
Mise à jour du 22/08/2024
Arpaillargues-et-Aureillac
Le village d’Arpaillargues-Aureilhac se compose de 2 villages réunis en 1813 ou 1815 par un décret napoléonien.
Arpaillargues et Aureilhac possède un patrimoine fort de ses diversités, qu’elles soient paysagères ou culturelles.
Un maillage de murets de pierre sèche délimite les anciennes parcelles de culture et les chemins sur tout le territoire.
La pierre calcaire d’Arpaillargues est dure et de belle dimension; elle était renommée en Uzège.
La construction en pierre sèche n’utilisant aucun liant, représente un savoir-faire récemment reconnu au patrimoine mondial de l’UNESCO.
C’est une technique qui allie solidité, sobriété, écologie.
Le Château : En lisière du village situé à 4 kilomètres à l’ouest d’Uzès, le Château d’Arpaillargues est une belle demeure du XVIII° siècle, devenue l’Hôtel d’Agoult. Il a appartenu à cette famille rendue célèbre par Marie de Flavigny, 1ère passion de Listz qui y habita. Les seigneurs du lieu furent, au XV° siècle les Bertha originaires du Velay, puis par alliance les Ginestoux. En 1559, les Bargeton acquirent le Château, qui entra ensuite dans la famille d’Agoult par le mariage, en 1647, de Mondette de Bargeton avec Charles D’Agoult de Piégnon. Leur petite fille Françoise reçut Arpaillargues en dot en épousant Jean de Barjac de Rochegude, protestant, qui s’exila en Suisse. Après les Guerres de Religion, Arpaillargues revint aux Agoult par sentence du tribunal de Nîmes en 1723. En 1735, Charles d’Agoult de Montmaur abandonna son château du Dauphiné pour s’installer à Arpaillargues. D’après un inventaire, c’était une habitation inconfortable pour laquelle le Marquis Henri François d’Agoult, ancien lieutenant de vaisseaux, entreprit avec faste de grandes constructions malgré de grandes difficultés financières. En 1790, naquit au château Charles d’Agoult, époux de Marie de Flavigny, qui le vendit à un ancien commerçant, Gabriel Puget. En 1907, il appartint à la famille Huguet. Il était délabré, le jardin affermé à une exploitation agricole, lorsque il fut acheté par MM..Hambury et Schootemeyer, en 1964 ; depuis 1973 racheté et transformé en hôtel par la famille Savry. Plus encore que par son histoire, le Château d’Arpaillargues est intéressant par ses références littéraires. Au grand scandale de l’époque, Choderlos de Laclos affirmait s’être inspiré de la Marquise d’Agoult de Montmaur pour dépeindre Madame de Merteuil dans « Les Liaisons Dangereuses ». Dans « Les Illusions Perdues », Balzac a emprunté les personnages de la famille de Bargeton. Enfin, de nos jours l’écrivain François Nourrissier (« Le Maître de Maison ») a habité le Château pendant quelques années.
Le Temple : Construit en 1838, le temple témoigne de l’importance de la communauté protestante.
Le village a adhéré à la religion dite réformée comme de nombreux villages au sud ouest d’Uzès et comme Uzès même à partir du XVI° siècle où toute la population a embrassé cette religion à la suite de la famille de Crussol, seigneur d’Uzès et de l’Évêque Jean de Saint Gelais.
Par contre on n’a pas trouvé trace d’un temple détruit comme à Uzès.
Dans certains villages les cultes avaient lieu dans la maison communale.
A remarquer aussi dans le temple, la liste des protestants morts pour la France. Un monument aux morts rassemble les catholiques et les protestants dans le nouveau cimetière. Il y avait 2 cimetières accolés : l’un protestant et l’autre catholique. Tout comme il y avait des épiceries et des cafés protestants et d’autres catholiques et il était mal vu de se marier hors de sa religion jusqu’au milieu du XX° siècle. Aujourd’hui on compte parmi les vieilles familles du village autant de protestants que catholiques et pour les nouveaux arrivants la question de la confession religieuse ne se pose plus.
Église Saint-Christophe : C’est une petite église romane remaniée, dédiée à St Christophe, patron des voyageurs.
La légende dit qu’il était un géant, passeur de voyageurs à travers un torrent impétueux.
Un jour, arrive un petit enfant.
S’appuyant sur son bâton, Christophe le prend sur ses épaules pour lui faire traverser le torrent et son danger mortel.
Il s’étonne de son lourd poids mais l’enfant lui répond : « En me portant, c’est le monde entier que tu as porté ».
Nous pouvons observer de belles pierres taillées en arrêtes de poisson, technique de taille du Moyen Age, et l’ajout du clocher au XX° siècle avec une pierre plus jaune et tendre. Une seule nef, des murs mis à nu comme c’était la mode au milieu du XX° siècle Les peintures au pochoir comme dans presque toutes les églises de l’Uzège ont disparu. Des habitants d’Aureilhac, Mr et Mme Eifler, amis de Dieter et Irmgard List,ont participé avec le prêtre de l’époque à la restauration et à la transformation de l’église dans les années 1970 dans un souci de sobriété et selon les directives de Vatican II. Les vitraux ont été refaits ; ils sont signés par un vitraïste, Max Pelletier, en 1979, chacun représentant un des quatre éléments.
Porche de l’ancienne mairie : En passant sous l’arceau nous entrons dans l’ancien fort.
Comme tous les villages alentours et comme Montfrin, Arpaillargues était un fort, entouré de remparts dont il reste peu d’éléments qui ont été incorporés dans le bâti, seule reste la forme circulaire.
Un peu plus loin sous un autre porche, nous pourrons observer un vestige du rempart.
Beffroi : Au-dessus du porche se trouve l’ancienne mairie-école. C’est ainsi qu’elle est signalée dans les archives avec les dates 1861-1918 pour la construction d’une école. Elle est surmontée d’une tour ou beffroi avec un campanile protégeant une cloche et une girouette, au dessous une horloge et un cartouche indiquant la date de construction 1874. Les tours-horloges sonnent l’heure civile (la cloche est frappée) à la différence des cloches d’églises sonnant l’heure liturgique (la cloche bat). Le passage a été élargie pour permettre l’accès plus facile aux charrettes vers l’église ou le four à pain.
Arpaillargues et Aureilhac possède un patrimoine fort de ses diversités, qu’elles soient paysagères ou culturelles.

Le Château : En lisière du village situé à 4 kilomètres à l’ouest d’Uzès, le Château d’Arpaillargues est une belle demeure du XVIII° siècle, devenue l’Hôtel d’Agoult. Il a appartenu à cette famille rendue célèbre par Marie de Flavigny, 1ère passion de Listz qui y habita. Les seigneurs du lieu furent, au XV° siècle les Bertha originaires du Velay, puis par alliance les Ginestoux. En 1559, les Bargeton acquirent le Château, qui entra ensuite dans la famille d’Agoult par le mariage, en 1647, de Mondette de Bargeton avec Charles D’Agoult de Piégnon. Leur petite fille Françoise reçut Arpaillargues en dot en épousant Jean de Barjac de Rochegude, protestant, qui s’exila en Suisse. Après les Guerres de Religion, Arpaillargues revint aux Agoult par sentence du tribunal de Nîmes en 1723. En 1735, Charles d’Agoult de Montmaur abandonna son château du Dauphiné pour s’installer à Arpaillargues. D’après un inventaire, c’était une habitation inconfortable pour laquelle le Marquis Henri François d’Agoult, ancien lieutenant de vaisseaux, entreprit avec faste de grandes constructions malgré de grandes difficultés financières. En 1790, naquit au château Charles d’Agoult, époux de Marie de Flavigny, qui le vendit à un ancien commerçant, Gabriel Puget. En 1907, il appartint à la famille Huguet. Il était délabré, le jardin affermé à une exploitation agricole, lorsque il fut acheté par MM..Hambury et Schootemeyer, en 1964 ; depuis 1973 racheté et transformé en hôtel par la famille Savry. Plus encore que par son histoire, le Château d’Arpaillargues est intéressant par ses références littéraires. Au grand scandale de l’époque, Choderlos de Laclos affirmait s’être inspiré de la Marquise d’Agoult de Montmaur pour dépeindre Madame de Merteuil dans « Les Liaisons Dangereuses ». Dans « Les Illusions Perdues », Balzac a emprunté les personnages de la famille de Bargeton. Enfin, de nos jours l’écrivain François Nourrissier (« Le Maître de Maison ») a habité le Château pendant quelques années.

A remarquer aussi dans le temple, la liste des protestants morts pour la France. Un monument aux morts rassemble les catholiques et les protestants dans le nouveau cimetière. Il y avait 2 cimetières accolés : l’un protestant et l’autre catholique. Tout comme il y avait des épiceries et des cafés protestants et d’autres catholiques et il était mal vu de se marier hors de sa religion jusqu’au milieu du XX° siècle. Aujourd’hui on compte parmi les vieilles familles du village autant de protestants que catholiques et pour les nouveaux arrivants la question de la confession religieuse ne se pose plus.

Nous pouvons observer de belles pierres taillées en arrêtes de poisson, technique de taille du Moyen Age, et l’ajout du clocher au XX° siècle avec une pierre plus jaune et tendre. Une seule nef, des murs mis à nu comme c’était la mode au milieu du XX° siècle Les peintures au pochoir comme dans presque toutes les églises de l’Uzège ont disparu. Des habitants d’Aureilhac, Mr et Mme Eifler, amis de Dieter et Irmgard List,ont participé avec le prêtre de l’époque à la restauration et à la transformation de l’église dans les années 1970 dans un souci de sobriété et selon les directives de Vatican II. Les vitraux ont été refaits ; ils sont signés par un vitraïste, Max Pelletier, en 1979, chacun représentant un des quatre éléments.


Beffroi : Au-dessus du porche se trouve l’ancienne mairie-école. C’est ainsi qu’elle est signalée dans les archives avec les dates 1861-1918 pour la construction d’une école. Elle est surmontée d’une tour ou beffroi avec un campanile protégeant une cloche et une girouette, au dessous une horloge et un cartouche indiquant la date de construction 1874. Les tours-horloges sonnent l’heure civile (la cloche est frappée) à la différence des cloches d’églises sonnant l’heure liturgique (la cloche bat). Le passage a été élargie pour permettre l’accès plus facile aux charrettes vers l’église ou le four à pain.

"Dans les jardins d'Arpaillargues en 1397" :
Dame Amorose, châtelaine d'Arpaillargues, épouse de Bertrand de Deaux, accompagnée de quelques dames, était allée dans son jardin cueillir des aulx et autres verdures. Son voisin, Jehan Picart, lui adressa des "paroles malgracieuses", il arracha et jeta une motte de marjolaine à terre… "Ribaut touchin !" s'écria la noble dame. "Vous êtes ma sœur", répondit-il, sans songer qu'il s'adressait à sa dame, lui son humble sujet… Dame Amorose épancha son courroux en famille. Cet outrage ne pouvait rester impuni. Dans la huitaine, en revenant du marché d'Uzès, Jehan Picart tombait mortellement atteint sous les coups de deux jeunes écuyers, le fils et le gendre de dame Amorose.
Le château d'Arpaillargues fut incendié par les touchins en 1382. Les tuchins étaient des paysans et artisans révoltés contre la gabelle, contre les riches et les nobles. L'épisode qui précède est le dernier écho de la touchinerie du bas Languedoc.
Une plaque gravée se trouvait à l’origine en linteau de porte de la maison située au fond de la cour de Monsieur Fage, devenue depuis boulangerie. Elle avait attiré l’attention de M. Rochetin qui, au XIX° siècle, l’avait dégagée et avait recherché ses origines. Il y reconnut un brevet datant du 26 avril 1654, mais ne pu établir les raisons pour lesquelles, Jacques Sadargues, notaire royal d’Arpaillargues, avait bénéficié de telles faveurs.
Le texte en est ainsi libellé :
« Par édit et lettres patentes du Roy, Jacques Sadargues est exempt de toutes charges de consul syndic clavère de tutelles curateles séquestrations guet garde logement des gens de guerre et autres mentionnés aux dites patentes. »
Ce vocabulaire peut paraître bien mystérieux aux actuels habitants. Que sont des lettres « patentes » ? Cette expression désignait autrefois les lettres du roi, en parchemins scellés du grand sceau et par lesquelles il accordait une faveur ou une grâce. Les consuls et syndics correspondaient à ce que nous nommons aujourd’hui officiers municipaux. La fonction de « clavaire » consistait à prendre en charge la levée de l’impôt, ce qui, bien entendu, n’était pas trop populaire. Quant aux « tutelles, curatelles et séquestrations », il s’agissait de responsabilités à caractère judiciaire. La contrainte du guet et de la garde n’échappe à personne. La dispense de logement de gens de guerre, qui entraînait frais et tracasseries de tous ordres, était évidemment la plus désirée. Ainsi, probablement pour services rendus au régime en place, Jacques Sadargues recevait pour l’avenir la promesse de la plus complète tranquillité. On ne se disputait pas alors les subventions, les travaux intéressant le village étaient réalisés grâce aux avances consenties sur la fortune personnelles des consuls. Et il fallait parfois bien du temps et des démarches pour ne pas y perdre une partie de son argent.
Cette plaque gravée, sa traduction et son commentaire se trouvent aujourd'hui, dans le hall d'entrée de la Mairie d'Arpaillargues.
Assemblée de Fontèze
L'épisode de l'Assemblée de Fontèze est la suite de la Guerre des Cévennes, période troublée et douloureuse.
"Dans la nuit du 1er Octobre 1703, la troupe de Cavalier se rendit à Arpaillargues, les rebelles enfoncèrent la porte du presbytère à coups de marteaux et de pics et après être entrés dans la maison, y mirent le feu, réduisant en cendres tout ce qui s'y trouvait. Le curé Antoine Pellegrin, heureusement pour lui, avait fui depuis plusieurs mois. La même troupe incendia aussi l'église […] Le 19 Novembre, les rebelles se rendirent à Arpaillargues, propriété du marquis de Rochegude et enfoncèrent les portes du château. Ils détruisirent le moulin à blé, pillèrent les maisons des rentiers, enlevèrent le blé, le vin et le grand chaudron d'un moulin à huile… Au château de Castille, autre propriété du marquis ils capturèrent de nombreux troupeaux : 32 bêtes à laine furent emportées." Mais Cavalier évoque dans ses mémoires : "Je trouvois, entre Saint-Chaptes et Garrigues l'une de ces bandes (Cadets de la Croix) forte de 300 hommes qui, à ma vue prît aussitôt la fuite. Cependant j'en surpris une vingtaine pillant un petit endroit appelé Palairgues (Arpaillargues)…"
Fontèze
"Sur la rive gauche de la rivière des Seynes, à cinq cents mètres du pont d'Arpaillargues est un quartier d'olivettes et de bois. Les lieux offraient des clairières relativement désertes, aussi furentelles choisies par les réformés pour y tenir trois de leurs assemblées clandestines, au temps où la liberté de se réunir pour prier leur était refusée. On croit que ces rassemblements, interdits depuis la révocation de l'Edit de Nantes avaient cessé avec la fin de la résistance camisarde vers 1710. Il n'en est rien. Le 22 novembre 1750, sur un mot d'ordre diffusé aussi secrètement que possible descendaient par les chemins rocailleux et les chemins creux tous les Huguenots d'Arpaillargues et d'Aubussargues, de Montaren et de St-Quentin, rejoignant ceux d'Uzès, venus par de longs détours, pour ne pas attirer l'attention des troupes du roi cantonnées à la Grande Bourgade. Mais alors que s'élevait le chant des psaumes et que le prédicant Pradel commençait à exhorter ces fidèles, une troupe de 130 soldats les encerclaient sans pouvoir cependant les empêcher de favoriser la fuite de leur pasteur et de ceux qui l'accompagnaient. Les autres furent faits prisonniers. Par le chemin de la Garriguette, monta alors vers Uzès, un long cortège de 200 captifs…
La Révolution
La révolution semble avoir épargné Arpaillargues et son château. Dans ses mémoires, Charles d'Agoult témoigne :
" La date de ma naissance fut celle des malheurs de mon pays. La Révolution qui grondait partout en France s'annonça plus terrible en Languedoc , par la violence des caractères et par les haines religieuses qui se cachaient sous les opinions politiques. Les protestants servirent la révolution; les catholiques restèrent royalistes. On apprit d'abord le pillage et l'incendie de quelques châteaux, des scènes de désordre et de meurtres eurent lieu à Nîmes et jetèrent l'inquiétude dans le pays. Arpaillargues est tout protestant, on n'y comptait que deux ou trois familles catholiques venues de Montmaur avec mon grand-père. La population y fut donc très menaçante et bruyante, mais le château fut toujours respecté et même défendu par les habitants. Le maire, M. Portal, protestant ardent, conservait pour la famille une amitié et un respect traditionnels; dans ses nouvelles fonctions, il montra du courage et de l'intelligence". Prévenu de l'arrivée d'une troupe d'habitants d'une commune voisine qui voulaient brûler l'habitation seigneuriale, il convoque la garde nationale et se porte au devant de la bande de brigands et leur déclare énergiquement "qu'il ne connaît pas de loi qui permît à la force armée d'envahir le domicile des citoyens, qu'il n'autorisait pas un pareil acte : que si la brave garde nationale de Saint-Chapte voulait fraterniser avec les habitants, on lui offrait cordialement des rafraîchissements, mais qu'avant de pénétrer dans la commune ils mettraient leurs armes en faisceaux…ils battirent en retraite et à ce moment , les enfants et ceux qui un instant auparavant avaient grand'peur se mirent à injurier la troupe, qui bien entendu, répondit par les mots "canailles" et "fils de p…" que le trop véridique maire crut devoir consigner en toutes lettres dans son procès–verbal pour la postérité."
L'Affaire d'Arpaillargues
Dans son roman : "Les Taillons ou la Terreur Blanche", paru en 1974, l'écrivain cévenol André Chamson raconte les incidents qui, le 11 avril 1815, marquèrent le passage dans les villages de Montaren et Arpaillargues d'une soixantaine de soldats en déroute, faisant partie des troupes envoyées par le roi Louis XVIII pour tenter d'arrêter Napoléon 1er après son évasion de l'île d'Elbe et son débarquement à Golfe Juan le Ier mars 1815. Les choses se passèrent à peu près bien à Montaren, grâce à l'action conciliante du Maire, Pierre Abriac.
Il n'en fut pas de même à Arpaillargues… La population, (500 personnes environ et " presque tous calvinistes", selon les dires de l'écrivain monarchiste Adolphe de Pontecoulant) trompée par des affirmations volontairement mensongères et alarmistes, craignit pour sa sécurité. Elle décida donc de s'opposer par la force à la traversée du village par les soldats royaux. Une échauffourée s'ensuivit, une fusillade éclata et deux de ces soldats furent tués… Après la défaite de Napoléon 1er à Waterloo (18 juin 1815), les Bourbons revinrent en France et Louis XVIII remonta sur le trône. La justice s'empara aussitôt de "l'affaire d'Arpaillargues". Une vingtaine de villageois (homme, femmes et même enfants) furent arrêtés et emprisonnés d'abord à Uzès, puis à Nîmes. Dans les mois qui suivirent, certains furent relâchés… Le 3 juillet 1816, onze personnes (dont deux femmes) furent traduites devant la Cour d'assises du département du Gard sous l'inculpation de guet-apens, meurtres avec préméditation, mauvais traitements et tortures sur les soldats royaux qui avaient voulu traverser Arpaillargues le 11 avril 1815. Après un procès, marqué par le réquisitoire particulièrement violent du procureur du roi, la Cour rendit, le 11 juillet 1816, le verdict suivant : 2 acquittements 1 condamnation aux travaux forcés à perpétuité 8 condamnations à la peine de mort (dont les deux femmes). Dans les semaines qui suivirent et certainement sur l'intervention de Guizot (originaire de Nîmes où vivait sa mère, et secrétaire du ministre de la justice de l'époque), trois des condamnés à mort virent leur peine commuée en travaux forcés à perpétuité.
Le 23 septembre 1816, à 11 h du matin, deux hommes et une femme furent exécutés à Nîmes sur la place des Carmes. Le 24 septembre 1816, à 8 h du matin, une femme et un homme de 70 ans furent exécutés dans le village même d'Arpaillargues, "pour l'exemple" ainsi que le stipulait le verdict de la Cour d'Assises. Les 4 condamnés aux travaux forcés à perpétuité furent conduits au bagne de Toulon. L'un y mourut rapidement, les trois autres (toujours sur l'intervention présumée de Guizot) furent libérés dès le 1er septembre 1818. Un de ces trois hommes, Mathieu Surian, rentra à Arpaillargues le 4 septembre 1818. Il savait écrire et rédigea aussitôt le récit très complet des événements qu'il avait vécus entre le 11 avril 1815 et le 1er septembre 1818. Le 28 février 1834, sous le règne de Louis-Philippe 1er , le ministre de l'Intérieur et des Cultes attribua à Mathieu Surian (et sans doute aussi aux deux autres libérés du bagne) une pension de 45 francs-or par trimestre au titre de "personne condamnée pour causes politiques sous la Restauration". L'attribution de cette pension et surtout , sa motivation, placent "l'affaire d'Arpaillargues" dans un contexte résolument politique, et n'en font qu'un épisode de la période connue sous le nom de "Terreur Blanche", particulièrement sanglante dans le midi de la France, marquée par les exactions de Trestallions à Nîmes et de Quatretaillons à Uzès. Le verdict impitoyable et d'une sévérité excessive, ne fut qu'une manifestation de l'esprit de rancune et du désir de vengeance de certains groupes monarchistes envers les bonapartistes et les républicains qui les avaient chassés du pouvoir en 1789 et qui dirigeaient la France depuis plus de 25 ans