Mise à jour du 22/08/2024
Aigues-Mortes
A 8 Km du Grau-du-Roi se dressent les remparts fortifiés d'Aigues-Mortes, construite au XIII° siècle sous le règne de Saint-Louis, désireux de donner au royaume de France un Port sur la Méditerranée.
Aigues Mortes est une ville née du sel.
Elle est renommée pour ses remparts et ses arènes, appelées le Plan des Théâtres et destinées aux courses camarguaises. Les Salins d'Aigues-Mortes qui exploitent le marais de Peccais, emblématique de la production du sel camarguais, se trouve également sur le territoire de la commune. Ses habitants s'appellent les Aigues-Mortais et Aigues-Mortaises et aigamortencs en occitan.
Ville Médiéval au bord de la CAMARGUE. Aigues-Mortes doit son nom, (les eaux mortes), aux marais qui entourent depuis bien longtemps cette petite agglomération située à l'ouest du petit Rhône. L’intérieur de la cité fortifiée se visite à pied, en prenant le temps de flâner le long de ses remparts et d’admirer les dix portes et les cinq tours qui sont sertis dedans. Modèle d’architecture militaire médiévale, la cité a été bâtie au XIII° siècle sous le règne de Saint Louis.
Remparts d'Aigues-Mortes : Les remparts sont une enceinte de maçonnerie protégeant le centre-ville. Construits entre 1272 et 1300 près de la tour de Constance, les remparts se déploient sur une longueur de 1 600 mètres. Ils sont particulièrement notables par leur hauteur et l'état de leur conservation. Ils constituent, avec la tour de Constance, un témoignage exceptionnel en Europe occidentale de l'architecture militaire en milieu marécageux aux XIII° et XIV° siècles.
Port reculé à l'intérieur des terres, son histoire est liée au règne de Louis IX. En 1240, le Roi obtient des moines de l'Abbaye de Psalmody la ville et les terres côtières alentour. Il s'intéresse alors à la position géographique de cette bourgade qu'est Aigues-Mortes au XIII° siècle et bénéficie en même temps des revenus non négligeables de l'impôt sur la production du sel. Il entreprend l'édification de la ville et d'importants aménagements du port en vue de s'embarquer pour la croisade. Celui-ci décide d'en faire la base de ses expéditions maritimes en terre sainte : la croisade d'Égypte, en 1248 et celle de Tunis, en 1270. Afin de protéger ce territoire isolé du royaume, Saint Louis fait entamer dès 1421 la construction des remparts qui débute par l'édification de la Tour de Constance. Terrassé par la peste à Tunis le 25 août 1270, le Roi meurt et c'est sous le règne de son petit fils, Philippe le Bel que sont terminé
Tour de Constance : La Tour de Constance est érigée à partir de 1242 à Aigues-Mortes, par Saint Louis, sur l'ancien emplacement de la Tour Matafère, construite par Charlemagne vers 790, pour abriter la garnison du roi. Cette construction entre dans le cadre de la transformation d'Aigues-Mortes en un point stratégique avec un port ouvrant sur la Méditerranée. En effet, à cette époque, Marseille appartient à Charles Ier de Sicile, roi de Naples, Agde au Comte de Toulouse et Montpellier au roi d'Aragon. Les travaux se terminent en 1254. Par deux fois.
Au début du XIV° siècle, Philippe le Bel utilisa le site fortifié pour y incarcérer les Templiers. Entre le 8 et le 11 novembre 1307, quarante-cinq d'entre eux furent mis à la question, reconnus coupables et retenus prisonniers dans la Tour de Constance. Après la révocation de l'Édit de Nantes, le protestantisme fut interdit dans le Languedoc comme dans le reste de la France, et la tour de Constance servit de prison pour les femmes « hérétiques ». La plus connue d'entre elles, Marie Durand, sœur d'un pasteur clandestin, y fut détenue à l'âge de 19 ans et ne sera libérée que 38 ans plus tard grâce aux efforts de M. de Canetta, lieutenant du roi à Aigues-Mortes, et du prince de Beauvau, gouverneur du Languedoc.
La tour a un diamètre de 22 m la hauteur, au sommet de la lanterne, est de 33 m. L'épaisseur des murs, à la base, est de 6 m et elle est ceinte par une douve.
Au rez-de-chaussée, on trouve la salle des gardes, avec son accès protégé par une herse. Au centre de la pièce, une ouverture circulaire permet d'accéder aux sous-sols qui servaient de garde-manger, de réserve à munitions et aussi de cachots. Ce lieu s'appelle les « culs-de-basse-fosse ».
Au premier étage, on accède à la salle des chevaliers. Elle ressemble, par sa structure, à la salle des gardes. C'est dans cette salle que furent emprisonnées au XVIII° siècle des protestantes dont la plus connue est Marie Durand. On lui attribue la gravure sur la margelle du puits le mot REGISTER (résister). Ce mot est toujours visible de nos jours.
Entre ces deux salles, un étroit chemin de ronde est construit dans l'épaisseur du mur pour surveiller la salle basse.
Après la salle des chevaliers, on accède à la terrasse qui offre un large panorama sur la région, représentant ainsi un poste de surveillance idéal. Les prisonnières y sont quelquefois autorisées à venir respirer l'air pur.
Sur la terrasse se dresse la tourelle, ancien phare qui guidait et surveillait les bateaux.
La tour est reliée au logis, lui-même fortifié, par un pont à trois arches.
Place Saint Louis : Elle est le cœur touristique de la cité. Au centre, face à l'entrée principale de la Porte de la Gardette, est érigée la statue de saint Louis, œuvre de James Pradier en 1849.
C'est surtout la place des restaurants qui ont tous des terrasses sur la place. C'est un endroit très agréable pour venir déjeuner ou dîner à l'ombre des arbres. Le soir quand l'ambiance prend on entend pousser la chansonnette à droite et à gauche sur les terrasses !
L’église Notre-Dame-des-Sablons : L'église Notre-Dame-des-Sablons est de type gothique et le dernier témoignage de l'embarquement de saint Louis pour les croisades. La date exacte de sa construction n'est pas connue, et a vraisemblablement été construite avant les remparts, vers le milieu du XIII° siècle. Collégiale en 1537, elle fut saccagée par les protestants en 1575. La chute de son clocher en 1634 provoque de nombreux dégâts, qui la rendent inutilisable durant près d'un siècle. La paroisse est transférée, un temps, dans la chapelle des Pénitents blancs. Les travaux principaux se déroulent de 1738 à 1744, tant sur l'orientation de l'édifice que sur la tour de l'horloge. Pendant la Révolution française, le bâtiment servit d'église décadaire, puis de caserne et dépôt de sel. Elle ne redevient église catholique qu'en 1804 et fut restaurée dans un style "néo classique-baroque" assez chargé. Le très sobre clocher à peigne abrite 3 cloches. La plus importante, 1,07 m de diamètre, date de 1740, classée objet monument historique, elle fut réalisée par le maître fondeur Jean Poutingon.
De 1964 à 1967 tout le décor XIX° disparaît, notamment les plafonds à caissons, pour laisser place à l'église beaucoup plus sobre et dans l'esprit médiéval que nous voyons aujourd'hui. Le reste du mobilier XVIII° et XIX° siècles a disparu à cette occasion à l'exception de quelques statues.
Depuis 1991, des vitraux créés par Claude Viallat, artiste contemporain appartenant au mouvement artistique Supports/Surfaces, donnent à l'édifice une lumière et une couleur extraordinaires.
Le 25 août 1992, jour de la Saint-Louis, le prince Louis de Bourbon y prononce son premier discours en tant qu'héritier du trône de France. Il est alors fait citoyen d'honneur de la ville d'Aigues-Mortes par le maire, René Jeannot.
Le 25 avril 2014, la ville d'Aigues-Mortes organise les cérémonies commémoratives à l'occasion du 800eme anniversaire de la naissance de Saint Louis. Une messe est alors célébrée par Mgr Robert Wattebled. Le prince Louis de Bourbon, duc d'Anjou, ainsi que son épouse, Marie-Marguerite, participent aux commémorations.
Chapelle des Capucins : La Chapelle des Capucins est située sur la place centrale de la cité, la place Saint-Louis. Cette chapelle, construite au XVII° siècle entre 1634 et 1677 par les Capucins. La suppression des ordres religieux les dispersa et la chapelle fut vendue et servit d'entrepot à partir de 1791. Puis elle servit longtemps de halles aux poissons et de marché couvert. Aujourd'hui c'est un lieu d'exposition culturelle.
Vaisseau unique de plan rectangulaire. Façade antérieure à pignon carré, ouverte d’une grande arcade ionique surmontée d’un oculus. Le mur-pignon postérieur est percé de trois baies en plein-cintre, chanfreinées (dont une arcade au centre) donnant dans un petit corps au rez-de-chaussée (moderne). Au dessus de ce corps, sur le mur-pignon et sur le mur de la maison voisine situé vis-à-vis, apparaissent les arrachements d’une voûte en berceau dont l’axe aurait été perpendiculaire à celui de l’église. Cette voûte devait faire parties des bâtiments conventuels, dont les dispositions en plan, semblent avoir été à peu près respectée par les maisons actuelles de l’îlot.
Chapelle de la confrérie des Pénitents-Gris : C'est l'une des plus anciennes chapelles de Camargue et est située dans la vieille ville d'Aigues-Mortes, au débouché de la rue Rouget-de-l'Isle, sur la place Paul Bert. Elle abrite la confrérie des Pénitents-Gris qui œuvre au secours des malades et des miséreux.
La chapelle actuelle est élevée à partir de 1605 à la place d'une ancienne chapelle du début du XV° siècle. Consacrée en 1611 elle est rehaussée en 1676 puis agrandie au cours de années 1699-1700. Jusqu'en 1657, la chapelle était le lieu de sépulture des membres de la confrérie. Du mobilier détruit en 1793 ne subsistent que le maître-autel et son retable. Le clocher a été reconstruit en 1802.
Le mobilier comprend : Un retable datant de 1687 est l’œuvre de Sabatier, il représente la Passion du Christ et les armoiries de la confrérie, en stuc et plâtre gris. Une chaire (reproduction), de couleur bleu ciel, dont l'originale datant du début du XVII° siècle fut détruite à la révolution française. Autel en marbre blanc (XVIII° siècle), du marbrier Pierre Antoine Rozier. Les deux reliquaires placés en 1815 sur le maître-autel remplacent les reliquaires de sainte Constance et de saint Placide brûlés à la révolution. Il s'agit d'un buste-reliquaire de saint Innocent5, pape et martyr, à droite, et d'un buste-reliquaire de saint Modeste5 à gauche, tous deux en bois (re)peint. Table et crédence, en bois (peint et doré) et marbre, du XVIII° siècle.
Chapelle des Pénitents Blancs : La chapelle des Pénitents Blancs est située dans la vieille ville d'Aigues-Mortes, à l'angle des rues de la République et Louis-Blanc.
Sa construction date de 1668, à la demande de la confrérie des Pénitents Blancs d'Aigues-Mortes qui l'ont financée sur leurs propres deniers. Cette confrérie a été fondée en 1625 à partir de la confrérie des Pénitents Gris. Dès sa création, elle est placée sous le vocable de la Vierge et du Saint Esprit, qui a pour symbole la colombe. Elle fit, un temps office de paroisse, durant les travaux de rénovation de l'église Notre-Dame-des-Sablons, à la suite de l'effondrement du clocher.
Elle contient une copie du retable de Jérusalem, ainsi qu'une statue représentant saint Félix (saint des captifs) et Saint Jacques le Mineur, qui fut le premier évêque de Jérusalem.
À la Révolution, cette chapelle était le siège du club des "sans Culottes", qui avait dispersé ses objets. Elle a dû être rachetée à l’État en 1796 où elle sert d'église paroissiale jusqu'à ce que les Pénitents Blancs en reprennent possession et procédèrent alors à un certain nombre de travaux comme la construction du chœur, semi-circulaire, et en 1818 l'agrandissement de la Chapelle.
Elle a été réalisée en calcaire et pierre de taille et comprend notamment un escalier tournant à retours avec jour et un escalier à vis sans jour. Le chœur est relié à la chapelle par un arc en forme de serlienne. Un bas-relief, sur la façade, montre des pénitents encagoulés et agenouillés. Un oiseau est également représenté, commémorant l'Esprit-Saint. La lumière divine est également présente. Les cagoules ont la particularité d'être représentées sous la forme de têtes de lièvre qui évoqueraient à la fois une chanson des Pénitents Blancs et la volonté d'utiliser la lumière qui serait présente dans la nuit. L'extérieur de la chapelle a été restauré à l'automne 2015.
Le temple : Situé au 126 Route de Nîmes, construit au XIX° siècle.
Gare SNCF : La ligne de Saint-Césaire au Grau-du-Roi est construite par la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (PLM), afin de desservir les salines autour d'Aigues-Mortes. La première section à être mise en service, est celle de Nîmes à Saint-Césaire en 1845 (ligne de Tarascon à Sète-Ville). Le 5 juin 1861, une loi définit les conditions de concession d'une ligne de chemin de fer de Lunel à Aigues-Mortes. La section de Saint-Césaire à Aigues-Mortes est mise en service en 1873. En 1973 ouverture de la gare d'Aigues Mortes qui est alors le terminus de la ligne. En 1909 Prolongement de la ligne jusqu'au Grau du Roi avec la construction d'un pont tournant en sortie d la gare afin de franchir le chenal.
Le Plan des Théâtres : Le Plan des Théâtres sont des arènes, construites à la fin du XIX° siècle, destinées aux courses camarguaises. Elles peuvent accueillir plus de six cents personnes.
Au terme d'un fructueux débat sur la critériologie et sur l'adéquation de la loi de 1913 à ce type de patrimoine, 5 arènes - Aramon (Gard), Lansargues (Hérault), Le Cailar (Gard), Marsillargues (Hérault), St-Laurent-d'Aigouze (Gard) - et deux « plans de théâtres » - Aigues-Mortes (Gard), Aubais (Gard) - ont été retenus pour une inscription sur l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques. Plus que les gradins, appelés à évoluer sans cesse, ce sont les lieux eux-mêmes - terrain d'assiette et bâti qui le structure - qui ont été proposés à la protection : en somme plus « d'immatériel que de matériel » comme le notait le Préfet de Région en fin de séance en soulignant le caractère novateur de cette initiative. »
TOUR CARBONIERE : (sortie direction ARLES puis GALICIEN ancienne route dans la Camargue). Construit par Philippe III le Hardi entre 1272 et 1284 sur la route qui mène à l'intérieur des terres. Les pierres employées, taillées en bossage, provenaient de la même carrière que celles utilisées pour la construction des remparts d'Aigues Mortes.
De forme carrée, enjambant la route, avant-garde et gardienne de la place forte, la Tour Carbonnière s’élève majestueuse et solitaire au milieu des marais. Les moines de Psalmodi devinrent les premiers gardiens de la tour à cause du voisinage. Ils veillèrent à son entretien et à sa conservation. Ils retirèrent un droit de péage. Ce droit devait fournir de gros revenus quand on pense que la tour, construite au bout d’une longue chaussée reposant sur une série de ponts, était le seul passage pour se rendre à Aigues-Mortes par voie de terre. Impossible aux voyageurs de l’éviter, la route carrossable passant au milieu du monument par une grande porte ouverte à tous les vents.
Étaient exempts au droit de péage, les habitants de la cité et leur famille, les officiers du roi, les personnes nobles, les ecclésiastiques et les médecins. En 1409, sur la demande des consuls, le roi établit, sans aucune exception, un droit de péage dont le revenu devait être affecté à l’entretien de la route et des chaussées. Par la suite les gouverneurs, qui prenaient le titre de capitaine de la « Tour Carbonnière », pour augmenter leurs gages s’arrogèrent plusieurs fois le droit de péage en s’appropriant aussi les revenus du péage. Les moines de Psalmodi protestèrent et eurent gain de cause. Les juges confirmèrent l’abbaye dans la jouissance exclusive du droit de pêche le 14 décembre 1450.
Plus tard, en 1585, le commandant Bon, capitaine de la tour, s’empara de tous les revenus de la Carbonnière. Dans ces temps de troubles, les gouverneurs, se moquant de toute récrimination et comptant sur l’impunité, faisaient de larges profits. Toutefois les consuls de la ville portèrent plainte. Le Sieur de Leques prêta l’oreille à leurs justes réclamations et fixa un nouveau droit de péage.
Pendant les luttes religieuses, on y laissa des soldats pour la garder, mais la garnison ne fut jamais nombreuse. Ce petit nombre devenait insuffisant pour soutenir un siège. Ceci explique que la tour ait été prise et reprise tour à tour par les combattants suivant leur nombre.
Elle fut canonnée par le capitaine Grille et le chevalier Daïsse après leur fameuse victoire de Saint Gilles. Les religionnaires, maîtres de la Tour, s’en servirent comme repaire d’où ils sortaient pour rançonner les villages voisins.
La Carbonnière attaquée de nouveau à coups de canon, le 18 mars 1642, fut défendue vaillamment par Mathieu d’Enguerran, qui fut tué au commencement de l’action.
Après l’ère des guerres civiles, une petite garnison occupa la Tour pendant de longues années et la ville fournissait « le bois, l’huile, les chandelles… ». Peu à peu elle fut abandonnée. Il y a encore quarante ans, la route départementale passait encore au milieu de cette tour solitaire. Le passage devint trop étroit pour les charrettes et les voitures. Il fut alors question de la démolir (vers 1870). L’ancien passage fut supprimé et la route contourna la Tour par deux bras, à droite et à gauche. La tour fut restaurée en 1859 et devint propriété de l’état. Elle fut cédée à la ville, puis au génie, ensuite à la ville, au ministère des Beaux arts et enfin à la ville de Saint Laurent d’Aigouze.
Aujourd'hui on peut monter au sommet et admirer le paysage de la Camargue.
salin du midi : Unique en Europe, entre Sel et Mer, au cœur d'une nature sauvage et préservée.
À quelques encablures du Grau du Roi Port Camargue se lovent les vastes étendues du territoire des Salins du midi, à Aigues Mortes, dont l’existence remonte au Moyen Âge. D’une superficie équivalente aux vingt arrondissements de Paris, les salins occupent un important espace entre la mer et les remparts d’Aigues Mortes. Faits de multiples tables salantes, qui prennent une couleur rosé lorsque la saturation en chlorure de sodium est à son comble, les salins constituent un lieu d’accueil prisé par la faune et la flore de Camargue, notamment les colonies de flamants roses. Alimentées d’eau de la mer méditerranée, elles sont le lieu de production de sel alimentaire et industriel et de la célèbre Fleur de Sel de Camargue récoltée manuellement. La récolte débute au mois d’août pour se terminer début octobre. La production est stockée sous forme de grands tas appelés camelles qui sont visibles de fort loin.
La visite peut se faire par un petit train, à vélo ou à pied. Attention en période de récolte pas d'accès possible pour les balades à pied non accompagnées.
Le sel : Monnaie d'échange, est déjà incontournable. Les soldats Romains reçoivent alors une partie de leur solde en sel, le "salarium", dont on retrouve toujours la racine dans le mot salaire. La main mise seigneuriale sur le commerce du sel disparaît au XIV° siècle, avec l'instauration d'un nouvel impôt, la gabelle, par le roi de France Philippe le Bel. Emprunté à l'arabe "qabala" (la taxe), le mot gabelle commence d'abord par désigner, en Italie puis en France les impôts perçus dans toutes sortes de marchandises (draps, épices...) avant d'être réservé au sel. Celle ci sera supprimer en 1790 sous la pression du peuple.
La récolte du sel se fait aujourd'hui selon les mêmes méthodes que sous l'Empire Romain.
Elle est renommée pour ses remparts et ses arènes, appelées le Plan des Théâtres et destinées aux courses camarguaises. Les Salins d'Aigues-Mortes qui exploitent le marais de Peccais, emblématique de la production du sel camarguais, se trouve également sur le territoire de la commune. Ses habitants s'appellent les Aigues-Mortais et Aigues-Mortaises et aigamortencs en occitan.
Ville Médiéval au bord de la CAMARGUE. Aigues-Mortes doit son nom, (les eaux mortes), aux marais qui entourent depuis bien longtemps cette petite agglomération située à l'ouest du petit Rhône. L’intérieur de la cité fortifiée se visite à pied, en prenant le temps de flâner le long de ses remparts et d’admirer les dix portes et les cinq tours qui sont sertis dedans. Modèle d’architecture militaire médiévale, la cité a été bâtie au XIII° siècle sous le règne de Saint Louis.
Remparts d'Aigues-Mortes : Les remparts sont une enceinte de maçonnerie protégeant le centre-ville. Construits entre 1272 et 1300 près de la tour de Constance, les remparts se déploient sur une longueur de 1 600 mètres. Ils sont particulièrement notables par leur hauteur et l'état de leur conservation. Ils constituent, avec la tour de Constance, un témoignage exceptionnel en Europe occidentale de l'architecture militaire en milieu marécageux aux XIII° et XIV° siècles.
Port reculé à l'intérieur des terres, son histoire est liée au règne de Louis IX. En 1240, le Roi obtient des moines de l'Abbaye de Psalmody la ville et les terres côtières alentour. Il s'intéresse alors à la position géographique de cette bourgade qu'est Aigues-Mortes au XIII° siècle et bénéficie en même temps des revenus non négligeables de l'impôt sur la production du sel. Il entreprend l'édification de la ville et d'importants aménagements du port en vue de s'embarquer pour la croisade. Celui-ci décide d'en faire la base de ses expéditions maritimes en terre sainte : la croisade d'Égypte, en 1248 et celle de Tunis, en 1270. Afin de protéger ce territoire isolé du royaume, Saint Louis fait entamer dès 1421 la construction des remparts qui débute par l'édification de la Tour de Constance. Terrassé par la peste à Tunis le 25 août 1270, le Roi meurt et c'est sous le règne de son petit fils, Philippe le Bel que sont terminé
Tour de Constance : La Tour de Constance est érigée à partir de 1242 à Aigues-Mortes, par Saint Louis, sur l'ancien emplacement de la Tour Matafère, construite par Charlemagne vers 790, pour abriter la garnison du roi. Cette construction entre dans le cadre de la transformation d'Aigues-Mortes en un point stratégique avec un port ouvrant sur la Méditerranée. En effet, à cette époque, Marseille appartient à Charles Ier de Sicile, roi de Naples, Agde au Comte de Toulouse et Montpellier au roi d'Aragon. Les travaux se terminent en 1254. Par deux fois.
Au début du XIV° siècle, Philippe le Bel utilisa le site fortifié pour y incarcérer les Templiers. Entre le 8 et le 11 novembre 1307, quarante-cinq d'entre eux furent mis à la question, reconnus coupables et retenus prisonniers dans la Tour de Constance. Après la révocation de l'Édit de Nantes, le protestantisme fut interdit dans le Languedoc comme dans le reste de la France, et la tour de Constance servit de prison pour les femmes « hérétiques ». La plus connue d'entre elles, Marie Durand, sœur d'un pasteur clandestin, y fut détenue à l'âge de 19 ans et ne sera libérée que 38 ans plus tard grâce aux efforts de M. de Canetta, lieutenant du roi à Aigues-Mortes, et du prince de Beauvau, gouverneur du Languedoc.
La tour a un diamètre de 22 m la hauteur, au sommet de la lanterne, est de 33 m. L'épaisseur des murs, à la base, est de 6 m et elle est ceinte par une douve.
Au rez-de-chaussée, on trouve la salle des gardes, avec son accès protégé par une herse. Au centre de la pièce, une ouverture circulaire permet d'accéder aux sous-sols qui servaient de garde-manger, de réserve à munitions et aussi de cachots. Ce lieu s'appelle les « culs-de-basse-fosse ».
Au premier étage, on accède à la salle des chevaliers. Elle ressemble, par sa structure, à la salle des gardes. C'est dans cette salle que furent emprisonnées au XVIII° siècle des protestantes dont la plus connue est Marie Durand. On lui attribue la gravure sur la margelle du puits le mot REGISTER (résister). Ce mot est toujours visible de nos jours.
Entre ces deux salles, un étroit chemin de ronde est construit dans l'épaisseur du mur pour surveiller la salle basse.
Après la salle des chevaliers, on accède à la terrasse qui offre un large panorama sur la région, représentant ainsi un poste de surveillance idéal. Les prisonnières y sont quelquefois autorisées à venir respirer l'air pur.
Sur la terrasse se dresse la tourelle, ancien phare qui guidait et surveillait les bateaux.
La tour est reliée au logis, lui-même fortifié, par un pont à trois arches.
Place Saint Louis : Elle est le cœur touristique de la cité. Au centre, face à l'entrée principale de la Porte de la Gardette, est érigée la statue de saint Louis, œuvre de James Pradier en 1849.
C'est surtout la place des restaurants qui ont tous des terrasses sur la place. C'est un endroit très agréable pour venir déjeuner ou dîner à l'ombre des arbres. Le soir quand l'ambiance prend on entend pousser la chansonnette à droite et à gauche sur les terrasses !
L’église Notre-Dame-des-Sablons : L'église Notre-Dame-des-Sablons est de type gothique et le dernier témoignage de l'embarquement de saint Louis pour les croisades. La date exacte de sa construction n'est pas connue, et a vraisemblablement été construite avant les remparts, vers le milieu du XIII° siècle. Collégiale en 1537, elle fut saccagée par les protestants en 1575. La chute de son clocher en 1634 provoque de nombreux dégâts, qui la rendent inutilisable durant près d'un siècle. La paroisse est transférée, un temps, dans la chapelle des Pénitents blancs. Les travaux principaux se déroulent de 1738 à 1744, tant sur l'orientation de l'édifice que sur la tour de l'horloge. Pendant la Révolution française, le bâtiment servit d'église décadaire, puis de caserne et dépôt de sel. Elle ne redevient église catholique qu'en 1804 et fut restaurée dans un style "néo classique-baroque" assez chargé. Le très sobre clocher à peigne abrite 3 cloches. La plus importante, 1,07 m de diamètre, date de 1740, classée objet monument historique, elle fut réalisée par le maître fondeur Jean Poutingon.
De 1964 à 1967 tout le décor XIX° disparaît, notamment les plafonds à caissons, pour laisser place à l'église beaucoup plus sobre et dans l'esprit médiéval que nous voyons aujourd'hui. Le reste du mobilier XVIII° et XIX° siècles a disparu à cette occasion à l'exception de quelques statues.
Depuis 1991, des vitraux créés par Claude Viallat, artiste contemporain appartenant au mouvement artistique Supports/Surfaces, donnent à l'édifice une lumière et une couleur extraordinaires.
Le 25 août 1992, jour de la Saint-Louis, le prince Louis de Bourbon y prononce son premier discours en tant qu'héritier du trône de France. Il est alors fait citoyen d'honneur de la ville d'Aigues-Mortes par le maire, René Jeannot.
Le 25 avril 2014, la ville d'Aigues-Mortes organise les cérémonies commémoratives à l'occasion du 800eme anniversaire de la naissance de Saint Louis. Une messe est alors célébrée par Mgr Robert Wattebled. Le prince Louis de Bourbon, duc d'Anjou, ainsi que son épouse, Marie-Marguerite, participent aux commémorations.
Chapelle des Capucins : La Chapelle des Capucins est située sur la place centrale de la cité, la place Saint-Louis. Cette chapelle, construite au XVII° siècle entre 1634 et 1677 par les Capucins. La suppression des ordres religieux les dispersa et la chapelle fut vendue et servit d'entrepot à partir de 1791. Puis elle servit longtemps de halles aux poissons et de marché couvert. Aujourd'hui c'est un lieu d'exposition culturelle.
Vaisseau unique de plan rectangulaire. Façade antérieure à pignon carré, ouverte d’une grande arcade ionique surmontée d’un oculus. Le mur-pignon postérieur est percé de trois baies en plein-cintre, chanfreinées (dont une arcade au centre) donnant dans un petit corps au rez-de-chaussée (moderne). Au dessus de ce corps, sur le mur-pignon et sur le mur de la maison voisine situé vis-à-vis, apparaissent les arrachements d’une voûte en berceau dont l’axe aurait été perpendiculaire à celui de l’église. Cette voûte devait faire parties des bâtiments conventuels, dont les dispositions en plan, semblent avoir été à peu près respectée par les maisons actuelles de l’îlot.
Chapelle de la confrérie des Pénitents-Gris : C'est l'une des plus anciennes chapelles de Camargue et est située dans la vieille ville d'Aigues-Mortes, au débouché de la rue Rouget-de-l'Isle, sur la place Paul Bert. Elle abrite la confrérie des Pénitents-Gris qui œuvre au secours des malades et des miséreux.
La chapelle actuelle est élevée à partir de 1605 à la place d'une ancienne chapelle du début du XV° siècle. Consacrée en 1611 elle est rehaussée en 1676 puis agrandie au cours de années 1699-1700. Jusqu'en 1657, la chapelle était le lieu de sépulture des membres de la confrérie. Du mobilier détruit en 1793 ne subsistent que le maître-autel et son retable. Le clocher a été reconstruit en 1802.
Le mobilier comprend : Un retable datant de 1687 est l’œuvre de Sabatier, il représente la Passion du Christ et les armoiries de la confrérie, en stuc et plâtre gris. Une chaire (reproduction), de couleur bleu ciel, dont l'originale datant du début du XVII° siècle fut détruite à la révolution française. Autel en marbre blanc (XVIII° siècle), du marbrier Pierre Antoine Rozier. Les deux reliquaires placés en 1815 sur le maître-autel remplacent les reliquaires de sainte Constance et de saint Placide brûlés à la révolution. Il s'agit d'un buste-reliquaire de saint Innocent5, pape et martyr, à droite, et d'un buste-reliquaire de saint Modeste5 à gauche, tous deux en bois (re)peint. Table et crédence, en bois (peint et doré) et marbre, du XVIII° siècle.
Chapelle des Pénitents Blancs : La chapelle des Pénitents Blancs est située dans la vieille ville d'Aigues-Mortes, à l'angle des rues de la République et Louis-Blanc.
Sa construction date de 1668, à la demande de la confrérie des Pénitents Blancs d'Aigues-Mortes qui l'ont financée sur leurs propres deniers. Cette confrérie a été fondée en 1625 à partir de la confrérie des Pénitents Gris. Dès sa création, elle est placée sous le vocable de la Vierge et du Saint Esprit, qui a pour symbole la colombe. Elle fit, un temps office de paroisse, durant les travaux de rénovation de l'église Notre-Dame-des-Sablons, à la suite de l'effondrement du clocher.
Elle contient une copie du retable de Jérusalem, ainsi qu'une statue représentant saint Félix (saint des captifs) et Saint Jacques le Mineur, qui fut le premier évêque de Jérusalem.
À la Révolution, cette chapelle était le siège du club des "sans Culottes", qui avait dispersé ses objets. Elle a dû être rachetée à l’État en 1796 où elle sert d'église paroissiale jusqu'à ce que les Pénitents Blancs en reprennent possession et procédèrent alors à un certain nombre de travaux comme la construction du chœur, semi-circulaire, et en 1818 l'agrandissement de la Chapelle.
Elle a été réalisée en calcaire et pierre de taille et comprend notamment un escalier tournant à retours avec jour et un escalier à vis sans jour. Le chœur est relié à la chapelle par un arc en forme de serlienne. Un bas-relief, sur la façade, montre des pénitents encagoulés et agenouillés. Un oiseau est également représenté, commémorant l'Esprit-Saint. La lumière divine est également présente. Les cagoules ont la particularité d'être représentées sous la forme de têtes de lièvre qui évoqueraient à la fois une chanson des Pénitents Blancs et la volonté d'utiliser la lumière qui serait présente dans la nuit. L'extérieur de la chapelle a été restauré à l'automne 2015.
Le temple : Situé au 126 Route de Nîmes, construit au XIX° siècle.
Gare SNCF : La ligne de Saint-Césaire au Grau-du-Roi est construite par la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (PLM), afin de desservir les salines autour d'Aigues-Mortes. La première section à être mise en service, est celle de Nîmes à Saint-Césaire en 1845 (ligne de Tarascon à Sète-Ville). Le 5 juin 1861, une loi définit les conditions de concession d'une ligne de chemin de fer de Lunel à Aigues-Mortes. La section de Saint-Césaire à Aigues-Mortes est mise en service en 1873. En 1973 ouverture de la gare d'Aigues Mortes qui est alors le terminus de la ligne. En 1909 Prolongement de la ligne jusqu'au Grau du Roi avec la construction d'un pont tournant en sortie d la gare afin de franchir le chenal.
Le Plan des Théâtres : Le Plan des Théâtres sont des arènes, construites à la fin du XIX° siècle, destinées aux courses camarguaises. Elles peuvent accueillir plus de six cents personnes.
Au terme d'un fructueux débat sur la critériologie et sur l'adéquation de la loi de 1913 à ce type de patrimoine, 5 arènes - Aramon (Gard), Lansargues (Hérault), Le Cailar (Gard), Marsillargues (Hérault), St-Laurent-d'Aigouze (Gard) - et deux « plans de théâtres » - Aigues-Mortes (Gard), Aubais (Gard) - ont été retenus pour une inscription sur l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques. Plus que les gradins, appelés à évoluer sans cesse, ce sont les lieux eux-mêmes - terrain d'assiette et bâti qui le structure - qui ont été proposés à la protection : en somme plus « d'immatériel que de matériel » comme le notait le Préfet de Région en fin de séance en soulignant le caractère novateur de cette initiative. »
TOUR CARBONIERE : (sortie direction ARLES puis GALICIEN ancienne route dans la Camargue). Construit par Philippe III le Hardi entre 1272 et 1284 sur la route qui mène à l'intérieur des terres. Les pierres employées, taillées en bossage, provenaient de la même carrière que celles utilisées pour la construction des remparts d'Aigues Mortes.
De forme carrée, enjambant la route, avant-garde et gardienne de la place forte, la Tour Carbonnière s’élève majestueuse et solitaire au milieu des marais. Les moines de Psalmodi devinrent les premiers gardiens de la tour à cause du voisinage. Ils veillèrent à son entretien et à sa conservation. Ils retirèrent un droit de péage. Ce droit devait fournir de gros revenus quand on pense que la tour, construite au bout d’une longue chaussée reposant sur une série de ponts, était le seul passage pour se rendre à Aigues-Mortes par voie de terre. Impossible aux voyageurs de l’éviter, la route carrossable passant au milieu du monument par une grande porte ouverte à tous les vents.
Étaient exempts au droit de péage, les habitants de la cité et leur famille, les officiers du roi, les personnes nobles, les ecclésiastiques et les médecins. En 1409, sur la demande des consuls, le roi établit, sans aucune exception, un droit de péage dont le revenu devait être affecté à l’entretien de la route et des chaussées. Par la suite les gouverneurs, qui prenaient le titre de capitaine de la « Tour Carbonnière », pour augmenter leurs gages s’arrogèrent plusieurs fois le droit de péage en s’appropriant aussi les revenus du péage. Les moines de Psalmodi protestèrent et eurent gain de cause. Les juges confirmèrent l’abbaye dans la jouissance exclusive du droit de pêche le 14 décembre 1450.
Plus tard, en 1585, le commandant Bon, capitaine de la tour, s’empara de tous les revenus de la Carbonnière. Dans ces temps de troubles, les gouverneurs, se moquant de toute récrimination et comptant sur l’impunité, faisaient de larges profits. Toutefois les consuls de la ville portèrent plainte. Le Sieur de Leques prêta l’oreille à leurs justes réclamations et fixa un nouveau droit de péage.
Pendant les luttes religieuses, on y laissa des soldats pour la garder, mais la garnison ne fut jamais nombreuse. Ce petit nombre devenait insuffisant pour soutenir un siège. Ceci explique que la tour ait été prise et reprise tour à tour par les combattants suivant leur nombre.
Elle fut canonnée par le capitaine Grille et le chevalier Daïsse après leur fameuse victoire de Saint Gilles. Les religionnaires, maîtres de la Tour, s’en servirent comme repaire d’où ils sortaient pour rançonner les villages voisins.
La Carbonnière attaquée de nouveau à coups de canon, le 18 mars 1642, fut défendue vaillamment par Mathieu d’Enguerran, qui fut tué au commencement de l’action.
Après l’ère des guerres civiles, une petite garnison occupa la Tour pendant de longues années et la ville fournissait « le bois, l’huile, les chandelles… ». Peu à peu elle fut abandonnée. Il y a encore quarante ans, la route départementale passait encore au milieu de cette tour solitaire. Le passage devint trop étroit pour les charrettes et les voitures. Il fut alors question de la démolir (vers 1870). L’ancien passage fut supprimé et la route contourna la Tour par deux bras, à droite et à gauche. La tour fut restaurée en 1859 et devint propriété de l’état. Elle fut cédée à la ville, puis au génie, ensuite à la ville, au ministère des Beaux arts et enfin à la ville de Saint Laurent d’Aigouze.
Aujourd'hui on peut monter au sommet et admirer le paysage de la Camargue.
salin du midi : Unique en Europe, entre Sel et Mer, au cœur d'une nature sauvage et préservée.
À quelques encablures du Grau du Roi Port Camargue se lovent les vastes étendues du territoire des Salins du midi, à Aigues Mortes, dont l’existence remonte au Moyen Âge. D’une superficie équivalente aux vingt arrondissements de Paris, les salins occupent un important espace entre la mer et les remparts d’Aigues Mortes. Faits de multiples tables salantes, qui prennent une couleur rosé lorsque la saturation en chlorure de sodium est à son comble, les salins constituent un lieu d’accueil prisé par la faune et la flore de Camargue, notamment les colonies de flamants roses. Alimentées d’eau de la mer méditerranée, elles sont le lieu de production de sel alimentaire et industriel et de la célèbre Fleur de Sel de Camargue récoltée manuellement. La récolte débute au mois d’août pour se terminer début octobre. La production est stockée sous forme de grands tas appelés camelles qui sont visibles de fort loin.
La visite peut se faire par un petit train, à vélo ou à pied. Attention en période de récolte pas d'accès possible pour les balades à pied non accompagnées.
Le sel : Monnaie d'échange, est déjà incontournable. Les soldats Romains reçoivent alors une partie de leur solde en sel, le "salarium", dont on retrouve toujours la racine dans le mot salaire. La main mise seigneuriale sur le commerce du sel disparaît au XIV° siècle, avec l'instauration d'un nouvel impôt, la gabelle, par le roi de France Philippe le Bel. Emprunté à l'arabe "qabala" (la taxe), le mot gabelle commence d'abord par désigner, en Italie puis en France les impôts perçus dans toutes sortes de marchandises (draps, épices...) avant d'être réservé au sel. Celle ci sera supprimer en 1790 sous la pression du peuple.
La récolte du sel se fait aujourd'hui selon les mêmes méthodes que sous l'Empire Romain.
Antiquité
Un Romain du nom de Peccius aménage les premiers marais salins et donne son nom au marais du Peccais. L'exploitation du sel avait commencé dès le Néolithique et s'était continuée à la période hellénistique, mais l'exploitation antique des salins n'a donné lieu à aucune découverte archéologique majeure et il est prévisible que ces vestiges aient été détruits par les installations des salins modernes.
Moyen Âge
En 791, Charlemagne fait ériger la tour Matafère, au milieu des marécages, pour la sûreté des pêcheurs et des ouvriers des salins. Certains avancent que la signalisation et la transmission des nouvelles n’étaient pas étrangères à l’édification de cette tour destinée à donner l’alerte, en cas d’arrivée d’une flotte, à la tour Magne, à Nîmes. La vocation de cette tour passe du plan guerrier au plan spirituel quand Charlemagne l’octroie à l’abbaye de bénédictins, consacrés à l’Opus Dei (l'œuvre de Dieu) et dont les incessantes psalmodies, de jour comme de nuit, font désigner leur couvent du titre de Psalmody ou Psalmodi. Ce couvent existe en 812, comme le confirme un acte de dotation faite par le Nîmois Badila à l’abbaye. À cette époque, les habitants, qui vivent dans des cabanes en roseaux, tirent leur subsistance de la pêche, de la chasse et de la production du sel produit dans différents petits marais salants en bordure de mer. La région est alors sous la domination des moines de l'abbaye de Psalmody.
En 1240, Louis IX, qui veut se débarrasser de l'emprise des marines italiennes pour le transport des troupes pour les croisades, s'intéresse à la position stratégique que représente ce lieu pour son royaume. À cette époque, Marseille appartient à son frère Charles d'Anjou, comte de Provence, Agde à Raymond VII, comte de Toulouse, et Montpellier à Jacques Ier, roi d'Aragon. Saint Louis souhaite un accès direct à la mer Méditerranée. Il obtint des moines de l'Abbaye la ville et les terres alentour par échange de propriétés. Les habitants sont exemptés de la gabelle, impôt prélevé sur le sel qu'ils peuvent prendre sans contrainte. Il construit une route entre les marais et y bâtit la tour Carbonnière pour servir de tour de guet et ainsi protéger l'accès à la ville. Saint Louis construit ensuite la tour de Constance pour abriter sa garnison. En 1272, le fils et successeur de Louis IX, Philippe le Hardi, ordonne la poursuite de la construction de remparts pour ceinturer complètement la petite ville. Les travaux ne s’achèveront que 30 ans plus tard grâce à Philippe le Bel.
25 août 1248 : Trente-huit grandes nefs frémissent dans le tout nouveau port d'Aigues-Mortes. En un désordre indescriptible, une foule de seigneurs, chevaliers et pèlerins - 35000 au total montent à bord avec leurs chevaux. Le roi saint Louis et la reine, Marguerite de Provence, occupent la Monnaie, un splendide vaisseau de mille cinq cents tonneaux. Soudain, trompettes et tambourins donnent le signal du départ. Fixant l'oriflamme blanc, frappé de la croix rouge, le roi lance solennellement : "Faîtes voile, de par Dieu". Cap sur l'Égypte. La 7e croisade vient de commencer. C'est l'une des scènes épiques que raconte Jean-Jacques Antier dans Marins de Provence et du Languedoc (Presses du Languedoc). La création d'Aigues-Mortes par saint Louis, ou "le pari un peu fou d'un roi qui voulut fonder un port en forçant la nature", comme le résume Jean-Jacques Antier. Car Aigues-Mortes, situé à 36 Km à l'est de Montpellier, relève d'un choix purement politique, et presque contre-nature. En ce temps-là, le roi de France n'a pas de port important. Désirant partir en croisade et commercer avec la Méditerranée, le pieux Louis IX (dit Saint-Louis) veut ériger une cité portuaire royale. Mais la Provence, et Marseille, sont rattachés au Saint Empire romain germanique. Et le littoral de Montpellier et du Roussillon appartiennent au roi d'Aragon.
Coincé entre Provence et littoral montpelliérain subsiste un petit village de pêcheurs : Aquae-Mortuae, "les eaux mortes", perdu au milieu de lagunes stagnantes et paludéennes, à 6 kilomètres de la mer. C'est là que saint Louis va s'installer, sur les terres de son vassal l'abbé de Psalmodi, dont la riche abbaye prospère tout près de là. Pourtant, tout reste à faire. Le port, d'abord, qui est aménagé, à partir de 1241, dans le profond étang de la Marette entourant la ville. Le canal, ensuite, sur une longueur de 9 kilomètres, pour rejoindre l'étang du Ponant, puis la mer au Grau Louis, à l'emplacement de l'actuelle Grande-Motte. Enfin, la tour de Constance est érigée en 1248. Objectif: indiquer le port grâce un puissant feu brûlant à son sommet. Des travaux pharaoniques que le petit peuple plébiscite avec enthousiasme. Les Aigues Mortais voient d'un bon œil cette prospérité maritime annoncée. Avec, en plus, des avantages fiscaux et des pouvoirs municipaux. Ils ne rechignent même pas à l'arrivée de nouveaux habitants, pourtant bien singuliers parfois : des condamnés auxquels le roi accorde sa grâce s'ils s'installent dans la cité ! Mais pour accomplir sa grande croisade contre les musulmans, qui occupaient les lieux saints, Jérusalem notamment, il manque encore à saint Louis l'essentiel : les vaisseaux eux-mêmes. Une flotte qui va tomber du ciel, ou presque: car c'est le pape en personne qui pousse les puissants armateurs génois à fournir des navires au bon roi Saint-Louis. En complément, le comte de Provence envoie trois nefs rondes depuis Marseille. Et le 25 août 1248, après des années de préparatifs, les 38 navires croisés quittent enfin Aigues-Mortes. A Chypre, en 1249, ils sont rejoints par toute une armada chrétienne, portant l'ensemble à 1800 embarcations de diverses tailles. Tous foncent sur les côtes égyptiennes. A peine débarqué, saint Louis s'empare de Damiette. Mais son armée est ensuite vaincue à Mansourah en 1250. Fait prisonnier, puis libéré, le roi regagne la Provence en 1254. La 7eme croisade se solde par un sanglant échec. Qu'à cela ne tienne:
En 1270 : , saint Louis embarque à nouveau à Aigues-Mortes pour la 8ᵉ et dernière croisade. Mais l'expédition se présente sous de bien mauvais augures. Les croisés sont moins nombreux que la fois précédente. Et ils se battent entre eux, certains se convertissant même à la piraterie. Cependant, le 2 juillet, une vingtaine de vaisseaux mettent le cap sur la Tunisie, où saint Louis veut soumettre le Sultan. Débarqués en Afrique du Nord, les croisés parviennent à s'emparer de Carthage. Et là, un grand malheur s'abat sur le royaume de France et son suzerain: Saint Louis décline de jour en jour où il meurt de dysenterie, du typhus voire de scorbut selon les historiens à Tunis le 25 août 1270.
1270 constitue à tort, pour beaucoup d'historiens, la dernière étape d'un processus engagé à la fin du XI° siècle. Le jugement est hâtif, car le transfert de croisés ou de mercenaires à partir du port d'Aigues-Mortes a continué. L'ordonnance donnée en 1275 au chevalier Guillaume de Roussillon par Philippe III le Hardi et le pape Grégoire X après le concile de Lyon de 1274 en guise de renfort à Saint-Jean-d'Acre en Orient, démontre que l'activité maritime y perdure toujours en vue d'une neuvième croisade qui n'aura jamais lieu.
De ce fait de 1270 découle la croyance populaire voulant que la mer atteigne Aigues-Mortes à cette époque. En fait, comme le confirment les études de l'ingénieur Charles Léon Dombre, l'ensemble du port d'Aigues-Mortes comprenait le port proprement dit, qui se trouvait dans l'étang de la Marette, le Canal-Viel et le Grau-Louis, le Canal-Viel étant le chenal d'accès à la mer. C'est approximativement sur le Grau-Louis qu'est construite aujourd'hui La Grande-Motte.
Une fois son créateur disparu, la cité d'Aigues-Mortes dans un premier temps va continuer à prospérer. Partageant les visions maritimes de son père, Philippe III le Hardi dresse les imposantes fortifications et la remarquable tour Carbonière entre 1272 et 1284.
Peu après, en 1295, son successeur Philippe IV le Bel y installe une flotte de galères, amarrées aux gros anneaux scellées que l'on voit encore sur la muraille: avec cette première marine d'État, Aigues Mortes devient le premier port militaire du royaume de France. En même temps, les affaires vont bon train. Pour entretenir le port militaire, les rois ont accordé à la cité un monopole commercial maritime. Jumelée avec Nîmes, Lunel et Montpellier, Aigues-Mortes accueille des bateaux chargés de sel, de blé, de vin, de draps, de laine, de peaux et d'huile. Un trafic de marchandises entre l'Espagne et l'Italie sur lequel sont prélevées de juteuses taxes. Mais n'en déplaise au génie humain, et aux intérêts commerciaux, la nature reprend souvent ses droits. Creusé en milieu hostile, le canal d'accès à la mer s'ensable sans cesse. À chaque crue du Rhône, dont un bras, aujourd'hui disparu, allait jusqu'à Aigues Mortes, le "canal vieil" se bouche. Et l'étang, où se situait le port, est victime d'une baisse des eaux liée au déplacement du delta du Rhône vers l'Est. Malgré plusieurs dragages, les bateaux ont de plus en plus de mal à passer. À tel point qu'au XV° siècle, le canal sera définitivement abandonné.
A cette difficulté naturelle s'ajoutent les mauvais coups de la concurrence. Situé à 60 kilomètres à l'ouest d'Aigues-Mortes, le port de pêche d'Agde ne demande qu'à croître. Ancienne ville grecque, qui a décliné sous les romains, elle a les faveurs des puissantes cités de Carcassonne et de Toulouse, plus proches de la région agathoise que d'Aigues-Mortes. Pendant tout le XIV° siècle, Agde s'efforce donc de capter leur flux commercial maritime. Mais Aigues Mortes compte bien conserver ses privilèges. Forte du monopole maritime accordé par Saint Louis, elle exige le paiement d'une taxe à chaque bateau accostant à Agde. Et gare aux fraudeurs, à partir de 1336, des officiers royaux basés dans la cité agathoise font durement appliquer la loi. En faisant parfois payer deux taxes, une pour Agde, et une autre pour Aigues-Mortes. En 1400, la rivalité se transforme en conflit armé. Se prétendant menacé par un chébec pirate, un armateur a déchargé clandestinement 330 sacs de pastel (pâte bleutée) à Agde. Furieux, les Aigues Mortais envoient sur place une flottille de quatre voiliers, avec cent hommes armés jusqu'aux dents. En plein nuit, ils déboulent à Agde en criant, "A mort, les vilains !". Face à une population terrorisée, ils raflent sans mal plusieurs vaisseaux, chargements et équipages compris!. Reste que cette équipée sauvage n'est qu'un dernier baroud d'honneur. Certes, Aigues-Mortes connaîtra encore quelques heures de gloire. En 1445, la flotte de Jacques-Cœur viendra s'y baser quelque temps.
En 1481, la Provence est enfin rattachée au royaume de France. Désormais, c'est Toulon, et sa profonde baie, qui abriteront la flotte royale militaire. Et c'est Marseille qui deviendra le grand port commercial français. Finis, les privilèges fiscaux d'Aigues Mortes. Terminé, le rêve de puissance de saint-Louis. Seules les tartanes de pêcheurs empruntent encore le canal, qui s'envase toujours davantage. Fidèle à son nom, la ville d'eau est morte étouffée par les sables.
Au début du XIV° siècle, Philippe le Bel utilisa le site fortifié pour y incarcérer les Templiers. Entre le 8 et le 11 novembre 1307, quarante-cinq d'entre eux furent mis à la question, reconnus coupables et retenus prisonniers dans la tour de Constance.
Au début du XV° siècle, d'importants travaux sont entrepris pour faciliter l'accès d'Aigues-Mortes à la mer. L'ancien Grau-Louis, creusé pour les croisades, est remplacé par le Grau-de-la-Croisette et un port est creusé à l'aplomb de la Tour de Constance. Celui-ci perd son importance, dès 1481, lorsque la Provence et Marseille sont rattachés au royaume de France.
Seule l'exploitation du sel du marais de Peccais incite François Ier, en 1532, à faire relier les salins d'Aigues-Mortes à la mer.
Époque moderne
En 1538, Charles Quint y rencontrera François 1er.
Aigues-Mortes conserve encore ses privilèges accordés par les rois.
La Réforme est prêchée dans la ville au XVI° siècle comme en atteste l’arrestation et la pendaison à Aigues-Mortes, en 1560, du pasteur Hélie Boisset, date qui marque le début d'une période troublée. Peu après la Saint Barthélémy (24 août 1572), des huguenots venus des environs font sauter les portes de la ville, y pénètrent et attaquent les églises et couvents. Les ecclésiastiques doivent trouver refuge dans la Tour de la Reine.
L'Édit de Beaulieu, qui met fin en 1576 à la cinquième guerre de religion, désigne Aigues-Mortes comme l’une des huit places de sûreté accordées aux calvinistes, ce qui sera confirmé par la paix de Bergerac en 1577 et un édit royal en 1597.
C´est un des grands protestants en la personne de Jean d'Harambure dit « le Borgne », commandant des chevau-légers du roi Henri IV et ancien gouverneur de Vendôme qui sera nommé gouverneur d'Aigues-Mortes et de la Tour Carbonnière le 4 septembre 1607. Pour ce faire, il doit prêter serment entre les mains du connétable Henri de Montmorency, alors gouverneur du Languedoc. Mais celui-ci, catholique, soutient le rival Adrien de Chanmont, Seigneur de Berichère. Le conflit dure jusqu'en 1612 et Harambure, soutenu par les pasteurs du Bas-Languedoc et les habitants finit par avoir raison d´autant qu´il a l´appui personnel de la reine. Il finit par démissionner, le 27 février 1615, en faveur de son fils Jean d´Harambure, mais le roi Louis XIII le rétablit pour six ans. Le 27 juillet 1616, il quitte ses fonctions au profit de Gaspard de Coligny, non sans avoir obtenu un témoignage de reconnaissance des magistrats et consuls de la ville.
En 1629, la Paix d'Alès consacre le retour d'Aigues-Mortes au pouvoir catholique. Point culminant de la répression religieuse qui s'intensifie au cours du XVII° siècle, la révocation de l’Édit de Nantes (1685) conduit la plupart des protestants de la ville à se déclarer catholiques ou à s'exiler.
Époque contemporaine
Le chenal, dit Grau-Henri, s'ensable à son tour. L'ouverture, en 1752, du Grau-du-Roi résout pour un temps le problème. Celui-ci trouve enfin une solution, en 1806, en transformant Aigues-Mortes en port fluvial grâce au canal du Rhône à Sète (qui débouche dans l'étang de Thau dans la partie territoriale frontignanaise).
Pendant la Révolution française, la ville est appelée Port-Pelletier. À cette époque, le port a failli disparaître en raison d'un envasement induit par l'intensification du labour dans le bassin versant, contemporain d'une reprise des défrichements des bois et forêts à la suite de l'abolition des privilèges. Le recul du couvert boisé a favorisé l'érosion des sols et, par suite, un apport plus important d'alluvions qui se déposent dans les ports de la région. Ainsi, en 1804 le préfet « M. de Barante père » écrivait-il dans un rapport que « Les côtes de ce département sont plus exposées aux atterrissements... Les ports de Maguelonne et d'Aigues-Mortes et le vieux port de Sète n'ont plus d'existence que dans l'histoire » alerte-t-il ; « Un désir immodéré de recueillir a multiplié ces défrichements depuis 1790... L'avidité de jouir a dévoré en peu d'années la ressource de l'avenir ; les montagnes, ouvertes par la charrue, n'ont montré bientôt qu'un roc nu et stérile ; chaque sillon est devenu un ravin ; la terre végétale, entraînée par les orages, a été portée dans les rivières, et de là dans les parties inférieures, où elle sert chaque jour à l'atterrissement des parties les plus basses et les plus marécageuses »
Le massacre des Italiens (août 1893)
La Compagnie des Salins du Midi lance à l'été 1893 le recrutement des ouvriers pour le battage et le levage du sel. L'embauche est en réduction en raison de la crise économique que connaît l'Europe alors que la perspective de trouver un emploi saisonnier a attiré, cette année-là, un plus grand nombre d'ouvriers.
Ceux-ci se partagent en trois catégories surnommées les « Ardéchois », paysans, pas forcément originaire d'Ardèche, qui laissent leur terre le temps de la saison, les « Piémontais » composés d'Italiens originaires de tout le nord de l'Italie et recrutés sur place par des chefs d'équipe, les chefs de colle et les « trimards » composés en partie de vagabonds58.
En raison du recrutement opéré par la Compagnie des Salins du Midi, les chefs de colle sont contraints de composer des équipes comprenant des Français et des Italiens. Dès le début de la matinée du 16 août, une rixe éclate entre les deux communautés qui se transforme rapidement en lutte d'honneur. Cette lutte est parfois considérée comme le plus grand pogrom de l'histoire contemporaine de la France.
Malgré l'intervention du juge de paix et des gendarmes, la situation dégénère rapidement. Certains trimards rejoignent Aigues-Mortes et y affirment que des Italiens ont tué des Aiguemortais, ce qui fait grossir leurs rangs de la population et des personnes qui n'ont pas réussi à se faire embaucher.
Un groupe d'Italiens est alors attaqué et doit se réfugier dans une boulangerie que les émeutiers veulent incendier. Le préfet fait appel à la troupe vers 4 heures du matin. Celle-ci n'arrive sur les lieux qu'à 18 heures, après le drame.
Dès le début de la matinée, la situation s'envenime. Les émeutiers se rendent dans les salins de Peccais où se trouvent le plus grand nombre d'Italiens que le capitaine des gendarmes Cabley essaie de protéger en promettant aux émeutiers de chasser les Italiens une fois raccompagnés à la gare d'Aigues-Mortes. C'est durant le trajet que les Italiens assaillis par les émeutiers sont massacrés par une foule que les gendarmes ne réussissent pas à contenir. Il y a sept morts et une cinquantaine de blessés dont certains conserveront des séquelles à vie, ce qui constitue le plus grand massacre d'immigrés de l'histoire contemporaine de la France, mais aussi l'un des plus grands scandales de son histoire judiciaire puisqu'aucune condamnation ne sera jamais prononcée.
L'affaire devient un enjeu diplomatique et la presse étrangère, dont celle transalpine, prend fait et cause pour les Italiens. Des émeutes anti-françaises éclatent en Italie. Un règlement diplomatique est trouvé et les parties sont indemnisées alors que le maire nationaliste Marius Terras doit démissionner.
XXI° siècle
Le 4 août 2012, dans le quartier du Bosquet, un couple tire depuis sa voiture sur une dizaine de jeunes d'origine maghrébine, faisant un blessé léger. L'homme et la femme sont condamnés le surlendemain, respectivement ; à quatre et deux ans de prison de ferme, provoquant, auprès d'une partie de la population, un élan de soutien vis-à-vis des condamnés, qui met en lumière la banalisation du racisme anti-Arabes et rappelle les incidents de 1893 dans la même ville.
Le 25 avril 2014, à l'occasion du 800° anniversaire de la naissance de Louis IX, la ville d'Aigues-Mortes organise des cérémonies commémoratives auxquelles participe son descendant Louis de Bourbon, duc d'Anjou, ainsi que son épouse Marie-Marguerite. Le prince rappelle alors que son aïeul, au XIII° siècle, ouvrit la voie à une profonde réforme institutionnelle en octroyant une des premières chartes communales, permettant d’affranchir les villes du pouvoir féodal. À cette occasion, le maire Pierre Mauméjean rappelle « l’amour et l’attachement réel des Aigues-Mortais pour le roi fondateur de la cité et leur reconnaissance pour tout ce qu’il a fait pour eux ». Il ajoute « combien Aigues-Mortes est fière et honorée de recevoir pour la deuxième fois l'homme (Louis de Bourbon) qui avait été fait citoyen de la ville, lors de la Saint Louis de 1992, par le maire de l'époque René Jeannot, présent ce jour ».