteilles bien conditionné, en dame-jeannes et en tonneaux. Le désir de continuer et d'augmenter même la réputation de son vin, déjà connu sous le nom de Vin de la Solitude, est un sûr garant pour les personnes qui en désirent d'en avoir de la première qualité »23.

Époque contemporaine
À la fin du XIX° siècle, le commandant Joseph Ducos, propriétaire du Château la Nerthe, mit sa pugnacité et sa fortune au service d'un vignoble dévasté par le phylloxéra. En 1893, il fit replanter et greffer grenache, mourvèdre, counoise, vaccarèse, cinsault, syrah, les premiers des treize cépages. Ce fut sur son initiative que le nom de la commune fut changé de Châteauneuf-Calcernier en Châteauneuf-du-Pape.
Après cette crise, pour garantir la qualité des vins, les vignerons de Châteauneuf-du-Pape créent, en 1894, le premier syndicat viticole qui débouchera en 1923 sur le syndicat des propriétaires viticulteurs de Châteauneuf-du-Pape. Ce dernier est créé en vue d'obtenir la reconnaissance de l'appellation d'origine châteauneuf-du-pape, sur les bases de la loi de 1919. Le baron Pierre Le Roy de Boiseaumarié (1890-1967), propriétaire du Château Fortia, en est le premier président. Il deviendra plus tard le premier président de l'INAO.
Le 18 août 1944, 700 prisonniers du « Train fantôme » traversèrent la ville, escortés par des soldats allemands, pour rejoindre la ville de Sorgues, car la voie du chemin de fer avait été rompue à Roquemaure par des résistants. Cette marche de 17 km, permit à des gens de Châteauneuf-du-Pape de donner des denrées alimentaires aux prisonniers malgré les soldats allemands qui le leur interdisaient et permit l'évasion d'une vingtaine de prisonniers.
Le 25 octobre 1954, le maire de la commune, Lucien Jeune, prend un arrêté de police prohibant « le survol, l'atterrissage et le décollage d'aéronefs, dits “soucoupes volantes” ou “cigares volants” » sur le territoire communal. Le jeudi 28 octobre 1954, l'Aurore rapporte que Lucien Jeune, maire de Châteauneuf-du-Pape, à la suite de nombreuses observations d'OVNIs, a pris un arrêté municipal. Le lendemain, 29 octobre, l'arrêté est rapporté par Le Haut-Marnais républicain et Le Méridional. En 2016, le fils de Lucien Jeune, Élie Jeune, raconte : « Mon père a eu cette idée d'arrêté lors d'un congrès avec d'autres maires de France. À l'époque, on parlait beaucoup d'extra-terrestres et d'ovni ; c'était à la mode. Des histoires formidables circulaient. Mon père a eu l'idée de s'en servir pour faire de la publicité à Châteauneuf. C'était un coup de pub génial... et gratuit ».

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